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Point sur le 16e Sommet de la Francophonie

Le 16e Sommet de la Francophonie s'est achevé comme il a commencé : dans le silence des médias français.

Le mot FRANCOPHONIE semble être condamné à avoir le même sort que le mot COURRIEL : tout le monde le connaît, mais tout le monde évite de l'employer.

Pour preuve, aux actualités de 20 heures, sur France 2, le sujet a été totalement occulté. Pire, on a parlé à plusieurs reprises de Hollande en déplacement à Madagascar, sans dire qu'il était là-bas pour le Sommet de la Francophonie :

- Le vendredi 25 novembre, aux actualités de 20 heures de France 2, Maryse Burgot, une journaliste de cette chaîne, parlant en direct du Palais de l'Élysée, nous dit que l'avion de François Hollande décollerait dans 2 heures pour Madagascar et qu'il rentrera en France, dimanche soir (sic). Rien, aucune information sur son voyage à Madagascar, rien sur le Sommet de la Francophonie qui va s'y dérouler. 

- Le samedi 26 novembre, aux actualités de 20 heures de France 2, suite à la mort de Fidel Castro, Alexia Mayer, une journaliste de cette chaîne, nous fait part de la réaction de François Hollande sur la mort du président cubain. À noter que François Hollande nous a été présenté parlant de la tribune du Sommet de la Francophonie à Madagascar et que rien, là encore, n'a été dit sur son voyage à Madagascar, rien sur le Sommet de la Francophonie qui s'y déroulait.

- Le lundi 28 novembre, aux actualités de 20 heures de France 2, Maryse Burgot, nous dit que François Hollande, quelles jours avant son départ à Madagascar, a recadré son Premier ministre au téléphone (sic). Là encore, rien sur la Francophonie bien que Madagascar ait été évoqué.

 

XVIe Sommet de la Francophonie à Antananarivo

Madagascar accueille le XVIe Sommet de la Francophonie ; le français est la langue officielle du pays, qui a par ailleurs adhéré à la francophonie en décembre 1989.

En novembre 2016, la capitale malagasy accueillera le XVIe Sommet de la Francophonie. En près de 27 ans d’adhésion, c’est une grande première pour le pays !
Rappelons que Madagascar était désigné pour recevoir le Sommet de 2010 en tant que pays hôte, la crise politique de 2008 a poussé les organisateurs de l’OIF a revoir leur choix (XIIIe Sommet en Suisse).

Dans la zone Océan Indien, ce Sommet est le second faisant suite à celui de 1993 à l’Ile Maurice.

Le Sommet de la Francophonie vu par la population locale

La Grande Île fait partie des pays les plus pauvres dans le monde : croissance trop faible, délestage, malnutrition, corruption, insécurité, instabilité politique sévissent et frappent de pleins fouets le quotidien des habitants.
Ainsi, face à ces fléaux nationaux, la population a dû mal à cerner les intérêts pour la Grande Île d’organiser ce Sommet.
Pourtant, la déclaration de Monsieur Ratsiferana Hugues signale par exemple l’agrandissement de l’aéroport International, et un autre sujet polémique ou la nouvelle route reliant l’aéroport au centre-ville…

« Croissance partagée et développement responsable : les conditions de la stabilité du monde et de l’espace francophone »

Tel est le thème retenu par l’OIF pour ce XVIe Sommet à Madagascar. Une croissance qui se base sur la participation de tout le monde, des actions de développement responsable coordonnées autour des questions d’ordre environnemental et social.

L’Arbre du Voyageur, « Ravinala », symbole fort du pays est choisi pour illustrer cette thématique. Un arbre qui contient de l’eau pour se désaltérer… Ses feuilles sont aux couleurs de la Francophonie.
Pour suivre l’organisation de ce Sommet sur les comptes Facebook et Twitter officiels, il faut saisir le mot-dièse #TANA2016.

Par admin

Admin a étudié à INSCAE, rédactrice Web, habite à Tananarive, Antananarivo, Madagascar

Source : madagascarnet.net, le 17 mai 2016
Possibilité de réagir à cet article en allant sur :​ http://www.madagascarnet.net/xvieme-sommet-de-la-francophonie-a-antananarivo/



16e Sommet de la Francophonie, le bilan

Le Sommet de la Francophonie, évènement majeur de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) qui a lieu pour la 16e fois, s’est tenu à Madagascar durant 2 jours et a été clôturé ce dimanche.

