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La destruction de la France continue avec la réforme de l'orthographe !

Il paraît de plus en plus évident aujourd'hui, que nos gouvernants n'ont plus qu'un seul objectif : détruire tout ce qui fait la France. Détruire son modèle social, détruire son Service public (service au Peuple), détruire sa culture et sa langue.

Assurément, les consignes de l'UE sont d'amener tous les pays d'Europe à se fondre dans un même moule, à adopter la même idéologie : le libéralisme économique de type étatsunien pour, in fine, rendre possible l'annexion de l'Europe à l'Empire américain via le traité transatlantique en cours de négociation, négociation secrète et en anglais, rappelons-le. 

Pour détruire la France, il faut détruire sa langue, ou du moins la mettre hors d'état de gêner l'anglo-américain, afin que la langue de l'Oncle Sam devienne la langue commune de chaque Européen et la seule langue officielle de l'Europe.

Ainsi, depuis les Accords de Maastricht, accords qui ont déclenché le processus de la mise en place de l'Europe libérale de type américain, l'anglo-américain est-il devenu peu à peu obligatoire partout dans toutes les écoles de l'Union et cela dès le plus jeune âge. En France, c'est le ministre Vincent Peillon qui, en 2012, rendit l'anglais obligatoire dès le CP (les écoliers ont alors 7 ans) et c'est en 2013, que la ministre des Universités, Geneviève Fioraso, légalisa l'enseignement EN anglais dans les universités françaises. Bien évidemment, pour en arriver à ce résultat-là, au point que les Français ne se sont presque pas aperçus de cette imposture linguistique, l'endoctrinement à l'anglo-américain est parti de loin : chansons, cinéma, publicité, médias pro-atlantistes, etc. (voir les Accords Blum-Byrnes). 

réforme de l'orthographe et arnaque linguistique

Aujourd'hui, avec la réforme de l'orthographe, la destruction de notre langue - et donc de la France - continue, une réforme précédée par la suppression des Humanités et le rabaissement de l'enseignement du grec et du latin au plus bas des matières à option, deux langues qui sont pourtant l'essence même de notre culture et, bien sûr, de notre langue.

 

Comment décider de réformer l'orthographe sans en parler aux pays de la Francophonie ?

La France est un grand pays, mais la langue française est bien plus grande encore.

Pour de nombreux pays comme la Belgique, le Canada, la Suisse ou les pays africains avec lesquels nous avons conservé des liens très forts, le français est la langue officielle.

Mais sommes-nous, pour autant, seuls propriétaires de la langue française ? Comment, et de quel droit, pouvons-nous décréter seuls une importante réforme, d'ailleurs discutable, de l'orthographe ?

Pouvons-nous décider pour tout le monde ? Ou imaginons-nous qu'à partir d'aujourd'hui coexistent plusieurs façons d'écrire le français en fonction des divers pays qui le pratiquent ? C'est, non seulement abusif, mais c'est un manque de respect total envers tous ceux qui, sans être Français, ont conservé ou adopté la langue française.

Il est plus que temps de créer à l'échelle de la Francophonie mondiale, une « Académie francophone » qui, à l'image de l'Académie française, mais formée celle-ci d'écrivains francophones du monde entier, donnerait la norme en matière de langue.

GD

 

Réforme de l'orthographe : l'Académie française réagit enfin

Dans un communiqué, l'institution tient à mettre les choses au point concernant la réforme tant décriée qui doit être appliquée à la prochaine rentrée scolaire. Elle insiste notamment sur le fait qu'elle n'est pas à l'origine de ce changement.

L'Académie française passe à l'offensive. L'institution vient de mettre en ligne sur son site un communiqué de mise au point suite aux polémiques sur la réforme de l'orthographe applicable à partir de la prochaine rentrée scolaire. Une réforme décidée il y a plus de vingt-six ans ! Plusieurs points sont soulevés après que le ministère de l'Éducation nationale a publié son propre communiqué soulignant que l'Académie avait accepté toutes les «rectifications» en 1990. En premier lieu, la vénérable institution a tenu à souligner qu'elle n'est pas à l'origine de la réforme de l'orthographe. Ensuite, pour elle, il s'agissait surtout de débattre. Enfin, le communiqué dit bien que la Compagnie est opposée à toute simplification de l'orthographe. Voici les principaux points.

