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Nos scientifiques et le virus de l'anglomanie !

Force est de constater que la crise sanitaire actuelle due aux ravages occasionnés par le virus du corona ne nous épargne pas non plus, hélas, du virus de l'anglomanie.

En effet, nous avons vu apparaître, rien qu'au journal télévisé de 20h de France 2, des "clusters", des "hashtag", des "tracking", des "help", des "stay home", des "Vrai ou Fake", des "REC", des CARE (prononciation anglaise), sans oublier, bien sûr, le mot "covid-19" qui est une abréviation de "coronavirus disease", "disease" étant un mot anglais signifiant "maladie", en français.

Face à tous ces anglicismes, nous pouvons alors nous poser des questions sur l'emprise de l'anglais dans le milieu scientifique.

Pour tenter de répondre à cette question, faisons parler Dominique Wolton qui est, entre autres fonctions, directeur de recherche en sciences de la communication au CNRS, le Centre national de la recherche scientifique (voir la vidéo : https://youtu.be/08m2uhTLGFY).

Voici ce qu'il disait en novembre 2012, lors d'un colloque organisé à Paris consacré aux limites du tout-anglais dans la communication mondiale, 

« (...) les Scientifiques n'ont pas mené la bataille, et ne la mènent toujours pas, pour la diversité linguistique qui est pourtant la première condition de la diversité culturelle, donc de la création.

En sciences de la communication, 90% de nos chers collègues considèrent que naturellement, il faut communiquer en anglais, publier en anglais, etc.

La problématique de la diversité culturelle n'a pas pénétré le champ scientifique.

La responsabilité des Scientifiques est contradictoire. Elle a été très positive pour lancer la réflexion concernant l'écologie, il y a un demi-siècle, rappelez-vous, tout est parti des Scientifiques. (...). Les Scientifiques ont joué un rôle essentiel pour poser cette question aux politiques : il n'y aura pas d'avenir de l'humanité s'il n'y a pas de respect de la diversité de la nature. 

/images/afrav/Colloque COMMUNICATION ET MONDIALISATION LES LIMITES DU TOUT-ANGLAIS

Donc, il y a eu un rôle positif des Scientifiques pour la reconnaissance de la diversité de la nature, de l'écologie, de l'environnement, peu importe comme on l'appelle, par contre, on ne retrouve pas ce rôle positif du côté de la question de la diversité de la culture.

Pourtant, en 2006, grâce notamment à la France et à l'Europe, à l'UNESCO - et c'est devenu un droit international puisque ça a été ratifié par plus de 100 Chefs d'État -, a été reconnu le principe de la diversité culturelle, au premier rang de laquelle se trouve la diversité linguistique.

Et dans cette bataille, les Scientifiques non seulement n'ont pas joué un grand rôle, en dehors d'un certain nombre de littérateurs, mais ont été réticents, voire goguenards.

Baladez-vous dans n'importe quel colloque scientifique international et dites que la diversité linguistique, c'est fondamental, qu'il faut prôner le plurilinguisme, on vous regardera comme un vieux réactionnaire, un conservateur dépassé par les évènements et pas moderne.

D'ailleurs, une bonne partie de la classe scientifique universitaire mondiale ferait n'importe quoi pour être publiée en anglais, faire des conférences en anglais, etc.

Donc, la responsabilité des Scientifiques est contradictoire, elle a été très forte et positive pour l'écologie et très faible pour le problème de la diversité culturelle et linguistique.

(...)

Source : https://webcast.in2p3.fr/container/communication_et_mondialisation

 

Fontanet, un scientifique payé avec notre argent, mais qui rend ses comptes en anglais !

Quand Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur (France), nous parle du  virus du corona (Covid-19), c'est un peu comme lorsqu'on nous annonce une chanson de Céline Dion, on ne sait pas si ça va être en français ou en anglais. C'est la surprise, c'est angoissant.

Ainsi, dans la vidéo qu'il a faite le 20 février 2020 (voir ci-dessous) pour nous présenter tout ce qu’il faut savoir sur le virus du Corona, par manque de chance pour nous, Arnaud Fontanet s'est exprimé en anglais, et nous avons eu droit alors, pour le comprendre, à la traduction en sous titrage-vidéo.

Pourtant, à mettre un sous-titrage, pourquoi ne pas avoir fait le contraire, c'est-à-dire parler en français et proposer le sous-titrage en plusieurs langues étrangères ?

Mais pouvait-il parler en français, alors que les tableaux qu'il présentait dans la vidéo sont TOUS en anglais ?