Ce dimanche 27 novembre marquait la fin du 16e Sommet de la Francophonie qui s’est tenu dans la capitale malgache, à Madagascar. Ce sommet, entamé le 26 novembre, a duré seulement 2 jours. En tout, 84 États membres étaient attendus (56 membres et 26 observateurs), mais seulement 20 y ont participé. Lors d’une conférence de presse finale, la Secrétaire Générale de la Francophonie et le chef d’État malgache ont fait le bilan des manifestations de la famille francophone à Ivate, à Antananarive. Le Sommet a été le lieu de plusieurs changements, notamment l’élargissement de la famille francophone avec l’adhésion de 4 nouveaux membres : La Nouvelle-Calédonie, le Canada Ontario, l’Argentine et la République de Corée, portant à 84 le nombre total de membres. La candidature de l’Arabie saoudite a, elle, été refusée, et reportée à un nouvel examen en 2018 le temps de vérifier si le pays répond aux critères d’adhésion.

Lors de cet évènement, Le Canada et son premier ministre ont occupé le devant de la scène. En effet, Justin Trudeau a prononcé un discours très remarqué, notamment en rendant un hommage personnel à Fidel Castro, puis en prenant position sans concessions sur les droits des minorités sexuelles, cela devant un parterre de chefs d’États pas toujours réceptifs. Le pays a d’ailleurs profité de l’évènement en terre africaine pour officialiser deux engagements envers le continent : Ottawa va accroître son aide au développement et revenir au sein des opérations onusiennes de maintien de la paix. Par ailleurs, le roi du Maroc, Mohamed VI, pourtant annoncé et attendu par les organisateurs, n’a pas participé aux travaux du Sommet, alors qu’il avait été le premier à fouler le sol malgache le 19 novembre, et venait donc de passer une semaine à Madagascar. Selon certaines sources ce serait précisément le discours du premier ministre canadien qui aurait courroucé le roi, qui s’est fait représenter par son ministre des affaires étrangères. L’Algérie a profité du fauteuil vide de Mohammed VI pour occuper le terrain, en qualité d’invité spécial au sommet, alors que le pays avait toujours refusé d’adhérer à l’OIF.

Treize résolutions ont été adoptées par les chefs d’États lors de ce sommet. Elles vont des crises dans l’espace francophone aux mariages précoces, en passant par l’égalité hommes-femmes, l’énergie propre et la prévention de la radicalisation. Un accent particulier a été mis sur la coopération en matière de lutte contre le terrorisme qui a affecté plusieurs pays francophones. Lors de la dernière journée de travaux ce dimanche, la Déclaration d’Antananarive a été adoptée. Elle contient en tout 64 points, traduisant les engagements de la communauté francophone en faveur de la paix, de la stabilité, de la sécurité, des droits humains, de la coopération ainsi que dans la lutte contre la violence envers les enfants et les femmes.

La déclaration d’Antananarive concerne également deux volets importants sur les stratégies Jeunesse et Économie A la fin de cette 16e Edition, l’Arménie et la Tunisie se sont aussi porté candidats pour l’organisation du prochain sommet de la Francophonie. L’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), qui n’a pu les départager, a donc confié l’organisation du 17e Sommet à l’Arménie et celle du 18e à la Tunisie en 2020. Ainsi, le prochain rendez-vous de la francophonie se tiendra en 2018 en Arménie.

Par Samake2

Source : maliactu.info, le mardi 29 novembre 2016
Possibilité de réagir à cet article en allant sur :​ https://maliactu.info/afrique/16eme-sommet-de-la-francophonie-le-bilan



Sommet de la Francophonie. Une 16e édition sans éclat !

Le sommet de la Francophonie s'est achevé dimanche soir à Madagascar. Cette 16 édition qui a mis l'accent sur la lutte contre le terrorisme, a peu passionné les foules. Toutefois, le plaidoyer du premier ministre canadien Justin Trudeau en faveur des femmes et des homosexuels a offert un peu de relief au rassemblement.

Boudé par de nombreux chefs d'État africains, le 16e sommet de la Francophonie s'est achevé dimanche à Antananarivo, la capitale de Madagascar, avec un appel des pays membres à une meilleure coopération notamment dans leurs actions contre le terrorisme. 