● Pas à l'origine de la réforme

« L'Académie française tient tout d'abord à rappeler qu'elle n'est pas à l'origine de ce qui est désigné sous le nom de “réforme de l'orthographe”, dont la presse se fait l'écho depuis quelques jours, et qui devrait être appliquée dans les programmes scolaires à compter de la prochaine rentrée. »

● Une invitation à la mesure et à la prudence

« Le texte auquel il est fait allusion émane du Conseil supérieur de la langue française: il a été publié dans les “Documents administratifs” du Journal officiel le 6 décembre 1990. Étant donné la mission de défense et d'illustration de la langue française assignée à l'Académie par son fondateur, il était naturel que Maurice Druon, Secrétaire perpétuel à cette date, fût étroitement associé à la préparation de ce rapport. Alors qu'elle ne disposait pas encore du texte du rapport, l'Académie, dans sa séance du 3 mai 1990, a été informée des idées directrices du projet, dont elle a approuvé l'inspiration et le principe. Dès que le document leur a été communiqué, les membres de l'Académie se sont attachés, dans la séance du 10 janvier 1991, à étudier les dispositions prévues par le Conseil et ont ouvert un large débat sur cette question, où s'est exprimée une grande diversité d'opinion. Au terme de cet échange de vues, l'Académie a assorti son approbation d'une invitation à la mesure et à la prudence dans la mise en œuvre des mesures préconisées, mettant en garde contre toute imposition impérative des recommandations. »

● Opposition à toute simplification de l'orthographe

« La Compagnie a rappelé à cette occasion son attachement au principe selon lequel doivent être exclues toute réforme et même toute simplification de l'orthographe. Ce principe est conforme à sa position constante: hostile à toute réforme visant à modifier autoritairement l'usage, l'Académie n'a jamais été pour autant fermée à des ajustements appelés par les évolutions de la langue, et que les différentes éditions de son Dictionnaire se sont attachées à refléter. »

● 2000 mots sur 59 000 entrées

« C'est bien improprement que le terme de “réforme” est employé pour désigner les “rectifications” orthographiques proposées par le Conseil supérieur, qui ont été approuvées par l'Académie, et qu'elle a choisi de mentionner dans la neuvième édition de son Dictionnaire, en tenant compte pour chaque cas des évolutions réelles de l'usage. Il convient d'observer que ces ajustements ne concernent que quelque 2000 mots (soit 3 à 4% du lexique français) - la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie, en cours de publication, comptera environ 59 000 entrées. »

● L'usage ne saurait être modifié par décret

« L'Académie a constaté que ces ajustements étaient conformes, dans leurs principes et dans leur effet, à ceux qu'elle a elle-même pratiqués à plusieurs reprises dans la troisième édition du Dictionnaire (1740), la sixième (1835), la septième (1878) et la huitième (1935). En effet, les rectifications proposées ne consistent en aucune manière à simplifier des graphies résultant d'une évolution étymologique ou phonétique, mais visent à mettre fin à une anomalie, à une incohérence, ou, simplement, à une hésitation, et ainsi à permettre l'application sans exceptions inutiles d'une règle simple, à souligner une tendance phonétique ou graphique constatée dans l'usage, ou encore à faciliter la création de mots nouveaux, notamment dans les domaines scientifique et technique, et, de manière générale, à rendre plus aisés l'apprentissage de l'orthographe et sa maîtrise.
Certaine que l'usage ne saurait être modifié par décret, l'Académie, opposée à toute prescription de caractère obligatoire en matière d'orthographe, a préféré, pour présenter ces modifications limitées et mesurées, suivre la voie de la recommandation: elle a approuvé la résolution selon laquelle, dans tous les cas, les deux graphies - la graphie actuelle et la graphie proposée par le Conseil supérieur - devront être admises. L'Académie a donné son aval à ces recommandations, mais en demandant qu'elles soient soumises à l'épreuve du temps. Concernant la plupart des cas, elle s'en tient, dans la neuvième édition de son Dictionnaire, à présenter la graphie traditionnelle à l'entrée principale, tout en mentionnant la possibilité d'une graphie rectifiée.
Elle s'est proposée, selon une procédure qu'elle a déjà suivie à plusieurs reprises, de juger à terme des graphies que l'usage, législateur suprême, aura retenues et de confirmer ou infirmer les modifications recommandées. »

