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Opération « Essonne-Résistance-En-Marche-contre-le-tout-anglais » !

Mi-septembre et début-octobre, Thierry Saladin, secrétaire de l’Afrav, a organisé une distribution de tracts au niveau des écoles pilotes de l’Essonne, des écoles qui ont été choisies par le ministre de l’Éducation nationale pour lancer l’apprentissage précoce de l’anglais dès la maternelle et l’enseignement EN anglais de certaines matières  comme l’histoire, le géographie, les mathématiques, dès le CP.

Si aucune association de défense de la langue française de la région parisienne n’a répondu à son appel pour faire de cette action, une action commune de protestation, Thierry Saladin a eu tout de même le soutien d’amis espérantistes qui, pour le coup, ont bien voulu lui prêter mains fortes et le soutenir par leurs présences.

Qu’ils en soient, ici, chaleureusement et fortement remerciés.

 

L'Afrav en action !

L'AFRAV a donc décidé de s'engager avec résolution contre cette prétendue expérimentation du bilinguisme dans l'enseignement primaire.

Cette affaire n'est en fait que la suite logique du plan de substitution de l'anglais au français en France : après la loi Fioraso d'avril 2013 (donc sous Hollande), et les velléités de la Pécresse, et autres Copé, Darcos, Cuvillier... (sous Sarkozy), pour ne citer que quelques noms.

Oui, dans l'Essonne des écoles maternelles et élémentaires ont été déclarées - on ne sait comment et par qui, mais on sait dans quel but... - établissements pilotes pour l'enseignement bilingue, première étape vers une généralisation de ce type d'enseignement en France d'ici la fin du quinquennat, si par malheur (d'abord pour les Français, ces fichus « Gaulois réfractaires au changement » (sic)) celui qui fait office de président de la République française devait rester en poste jusqu'en 2022.

Cette action de l'AFRAV, pensée dès le mois de juillet 2018, avait pour but d'aller affronter l'adversaire (= l'Éducation nationale) sur le terrain qu'il avait lui-même choisi.

Ce terrain, c'est une quinzaine d'écoles situées dans les communes suivantes : Évry, Courcouronnes, Massy, Palaiseau, Orsay et Gif-sur-Yvette.

Ecole de Palaisseau, dans l'Essonne, tractage contre le tout-anglais

Cela consistait à distribuer un tract amenant celles et ceux parmi les parents d'élèves - et aussi, pourquoi pas, parmi quelques enseignants - à se poser quelques questions sur cette expérimentation... 

Il s'agissait de se poster devant l'école, donc sur la voie publique et de distribuer notre tract dans le calme et le respect de tout un chacun.

Faute d'effectifs suffisants, cette opération fut finalement menée en deux fois, sur deux semaines : les lundis et mardis étant consacrés au tractage et le samedi suivant, à la réunion publique.

Première semaine : distribution à Évry et à Courcouronnes ; aucun parent ni enseignant ne vint à la réunion du samedi, mais un journaliste du Républicain se déplaça, ce qui nous valut un article intéressant dans Le-republicain.fr.

Seconde semaine : distribution à Massy, Palaiseau, Orsay et Gif-sur-Yvette ; des parents et un enseignant se déplacèrent pour la réunion du samedi, le débat fut intéressant.

Rappelons qu’à chaque distribution, ce furent des espérantistes qui répondirent à l'appel.

 Honneur donc aux héros :

Distribution-Afrav de tracts dans l'Essonne contre le tout-anglais dans nos écoles

Merci donc à Michel et Josée Lafosse, de Toulouse, qui durent passer deux nuits à l'hôtel.

Merci à Marcelle Provost, d’Orléans, une nuit à l'hôtel.

Merci à Frédérique (Françoise) Chabbi-Toret, de Vernon qui fit à chaque fois un peu plus de 120 km chaque matin (lever à 3H45, départ à 5H00 !), afin d'arriver à l'heure pour la rentrée scolaire du matin. Idem au retour, le soir. Et rebelote le lendemain.

Merci à Lucien Bresler et à Bernard Cornevin, de Paris qui eurent une bonne heure de transports en commun, le matin et le soir.

