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À propos de notre recours contre la ministre Frédérique Vidal

Pour rappel, l'Afrav s'est jointe à un Collectif de 15 associations pour porter un recours au Conseil d’État contre la certification obligatoire en langue anglaise voulue par la ministre de l'enseignement Supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, pour l'obtention de toute licence professionnelle.

 

Résumé de l'affaire par le GERAS (groupe d'étude et de recherche en anglais de spécialité)

Vous trouverez ci-dessous un certain nombre d’éléments permettant d’éclairer le débat sur la mise en place de la certification en langue anglaise pour les candidats inscrits aux diplômes nationaux de licence, de licence professionnelle (LP) et de DUT, qui fait suite à l'arrêté licence de juillet 2018 pour les licences et modifie les arrêtés antérieurs pour les DUT et les LP.

23 février 2018 : Déclaration de M. Édouard Phillippe (Premier Ministre)

1er juin 2018 : Déclaration commune AECIUT-APLIUT

15 février 2019 : Communiqué de la SAES

3 mars 2019 : Réaction du GERAS au communiqué de la SAES

2 avril 2019 : Question à l’Assemblée nationale de Mme Sabine Rubin (Députée de Seine-Saint-Denis).

Septembre 2019 : Dossier de presse du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation sur le PLF 2020 (voir en particulier page 16)

Novembre 2019 : Lancement d’une pétition « contre la mise en place d’une passation d’une certification en langue anglaise » signée par un collectif de linguistes (enseignant.e.s et enseignant.e.s chercheu.rs.ses)

3 avril 2020 : « Arrêté relatif à la certification en langue anglaise pour les candidats inscrits aux diplômes nationaux de licence, de licence professionnelle et au diplôme universitaire de technologie »

7 avril 2020 : Réaction de l’APLV au décret sur les certifications en anglais obligatoires pour l’obtention du BTS

9 Avril 2020 : Communiqué du bureau de la SAES

10 avril 2020 : Communiqué du CA du GERAS à propos de l'arrêté du 3 avril 2020 relatif à la certification en langue anglaise (diplôme de licence)

15 avril 2020 : Motion du CA de RANACLES

15 avril 2020 : Communiqué de l’APLV sur les certifications en anglais

6 mai 2020 : Communiqué de la CP-CNU

5 juin 2020 : Quinze associations et sociétés savantes (dans l'ordre alphabétique : ACEDLE, ADEAF, AFEA, AFLA, AFRAV, AGES, APLIUT, ARDAA, FNAEL, GERAS, GERES, OEP, RANACLES, SAES, SIES) déposent collectivement devant le Conseil d’État un recours en annulation contre, d’une part, le décret n° 2020-398 du 3 avril 2020 relatif à la certification en langue anglaise pour les candidats à l’examen du brevet de technicien supérieur et modifiant le code de l’éducation et, d’autre part, l’arrêté ministériel du même jour relatif à la certification en langue anglaise pour les candidats inscrits aux diplômes nationaux de licence, de licence professionnelle et au diplôme universitaire de technologie.

10 septembre 2020 : Communiqué inter-associatif sur l’exigence de la certification en langue anglaise

5 novembre 2020 : Réponse de Mme Frédérique Vidal (Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation) à la question n°15652 posée par M. Jacques-Bernard Magner (Sénateur du Puy-de-Dôme) le 30 avril 2020 (voir page 5114).

23 décembre 2020 : Communiqué du prestataire PeopleCert

5 janvier 2021 : Courrier officiel de la DGESIP notifiant le choix du prestataire PeopleCert

7 janvier 2021 : Motion de la SAES sur la certification en langues

10 janvier 2021 : Communiqué commun de l’ADEAF et de l’APLV sur l’attribution du marché des certifications dans l’enseignement supérieur

13 janvier 2021 : Communiqué inter-associatif sur le choix du prestataire

 

Communiqué interassociatif sur l'exigence de certification en langue anglaise, janvier 2021

