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Interpellons le Président Macron sur la langue française !

Voici la lettre ouverte qu'a écrite Georges Gastaud, président du CO.U.R.R.I.E.L, afin de demander au Président de la République de faire quelque chose pour que cesse l'anglicisation de la France et pour que la langue française y retrouve la première place en tout et en tout domaine. 

Merci de participer à sa diffusion.

Lettre ouverte à Mme Leïla Slimani

Lettre ouverte à Mme Leïla Slimani, représentante du Président de la République auprès des institutions de la Francophonie

Par Georges Gastaud, philosophe, président de l’Association CO.U.R.R.I.E.L*,

Madame,

Vous venez d’être nommée représentante personnelle du chef de l’État sur les questions de la Francophonie et nous vous en félicitons.

Cependant l’heure est bien moins, hélas, aux congratulations qu’au sursaut personnel et collectif face aux menaces mortelles qui pèsent sur la langue française. Car en dépit de certaines apparences faussement rassurantes, les positions du français, « langue de la République » aux termes de l’article II-a de la Constitution, « langue des échanges, des services, du travail et de l’enseignement » au titre de la loi Toubon-Tasca d’août 1994, sont gravement minées non seulement à l’échelle internationale, mais aussi et surtout sur notre propre sol.

En effet, nos associations sont submergées d’appels indignés de citoyens, mais aussi d’étrangers amis de notre langue, qui constatent avec angoisse et, de plus en plus, avec colère, que chaque jour, toutes sortes de décideurs (politiques, économiques, culturels…) quand il ne s’agit pas des plus hautes autorités de l’État, choisissent cyniquement de substituer l’anglo-américain, ou plus exactement, le Business Globish, aux expressions françaises comprises de tous.

Cet arrachage linguistique est massif, méthodique, acharné, relevant tantôt de la « stratégie de communication » des chasseurs de profit dénués d’imagination (ceux que Michel Serres nomme à juste titre les « collabos de la pub et du fric »), tantôt directement d’une politique d’État inavouable.

Emmanuel Macron et le bilinguisme français-anglais illicite

C’est l’évidence quand on voit l’Union européenne privilégier massivement l’anglais dans sa communication**, alors même que, depuis le Brexit, l’anglais n’est plus langue officielle déposée d’aucun État membre de l’UE.

C’est flagrant quand on voit des représentants officiels de la France parsemer leurs discours d’anglais ou, rompant avec toute la tradition républicaine, s’exprimer d’abondance en anglais à l’étranger, voire en France.

C’est manifeste quand on sait qu’à l’arrière-plan de cette entreprise entièrement soustraite au débat citoyen, se trouvent la décision cynique du syndicat patronal européen de ne plus s’exprimer « qu’en anglais, la langue des affaires et de l’entreprise » (dixit en … 2004, M. Ernest-Antoine Seillières, alors président de Businesseurope) et plus encore, l’avènement du CETA et d’autres négociations qui visent à instituer le grand Marché transatlantique (et ses pendants « culturels », au centre desquels se trouve évidemment le basculement transcontinental de facto, voire de jure, au tout-anglais, langue unique du futur marché unique).

Faut-il vraiment multiplier les exemples à l’heure où Renault et PSA basculent illégalement toute leur documentation interne à l’anglais, où des services publics d’État, des Universités ou des territoires nomment ridiculement leurs nouveaux « produits » en anglais ("Lorraine Airport", "Start in Lens", "Loire Valley", etc.), où des revues scientifiques françaises, subventionnées par l’argent du contribuable, refusent les articles rédigés en français, où des Grandes Écoles et des Universités enseignent désormais en anglais à des Français et à d’autres francophones sur le sol national, où la France chante le plus souvent en anglais ou en franglais à l’Eurovision, où les J.O. de Paris se vendent en anglais sur la Tour Eiffel ("Made For Sharing"), où l’anglais est érigée en « langue de travail » de… l’armée française arrimée à l’OTAN et où la chaîne de télévision disposant de la plus large audience, « My TF1 » nomme en Basic English ses émissions les plus populaires (The Wall, The Voice Kids, etc.) ?

C’est pourquoi nous jugeons insupportable et terriblement violente la manière dont de hautes autorités de notre pays – mais cela semble hélas de plus en plus vrai aussi au Québec, en Belgique ou en Suisse francophones, où des associations défendant la Francophonie dressent le même constat angoissé que nous ! – laissent impunément proliférer, voire encouragent par leur mauvais exemple, la délinquance et la pollution linguistiques tout en feignant de « relancer » la Francophonie… à l’étranger.

Mais que restera-t-il de la « flotte » francophone, donc à brève échéance, de la chanson, de la science, de la philosophie, du théâtre, du cinéma, de la littérature, français et francophones, quand le berceau et le « navire-amiral » de la Francophonie que fut à l’origine la France, sont les premiers à se saborder, voire à promouvoir le tout-anglais en Europe, quand ce n’est pas en Afrique francophone ?