Merci à Gaston Riera, d’Épinay-sur-Seine.

Nous fûmes donc jusqu’à huit pour mener à bien cette opération.

Outre la police municipale que nous eûmes à plusieurs reprises sur le dos, ou pour assurer notre sécurité (allez savoir...), un directeur d'école primaire et une directrice d'école maternelle vinrent passer leur nerfs sur nous, une équipe de distributeurs dût subir l'attaque d'un véritable commando de parents, bien décidés à en découdre avec nous (seulement par les mots, soyez rassurés).

Personnellement, je me contenterai de rapporter ce que Frédérique Chabbi-Toret me dit dans la voiture, une fois que le directeur de l'école primaire de Gif-sur-Yvette eut  passé ses nerfs sur elle et moi :« Thierry, comme vous avez eu raison d'organiser cette opération de tractage. C'est bien cela qu'il fallait faire. Nous gênons, eh bien tant mieux ! ».

 

Contenu du tract distribué

L’école dans laquelle est scolarisé votre enfant a été déclarée école pilote par l’Académie de Versailles, à charge pour elle d’assurer désormais un enseignement bilingue en français ET en anglais.

Ce qui pourrait être considéré, à première vue, comme un progrès est en fait un projet trompeur et pernicieux, à différents égards, et en premier lieu contre votre enfant.

Nous sommes l’AFRAV, une association de défense de la langue française, et alertons depuis bientôt trente ans, les autorités, comme les citoyens, sur ce qui se passe en France contre notre langue, mais aussi contre le peuple français. Or ce bilinguisme dans l’enseignement est la dernière étape de ce terrible projet qui est d’abord dirigé contre la France, puisqu’il viole la loi française et aussi la Constitution.

Une réunion d’information et de débat - sur ces questions avant tout pédagogiques - se tiendra le samedi 15 septembre 2018 à 10H00 précises au restaurant Pomme de Pain situé au C.Cial Les Ulis 2. 91940 Les Ulis. (01.69.29.02.26.)

Les enseignants de l’école sont les bienvenus à cette réunion, ainsi que les représentants des parents d’élèves.

Pour en savoir plus sur l’AFRAV :

 https://www.francophonie-avenir.com/fr

Pour en savoir plus sur le projet « anglicisation En Marche » : https://www.francophonie-avenir.com/fr/Info-breves/305-Blanquer-pas-si-blanc-que-ca-face-a-l-anglicisation-En-Marche

Nos questions :

L’anglais seul est mis en avant : pourquoi ? Quid des autres langues ?

Cette langue est pourtant réputée difficile, notamment pour les enfants dyslexiques. N’y a-t-il pas risque d’échec scolaire pour certains ?

Recrutement des enseignants :

N’y a-t-il pas discrimination, puisqu’il s’agit exclusivement d’anglophones natifs ?

Quel diplôme ont-ils d’un point de vue pédagogique ? Quelle compétence ont-ils dans la matière qu’ils vont enseigner ?

Combien seront-ils payés, alors que les enseignants français actuels sont loin d’avoir des salaires mirobolants ?

Pendant toutes ces heures de classe en anglais : qu’enseigneront-ils aux enfants ?

Quelle coordination y aura-t-il avec le reste de l’équipe pédagogique ?

Au détriment de quoi les enfants vont-ils faire de l’anglais  -  par comparaison avec le programme de l’an dernier ?

Pourquoi le ministre Jean-Michel Blanquer ne produit-il pas les études sur lesquelles il déclare s’appuyer ? Pourquoi le   rapport « sur LES langues » qu’il a demandé, et qui est public, lui, ne concerne que l’anglais ? Est-ce parce qu’il a été rédigé exclusivement  par deux professeurs d’anglais ?

Nous redoutons pour tous ces enfants, qu’ils y perdent beaucoup.

Nos propositions :

Remettre à sa place, première et prioritaire, l’enseignement de la langue française dans les écoles maternelles, primaires, secondaires et professionnelles, en accroissant les horaires de son étude, les niveaux de formation des maîtres et d’exigence de qualité et en optant pour des méthodes éprouvées d’apprentissage (méthode syllabique, Techniques Freinet...).