Le 5 janvier 2021, les Recteurs et Présidents des Universités ont reçu une note de service concernant le déploiement de la certification en anglais dont la passation est rendue obligatoire dès 2021 pour les étudiants. Cette certification en anglais devient dès lors une condition pour l’obtention de ce diplôme national même si aucun niveau particulier n’est attendu. La procédure du marché public étant achevée, la communauté universitaire (enseignants et/ou chercheurs, personnels administrativo-pédagogiques, étudiants,) apprend que l’entreprise choisie est peu connue dans le milieu des organismes certificateurs : branche de PeopleCert, entreprise de certification de compétences professionnelles, LanguageCert est une entreprise grecque privée qui annonce pouvoir certifier trois langues (anglais, espagnol et turc).

Par le présent communiqué, les associations ayant déposé un recours au Conseil d’État en septembre 2020 réaffirment leur opposition totale à l’obligation d’une passation d’une certification en langue anglaise. En effet, pour rappel, voici les conséquences possibles d’une telle mesure :

financement d'organismes privés par de l'argent public subordonnant l’obtention d’un diplôme national public à la passation d’une certification privée alors même qu’il existe des dispositifs publics et gratuits d'attestation et de certification des compétences langagières dont les liens avec la recherche sont attestés ;

gaspillage des deniers publics puisque le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) impose une certification à l’ensemble des étudiants de licence sans exiger un niveau de langue à valider (le Ministère exige uniquement que les étudiants « passent » la certification pour obtenir la licence) ;  

dessaisissement de la politique linguistique des universités au profit de sociétés privées alors même que des dispositifs publics reconnus existent. Une telle mesure va à l’encontre de l’autonomie des universités et de leur liberté pédagogique en matière de politique linguistique et de formation ;

déni des compétences des enseignants de langues qui sont pourtant les mieux armés pour concevoir des dispositifs de qualité et des évaluations pertinentes, en adéquation avec les besoins des apprenants. Il est clair que ni l’expertise des enseignants de terrain, ni les chercheur·euse·s en didactique des langues n’ont été entendu·e·s par le MESRI alors même que la communauté s’est mobilisée de manière sans précédent en déposant un recours commun par 15 associations ;

- uniformisation des pratiques dans une seule visée certificative et dans une perspective utilitariste. Les enseignements de langue risqueraient de se transformer en des cours de bachotage afin de préparer les étudiants aux exercices standardisés de la certification (avec apparemment seulement 2 compétences évaluées), totalement déconnectés de tout contexte et sans aucune prise en compte des besoins individuels et/ou professionnels des étudiants. Il est clair que cela provoquerait un appauvrissement programmé des compétences en langues étrangères des étudiants. À terme, cette mesure pourrait signer la fin possible de l’enseignement des langues à l’université remplacé alors par une simple certification à passer.

N'enfermons pas nos enfants dans la politique du tout-anglais

Ainsi, après la mobilisation et les multiples appels de la part d’enseignants, chercheurs, universitaires, associations, représentants des étudiants en langues, élus locaux et nationaux restés sans réponse, le MESRI a finalement consenti à rédiger une réponse standard indiquant que cette mesure ne remettait nullement en cause le plurilinguisme, puisque les étudiants pourraient s’inscrire au CLES afin d’être certifiés dans les autres langues que l’anglais. La simplicité de la réponse proposée par le Ministère témoigne d’une méconnaissance flagrante du terrain, car il s’agit bel et bien d’une atteinte au plurilinguisme. En effet, et a fortiori dans un contexte de pénurie systémique et durable de moyens dans les universités, un grand nombre d’universités n’offre aux étudiants que la possibilité d’étudier une seule langue. Il est donc facile de comprendre que les étudiants délaisseront les autres langues pour se concentrer sur l’apprentissage de l’anglais. La conséquence sera un appauvrissement des profils des étudiant·e·s en termes de langues vivantes, et donc, à terme, d’une perte de compétences linguistiques au niveau national. Cela revient également à imposer à des étudiants qui n’ont jamais fait d’anglais, qui s’identifient à d’autres langues ou qui n’ont pas de projet avec l’anglais à se confronter à un résultat très dévalorisant (niveau inférieur à celui attendu à l’université), sur le plan professionnel, et pouvant provoquer une insécurité linguistique, sur le plan personnel, alors même qu’ils ont d’autres compétences linguistiques qui gagneraient (symboliquement et professionnellement) à être reconnues. La mesure est donc totalement contre-productive.  

