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Barbara Cassin récemment élue à l'académie française veut lutter contre le globiche !

 Mme Barbara Cassin, élue l'an dernier à l'Académie française a fait son discours solennel d'entrée sous la Coupole, le jeudi 17 octobre dernier.

Fait rare, c'est bien la première fois qu'un Immortel, dans  son discours d'intronisation, prend aussi clairement position contre la progression du langage globiche en France, en Europe et dans le monde, employant même le mot de résistance.    

« Nous voulons contribuer à fabriquer une Europe résistante, qui refuse de s'en tenir à cette non-langue de pure communication qu'est le "global English" (NDLR : le globiche), dont les principales œuvres sont les dossiers de demandes de subvention, ces soumissions que classeront des experts à haut niveau », a affirmé la nouvelle académicienne dans le discours d'éloge à son prédécesseur, le musicologue et musicien Philippe Beaussant.

Rappel : (selon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Globish)

Le globish (mot-valise combinant global, « planétaire », et English, « anglais ») (Note de l'Afrav : nous, nous disons : globiche, mot-valise combinant global, « planétaire », et angliche, « anglais ») est une version simplifiée de l'anglais n'utilisant que les mots et les expressions les plus communs de cette langue. C'est le jargon utilisé par des locuteurs de diverses autres langues quand ils veulent communiquer en anglais.

Parfois appelée aussi broken English (« anglais hésitant », « mauvais anglais ») ou « anglais d'aéroport », cette langue n'a rien de formalisé, elle se construit spontanément par la pratique. Il est donc difficile de déterminer si tel ou tel exemple d'anglais est du globiche ou non.

 

La philosophe Barbara Cassin à intégrer l'Académie française

Lors de son discours inaugural, la philosophe et philologue, élue l'an dernier, a martelé devant ses pairs sa volonté de défendre la langue française face à l'anglais.

Elle est la neuvième femme à être officiellement accueillie à l'Académie française depuis sa création... en 1635. Lors de son discours inaugural jeudi 17 octobre, la philosophe et philologue Barbara Cassin, élue l'an dernier, a martelé devant ses pairs sa volonté de défendre la langue française face à l'anglais.  

"Ni 'Globish [version simplifiée de l'anglais] ni nationalisme", a-t-elle affirmé. "Nous voulons contribuer à fabriquer une Europe résistante, qui refuse de s'en tenir à cette non-langue de pure communication qu'est le global English, dont les principales oeuvres sont les dossiers de demandes de subvention, ces 'soumissions' que classeront des 'experts à haut niveau'", a insisté la nouvelle académicienne dans le discours d'éloge à son prédécesseur, le musicologue et musicien Philippe Beaussant. 

Contre « la hiérarchie des langues »

« Nous refusons que nos langues, celles que nous parlons, le français, l'anglais lui-même (celui de Shakespeare, d'Emily Dickinson ou de Churchill), deviennent de simples dialectes, à parler chez soi », a poursuivi l'autrice de L'éloge de la traduction

« Nous nous opposons tout aussi fermement à la hiérarchie des langues et à leur prétention auto-proclamée à un génie supérieur », a souligné la philosophe, qui a choisi pour devise, gravée sur son épée high-tech (NDLR : haute technoligie), une phrase empruntée à Jacques Derrida : « Plus d'une langue »

Pour lire la suite de cet article, merci d'aller sur :  https://www.lexpress.fr/culture/la-philosophe-barbara-cassin-devient-la-neuvieme-femme-a-integrer-l-academie-francaise_2103967.html

Source :  LEXPRESS.fr avec AFP, lexpress.fr, le vendredi 18 octobre 2019

Vidéo : « La traduction est aux langues ce que la politique est aux hommes » Barbara Cassin, le 19/07/2018 à Avignon



Barbara Cassin explique le globiche !

Élue à l’Académie française le 3 mai 2018, Barbara Cassin explique pourquoi il ne faut pas céder au « global English », une langue anglaise simplifiée qui véhicule, selon elle, des valeurs contestables.   