Savez-vous que du CP à la classe de Troisième, des centaines d’heures de français ont été supprimées par rapport aux programmes des années 1980 ?

 

Témoignages et ressentis des participants à cette opération : Michel et Josée Lafosse (de Toulouse)

Nous avons volontiers accepté de participer à cette opération (bien qu'habitant très loin de l’Essonne) voulant agir, ou réagir, contre une mesure censée être commanditée par l'Inspection Académique de Versailles (donc venant du haut,  probablement même du gouvernement pro-américain de Macron).

Une remarque en passant : ceux (en général des jeunes gens) qui distribuent des journaux gratuits dans des lieux de passages très fréquentés  comme des entrées de métros aux travailleurs le matin et le soir, des journaux d'information comme par exemple 20 Minutes aujourd'hui ou Métro dans un passé récent, ne se font jamais agresser. Tout le monde dans ce contexte admet la pluralité des infos (si pluralité il y a dans les grands médias !).

À l'instar des distributeurs de journaux cités, notre mission consistait, elle aussi, à remettre une information gratuite, conviant, les parents concernés, par « le projet de bilinguisme » mis en place dans des écoles de l'Essonne  par la dite Inspection Académique, à se rendre à une réunion-débat le samedi suivant la distribution, dans un lieu précisé.

 Or, si des parents ont accepté de prendre le tract en nous remerciant avec le sourire pour cette information, en revanche, à notre grand étonnement, nous avons rencontré beaucoup de résistances.

Distribution contre le tout-anglais dans des écoles de l'Essonne

Par exemple :

- le premier jour, une jeune maman (à l'école Jean Moulin) après avoir remis son enfant à l'école prend le tract qu'on lui remet et revient quelques minutes après pour nous dire que selon elle le projet du gouvernement était très bien pour l'avenir de ses enfants ;

- sur 2 écoles d'autres maman ont  affirmé haut et fort que notre action était scandaleuse ;

- la directrice de l'école Jean Moulin est venue nous demander des comptes. Voyant qu'elle ne pouvait pas nous empêcher de distribuer les tracts (devant son école), elle s'est résignée à rentrer dans son école en nous disant qu'elle allait aviser sa hiérarchie.

- le lendemain, à l'occasion d'une deuxième distribution de tracts devant une école primaire (la première ayant  été quelque peu inefficace, car nous sommes arrivés  à 16h30, alors que la sortie était à 15h30 ) nous avons eu affaire à un ensemble de 4 personnes très remontées contre nous et qui voulaient débattre sans attendre. Vu leurs propos nous supposons quelles étaient impliquées dans des responsabilités d'associations de parents d'élèves .

 Leurs arguments étaient du genre :

 - nous avons eu beaucoup de mal  à mettre en place ce projet (l’anglais précoce) et vous, vous venez contrarier cette expérience,

- si vous êtes parents, pourquoi n'êtes-vous pas venus aux    réunions de parents d'élèves ?

- nous ne sommes pas contre la liberté d'expression, à condition qu'elle se fasse ailleurs que devant l'entrée d'une école en présence des enfants.

- pourquoi pas votre distribution sur des marchés ?

- nous étions racistes, probablement d'un parti aux idées nauséabondes et opposé aux étrangers ;

- il ressort de leurs propos que les parents n'étaient pas opposés à ce que les enseignants soient étrangers (américains, anglais, etc.) et qu'ils étaient compétents avec des méthodes modernes…

- que nous étions intolérants, etc.

Tractage dans l'Essonne contre l'anglais partout

Pour couronner le tout, alors que nous avions fini notre distribution faute de parents (tous les élèves étant rentrés dans l'école), et que nous étions toujours en prise avec cette sorte de « commando » constitué de 4 parents, nous avons eu maille à partir avec un agent de la police municipale (une jeune femme) qui est apparue soudainement. Elle n'a pas daigné prendre et encore moins lire le tract que Michel lui a tendu et s'est contentée du résumé qu'il lui a fait, pour  nous intimer ensuite, l'ordre de quitter les lieux de cette entrée d'école.