Enfin, l’argument phare du Ministère pour justifier la mise en place de cette mesure réside dans la « reconnaissance internationale » de la certification choisie. Or, l’entreprise sélectionnée PeopleCert est peu connue et, à nouveau, le choix même de cette entreprise contredit l’argument de cette reconnaissance internationale tant valorisée par le Ministère. La question de la légitimité de cette entreprise se pose, de même que la question de la pertinence des critères d’attribution du marché et des modalités de sélection de l’entreprise retenue. Enfin, les étudiants seront en droit de se demander si seule cette certification sera offerte par le Ministère car, devant l’absence de notoriété de cette dernière, un grand nombre d’étudiants continueront à devoir financer personnellement d’autres certifications plus reconnues par les milieux socio-économiques, et par les universités en Europe et dans le monde; une certification reconnue étant souvent exigée pour la mobilité internationale. 

Le mouvement inter-associatif déplore l’entêtement du Ministère à rendre obligatoire, a fortiori dès 2021, et dans les conditions actuelles de crise sanitaire qui appelle les universités sur d’autres fronts autrement plus essentiels, la passation d’une certification en dépit de l’opposition massive des enseignants de langues, des spécialistes en didactique des langues et en langues de spécialité, des associations d’étudiants, de défense du plurilinguisme et des langues régionales.

La décision des juges du Conseil d’État est attendue pour le printemps.

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Certification en langue anglaise : le marché national est attribué à PeopleCert

Le marché national est attribué à PeopleCert à la suite de l’appel d’offres du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (MESRI)

L’entreprise PeopleCert a été choisie par le MESRI pour mettre en œuvre et délivrer une certification en anglais aux étudiants de premier cycle.

Elle signe "un contrat de 4 ans avec le MESRI pour fournir 636 000 examens de certification en anglais aux étudiants français", indique l’entreprise dans un communiqué le 23 décembre 2020.

Dans un courrier envoyé aux présidents d’universités et aux rectorats le 5 janvier 2021, la Dgesip (direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle) officialise cette attribution et précise le calendrier de déploiement de cette certification qui sera progressif entre 2020 et 2023.

 

Quand l'État préfère une entreprise du secteur privé à sa propre administration !

Passe ta certif’ d’abord…
Le cabinet de Frédérique Vidal assume […] et "accompagne" une entreprise concurrente de sa propre administration.

Du journal Le Canard Enchaîné du 20 janvier 2021 :

certification obligatoire en langue anglaise pour l'obtention de toute licence

refusons l'anglais obligatoire de Frédérique Vidal

 

Une entreprise adepte de l’optimisation fiscale décroche le marché des tests d’anglais !

Université : une entreprise adepte de l’optimisation fiscale décroche le marché des tests d’anglais

Lundi 15 février 2021

Par Clément Le Foll et Clément Pouré (avec Yann Philippin et Amélie Poinssot

Le gouvernement vient de confier l’organisation de tests d’anglais à l’université à une entreprise à la légitimité contestée, immatriculée à Chypre et adepte de l’optimisation fiscale, pour plus de 8 millions d’euros par an. Au grand dam du corps enseignant.

Dans les facs vidées par le Covid-19 et qui se sentent abandonnées par l’État, l’attribution d’un marché public, fin décembre, a fait l’effet d’une petite bombe chez les enseignants en langue. L’objet de ce marché estimé à plus de 8 millions d’euros par an : l’organisation de tests et certifications en anglais pour des centaines de milliers d’étudiants en licence, BTS ou DUT.

 Lire la suite sur Médiapart.frhttps://www.mediapart.fr/journal/france/150221/universite-une-entreprise-adepte-de-l-optimisation-fiscale-decroche-le-marche-des-tests-d-anglais

France Enquête

 

 

 




Publié par Régis RAVAT le 16 février 2021

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