Tout serait-il donc fait à l'Institut Pasteur pour mettre l'anglais en avant au détriment de notre langue, la langue de ceux qui pourtant, par leurs impôts, financent cet Institut et payent ce monsieur ?

À entendre M. Fontanet parler anglais ainsi, une question pourrait nous venir à l'esprit : les milliers d'heures qu'il a passées à apprendre cette langue n'auraient-elles pas été mieux utilisées s'il les avaient plutôt consacrées à son travail de recherche ?

Est-il payé pour apprendre l'anglais ou pour chercher des solutions dans son domaine scientifique ? 

Partant du proverbe populaire qui dit : « chacun son métier, les vaches sont bien gardées ! », pourquoi ne pas laisser aux traducteurs professionnels dont le métier est de traduire, le soin de traduire le travail des Scientifiques et laisser ainsi les chercheurs passer leur temps à chercher et non à apprendre l'anglais.

De plus, être aliénés à l'anglais, comme ont l'air de l'être beaucoup de nos scientifiques, cela entraîne forcément qu'ils cherchent toujours plus à se perfectionner dans cette langue, d'où des vacances en pays anglophones, des amis anglophones, des films et des spectacles en anglais, etc. Autrement dit, cette folie d'anglais les enferme dans la seule vision anglo-américaine du monde, un enfermement préjudiciable, bien évidemment, à tout travail de recherches puisque la recherche pour être efficace doit tirer ses ressources dans le grand réservoir de la diversité.



Une étude de l'Inserm en anglais sur FranceTvInfo.fr !

Ici (https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-ce-qu-il-faut-retenir-de-l-etude-de-l-inserm-sur-la-strategie-de-deconfinement_3913197.html), nous noterons que FranceTvInfo.fr nous présente un article dont le premier paragraphe contient un lien qui nous mène directement sur un rapport en anglais de l'INSERN :

« Évaluer l'impact du confinement et identifier les stratégies optimales pour gérer la crise sanitaire [à la fin de celui-ci] relèvent d'une importance cruciale", préviennent les chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Alors qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer lundi 13 avril à 20 heures pour annoncer de nouvelles mesures dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus, l'Inserm a réalisé une étude, mise en ligne le 12 avril, sur l'impact du confinement en Ile-de-France et les conséquences des différents scénarios mettant fin aux restrictions. »

Pourtant, après une recherche sur la Toile de quelques minutes, nous nous sommes rendu compte que ce rapport existe en français, sous la forme d'un résumé, soit, mais c'est tout de même préférable à la seule version en anglais ! Pourquoi alors FranceTvInfo.fr  a-t-elle occulté le français au profit du seul document en anglais ?

- Anglomanie ? - Mission (secrète) d'angliciser la population ? - Imbécillité ?

Plus loin, dans ce même article de FranceTvInfo.fr, il y a un graphisme, mais là encore, c'est le graphisme en anglais qui a été choisi :

Tableau de l'INSERN en anglais publié par FranceTvInfo.fr

Pourquoi, là encore, notre télévision du Service public a-t-elle préféré mettre en exergue le graphisme en anglais, alors qu'il existe en français ?

- Anglomanie ? - Mission (secrète) d'angliciser la population ? - Imbécillité ?

tableau de l'INSERN en français ignoré par FranceTvInfo.fr

Notons que le document an anglais donné par l'Insern fait 24 pages Expected impact of lockdown in Île-de-France and possible exit strategies,

tandis que le document en français fait 6 pages : Impact- attendu du confinement en Île-de-France et stratégie de sortie possibles-Insern. Le document en français n'est donc qu'un résumé de la version en anglais !

On peut noter aussi que 4 des 5 auteurs de ce rapport sont en fait des Italiens, plus exactement des Italiennes (Laura, Giulia, Chiara, Vittoria) qui travaillent en France à l'INSERM. Mais la responsable principale de l'article, c'est Vittoria, qui a un poste fixe à l'INSERM et qui parle bien français avec un accent italien.

Bref, il semblerait que les Italiens soient à un stade encore plus avancé que les Français dans l'aliénation à l'anglais, peut-être parce que, eux, contrairement à nous avec la Francophonie, n'ont pas un grand espace linguistique. 

Conclusion :

- L'INSERM aurait pu écrire la version longue en français et la version courte en anglais, mais, pour faire mieux encore, et dans l'optique de respecter l'esprit de l'article 4 de la loi Toubon, les résumés des articles en français devraient se faire en AU MOINS DEUX LANGUES ÉTRANGÈRES ! 