Les enjeux d’une nouvelle « Défense et illustration de la langue française » sont cruciaux, ancrés dans les combats du présent et de l’avenir. En effet, laisser détruire ou corrompre notre langue pour permettre à quelques oligarques, snobs pseudo-cultivés et autres moutons de Panurge culturels et linguistiques de se faire une place au soleil de la mondialisation néolibérale aux dépens de la masse des Francophones de France (français et immigrés) et des cinq continents, ce serait à la fois :

·        Planifier la fin de notre pays et du grand héritage qu’il porte ; tant il est vrai que le français est à la fois l’identifiant par excellence de notre peuple, le premier service public de France et le socle du lien social déjà si fragilisé dans notre pays ; bref, une France reniant le français ou le reléguant dans les seconds rôles ne serait plus qu’un « couteau sans manche dont on a jeté la lame »…

·        Saper la Francophonie internationale, laquelle ne peut évidemment porter des « valeurs communes », comme ses dirigeants s’en targuent, qu’à condition de… parler la même langue, creuset de multiples cultures dans ses multiples usages ;

la Francophonie a un fort potentiel, mais...

·        Aggraver les inégalités sociales et les discriminations sociétales en durcissant comme jamais les stratifications culturelles et linguistiques ; c’est-à-dire miner les bases même de la République ;

·        Favoriser insidieusement une forme de totalitarisme culturel porteur à terme, à l’échelle du monde, de l’Europe et de la France, d’une langue unique vectrice de pensée, de politique, d’économie et de culture uniques, celles-là même qui déferle sur tous les peuples en usant d’énormes moyens financiers, politiques, voire militaires… Comment cette entreprise d’uniformisation linguistique ne s’avèrerait-elle pas au final aussi mortifère pour l’humanité future que la dévastation de la biodiversité qu’encourage l’omni-marchandisation actuelle des activités, des choses, voire des gens ?

Femme de lettres attachée aux finesses de notre langue et au croisement des cultures, vous ne pouvez manquer de voir le gouffre qui sépare l’internationalisme véritable, qui suppose diversité, altérité et dignité égale des cultures nationales, et le glacial mondialisme actuel qui, par les amputations symboliques et matérielles qu’il inflige sans trêve aux collectifs citoyens constitués, ne peut qu’attiser des crispations dangereuses pour la paix. Car, en dehors de l’agressivité aveugle, que reste-t-il d’une identité que l’on a amputée du substrat culturel, historique et politique dont la langue est la sédimentation sans cesse renouvelée ?

C’est pourquoi, à contre-courant du discours méprisant qui appelle à « supprimer les lignes de Maginot linguistiques » pour mieux « laisser faire, laisser passer » la langue unique et la servitude volontaire qui l’accompagnent, nous vous demandons d’appeler avec nous à la résistance civique, au sursaut linguistique et à la créativité en français des citoyens de notre pays. C’est indispensable pour que se renoue, avant que l’arrachage linguistique en cours n’ait franchi un seuil irréversible, l’alliance progressiste de l’écrivain et de sa langue qui a nourri les plus riches heures de la grande littérature francophone.

                                                      *********************************************

* COllectif Unitaire Républicain pour la Résistance, l’Initiative et l’Émancipation Linguistiques, 10 rue Grignard, 62300 Lens – gastaudcrovisier2@wanadoo.fr – tél. : 07 61 05 99 21 ou 03 21 42 43 72

** au point que M. Moscovici, l’ex-ministre français devenu commissaire européen aux questions budgétaires, ose tancer en anglais ses ex-collègues du gouvernement français, lesquels n’y trouvent d’ailleurs absolument rien à redire…

La lettre ouverte en version PDF

Note : les illustrations sont de l'Afrav



Niveau en anglais : la France meilleure que 10 ex-colonies britanniques

Selon la dernière édition du classement international EF EPI, publiée ce 8 novembre dernier,  la France se classe 32e pour ce qui est du niveau en anglais de sa population adulte. L’Hexagone fait ainsi mieux que dix ex-colonies britanniques ayant toutes l’anglais pour langue co-officielle, de jure ou de facto, comme les Émirats arabes unis, le Qatar, le Sri Lanka ou encore le Pakistan.

Mais la France est également la grande puissance non anglophone la plus anglicisée au monde, et se classe largement devant les chefs de file des autres principaux espaces géolinguistiques, à savoir la Russie, la Chine, le Brésil, le Mexique et l’Arabie saoudite (ou l’Égypte). Par ailleurs, elle devance aussi le Japon dont la société est technologiquement la plus avancée au monde.  

Cette situation ubuesque est la conséquence de cette anglicisation à outrance que subit la France. Une France repliée sur l’Union européenne (UE), qui ne cesse de se comparer aux autres de ses pays membres, vassaux culturels et donc politiques des puissances anglo-saxonnes. Cette UE, qui est de loin la zone la plus anglicisée du monde et qui ne cache plus son hostilité à la langue et à la culture françaises. Dernier exemple en date, la toute nouvelle réglementation européenne SERA - Partie C qui vise à imposer l’anglais comme unique langue de communication entre les pilotes privés français et les six principaux aéroports de France métropolitaine. Aberration qui n’existe nullement au Québec et en Afrique francophone, où il faut désormais s’exiler afin de vivre paisiblement en français.