 Nous avons obtempéré d'autant plus facilement que la distribution était terminée(après lui avoir dit quand même que des collègues à elle d'une autre commune n'avaient pas jugé notre action illégale)…

 Que conclure ?

Aussi valable que soit le contenu du tract, il y a une leçon à retirer :  Pour nous, il était à la fois trop long et trop court.

 - Trop long car des propos comme du genre : « ce projet est contre le peuple français - contre la loi - contre les institutions - » ont franchement heurté ces braves gens « qu'on voulait sensibiliser à aller écouter un  autre son de cloche.

- Trop court parce que ces assertions ne fournissaient pas de références et  ne donnaient pas d'éléments de preuves.

 

Témoignages et ressentis des participants à cette opération : Frédérique (Françoise) Chabbi-Toret

Cela a été un véritable travail d’équipe. Thierry, a été le parfait coordonnateur d’une action qu’il a su impulser et gérer au mieux. Nous étions plus nombreux la deuxième semaine et donc plus à l’aise pour distribuer et pour échanger .

La première distribution au groupe scolaire Moulin  avec Josée et Michel faisait découvrir une population « classique » au moins ce matin-là ; beaucoup moins de petits de maternelle déposés avant l’heure à la garderie .

La Directrice est venue assez rapidement vers nous . Un tract lui est remis sur sa demande : « Je sais qui vous êtes, j’ai entendu parler de vous .....(?!) Je vais en avertir mon supérieur hiérarchique ! ».

- « Faites , Madame , faites ».  Apparemment vite calmée, car si elle a pointé son nez à nouveau, devant la grille, nous surveillant de loin, elle ne nous a guère plus adressé la parole . De même, lors d’un second tractage avec Marcelle.

En revanche, nous avons eu un excellent contact avec un chargé de la sécurité qui, de confidences en confidences sur notre action, semblait trouver notre intervention juste et utile avec des arguments de bon sens. Je l'invitais chaudement à venir à la réunion du samedi. - « J’essaierai », m’assura-t-il  !

Au contraire, j'ai été fort mal à l’aise à l’école de La Plaine, où j’ai tracté avec Thierry. Quelques « costume-cravates » nous évitant pour ne pas prendre le tract . Un surtout, passé deux fois le visage très fermé .

Cependant, il y eut un début de discussion intéressant avec un jeune parent qui s’est annoncé russe, d’expression aisée, qui m’assurait que pour vraiment bien parler une langue rien ne vaut l’immersion totale dans le pays !

Distribution de tracts dans l'Essonne contre la politique du tout-anglais

Deux autres parents, assez jeunes aussi, dénonçaient le niveau insuffisant de français et ne voyaient guère l’intérêt de ces heures en anglais. L’un deux se présenta d’origine algérienne, en lien avec le milieu enseignement et syndical.

Je ne veux pas oublier ce parent  très guindé : - « Mais, Madame, il faut vivre avec son temps ! », me dit-elle, d’un air légèrement méprisant. - Même pas envie de lui répondre .

J’allais omettre la très longue discussion de Thierry avec une jeune femme charmante ; j’ai cru comprendre, de loin, qu’elle était professeur d’anglais, fort peu convaincue si ce n’est fermée à notre action. Mais, à la fin, beaucoup plus conciliante et intéressée par toutes les informations de Thierry sur le sujet, au point que nous pensions la revoir le jour de la réunion !

Ce qui m’a le plus choquée et mise fort en colère, c’est l’attitude et la façon de nous interpeler d’un directeur d’école scandalisé que l’on vienne devant SON ÉCOLE (sic) ce qu’il n’avait jamais vu en 15 ans ?

« Allez donc sur les marchés ! », nous a-t-il dit.

J’aurai personnellement beaucoup appris et sur le terrain !