- Dans son article, le journaliste de FranceTVInfoInfo.fr aurait dû mettre un lien qui mène à la version française de l'étude de l'Insern et non, comme il l'a fait, à la version anglaise. De plus, il aurait dû choisir le graphique en version française et non celle en version anglaise.

- D'une manière générale, les auteurs d'articles scientifiques devraient les transcrire au format HTML et non au format PDF, car cela permettrait de passer les articles à la traduction automatique. On pourrait ainsi avoir accès aux articles scientifiques dans leur intégralité dans toutes les langues du traducteur de Google (y compris le corse et le serbo-croate).

Pour en savoir plus sur la traduction automatique : http://science-francophonie.over-blog.com/2017/01/sur-les-instructions-aux-auteurs.html

- Enfin, il faudrait rappeler à l'ensemble des Scientifiques français, le premier paragraphe du code de la recherche, qui fixe comme l'un des quatre objectifs de la « politique nationale de la recherche" »,  la  "Promotion de la langue française comme langue scientifique" :

https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=64DC6CEFD86AC66D9B99B4F217D4

https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006071190

 Pour la petite histoire. En août dernier, nous nous sommes rendu compte que l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) était propriétaire de 8 revues scientifiques, et interdisait les manuscrits en français dans 7 de ces 8 revues !

Ainsi, un agronome de l'INRA qui étudie la lavande en Provence ou les vaches laitières en Normandie se voit interdit de pondre son étude en français dans les revues de l'INRA.

 

Dominique Wolton au sujet de l'anglais chez les Scientifiques !

Dominique Wolton est un sociologue français.directeur de recherche au CNRS en sciences de la communication, il est aussi spécialiste des médias, de l'espace public, de la communication politique, et des rapports entre sciences, techniques et société.

Ses recherches contribuent à valoriser une conception de la communication qui privilégie l'homme et la démocratie plutôt que la technique et l'économie.

Il livre ici une réflexion sur les limites du tout-anglais dans le cadre d'un colloque scientifique qui s'est déroulé à la Sorbonne, à Paris, le 14 novembre 2012 et qui était consacré à la communication dans mondialisation.


Naguère, on pensait que l’anglais serait la lingua franca de la mondialisation, ce qui lui valut le qualificatif de « planétaire » (Global English) : on disposait enfin d’une langue commune universelle. Or, cette vision des choses est loin de faire l’unanimité aujourd’hui, y compris au sein du monde anglophone, où le modèle du tout-anglais est remis en cause, aussi bien au Royaume-Uni qu’aux États-Unis.

Comment expliquer un tel renversement de perspective, dont on commence à peine à entrevoir toutes les conséquences ? Tel est l’objet de ce colloque, destiné à approfondir cette question désormais centrale, en examinant tour à tour quatre thèmes majeurs :

- Mythe et réalité d’une lingua franca et économie des langues
- Les enjeux du cyberespace multilingue
- La communication scientifique à l’épreuve du multilinguisme
- La traduction, langue de la mondialisation

À l’heure de la mondialisation, marquée par l’émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), il n’est plus possible de faire l’impasse sur la question des langues en matière de communication. De ce point de vue, elle ne concerne pas que les spécialistes du domaine ou la communauté des enseignants et des chercheurs, toutes disciplines confondues : elle est l’affaire de tous.



L'Académie des Sciences à l'Institut de France, c'est encore l'anglais qui gagne !

Du 12 au 14 mars 2019, juste avant la Semaine mondiale de la langue française et de la Francophonie, se tenait à Paris une conférence de l'Académie des Sciences à l'Institut de France.

Cette conférence avait par thème les insectes et, bien que se se déroulant à Paris, que la plupart des intervenants étaient francophones, que deux membres de l'Académie française y étaient présents et qu'un dispositif de traduction simultanée était mis en place, la langue qui régna en maître fut l'anglais.

Dés le départ Pascale Cossart, organisatrice avec Jules Hoffmann, de cette conférence annonce la couleur :

«  Des casques pour les traductions simultanées sont à la disposition pour tous ceux qui ont besoin de traduction, merci de les rendre chaque soir. Je dois vous dire que, en principe, seuls Jules Hoffmann et moi-même parlerons français, les autres intervenants parleront anglais, la langue véhiculaire des scientifiques actuelle. »

Pascale Cossart, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences

Autrement dit, tout le monde a été d'accord pour que la langue française ne soit pas employée, ici, à l'Institut de France, à deux pas de l'Académie française, à Paris. 