Mohammed Aissaoui

Source : lefigaro.fr, le samedi 8 février 2016

 

Orthographe : Najat Vallaud-Belkacem met les points sur les i

La secrétaire perpétuelle de l'Académie française a nié que l'Académie ait pris part à la réforme de 1990. C'est faux, lui répond la ministre par courrier.

La ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a fait part de son « étonnement » à Hélène Carrère d'Encausse. Objet de cette incompréhension, la sortie de la secrétaire perpétuelle de l'Académie française, qui a pris ses distances avec une réforme de l'orthographe actée en 1990 et qui, quelque 26 ans plus tard, est en passe d'être généralisée dans des manuels scolaires.

Dans une interview publiée samedi par Le Figaro, Hélène Carrère d'Encausse affirme n'avoir « pas compris les raisons qui expliquent l'exhumation d'une réforme de l'orthographe élaborée il y a un quart de siècle et où l'Académie française n'a eu aucune part, à l'inverse de ce qu'on l'on a voulu faire croire ».

« C'est avec intérêt, mais également avec un certain étonnement que j'ai pris connaissance de votre réaction publique aux nouveaux programmes de la scolarité obligatoire, publiés le 26 novembre 2015 - vous critiquez notamment la référence, pourtant identique à celle de 2008, aux rectifications de l'orthographe proposées par le Conseil supérieur de la langue française », écrit la ministre dans un courrier daté de lundi et rendu public mardi. « Étonnement renforcé par le fait que ces rectifications sont intégrées dans la neuvième édition du dictionnaire de l'Académie française et que l'Académie, pourtant contactée par le Conseil supérieur des programmes cet été, n'a pas fait de remarque quant à la présence de cette référence », ajoute la ministre, comme pour mieux enfoncer le clou.

Unanimité

Largement méconnue, la réforme adoptée en 1990 prévoit la simplification de l'orthographe de certains mots et allège l'usage des traits d'union et des accents circonflexes. Sa généralisation prochaine dans les manuels scolaires du primaire a suscité une vive polémique.

Or, selon Najat Vallaud-Belkacem, le secrétaire perpétuel de l'époque, Maurice Druon, avait affirmé en 1990 que le rapport du Conseil supérieur de la langue française sur les rectifications de l'orthographe « avait été approuvé à l'unanimité par l'Académie ». Et la publication, en 2008, des programmes de l'enseignement de français au collège faisant référence à ces « rectifications de l'orthographe », « approuvées par l'Académie française », « n'a pas suscité, à ma connaissance, de démenti de la part de l'Académie », insiste la ministre.

LIRE aussi notre article Chronique de la énième bataille de l'orthographe

Des éléments que semble avoir oubliés Hélène Carrère d'Encausse, ce qui amène la ministre à poser innocemment cette question : « Eu égard à la mission de défense et d'illustration de la langue française assignée à l'Académie, je vous serais reconnaissante de bien vouloir me faire part de toute évolution de la position de votre institution quant aux rectifications orthographiques, afin que les acteurs concernés puissent en tenir compte à l'avenir », demande-t-elle. L'accent circonflexe retient son souffle...

(...)

Le Point.fr (avec AFP)

Source : le point;fr, le mardi 16 février 2016

 

Hélène Carrère d'Encausse : « L'orthographe n'a pas à être imposée par un pouvoir politique »

Alors que la possible suppression de l'accent circonflexe émeut la France, la secrétaire perpétuelle réagit aux propos de Najat Vallaud-Belkacem.