 

Témoignages et ressentis des participants à cette opération : Marcelle Provost

- lundi matin, distribution sans problème devant l'école primaire Vaillant, de Palaiseau, à 8h30. Deux mamans refusent mon tract et me disent le bien qu'elles pensent de l’anglais en maternelle compte tenu du besoin qu'elles ont eu de l'anglais pour leur carrière. Deux mamans parlent en anglais à leurs enfants. À 11h30 distribution à l'école de Massy (maternelle et primaire), remarques positives en faveur de    l’anglais, venant de 3 personnes.

- lundi après midi, distribution de tracts à l'école primaire et secondaire de Gif avec Thierry. Deux brèves conversations intéressantes : une avec une maman d'origine espagnole qui trouve l’anglais dès la maternelle très bien et une seconde avec une autre maman d'origine espagnole qui trouve que le niveau scolaire en France est extrêmement bas, que les méthodes pédagogiques basées sur le plaisir et le jeu pour apprendre ne sont pas adaptées aux besoins d'aujourd'hui. Thierry, par contre, a eu des contacts plus intéressants avec un professeur de mathématiques de collège qui partageait nos idées, une « nounou » qui semblait très intéressée par les arguments avancés et bien sûr quelques personnes qui ne partageaient pas notre position.

- mardi matin, distribution à l'école maternelle d’Orsay-Le-Guichet. J'ai remis l'un de nos tracts à l'institutrice ou directrice qui accueillait les enfants. Elle l'a pris et m'a remerciée. Puis distribution aux parents qui arrivaient, souvent un peu pressés.

Trois m’ont rendu le tract en me disant qu'ils trouvaient l’anglais dès la maternelle intéressant et utile, deux mamans me confiant qu'elles auraient aimé avoir eu cette « chance » quand elles étaient enfant, car les efforts faits plus tard pour apprendre furent grands. Plusieurs personnes parlaient une langue étrangère avec les enfants (2 au moins en anglais, 1 sans doute en danois). Un seul monsieur, à vélo, me dit après avoir jeté un coup d'œil sur le tract : « Moi aussi je me suis posé la question "Pourquoi l'anglais et uniquement l'anglais ?" ». Il était typé de l'Inde ou du Pakistan…

- mardi après midi, de nouveau distribution de tracts à Palaiseau. J'ai remis une vingtaine de tracts (seul moment où j'ai compté !) et cela s'est passé calmement. Seul un monsieur, grand-père, m'a dit que ce projet (l’anglais dès la maternelle) était très bien, qu'il a utilisé l'anglais au Mexique, au Brésil et en Chine et qu'heureusement que tout le monde apprend l'anglais, langue qui lui a permis de communiquer partout où il en a eu besoin. Il m'a dit que nous défendions l'espéranto. Je n'ai pas réussi à  savoir d’où il tenait cela. Et de rajouter que l'espéranto était une langue pour des gens qui ne cherchaient que les relations entre soi et pour la détente... Il m'a alors dit du mal des personnes qui gèrent et animent ce lieu, cette école. Quand je lui ai dit que je pensais qu'il aurait été bien qu'il apprenne l'espagnol ou le portugais afin d'être plus à l'aise dans ces langues en visitant des pays où elles sont parlées, il m'a répondu que j'avais un discours « d'espérantiste ».

 

Entrevue avec un journaliste du Republicain.fr !

Le samedi 15 septembre, à la réunion que nous avons organisée suite au tractage des 10 et 11 septembre, personne parmi les parents d'élèves et les professeurs touchés par notre distribution de tracts n'est venu, mais un journaliste du Republicain.fr s'est déplacé.

Une occasion donc, pour l'éqiuipe, de préciser au journaliste les tenants et les aboutissants de notre action, et de parler du combat de l'Afrav.

Une rencontre agréable et ouverte qui a débouché sur un article dans la presse : 

Article du Republicain-fr sur l'action dans l'Essonne contre le tout-anglais à l'école



Conclusion : un nouveau tract en perspective !

Les multiples réflexions « hostiles » que nous avons eues lors de notre distribution de tracts, laquelle n'avait pour but pourtant que de vouloir ouvrir le débat sur la mise en place de l'apprentissage précoce et obligatoire de l'anglais dans nos écoles, nous ont amenés à réfléchir sur l'élaboration d'un nouveau tract.  