Il ne s’agit pas de protectionnisme de la langue, mais bien au contraire d’une volonté de défendre la diversité et de lutter contre le « ranking » (« classement ») et le « formatage de la pensée ».

« Il n’y a pas un langage, explique la philosophe, mais des langues. » Contre cette pensée unique, une arme efficace et belle : la traduction.



Globish ? Le choix de l’infériorité totale, par Henri Masson

Jean-Paul Nerrière reconnaît, à juste titre, à propos de l’anglais, que « cette langue des communications internationales ne s’appelle l’anglais que par un abus de vocabulaire, tant elle est pauvre et dépourvue de profondeur » (Métro, 20.01.2006)

Le globish, qu’il préconise, est bel et bien un aveu de l’échec de l’anglais dans le rôle de « la langue équitable dont le monde a besoin ». Mais le problème, c’est que ce sabir pousse inévitablement à l’anglais, car toute personne qui a appris le globish sera plus tentée de se perfectionner en anglais que de se lancer dans l’apprentissage d’une autre langue.

En effet, le globish est un anglais vidé de ses ressources et de ses richesses, appauvri, ratatiné, châtré, dépourvu de valeur culturelle, qui ne se prête même pas à l’humour, qui nécessite un complément gestuel (génial dans l’obscurité totale, ou derrière un mur !), un sabir pour lequel il est conseillé d’éviter les formes complexes de conjugaison et les propositions subordonnées... Il aurait pu l’appeler "sabish"...

Lorsque Jean-Paul Nerrière, dans le but de faire passer son globish, conseille de suivre l’exemple de l’Allemagne, qui invite à renoncer à l’allemand au profit de l’anglais pour se faire valoir et se promouvoir sous tous les aspects , il ne tient aucun compte du fait que la langue anglaise appartient à la famille germanique, et que son apprentissage demande un effort nettement moindre pour les germanophones que pour les locuteurs d’autres familles de langues.

Ensuite, l’Allemagne vaincue de 1945, à part la RDA, est passée sous contrôle de puissances essentiellement anglophones durant des décennies. Rien n’a été négligé pour la pousser à l’anglicisation. Il n’y a donc pas lieu de faire passer une situation de soumission pour un libre choix, pour un acte volontaire.

Le résultat de cette politique, en France, était déjà perceptible dans le rapport n° 73 (1995-1996) du sénateur Legendre : « Le recul de l’allemand et de l’italien, le « naufrage lusitanien », la place résiduelle laissée à certaines langues de l’Union européenne... ».

Une autre conséquence, au niveau de l’Europe, est que les séjours linguistiques drainent une partie importante de la population européenne vers l’Angleterre, ce qui avait permis à un directeur du British Council de dire, en 1987 :

« Le véritable or noir de la Grande-Bretagne, ce n’est pas le pétrole de la Mer du Nord, mais la langue anglaise ». Ainsi se crée une habitude d’échanges, de telle façon que les axes des divers pays européens sont dirigés essentiellement, non point entre eux avec toute la diversité possible, mais entre chacun d’eux et la Grande-Bretagne.

Pour illustrer cette situation, prenons deux cartes de l’UE. Sur l’une, traçons un trait de chacun des pays vers chacun des autres ; sur l’autre, de chacun des pays uniquement vers la Grande-Bretagne. Qui osera parler de politique équilibrée ? Ainsi, au lieu de travailler pour le roi de Prusse, les Européens non natifs anglophones travaillent pour... la reine d’Angleterre. Est-ce mieux ?

Ne parlez pas le globish, Barbara Cassin

Et l’affaire ne s’arrête pas là : le fait d’étudier en Grande-Bretagne (ou dans d’autres pays anglophones) n’a pas que des conséquences économiques. L’esprit de ceux qui y séjournent longuement s’imprègne d’une façon particulière de voir le monde, ce qui conduit à un déséquilibre dont nous voyons de plus en plus les conséquences : une influence et une intervention croissantes des milieux financiers et politiques britanniques (et étasuniens) dans les affaires européennes. S’il est bon, et même recommandable, de découvrir d’autres façons de voir le monde par la découverte diversifiée de langues, de cultures et de pays, il est par contre totalement néfaste d’être orienté et même poussé vers une seule langue, une seule culture, un seul groupe de pays, une seule façon de voir le monde. Il s’agit là d’un appauvrissement considérable, et même d’une menace.