Dans une lettre argumentée, et rendue publique, la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a exprimé à la secrétaire perpétuelle de l'Académie française son « étonnement ». Qu'a donc fait Hélène Carrère d'Encausse ? Simplement pris ses distances, dans un entretien au Figaro , avec la réforme de l'orthographe qui fait couler tant d'encre – et de tweets. Pour la ministre, l'Académie avait pourtant approuvé cette réforme dès 1990. Une explication s'imposait. Nous avons interrogé Hélène Carrère d'Encausse.

Le Point.fr : Najat Vallaud-Belkacem se dit « étonnée » de votre réaction hostile à cette réforme de l'orthographe… Elle vous a écrit une lettre à ce sujet. Qu'allez-vous lui répondre ?

Hélène Carrère d'Encausse : La courtoisie m'empêche de discuter de cela publiquement. Elle m'a fait porter une lettre, et je vais lui répondre aussi par une lettre, que je lui ferai porter.

Votre courtoisie est tout à votre honneur, mais ce que dit la ministre, c'est que le secrétaire perpétuel de l'époque, Maurice Druon, avait approuvé cette réforme de « rectification » de l'orthographe… Et qu'en 2008, les programmes de l'Éducation nationale, faisant référence à ces « rectifications » ont été « approuvées par l'Académie française »…

Nous avons publié une mise au point sur le site de l'Académie. Le texte est très clair. Dans sa séance du 16 novembre 1989, ce que l'Académie a adopté à l'unanimité, c'est une déclaration qui rappelait fermement son opposition à toute modification autoritaire de l'orthographe. L'orthographe n'a pas à être imposée par un pouvoir politique. C'est ce que l'Académie a réaffirmé, sans se montrer pour autant fermée à certaines évolutions ou tolérances ; nous ne sommes pas passéistes ! C'est vrai qu'il y a des incongruités dans la langue française, et l'exemple de « nénuphar » est intéressant, car le mot, précisément, s'écrivait « nénufar » au XVIIIe siècle, par exemple. Et c'est pourquoi quand Michel Rocard, qui était un esprit subtil, a lancé cette idée de simplification de l'orthographe, nous en avons accepté l'idée, tout en conseillant de « laisser au temps le soin de le modifier selon un processus naturel d'évolution » - ce sont les mots mêmes. La langue est un organisme vivant, et n'a pas à être soumise, de force, à une décision politique, venant d'en haut.

Mais quel est donc ce texte auquel la ministre fait référence et qui aurait été approuvé par l'Académie ?

L'Académie s'est exprimée le 3 mai 1990 sur les principes du projet porté par Michel Rocard. Mais il ne s'agissait que de principes, il n'y avait pas encore de texte et c'est donc sur les seuls principes qu'a porté le vote de l'Académie. Elle a accepté des modifications, mais je le redis, à la double condition que nulle norme graphique ne soit imposée de façon autoritaire, et que les rectifications proposées soient soumises à l'usage que les gens font de cette orthographe. Ni le pouvoir politique ni l'Académie ne sont maîtres de la langue : on peut faire des recommandations, comme cela s'est fait dans les siècles passés, mais on ne passe pas en force, et on regarde ce qui se passe... Qu'est-ce qu'on a vu ? Ces modifications, que nous indiquons d'ailleurs dans notre dictionnaire, par un petit losange, n'ont pas pris dans l'usage… Les gens n'ont pas envie que les mots changent d'orthographe, parce que cette orthographe, c'est aussi ce qui les rassemble. Je vous avoue que je ne comprends pas l'urgence de faire ressurgir, aujourd'hui, ce projet qui date d'il y a vingt-cinq ans…

N'est-il pas tout de même étrange, ce pays qui se déchire pour un accent circonflexe ?

Étrange, mais précieux ! Je crois que cela traduit quelque chose de noble. Dans un monde qui se défait, où l'être humain sent qu'il perd sa place, cette réaction traduit l'attachement à ce qui nous rassemble. Je le répète, je ne suis pas passéiste. Mais au nom de quoi faudrait-il, pour construire l'avenir, se couper de nos racines, et soumettre une langue de force ?

(...)