Les deux membres de l'Académie française présents à cette conférence dont Jules Hoffmann, président de l'Académie des Sciences et un des organisateurs de cette manifestation, se sont pliés à ce diktat sans rien dire, bien que, eux, n'aient pas osé parler en anglais à deux pas de l'Académie française.

Enfin, comme l'a dit Mme Cassart, il y avait des casques pour bénéficier de la traduction simultanée, mais :

- les 14 Français présents ont préféré s'exprimer diectement en anglais : Yvan RAHBE (franco-libanais), Michel MITOV, Philippe GRANDCOLAS, André NEL, Marianne ELIAS, Pascal JOUQUET, Jean-Luc IMLER, François LEULIER, Marylène POIRIE, Olivier DANGLES,  Anna-Bella FAILLOUX, Pascal BOIREAU, Antoine HUBERT, Joan VAN BAAREN ; 

- les 5 étrangers parlant français se sont exprimés en anglais comme les Français : Hugo BELLEN (Belge parlant français), Markus AFFOLTER (Suisse parlant français), Xavier BELLES (Espagnol parlant français), Laurent KELLER (Suisse francophone), Elena A. Levashina (Russe, mais parle français. Elle a travaillé en France, à Strasbourg avec, notamment Jules Hoffmann) ;

- les 3 étrangers non-anglophones de naissance se sont exprimés en anglais : Marcel DICKE (Pays-Bas), Kris WYCKHUYS (Belge-Flamand), Luciano MOREIRA (Brésil),

- et les 3 anglophones de naissance, comme chez eux, ont, bien évidemment, parlé anglais : Angela DOUGLAS (GB), Ian Thomas BALDWIN (É-U-A), Rod DILLON (GB).

Moralité : 6 chercheurs parlant anglais ont imposé l'anglais aux 19 chercheurs parlant français !

 

Coronavirus, les mots pour le dire !

Pour éviter les termes anglais qui risquent de se propager dans notre langue à cause de la pandémie que nous subissons actuellement avec le virus du corona, le Ministère de la Culture a rappelé à tout un chacun qu'il existait des termes français.

Nous sommes donc là en présence de la stratégie du « EN MÊME TEMPS » si chère au gouvernement en place : je laisse faire les Scientifiques français tuer la langue française dans les Sciences, mais en même temps, je conseille à la population d'utiliser les termes scientifiques français.

Voici, l'article du Ministère de la Culture sur les mots à adopter :

Alors que le Coronavirus a provoqué une crise sanitaire sans précédent, un vocabulaire médical spécifique, largement importé de l'anglais, a fait irruption sur la scène médiatique. Retour sur ces mots de la santé qui se disent également en français.

Cluster, comorbidité, tracking… En quelques jours, ces termes scientifiques se sont répandus comme une traînée de poudre dans les médias pour évoquer l’épidémie de Covid-19. Issus de notions importées du monde anglo-saxon, ces anglicismes demeurent souvent obscurs à de nombreux Français. Pourtant, il existe des équivalents en français qui, selon le ministre de la Culture, « se disent très bien dans notre langue ». « En cette période de confinement, n’oublions pas que « cluster » se dit tout simplement « foyer » en français », observe Franck Riester sur son compte Twitter.

« Nous avons vu apparaître des notions médicales nouvelles sous forme d’anglicismes qu’il est plus que jamais impératif d’expliciter en français », reprend Paul de Sinety, délégué général à la langue française et aux langues de France au ministère de la Culture, en soulignant le rôle prédominant que joue la langue dans la bonne compréhension des débats. Le délégué général à la langue française et aux langues de France revient pour nous sur quatre équivalents issus du vocabulaire de la santé et de la médecine proposé par la Commission d’enrichissement de la langue française (CELF), dont il est membre.

Cluster :  foyer, grappe, groupe

« Le mot anglais « cluster » fait penser à « cloître » mais il désigne en anglais la « grappe » ; par extension, il prend le sens de « regroupement dans le temps et l’espace de cas d’une maladie ». Comment traduire ce sens spécifique ? Ce qui est clair pour les familiers de la langue anglaise ne l’est pas forcément pour de nombreux Français. D’où l’importance de trouver un équivalent de ce mot en français.

La Commission d’enrichissement de la langue française a proposé le mot « foyer (épidémique) ». Ce mot présente plusieurs atouts. « Foyer », d’usage courant en français, est aussi le terme utilisé dans les autres langues romanes qui, d’ailleurs, ignorent le mot anglais. Plus spécifiquement, lorsque des disciplines comme la biostatistique et l’épidémiologie veulent désigner le « regroupement significatif de cas ayant au moins une caractéristique commune », on parlera de « grappe » ou de « groupe ».

