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“ Speak White”, Parlez Blanc, Parlez la langue du maître, par Alain Borer !

« Speak white ! », partout résonne l’injonction de parler la langue du maître : nous soumettrons-nous ? Mais pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?

« Speak white ! », le nouveau livre d'Alain Borer, 

Aujourd’hui, la langue française est en passe de s’effondrer en une sorte de dialecte de l’empire anglo-saxon — ce qui implique un autre Réel, autant qu’un infléchissement collectif des visions du monde et des relations humaines, dont aucun politique, semble-t-il, n’a la première idée.

 

Extraits et citations :

- « La-langue-évolue » est un des pires poncifs de l’histoire de la bêtise. La langue évolue, le cancer aussi. Ce qui est vrai, c’est que la langue est un organisme vivant, donc elle meurt. « Une langue ne se fixe pas », affirmait Victor Hugo dans la préface de Cromwell en 1827 ; c’est même pour cela qu’elle peut disparaître. « Vingt cinq langues meurent chaque année, faute d’avoir été parlées » : la langue française s’est retirée plusieurs fois déjà, de l’Asie du sud-est, des États-Unis avec le paw paw French du Missouri, elle fut étouffée chez les Cajuns de Louisiane, chez les Amérindiens Houmas ; jadis tuée et aujourd’hui tue en Acadie, elle est menacée ou en recul dans toutes les régions du monde. En France la langue n’évolue plus, elle involue  - s’achève en chiac : qu’est-ce à dire ? (page 2)

- Les linguistes sont sous le capot, donc ils ne voient rien venir. La linguistique ne pense pas, c'est le prix élevé de sa prétention scientifique. Et c'est pourquoi le linguistique « n'est pas le garant d'une culture » [Hagège] ; mais alors qu'il s'abstienne de combattre ceux qui s'en préoccupent ! Au lieu de quoi il exècre les «  déclinistes », blâme les écrivains qui ont le panorama et les intuitions. (...) Sans doute le discours sur « la fin de la langue » qui lui échappe et l'horripile (chasse gardée !), est-il récurrent, très ancien même, sinon consubstantiel à l'amour de la langue ;
or ce n'est pas « la langue » qui est en cause, mais notre langue française (ce qui reste à préciser) ; et la« créativité » non plus ne cessera pas (du moins peut-on l'espérer !) : simplement la créativité n'irrigue plus la langue française, et il faut savoir ce que cela signifie au juste. Bref, le linguiste décrit le moteur, mais se fiche de la marque. « N'attendez donc pas de lui des discours qui bannissent les emprunts à l'anglais, ni qu'il prenne part au combat pour la promotion du français », déclare Claude Hagège. Pour ce qui est de la linguistique, j'ai mes papiers en règle ; mais ce qui me distingue de ces techniciens de surface, c'est qu'ils feront toujours de la linguistique quand la langue française aura disparu. (pages 9 et 10)

Alain Borer, Pourquoi renoncer au bonheur de parler français, refusons le Speak White

- Aucune langue n'est supérieure à une autre, seulement toutes diffèrent par un projet singulier (il faut dire en quoi, au juste) et, en cela, philosophiquement se complètent ; « on ne connait pas de langues pauvres [...] Elles fourmillent de subtilités qu'on n'attendait pas » (Henri Michaux, "Poteaux d'angle"). Chacune rétablit plus ou moins ce qui manque à l'autre par des artifices qui manquent à l'autre. C'est pourquoi il faudrait les étudier toutes pour philosopher, et c'est cette même raison pour laquelle il serait ridicule de traiter de la «  Précellence du langage français », comme Henri Estienne en 1579 (...) il ne s'agit que de la singularité de notre langue, de sa singularité à elle qui la constitue en langue française, à l'exclusion de nulle autre, chacune ayant son « génie » et n'existant qu'à cette condition :
la langue sait sur nous des choses que nous ignorons. (page 14)

- Or la morphologie porte des représentations collectives qui nous dépassent, nous pensent et par lesquelles nous pensons, autant que les enjeux de toutes sortes, économiques, civilisationnels, qui s'y attachent : « pas la même langue » signifie : pas le même Réel, pas le même rayonnement, pas le même avenir. La langue française part à vau-l'eau, en même temps qu'on néglige la Francophonie dans la mesure inverse où l'on se soumet à la domination américaine :
chaque jour, des milliers de voyageurs étrangers qui atterrissent à Paris s'étonnent de se voir inviter à à « bruncher on top de la tour Montparnasse pour soirées chill, DJ sets ou blindtests »... La France, c'est Disneyland à tous les étages ? (page 6)

- Il ne s'agit pas d'une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes, pour la bonne raison qu'il n'y a strictement aucune « avant-garde » du côté des commerçants, des financiers, des politiques ni des journalistes. (page12)

- La langue française a l'âge de Notre-Dame et se trouve dans le même état ; mais elle ne sera pas refondée dans cinq ans. (page 6)

Pour commander le livre : 



Regard sur l'info. La langue, en état d’effondrement, ne se transmet plus !

"Speak White !" Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ? Le nouveau livre d'Alain Borer, poète, écrivain et dramaturge, paru chez Gallimard, collection Tracts, pose clairement la question de la défense de la langue française. « es langues savent sur nous des choses que nous ignorons », souligne Alain Borer. 

franceinfo : Vous choisissez un titre anglais : "Speak White" pour défendre notre langue. Quel est le sens de ce titre ? 

Alain Borer : C’est l’obligation que les patrons anglais faisaient aux ouvriers français au Québec jadis,de « parler blanc », c’est-à-dire la langue du maître. Il semble que les Français aujourd’hui suivent cette objurgation, du gouvernement à la population tout entière 

Il y a une dimension politique. Un modèle qui s’impose à un autre… C’est l’anglais, notre danger ? 

La question, c’est celle de la substitution, les Français sont en situation de soumission. Il n’y a jamais eu lieu en langue française de phénomène de substitution. On a toujours importé des mots. On les a usinés sur place. On a aujourd'hui des mots français auxquels on préfère l’oreille du maître.

Dans la nouvelle édition du Larousse éditée cette semaine, on parle "cluster" ou de "click & collect"… 

On désinvente en langue française. Olivier Véran introduit un virus avec "cluster", à la place de "foyer". Les politiques ne sont pas conscients de la gravité du moment. La langue n’est pas qu’un outil, elle nous dépasse. Ne pas parler la même langue, c’est ne pas avoir le même réel… 

Alain Borer, Speak White.

Dans votre essai, vous comparez l'effondrement de notre langue à celle de Notre-Dame ravagée par les flammes. Mais vous notez une différence, Notre-Dame sera reconstruite...

La langue française en état d’effondrement ne se transmet plus. Le grand malheur c’est que ça passe par les Français eux-mêmes qui collaborent efficacement au remplacement de leur langue. Si vous cédez sur un domaine, après on ne peut plus revenir en arrière. Qu’est-ce qui oblige Valérie Pécresse de parler d’Easy Navigo ?  « Notre patrie, c’est la langue » a dit Camus. Mais c'est une patrie au sens mondial.

Source : francetvinfo.fr, le dimanche 9 mai 2021




Publié par Régis RAVAT le 12 mai 2021

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