Propos recueillis par Christophe Ono-dit-Biot

Source :  lepoint.fr, le mercredi 17 février 2016

 

Une pensée pour Jacqueline de Romilly décédée en 2010

Jacqueline de Romilly : « Protéger le français, c'est essentiel »

À 94 ans, Jacqueline de Romilly, de l'Académie française, quoique presque aveugle, publie un revigorant appel à la sauvegarde de la langue française, au maintien du latin et du grec jusqu'à la terminale et au bon usage des mots
(Dans le jardin des mots, éd. de Fallois, 318 p., 18 euros).

Elle rappelle la nécessité de bien parler pour bien penser, et donc vivre mieux, et elle exhorte les politiques à faire meilleur usage de la langue. L'académicienne part également en croisade contre la féminisation abusive du français.

Au fil d'une trentaine d'ouvrages, Jacqueline de Romilly n'a cessé de clamer sa foi dans le pouvoir des mots pour faire barrage à la violence de la société.

Notre langue évolue, mais est-elle vraiment malade, comme vous l'affirmez ?

- Il y a un rapport entre la langue et la pensée : on ne peut pas penser une chose clairement si on ne peut la dire clairement.

Les mots nous aident à communiquer, à comprendre ce que dit l'autre, à nous faire comprendre. C'est la base de tous les rapports. La correction de la grammaire et le respect des nuances de sens entre les mots permettent d'éviter des malentendus.

Je n'en démordrai pas : la langue est le moyen d'éviter la violence. Si on ne peut pas se faire comprendre, on passe aux coups. La fidélité à sa propre langue est aussi le signe même de la liberté et de l'indépendance. Par notre langue, nous pouvons répandre les idées qui sont les nôtres, nous affirmer. Pour un pays, l'usage de la langue signifie l'indépendance.

Etes-vous pessimiste sur la santé de la langue française ?

- Je ne suis jamais pessimiste sur rien, mais je considère qu'il y a de grands dangers et que l'État, à travers l'enseignement et toutes les institutions, devrait, pourrait faire mieux.

La langue ne peut pas rayonner plus que notre place en général dans le monde, mais cela n'empêche absolument pas qu'en France nous lui gardions sa pureté, son élégance, sa clarté.

Le grec a été parlé dans un monde immense alors que la Grèce n'avait plus aucune puissance, mais son rayonnement culturel demeurait.
Nous avons trouvé des textes en grec aux abords de l'Afghanistan, de la Chine, où le grec était resté une langue que l'on maniait avec sympathie et fierté.

Si nous avions nous-mêmes le respect de notre langue, je ne serais pas pessimiste.

Le français n'aura plus son rayonnement du XVIIIe siècle, mais il lui reste une place.

Le français visait à l'universalité, dans un esprit non pas de conquête, mais de clarté.

29/03/2007

 

« Je me demande si on ne se fout pas de nous », regrette Jean d'Ormesson

L'écrivain français, membre de l'Académie française, regrette que la réforme de l'orthographe resurgisse alors que « la situation du pays est tragique ».

La réforme de l'orthographe votée en 1990 par l'Académie française va faire son apparition dans les manuels scolaires à la rentrée 2016-2017. Imaginée par le Conseil supérieur de la langue française à la fin des années 1980, validée par les 40 immortels de l'Académie française et publiée au Journal officiel il y a 26 ans, cette simplification de l'orthographe fait très largement débat.

Et si Jean d'Ormesson était déjà membre de l'Académie française lors de cette réforme celui-ci conteste le calendrier d'application. « Ce qui me choque, ce n'est pas la réforme de l'orthographe, c'est qu'on la sorte en ce moment. La situation du pays est tragique. Jamais la France n'a été dans un état aussi mauvais d'un point de vue moral et c'est le moment que l'on choisit », critique-t-il au micro de RTL.

J'ai beaucoup de respect pour plusieurs des membres du gouvernement mais on se demande à quoi ils pensent
Jean d'Ormesson

Jean d'Ormesson et la réforme de l'orthographe
 « Je me demande si on ne se fout pas de nous », lance-t-il évoquant même le débat sur la déchéance de nationalité qui divise très largement la classe politique depuis les attentats du 13 novembre. « Ce gouvernement est très sympathique. J'ai beaucoup de respect pour plusieurs des membres du gouvernement mais on se demande à quoi ils pensent. Il y a eu la déchéance de nationalité et maintenant on va lancer la réforme de l'orthographe », détaille-t-il.