Un autre résultat est celui dont fait état le rapport Grin, publié en septembre 2005, sur  « L’enseignement des langues étrangères comme politique publique ».

Le professeur François Grin a tenté ce qui devrait absolument être fait dans tous les pays non-anglophones : chiffrer les transferts nets dont bénéficient les pays anglophones du fait de la préséance de l’anglais, et les économies qui pourraient être réalisées par l’adoption d’un autre scénario. On apprend ainsi que le Royaume-Uni gagne, à titre net, au minimum 10 milliards d’euros par année du fait de la dominance actuelle de l’anglais.

De plus : « Si l’on tient compte de l’effet multiplicateur de certaines composantes de cette somme, ainsi que du rendement des fonds que les pays anglophones peuvent, du fait de la position privilégiée de leur langue, investir ailleurs, ce total est de 17 à 18 milliards d’euros par année... Ce chiffre serait certainement plus élevé si l’hégémonie de cette langue venait à être renforcée par une priorité que lui concéderaient d’autres États, notamment dans le cadre de leurs politiques éducatives respectives... Ce chiffre ne tient pas compte de différents effets symboliques (comme l’avantage dont jouissent les locuteurs natifs de la langue hégémonique dans toute situation de négociation ou de conflit se déroulant dans leur langue) ; cependant, ces effets symboliques ont sans doute aussi des répercussions matérielles et financières. »

Questionné sur la langue officielle du groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis, Jean-François Dehecq, son PDG, avait répondu au magazine L’Expansion (28 octobre 2004) :

« Ce n’est sûrement pas l’anglais. Une multinationale est une entreprise dans laquelle chacun peut parler sa langue. Dans une réunion, c’est du cerveau des gens dont on a besoin. Si vous les obligez à parler anglais, les Anglo-Saxons arrivent avec 100% de leurs capacités, les gens qui parlent très bien, avec 50%, et la majorité, avec 10%. A vouloir tous être Anglo-Saxons, il ne faut pas s’étonner que ce soient les Anglo-Saxons qui gagnent. »

Il est clair que le choix de l’anglais, c’est le choix de l’infériorité, de la soumission, de la dépendance. L’anglais mène inévitablement à un appauvrissement de la pensée au niveau planétaire. Et le globish mène inévitablement à l’anglais. Mais d’une certaine façon, il n’est pas impossible qu’il devienne mortel pour la langue de Shakespeare. Dans ce cas, il est préférable de recourir à la solution préconisée dans le rapport Grin.

Ceux qui prônent l’anglais comme langue internationale voient moins clair, moins net et moins loin que David Rothkopf, ancien conseiller de l’administration Clinton qui, en 1995, avait écrit :

« Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent. » (In Praise of Cultural Imperialism, Foreign Policy, Number 107, Summer 1997, pp. 38-53)

Sommes-nous donc tous des Américains ?

Toute personne qui apprend et utilise l’anglais se met en état d’infériorité par rapport à des natifs anglophones. Bien peu d’écho est donné par les médias sur le fait que, dans l’Union européenne, de nombreux postes de décision sont réservés à des natifs anglophones : "native English speaker", "English mother tongue". Ne sommes-nous pas dans une situation de colonisation ? L’anglais, c’est le choix de l’infériorité. Le globish, c’est le choix de l’infériorité totale.

Henri Masson

Source :agoravox.fr, le lundi 23 janvier 2006
Possibilité de mettre un commentaire à cet article en allant sur : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/globish-le-choix-de-l-inferiorite-6275

 

 

 




Publié par Régis RAVAT le 21 octobre 2019

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