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Algérie : le français, une langue africaine

La philosophe Razika Adnani estime que la dernière Coupe d'Afrique des nations (CAN) confirme l'importance du français sur le continent africain, et donc pour l'Algérie.

Razika Adnani est philosophe, islamologue et auteur de nombreux ouvrages. 

Son dernier ouvrage, Islam : quel problème ? Les défis de la réforme, est paru en 2017 aux éditions UPblisher (France) et en 2018 aux éditions Afrique Orient (Maroc).

C’est la Coupe d'Afrique des nations, en Algérie, on ne parle plus que du Nigeria, de la Côte d’Ivoire… et surtout du Sénégal. Une bonne occasion pour les Algériens de se tourner vers l’Afrique et de se rappeler que l’Algérie appartient au continent africain.

Ce continent qui compte aujourd’hui environ 200 millions de personnes parlant la langue française contre 65 millions de Français. Autrement dit seulement 30% environ des francophones dans le monde sont Français. Selon l'Organisation Internationale de la Francophonie, en 2050 environ, il y aura 700 millions de francophones dans le monde dont plus de 80 % seront Africains. La langue française n’est donc plus celle du colonisateur comme aiment encore la qualifier certains. Elle est aujourd’hui une langue africaine ; la langue appartient au peuple qui la parle et la fait sienne.

 

FRANCOPHONES ET ARABOPHONES

Mais en Algérie, on s’acharne encore sur elle. Alors que le pays traverse une étape importante de son histoire, pour certains c’est l’occasion de réaliser leur projet : mettre fin à la présence de la langue française en Algérie. Ce sont généralement les adeptes du courant conservateur et des arabophones.

Le clivage entre francophones et arabophones et entre conservateurs et modernistes a toujours existé en Algérie. Au lendemain de l’indépendance, les opposants à la langue française s’en sont pris à cette langue au prétexte qu’elle était celle du colonisateur et qu’il fallait la remplacer par l’arabe, la langue du Coran et du panarabisme. Cependant, cette position étant purement politique ne reflétait pas des convictions personnelles étant donné que la plupart de ceux qui ont fustigé la langue française et arabisé l’école algérienne ne se sont pas gênés pour envoyer leurs propres enfants dans des écoles françaises. Quant à leur nationalité française, ils n’y ont jamais renoncé.

Aujourd’hui, alors que l’Algérie est en grande partie arabisée, ils avancent un autre argument : le français n’est pas la langue des affaires, il faut donc le remplacer par l’anglais. Or, si la langue française n’est pas la langue internationale des affaires, elle est bel et bien la langue des affaires en Algérie, mais aussi chez ses voisins comme le Maroc et la Tunisie. Ensuite, ne pas être une langue internationale des affaires n’est pas un argument pour mettre fin à une langue.

Avancer un tel argument revient à dire que ce n’est pas seulement le français qui doit être remplacé par l’anglais en Algérie, mais aussi l’arabe et le tamazigh étant donné que toutes deux ne sont pas des langues des affaires ni sur le plan international ni sur le plan national.

Pire, ce sont même toutes les langues qui existent dans le monde qui doivent mourir pour être remplacées par l’anglais. Alors qu’avec la mort d’une langue, ce ne sont pas seulement des mots qui s'envolent, mais une mémoire, une histoire et une manière de penser ; un peu de notre humanité selon le linguiste Claude Hagège. "Les langues sont peut-être ce que nos cultures humaines ont de plus vivant", écrit-il dans son ouvrage Halte à la mort des langues.


LA PLACE DU FRANÇAIS DANS LA CULTURE ALGÉRIENNE


Prétendre que l’Algérie doit mettre fin à la langue française, car elle n’est pas la langue des affaires sous-entend que seul le domaine des affaires intéresse l’Algérie. Autrement dit au-delà des affaires, il n’y a rien d'autre d’important pour elle ni science, ni philosophie, ni littérature, ni art, ni histoire. Si le français n’est pas la langue internationale des affaires, il est en revanche la langue de la philosophie, de l’art et de la littérature. Il est la langue de Descartes, de Montaigne et de Voltaire. Celle des lumières et droits humains dont la liberté et l’égalité.

Autant l’humain en fait des principes de son comportement, autant il va vers sa maturité. Certes, le développement de l’Algérie passera obligatoirement par le développement économique, mais il passera aussi, et avant tout, "par la qualité du facteur humain. Ce sont les femmes et les hommes qui font l’économie, la politique, construisent la société et en font la réussite." (Razika Adnani, la nécessaire réconciliation, UPblisher, Paris, p. 32)

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Suite sur : https://www.marianne.net/debattons/billets/algerie-le-francais-une-langue-africaine

Source : marianne.net, le lundi 22 juillet 2019

 

 

 




Publié par Régis RAVAT le 23 juillet 2019

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Orthographe, corrections : contact.sy@aliceadsl.fr

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