Et s'il était « plutôt favorable » à cette réforme, Jean d'Ormesson refuse «absolument de parler d'accent circonflexe et de virgule à un moment où les écoliers n’apprennent plus à lire et à écrire ». Selon lui, les débats sur l'orthographe devaient donc attendre. « C'est cette politique de réformes à tout-va, sur des points discutables, au moment où il faudrait donner son attention aux programmes très graves qui désespèrent les Français », conclut-il. 

par Marc-Olivier Fogiel , Claire Gaveau          

Source : RTL, le jeudi 4 février 2016



La guerre de l’orthographe n’aura pas lieu

Jean-Marie Rouart, de l'Académie française, revient sur la dernière querelle française, la réforme de l'orthographe. 

On a été à deux doigts d'une guerre. Après celle des "deux Roses", ou de l'opium, qui ont laissé leur trace dans l'Histoire, celle-ci a failli s'appeler d'un nom un peu saugrenu : " la guerre du nénufar", ou plus prosaïquement "la guerre de l'ognon". Oui, nénufar ou nénuphar, ognon ou oignon, tel est l'un des objets – avec la menace pesant sur l'accent circonflexe – de la querelle qui a enflammé l'esprit public pendant près de trois semaines, agité les réseaux sociaux et donné des cheveux blancs supplémentaires aux professeurs des collèges. Ceux qui seraient tentés de hausser les épaules devant un débat en apparence dérisoire risquent de ne jamais comprendre la France ni les Français. La question de la langue et de l'orthographe est dans notre pays aussi sacrée que les vaches en Inde, Wall Street à New York, l'Empereur au Japon. On aurait pu imaginer l'opinion  obnubilée par le conflit avec Daech, la menace des attentats, la querelle théologique autour de la déchéance de nationalité. Non, le sujet de la langue française reste un point névralgique, car il touche à l'idée de la nation, et à notre identité. Les protestations, les énervements qui émaillent les discussions sur ce thème ne doivent pas faire oublier que le seul point de convergence, c'est que personne ne songe à le traiter à la légère. On ne plaisante plus. Fini l'humour.

Pourtant ce n'est pas la première fois – ni la dernière – que la langue française – l'orthographe en l'occurrence – subit des modifications. Organisme vivant, elle n'a pas cessé d'être chamboulée depuis qu'elle s'est extraite du bas-latin. Mais à chaque fois que les législateurs de la langue y ont touché, les gouvernants ou l'Académie française créée à cette fin, les Français, loin de s’en désintéresser, ont eu à cœur de participer au débat, de donner leur avis et d'exprimer des passions souvent contraires. Sans entrer dans le détail de ces réformes, notons l'apport au XVIe siècle, de la cédille empruntée aux Espagnols pour remplacer les  « cz », et surtout au XVIIIe la création de ce fameux accent circonflexe visant à diminuer une profusion des « s » non prononcés. La dernière modification orthographique d'importance étant celle opérée par Guizot en 1833 qui, par exemple, a mis un « t » à parents et à enfants. Ce qui n'a nullement découragé les récalcitrants. Chateaubriand, tout en étant favorable à la réforme, n'en a pas moins continué à user de l'orthographe de sa jeunesse et de ses ancêtres qui, il faut le dire, était déconcertante, parfois quasiment phonétique. L'orthographe des lettres d'amour de Napoléon et de Joséphine, celle de Juliette Drouet à Victor Hugo, le montre. Délicieuse et libérale époque à l'orthographe approximative. Disons-le à l'état sauvage.