Proposition de tract pour que ceux qui ont pensé, ou dit, que notre opération dans l’Essonne contre l’enseignement précoce et obligatoire de l’anglais dans nos écoles, était le fait de racistes, d’extrémistes, d’hostiles aux étrangers, de franchouillards, de passéistes, de peu ouverts au monde, d’intolérants, de vieille école, etc., soient obligés de chercher d’autres excuses pour justifier la colonisation de nos enfants par l’anglais obligatoire dès la maternelle :

Tract contre le tout-anglais dans nos écoles

 

L'université en anglais : effet de mode ou réelle menace pour la langue française ?

Suite à notre action dans l'Essonne, une journaliste de France Culture est entrée en contact avec nous. Une occasion pour nous, grâce à l'intervention de notre Secrétaire, Thierry Saladin, de participer à cet article-reportage : 

 Cinq ans après la loi Fioraso qui a introduit les cours en anglais à l'université française, la tendance aux formations tout en anglais a augmenté de moitié. Aujourd'hui, dans le but d'accueillir le plus d'étudiants étrangers, 7% des masters se font en anglais et cela ne fait presque plus débat.

"Switcher" d'une "common application" à des "slides" de "e-learning" ; s'intéresser au "ranking" international des universités largement "publicisé" sur le "web" et "made for sharing" ; trouver le bon "workout" pour choisir un "master" ou un "phd" ou encore une "business school" dans le "top five" ; se "challenger", "compétiter", mais sans se laisser "overbooker" ; autant de "tasks" qui sont aujourd'hui un "must have" dans la vie de nombreux étudiants français.

Trop "cryptée", "too much", cette anglicisation ? Ce "globish" (anglais mondialisé réduit à 1 500 mots) est devenu la lingua franca d'aujourd'hui et s'insère un peu partout dans la société française, du monde de l'entreprise, à la politique et jusque dans les administrations. La nouveauté est que depuis 2013, il est rentré officiellement dans l'éducation.

Aujourd'hui, on n'a plus le choix, l'anglais n'est plus une langue étrangère. Les Etats-Unis, l'Angleterre ou l'Océanie attirent les étudiants du monde entier, mais il y a de nouveaux acteurs : la Chine, la Russie, les Pays-Bas. Dans ce marché, la France doit d'urgence rattraper son retard !             

Béatrice Khaiat, directrice générale de Campus France

« On n'a plus le choix »

Oubliées les polémiques qu'avait créé, en 2013, à l'Assemblée nationale, l'article 2 de la loi relative à l'Enseignement Supérieur et à la Recherche, dite Loi Fioraso, du nom de la ministre qui l'avait portée !  Aujourd'hui, sur le marché de l'enseignement supérieur, la France a retrouvé sa quatrième place, devant l’Allemagne avec 325 000 étudiants étrangers accueillis par an (chiffres 2017 Campus France).

Sylvie Chevrier est responsable des échanges internationaux du département d'économie de l'UPEM, l'université Paris Est Marne la Vallée. Professeure en sciences de gestion, elle estime que « l'enseignement supérieur est devenu un marché car la plupart des étudiants dans le monde sont très éloignés de la logique d'un service public de l'éducation » :

Les étudiants investissent dans leur formation, parfois en s'endettant, ils les choisissent donc scrupuleusement avec des critères non pas de contenus mais de marques. Si nous voulons être compétitifs dans ce système, nous devons les attirer et cela passe notamment par un catalogue de cours en anglais. 

Aujourd'hui237 établissements supérieurs français, dont 130 publics, proposent des formations en anglais. Leur nombre, 1 328 formations, a presque doublé depuis cinq ans et 75% d'entre elles se font intégralement en anglais. 

À l'université de Paris Est Marne la Vallée, le développement de ces cours en anglais est un objectif important. Un centre de formation, le CAPLA (centre d'action pédagogique en langues) pour les professeurs a été mis en place il y a 3 ans, afin de les aider à dispenser leurs cours en anglais.