Les pays francophones « paient un lourd tribut face à cette menace asymétrique qu'est le terrorisme. Une plus grande mutualisation de nos expériences, de nos moyens et de nos renseignements est nécessaire », a indiqué Michaëlle Jean, la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) lors de la conférence de presse de clôture du sommet. 

« On a reçu des engagements des pays membres sur les aspects sécuritaires notamment. Mais nous sommes convaincus qu'il faut un développement économique pour assoir la paix et la stabilité dans le monde », a plaidé de son côté le président malgache Hery Rajaonarimampianina.

Les résolutions finales encouragent notamment « le partage ou la diffusion des programmes de dé-radicalisation » dans les pays de la Francophonie.

Dès samedi, le président français, François Hollande avait appelé à renforcer la coopération contre la radicalisation islamiste au sein de l'espace francophone.

« Nous n'avons pas le droit d'abandonner des jeunes sans repères, de les laisser ainsi vulnérables, atteints par les mensonges des mouvements fondamentalistes », avait-il lancé à la tribune.

Les chefs de file africains absents

De nombreux chefs de file du continent africain manquaient à l'appel de ce sommet. Joseph Kabila, le président de la République démocratique du Congo, deuxième plus grand pays francophone du monde était par exemple absent, « retenu par des urgences pressantes liées au processus politique en cours », selon son ministre des Affaires étrangères, venu le représenter.

Dans la longue liste des absents figuraient aussi Alassane Ouattara, Ibrahim Boubacar Keïta ses homologues ivoirien et malien, mais également le roi du Maroc Mohammed VI, pourtant présent à Madagascar, la semaine précédant le sommet.

17e Sommet de la francophonie en Arménie

Faible affluence

Malgré l'enthousiasme de Michaëlle Jean qui a salué sur Twitter un « Sommet exceptionnellement réussi », au total, moins d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement étaient présents à Antanarivo, une affluence modeste au regard du nombre de pays membres ou observateurs de l'OIF.

François Hollande, présent samedi pour l'ouverture du sommet, ne s'est pas rendu aux cérémonies de clôture, dimanche.

Plaidoyer de Justin Trudeau

Seule la présence du charismatique premier ministre canadien Justin Trudeau a finalement relevé ce rassemblement sans relief.

Samedi, dans son discours d'ouverture, M. Trudeau a livré un audacieux plaidoyer pour les droits des femmes et des homosexuels. 

« Je suis féministe et j'en suis extrêmement fier », a lancé le premier ministre avant d'ajouter que les « membres des communautés lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres souffrent dans trop de pays, incluant certains membres de la francophonie ».

Dimanche, lors d'un point presse en marge du sommet, il a enfoncé le clou. « Si c'est des questions qui rendent les gens mal à l'aise, eh bien tant mieux ! On ne peut pas choisir les droits qu'on veut respecter ou non », a lancé le premier ministre.

Quatre nouveaux membres

À l'issue de ce sommet, l'OIF a annoncé l'adhésion de quatre nouveaux membres : l'Argentine, la Corée du Sud, l'Ontario comme observateurs et la Nouvelle-Calédonie comme membre associé. L'Arabie Saoudite, verra elle sa candidature rééxaminée ultérieurement. « Nous voici 84 états et gouvernements », membres de l'OIF, s'est réjouie Michaëlle Jean. 

L'OIF regroupe en effet désormais 84 membres dont 26 observateurs et 4 membres dits associés. La Thaïlande qui fait partie des observateurs est suspendue de l'OIF depuis le coup d'État de 2014.

Selon l'OIF, près de 274 millions de personnes peuvent être définies comme francophones de façon certaine dans le monde.

Le prochain sommet de la Francophonie sera organisé en Arménie en 2018 et en Tunisie en 2020.

Ouest-France  

Source : caen.maville.com​, le lundi 28 novembre 2016

 



Au sujet de l'Arménie, de la Tunisie et Compagnie

Si le cercle des pays adhérents à l'OIF croît de sommet en sommet, pourquoi la présence de la langue française, elle, ne croît-elle pas dans les mêmes proportions, dans les instances ou évènements internationaux.