Réformer la langue est un dada ancien

Alors pourquoi ce ramdam à propos de la  « réforme » de l'orthographe lancée par le ministère de l'Éducation nationale avec l'accord putatif de l'Académie française. En règle générale, c'est à l'Académie qu'est revenue la charge d'opérer des modifications de la langue – ce qui est logique : n'a-t-elle pas été créée à cet usage ? Mais les politiques ont peu à peu voulu avoir leur mot à dire. La France n'est-elle pas elle-même une création littéraire forgée autant par Montesquieu et Rousseau que par Louis XIV et Napoléon ? Ce n'est pas par hasard d'ailleurs s'ils ont si souvent pris la plume – la leur ou celle des autres – pour se faire entendre.  Réformer la langue est un dada ancien. Que cet exercice comporte des arrière-pensées, quoi de plus naturel en politique.

Sur le fond, sur le constat, il y a un relatif accord. Notre langue la plus claire qui soit au monde dans son expression est aussi la plus compliquée, dans sa syntaxe autant que dans son orthographe. La tentation du toilettage est grande surtout lorsque des voix autorisées, celle d'un orfèvre en la matière comme Paul Valéry parle de "criminelle orthographe", « un recueil impérieux ou impératif d'erreurs d'étymologie artificiellement fixés par des décisions inexplicables ». Mais ces complications, ces fioritures, ces surcharges et ces exceptions diaboliques, qui font de l'orthographe un labyrinthe, sont aussi constitutives de son histoire. Tout comme le vieux Paris, malodorant, tarabiscoté, qu'aimait tant Victor Hugo, a perdu beaucoup de son charme après les simplifications d'Haussmann. L'orthographe, c'est aussi l'histoire d'une langue. Ceux qui y sont attachés ne le sont pas forcément par intégrisme ou un conservatisme de scrogneugneu, mais parce qu'ils considèrent que cette complexité même lui confère une beauté de cathédrale gothique.

Maurice Druon et Alain Peyrefitte

D'où est venu l'imbroglio entre l'Académie française et le ministère de l'Éducation nationale qui s'est abrité sous l'égide de l'Académie pour lancer une « réforme » de l'orthographe –disons plutôt des ajustements : 2OOO mots sont en cause - devant être mise en place dans les prochains manuels scolaires ?  Le malentendu vient de loin. En 1990, Michel Rocard étant premier ministre a cru bon de procéder à un toilettage de l'orthographe. Il a créé dans ce but un groupe de travail , émanation du Conseil supérieur de la langue française, à la tête duquel il a nommé le Secrétaire perpétuel de l'époque. Maurice Druon, personnalité forte, haute en couleur,  portée par tempérament à la prépotence, a demandé à ses confrères académiciens un vote de confiance pour sa mission extra-académique. Sans pour autant les consulter sur la réforme elle-même. A-t-il dès lors par excès de zèle considéré ce vote comme un blanc-seing ? Ce que ce vote  n'était pas si on en juge par la réaction virulente de l'Académie quelques mois plus tard au vu du texte des modifications parue au Journal officiel. Un tollé, une bronca, qui même exprimés avec les précautions d'usages et la courtoisie habituelle aux académiciens, ont amené le Secrétaire perpétuel à une retraite stratégique. Les protestations émanant notamment de Claude Lévi-Strauss, Jean d'Ormesson, Alain Peyrefitte, Michel Déon, Félicien Marceau, ont conduit à un nouveau vote qui, sous des dehors  aimables et les ménagements d'amour-propre, enterrait la réforme par le vote d’une motion dont l’apparente fermeté dissimulait les tâtonnements.  En substance, les académiciens prenaient leurs distances avec la réforme, donnaient du temps au temps et confiaient à l'usage, le fameux bon usage, « le législateur suprême » – le Saint-Esprit de l'Académie – le soin de trier le bon grain de l'ivraie.  L'Académie accepta cependant de faire figurer dans son dictionnaire, à titre facultatif, l’essentiel des préconisations du groupe de travail.