Chez nous, il ne s'agit pas de dispenser tous les cours en anglais, cela ne se fait pas à la place des cours déjà existants. C'est un plus qui permet à nos étudiants qui n'ont pas toujours la possibilité d'aller voyager de s'ouvrir en côtoyant des étudiants étrangers. C'est une forme d'internationalisation mais à la maison. Quant aux professeurs, cela leur permet d'améliorer leur pratique pédagogique, puisque faire cours en anglais c'est oublier le cours magistral à la française et le rendre plus interactif, plus collaboratif, plus  personnel.                                       

Laurence Vigier, professeure agrégée d'anglais, directrice du CAPLA

Laurence Vigier, professeur d'anglais

Sans surprise, les filières du business et du management et les sciences de l'ingénieur représentent les deux tiers de ces formations en France, établissements privés et publics confondus (catalogue Taught in English, Campus France). Mais la littérature et les sciences humaines représentent 10% de ce diplômes enseignés en anglais et cumulent deux fois plus de cours tout en anglais que la filière mathématiques, quand les secteurs du tourisme et de la gastronomie sont les moins anglicisés.


Une francophonie ouverte ... et lucrative !

Officiellement, ces formations sont censées attirer des étudiants étrangers extracommunautaires, et notamment des Chinois, des Indiens ou des jeunes d’Afrique anglophone qui ne viendraient pas en France si les cours n'étaient qu'en français.

Bechal est étudiant en master informatique à l'UPEM : 

Bechar, étudiant indien

Bechal, étudiant indien, suit un Master informatique et mathématiques, tout en anglais, à l'Université Paris Est Marne la Vallée.•Crédits : Cécile de Kervasdoué - Radio France

Moi, je suis Indien. Je suis venu ici étudier l'informatique lié aux mathématiques. L'unité de recherches m'intéressait, mais je ne me suis décidé qu'après m'être assuré que les cours étaient bien dispensés en anglais. Moi, je parle quatre langues mais pas un mot de français. Si je reste l'année prochaine en France, je compte néanmoins en apprendre les rudiments.

En cinq ans, le nombre d'étudiants indiens en France a doublé grâce à ces formations dispensées en anglais. Cette « internationalisation » a également permis de faire remonter les universités françaises dans les classements internationaux. Une réussite dont se félicite Campus France. Pour sa directrice générale, Béatrice Khaiat :

C'est du soft power à la française. Attirer ces étudiants permet non seulement de créer des liens d'amitiés entre nationalités sur les campus mais surtout à long terme, ces étrangers garderont un attachement à la France, et c'est la clef de futurs marchés, de futurs business. Une sorte de francophonie ouverte. 

L'autre bénéfice de cette « francophonie ouverte » tient aussi plus prosaïquement aux frais d'inscription. Les étudiants étrangers payent leur scolarité beaucoup plus cher que les français. Dans les centres d'étude du plateau de Saclay par exemple, qui propose le plus de formations tout en anglais en France, la scolarité d'un master international varie de 3 à 8 000 euros en moyenne pour les étrangers quand les étudiants français payent, eux, au tarif des frais nationaux. À l'université PSL, à Paris, les étudiants extracommunautaires devront s’acquitter d'une facture de près 16 000 euros par an.

Les universités publiques qui proposent ces cours en anglais pratiquent pour la plupart ce différentiel tarifaire. L'argument avancé : la mise en place de cours de français Langue Étrangère (FLE) pour les étudiants internationaux ou des services d'accueil personnalisés. Mais de nombreux étudiants français sont également attirés par ces formations et la sélection est de plus en plus rude face aux étudiants étrangers. Il n'est pas rare dans les universités qu'un professeur enseigne en anglais à une majorité d'étudiants français.

Etudiants français en licence d'anglais à l'UPEM

Des étudiants en licence d'anglais à l'UPEM s'inquiètent de la généralisation des cours en anglais dans toutes les matières.•Crédits : Cécile de Kervasdoué - Radio France

C'est vrai que cela m'est arrivé d'enseigner en anglais à une majorité de Français. C'est complètement absurde parce que la langue dans laquelle nous enseignons tient plus du globish que de l'anglais shakespearien. Lorsque je reviens au français, dans 70% de mes cours, j'en éprouve un grand plaisir parce que mon propos est évidemment plus nuancé, plus subtil. Je ne suis pas pour le tout-anglais, j'ai commis plusieurs articles pour lutter, par exemple, contre les publications qui dans la recherche se font exclusivement en anglais. Sans doute faut-il aussi organiser une résistance, des gardes fou.                        