Pourquoi, par exemple, l'Arménie chante-elle en anglais au concours de l'Eurovision de la chanson et pourquoi son jury donne-t-il en anglais le résultat de ses notes. 

De plus, que viennent faire dans la Francophonie des pays comme la Corée du Sud, la Pologne, l'Arabie Saoudite (ce n'est pas encore fait), le Qatar, l'Argentine et bien d'autres encore où le français n'est que très peu utilisé et très peu enseigné ?

Que penser, dernièrement de la Tunisie, qui a organisé chez elle, sous une bannière bilingue arabe-anglais (pas de français ! voir la photo, ci-contre) les auditions publiques des victimes du régime de  Ben Ali afin de faire la lumière sur les exactions du régime .

Etc.

Il serait temps de recadrer l'OIF, pour qu'elle exige de ses membres que la langue française, si elle n'est pas la langue officielle du pays, soit au moins, la première langue étrangère enseignée et exiger des pays membres qu'ils s'expriment en français dans leurs communications à caractère international.



La langue française en recul à Madagascar

Enfin, voici un article qui montre que le français en Afrique a de grandes difficultés à être enseignés correctement.

La France, sans s'immiscer dans les affaires de ces pays, devrait tout de même aider à relever le niveau. Elle devrait former des professeurs, faciliter les échanges entre pays francophones, développer le numérique et l'accés à la Toile, etc.

Gageons qu'en 2017, le prochain Président de France prendra conscience du problème, car il faut aider l'Afrique francophone à se développer pour contenir les populations, pour créer de nouveaux marchés pour nos industries (et réciproquement), pour faire vivre la culture d'expression francophone et pour se donner les moyens d'être, demain, un bloc de plusieurs centaines de millions de locuteurs francophones, seule chance que nous aurons de pouvoir parler français face à la puissance hégémonique d'autres langues.

Madagascar accueille cette fin de semaine le sommet de la francophonie, l’occasion d’explorer son rapport ambigu au français et au malgache.

Victor, 11 ans, vêtu de fripes déchirées, regarde fixement la feuille de papier sur laquelle deux mots sont écrits : « un chat ». Au bout de longues secondes, il murmure : « Acheter ? » Derrière lui, sa grande sœur a tenté en vain de le lui souffler. Ce jour d’octobre, il est venu s’inscrire en élémentaire à l’école publique du quartier de Mahamasina, proche du centre-ville d’Antananarivo. À la rentrée, Victor aura des cours de géographie et de « connaissances usuelles » en français. S’il ne maîtrise pas la langue de Molière, ce n’est pas bien grave : il y a de bonnes chances pour que son professeur soit dans le même cas.

Avec le malgache, le français est la deuxième langue officielle de Madagascar. C’est aussi la langue des affaires, de l’administration, de l’enseignement supérieur, et celle que l’on voit sur la plupart des panneaux de la capitale. Pourtant, seuls 20 % de la population la maîtrise. Un paradoxe que l’on retrouve dans le système éducatif qui est, sur la Grande Île, dans un état dramatique. D’après l’Unicef, 82 % des enfants vivent sous le seuil de pauvreté, et un enfant sur quatre n’est pas scolarisé.

Bilinguisme de fortune

À quelques encablures de là, ça piaille et ça discute dans une salle de classe surchargée. Cette fois, ce sont les enseignants qui siègent sur les tables-bancs en bois, et chuchotent sous le nez du formateur. Ces « maîtres Fram », qui enseignent tous depuis cinq à dix ans, sont en cours de titularisation, et reçoivent pour la première fois une formation au métier de professeur.

Au total, Madagascar compte 85 000 de ces enseignants communautaires, qui représentent 80 % du corps professoral en primaire. Pour pallier le manque de professeurs, les parents d’élèves se sont constitués en association pour recruter des jeunes bacheliers et leur confier l’éducation de leurs enfants. Une conséquence directe des politiques « d’ajustements structurels » de la Banque mondiale qui, dans les années 1990, imposait aux pays pauvres comme Madagascar un gel du recrutement de fonctionnaires. Depuis 2014, le ministère de l’éducation les titularise par vagues successives, et leur offre une mise à niveau de six semaines.