L'orthographe a été le vecteur de la méritocratie

Madame Nadjat Vallaud Belkacem a habilement profité du flou artistique du premier vote de l'Académie pour justifier sa « réforme ». Elle n'a pas cru bon de consulter l'Académie pour clarifier sa position, ce qui eût été sage. Femme intelligente, aussi redoutable que  parfois spécieuse dans ses raisonnements, a-t-elle mesuré l'impact de sa décision qui a parue empreinte d'une idéologie théorisée par son prédécesseur, Vincent Peillon ? Sans vouloir lui faire un procès d'intention, cette réforme venant après celle du collège et des programmes qui ont vu le grec et le latin ramenés à leur plus simple expression, a semblé partir d'une même inspiration égalitariste : comme si l’orthographe, à l’instar de grec et du latin, constituaient des apanages sociaux et formaient un obstacle au brassage social et à la démocratisation du savoir. D’où la suspicion d’opérer une fois encore le nivellement par le bas.

Hélène Carrère d'Encausse et la réforme de l'orthographe

Et sur ce point Mme Vallaud Belkacem a sans doute commis une erreur de perspective. Elle n'a pas mesuré l'attachement des Français du milieu populaire non seulement à la langue, mais particulièrement à son orthographe qui a été le vecteur de la méritocratie. Les instituteurs, "les hussards noirs de la République", le tableau noir, la dictée, sont en France aussi sacrés que nos monuments aux morts. Ils expriment la même égalité. C'est par la connaissance de l'orthographe, voie royale d'accès à la culture, que tant de fils de paysans, de vignerons, d'instituteurs ont bravé et surmonté leur handicap social pour accéder aux grandes écoles, pépinières des élites. Dans l'inconscient collectif populaire, ce principe d'égalité conférée par l'orthographe occupe une place considérable. C'est par là que la République de Jules Ferry a mis en oeuvre le mérite prôné par Napoléon, véritable acquis de la Révolution. Sinon on ne comprendrait pas l'enthousiasme et la liesse qui ont accompagné les dictée de Bernard Pivot, et les concours régionaux qui les perpétuent.

Le fossé sera plus grand entre ceux qui écrivent un français traditionnel et les autres

Hélène Carrère d'Encausse, en exprimant ses réserves sur la réforme dans Le Figaro, et en montrant que l'Académie en dépit de quelques hésitations n'avait pas pris part à sa mise en œuvre, n'a pas complètement éteint une querelle qui se rallumera un jour ou l'autre puisque Mme Vallaud Belkacem maintient son point de vue tout en laissant désormais planer un doute sur sa volonté d’appliquer la réforme. Celle-ci, même si une position rigide est toujours à proscrire en la matière, risque d’accroître chez les élèves et chez les enseignants un climat d'insécurité. Dans un monde sans cesse bousculé entre mouvements décousus, discontinuités, bouleversements, l'orthographe demeurait  préservée, à l'abri des tempêtes. En voulant la simplifier outre mesure, dans un contexte de déstabilisation et de déliquescence de l'enseignement, on risque de compliquer son apprentissage. Et que dire de cette liberté laissée aux élèves en leur donnant le choix entre deux orthographes : désormais ils pourront à leur guise écrire "cuissot" ou "cuisseau" pour le chevreuil ou pour le veau, fantasme ou phantasme, et imbécillité avec autant de « l » qu'il leur chantera. Tout comme on a une syntaxe à deux vitesses, (madame le ou la ministre) on aura une orthographe indécise. L'écrivain Jacques Laurent exprimait très bien son sentiment vis-à-vis de la langue française, de sa syntaxe ou de sa graphie, une position ni laxiste ni rigoriste, une attitude « affectueuse ». Comme on le comprend. Mieux valait peut-être se montrer indulgent aux fautes dans une orthographe certes difficile que dégrader une langue sur la pente descendante qui risque de puiser son modèle dans la phonétique et le SMS. Loin de diminuer les inégalités sociales auxquelles cette réforme prétend sans doute remédier, celle-ci va les accroître.  Le fossé sera plus grand entre ceux qui écrivent un français traditionnel et les autres qui devront se débrouiller dans le maquis des modifications. Pas de guerre donc, mais pourtant un sentiment de défaite. La langue française, cette vieille dame si mal en point, n’a pas besoin qu’on la tarabuste sous prétexte de la rajeunir.

Par Jean-Marie Rouart de l'Académie française

Source : parismatch.com, le mardi 1er mars 2016 

 

 

ars 2016




Publié par Régis RAVAT le 26 février 2016

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