Sylvie Chevrier, professeure de sciences de gestion à l'UPEM

« Une Anglolâtrie dangereuse ... et illégale »

Sur les réseaux sociaux, rares sont les voix qui s'élèvent pour organiser cette résistance et proposer des alternatives. Beaucoup d'internautes fustigent le niveau "déplorable", "catastrophique", "scandaleux" des Français dans leur pratique de l'anglais. Comme une vieille  antienne, beaucoup de commentaires font état d'expériences professionnelles à l'international où les Français sont incapables de s'exprimer dans cette langue « indispensable ».

D'où l'analyse de ces étudiants en licence d'anglais à l'UPEM. Eux ont cours en anglais tous les jours mais ils ne sont pas sûrs que ce soit une bonne chose de généraliser cette pratique

Ici, c'est une fac de campagne, la plupart des étudiants n'ont pas eu les moyens de faire des séjours linguistiques ou de payer très cher des cours privés d'anglais. Leur imposer des cours en anglais, ça va créer une nouvelle sélection qui ne dira pas son nom !                       

Nathan 18 ans.

Difficile de faire entendre ces voix dissonantes, comme de défendre l'usage de la langue française dans l'espace public par exemple. Très vite, l'étiquette "identitaire", "extrême droite", "réactionnaire", accompagne ces points de vue. Pour les associations de défense du français, c'est un combat de David contre Goliath. Elles ont beau placarder par exemple des autocollants sur les publicités ou les enseignes en anglais ou poursuivre en justice les municipalités qui accolent des mots anglais à leur nom, la plupart des Français ne voient pas le danger de cette anglicisation ou considèrent la résistance impossible. 

Cela fait 70 ans que ce projet de tout anglais planétaire est en marche. Malgré les beaux discours des politiques sur la langue française, ils ont capitulé il y a plus de 20 ans et font croire que l'anglais partout est le seul avenir possible. C'est illégal !                  

Thierry Saladin, secrétaire général de l'Afrav.

Illégal, parce que la loi Toubon de 1994 est très claire. En France, l'enseignement doit se faire en français. La loi Fioraso a créé une brèche dans cette protection de la langue française mais elle ne concerne que l'enseignement supérieur. Pourtant, depuis septembre 2018, le ministère de l'Éducation nationale et une dizaine de maires d’Île-de-France ont mis en place un dispositif d'école en anglais. Dans 15 écoles, 95 classes, les enfants de la maternelle au CM2 suivent leur cours de lecture, d'histoire ou de mathématiques tout en anglais...


Et ailleurs ?

Dans le même temps, chez nos voisins européens, le tout en anglais à l'université commence à faire réfléchir. Aux Pays-Bas, où le nombre d'étudiants étrangers a triplé en cinq ans, les campus n'ont plus la place de loger les nouveaux étudiants, et dans les filières de sciences, intégralement enseignées en anglais, les Néerlandais ne parlent plus leur langue.  

En Italie, le passage au tout anglais des masters et des doctorats de l'Université de Milan  (l'une des mieux classée au monde) avait créé la polémique, il y a trois ans. Une décision de justice a fini par mettre des freins à ce recours au 100% anglais.

Cette « internationalisation » finit par questionner de plus en plus de chercheurs et devient même un objet d'étude. C'est le cas de l'économiste suisse, François Grin, qui étudie la question de l'enseignement des langues dans les politiques publiques. En 2005 il avait écrit un rapport, commandé par le gouvernement français, pour évaluer les coûts et les conséquences du passage à l'enseignement en anglais dans l'éducation française. Sa conclusion était sans appel : trop cher et contre-productif !

Source : franceculture.fr, le vendredi 12 octobre 2018
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Publié par Régis RAVAT le 27 octobre 2018

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