Penchée sur le manuel, Marita Ratoandroarintsoa, 43 ans, lit la leçon, péniblement, dans un français plus qu’hésitant. Le formateur en didactique enchaîne quelques explications, puis passe au malgache pour répondre aux questions. Dans le flot de mots, on entend soudain : « Alouette, gentille alouette », qu’il entonne pour donner un exemple de comptine.

« On n’a pas assez l’habitude de parler français, explique timidement Marita à la fin du cours entourée de quelques collègues. Lorsqu’on le parle en classe, les élèves ne nous comprennent pas. » « Dans les livres, il y a pleins de mots que l’on ne connaît pas. Il faut alors consulter le dictionnaire ou demander à un collègue », renchérit Sema Randriamampiamima, également enseignant dans la capitale. Pour mener à bien leurs cours, le seul recours est un bilinguisme de fortune. Les explications se font en malgache, mais le résumé, les évaluations, et les manuels sont en français. Une barrière de plus qui s’ajoute à des conditions d’enseignement déjà difficiles : manque de matériel scolaire, salaires versés en retard, enfants dans le dénuement.

Frankofonia, Francophonie à Madagascar

« Malgachisation »

De l’avis de tous, cette situation pour le moins cocasse, et qui constitue un frein manifeste au décollage économique de Madagascar, s’explique par des politiques linguistiques contradictoires menées depuis l’indépendance en 1960. En particulier, le traumatisme laissé par la période de « malgachisation », initiée dans les années 1970, est prégnant. Imposée par un mouvement de contestation estudiantin qui voulait détrôner la suprématie du français, celle-ci s’est, de manière unanime, soldée par un échec.

« La malgachisation en soi n’est pas mauvaise. Il n’y a pas de meilleur outil d’apprentissage pour l’enfant que sa langue première. Mais l’État n’avait pas les moyens de ses ambitions, ni les ressources humaines », argumente la socio-linguiste Vololona Randriamarotsimba, dans son bureau de l’École normale supérieure (ENS). De manière hasardeuse et précipitée, des malgachisants ont été sollicités pour inventer tout le vocabulaire qui faisait défaut au malgache. « Mais il y avait plusieurs tendances en conflit, et des tensions entre la vingtaine de variantes régionales, ajoute t-elle. Pour l’instant, il n’existe pas encore de terminologie malgache officielle. »

Résultat, à l’école primaire, le français a été mis de côté, la qualité de l’enseignement public a chuté, une génération a été sacrifiée. Celle-là même qui se retrouve aujourd’hui à devoir donner cours en français sans le maîtriser. Les inégalités se sont creusées, alors que ceux qui en avaient les moyens mettaient leurs enfants dans le privé. « On a constaté une baisse du niveau général. La maîtrise du français est devenue un élément de stratification sociale », complète la socio-linguiste. Car, à l’Université, la langue de l’ancien colonisateur est restée l’unique langue d’enseignement. Le plafond de verre linguistique s’en est trouvé renforcé.

Complexe d’infériorité

Depuis, le pays a fait machine arrière. « Dans les années 1990, le gouvernement a eu la volonté de démocratiser le français. Mais, par prudence, l’élite politique n’a jamais voulu l’afficher clairement », détaille Vololona Randriamarotsimba, évoquant une « refrancisation implicite ».

La politique linguistique reste aujourd’hui une question épineuse, qui revient régulièrement à l’ordre du jour. « On a joué aux apprentis sorciers, et maintenant il n’y a plus de consensus ni de volonté politique », résume l’ancien ministre Gratien Horace.

De la malgachisation, le malgache garde un complexe d’infériorité, présenté comme une langue incomplète et incompatible avec les sciences. Un repli sur le malgache serait antithétique de la volonté, indispensable, d’ouvrir l’île au reste du monde. La question financière entre également en jeu : « Si l’on veut vraiment la langue malgache, il faut l’équiper avec des ouvrages, un lexique, former des enseignants, estime Amboaratiana Soa-Naivo, étudiant en linguistique française à l’ENS. C’est plus rapide et plus effectif de se focaliser sur le français, qu’on le veuille ou non. »

Adrien Barbier Antananarivo, envoyé spécial

​Source : lemonde.fr/afrique​, le jeudi 24 novembre 2016

 

 




Publié par Régis RAVAT le 02 décembre 2016

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Orthographe, corrections : contact.sy@aliceadsl.fr

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