Comorbidité : maladie et éléments pathogènes

« Pour le non-spécialiste du vocabulaire de santé, les termes « morbide », « morbidité », sont synonymes de « malsain ». Mais, on le sait moins, « morbidité » appartient également au vocabulaire médical : il désigne alors « un ensemble de causes qui peuvent produire une maladie ».

Selon l'Agence nationale de santé publique ou le Dictionnaire médical de l'Académie de médecine, la notion de comorbidité se « caractérise par l’existence d’une maladie principale dite “primaire” ou “index” associée à de multiples et spécifiques conditions cliniques ». La « comorbidité » se distingue ainsi de la « multimorbidité » correspondant, selon ces mêmes sources, à « la somme de conditions cliniques sans que prédomine une maladie principale ».

Coping : affronter une situation éprouvante

« Le « coping », selon la Commission d’enrichissement de la langue française, est un anglicisme devenu assez courant en français dans les domaines de la santé et de la psychologie, qui signifie : « ensemble des stratégies comportementales et des ressources émotionnelles auxquelles recourt un individu lorsqu’il est confronté à une situation éprouvante ». D’où l’équivalent d’une efficace simplicité proposé par la CELF : « faire-face ».

Tracking : géolocalisation, traçage et reconstitution de parcours

« On entend beaucoup parler, en ce moment, de l’« opportunité d’une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées », autrement dit du « tracking ». Pourquoi une notion qui a autant d’incidences sur la vie de chacun, d’un point de vue médical comme de celui des libertés publiques, n'est-elle exprimée qu'à travers un anglicisme aussi peu explicite ? N’est-il pas urgent d’en proposer un (ou plusieurs) équivalent, ne serait-ce que pour clarifier les termes du débat public ? C’est la question que s’est posée la Commission d’enrichissement de la langue française, au moment où le gouvernement vient d’installer un Comité analyse, recherche et expertise, qui doit faire des propositions à ce sujet.

Plutôt que « tracking », lorsque l’on veut dire que l’on détermine la position géographique d’une personne porteuse soit d’un téléphone mobile (multifonction), soit de tout autre objet connecté, il suffit de parler de « géolocalisation ». Et si l’on s’intéresse, plutôt qu’à la localisation de cette personne, à celle de son mobile, on parlera plus simplement de « traçage », en gardant à l’esprit que la « traçabilité » désigne le parcours des objets et des marchandises du producteur au consommateur. En revanche, on laissera le « pistage » aux amateurs d’enquêtes policières et la « poursuite » aux opérations consistant à suivre le déplacement d'un objet spatial. Enfin, plutôt que de parler du « back tracking » d’une personne porteuse du virus Covid 19, il serait plus clair de recourir à la « reconstitution de son parcours » en s’inspirant des termes « reconstitution de route » ou « reconstitution de trajectoire » employés dans les domaines maritime ou aérien ».

Quelques termes en français pour éviter les termes anglais

Enrichir la langue française

Héritage de l’édit de Villers-Cotterêts, promulgué en 1539 par François 1er, qui impose que la langue française remplace le latin dans les actes officiels, le dispositif d’enrichissement de la langue française, en complément notamment de la loi « Toubon » du 4 août 1994, garantit à chacun de nos concitoyens un droit à l’information, à l’enseignement, à la santé et au travail dans une langue partagée par tous, la langue de la République, le français.

« Tout commence par le repérage des anglicismes qui n’ont pas de traduction en français, explique Paul de Sinety. C’est l’affaire de 19 groupes d’experts animés par 11 hauts fonctionnaires chargés de la terminologie et de la langue française dans 15 ministères. Ces experts proposent des termes et rédigent des définitions, qu’ils soumettent à l’approbation de la Commission d’enrichissement de la langue française (CELF), présidée par l’académicien Frédéric Vitoux, qui à son tour les fait valider par l’Académie française et par le ministre concerné. À chaque étape, tous cherchent la meilleure définition, le terme juste et bien formé, transparent, compréhensible par chacun. Et pour ce faire, plutôt que de nous opposer les uns aux autres, nous dialoguons dans la recherche du consensus ».

Source : culture.gouv.fr, le jeudi 9 avril 2020

 

 

 




Publié par Régis RAVAT le 14 avril 2020

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Orthographe, corrections : contact.sy@aliceadsl.fr

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