PSL Paris Sciences et Lettres - Université de Recherche

À cette attitude de l’UE, s’ajoute celle de la France elle-même où l’on ne compte plus les Grandes écoles aux sites internet majoritairement en anglais, ainsi que les manifestations et salons internationaux où le français est banni de l’affichage. Choses absolument impensables au Québec ou dans la vaste Afrique francophone, Maghreb inclus. Une France où l’on ne compte plus les slogans publicitaires ou les intitulés de fonction intégralement en anglais, alors qu’ils sont en français au Québec. Une France où se multiplient les bars et restaurants où le français est désormais lingua non grata, et qui accueille avec mépris les touristes francophones et francophiles, de l’Hexagone et du reste du monde, en mettant de plus en plus à leur disposition des brochures exclusivement en anglais, ou avec une version microscopique en français. Chose inimaginable au Québec ou en Afrique francophone. Une France dont de nombreux diplomates irresponsables affichent des messages d’absence uniquement en anglais, contrairement à leurs confrères francophones du Québec ou d’Afrique. Enfin, une France désormais république bananière où les tribunaux s’acharnent à ne pas faire appliquer la loi en déboutant systématiquement les associations de défense de la langue française. Situation, là encore impensable au Québec où la loi … est la loi.

Made For Sharing Paris-2024

La France d’aujourd’hui est donc bel et bien la principale menace qui pèse sur la langue et la culture françaises dans le monde. Cette langue qui l’un des piliers de son identité et de sa puissance mondiale. Un de ses piliers auxquels l’on s’attaque sans retenue afin de servir certains intérêts. Loin d’être un simple passe-temps pour passionnés de dictées, de mots croisés ou encore de poèmes, la langue est avant tout une question de géopolitique, de parts de marchés et d’influence culturelle. Ainsi, ce n’est  pas un hasard si les premiers pays au monde à avoir interdit le niqab étaient tous francophones, en Europe comme en Afrique, ou si le Canada est toujours plus pacifiste lorsqu’il est dirigé par un Québécois.  

Pourtant, et dans cette partie européenne et sans repères d’un monde francophone grand comme près de quatre fois l’UE et regroupant 470 millions d’habitants, dans sa définition la plus stricte, la France s’emploie donc activement à entraver la dynamique favorable dont bénéficie le français à travers le monde, grâce à l’émergence démographique et économique de l’espace francophone. Tel un enfant, qui sur une plage, prendrait un malin plaisir à venir régulièrement détruire un château de sable patiemment édifié par d’autres enfants. Une France, seconde puissance militaro-économique du monde, trente fois plus étendue que l’Allemagne en incluant son vaste territoire maritime, et où certains souhaitent aller encore plus loin sur la voie de l’absurde, de la défrancisation, de la trahison et de la collaboration, en rendant désormais quasi obligatoire, de facto, l’apprentissage de l’anglais dès le CP (chose que même trois des quatre pays scandinaves n’ont osé faire). Ou encore, en proposant que les films américains soient diffusés en version originale à la télévision.

Comme l’avait dit le Général de Gaulle « Le snobisme anglo-saxon de la bourgeoisie française est quelque chose de terrifiant. [...] Il y a chez nous toute une bande de lascars qui ont la vocation de la servilité. Ils sont faits pour faire des courbettes aux autres. ». Quels qu’ils soient et où qu’ils soient, les responsables et acteurs de ce processus d’éradication du français doivent être écartés. Il ne peut y avoir de place en France pour des individus hostiles à la langue et à la culture françaises, et donc à la France. 

Ilyes Zouari,

Spécialiste du Monde francophone, Conférencier,

Ex-Administrateur de l'association Paris-Québec.

Auteur du "Petit dictionnaire du Monde francophone" (L'Harmattan, Avril 2015)

Note : les illustrations sont de l'Afrav



Quand le système éducatif français participe à l'anglicisation des Beurs et Beurettes !

La France anglicise la Francophonie, la preuve : Sarah Toumi, une franco-tunisienne qui a fait toutes ses études en France donne un nom en anglais à son projet. Eh oui, cette jeune femme, a donné un nom anglais à son projet, comme il est à craindre qu'un bon nombre de Français de souche l'aurait fait également.

Cela montre évidemment que le système éducatif français ne transmet plus l'amour de la langue française aux élèves qu'il est censé former et instruire.

Cela montre aussi les ravages de l'enseignement de l'anglais dès le primaire et, en parallèle,  la diminution de l'enseignement du français. Selon le site « sauv.net » qui a pris le temps d'effectuer les calculs, la perte en heures de français au primaire entre 1956 et 1995 est de 396h ou 594h dans une école où l'on enseigne une langue vivante.    

                                                                              *****************

“Acacias for all” participe au Salon international de l’agriculture, du machinisme agricole et de la pêche “SIAMAP 2017”, organisé du 31 octobre au 5 novembre 2017 par l’UTAP, au Parc des expositions du Kram, pour faire connaître les produits fabriqués par les femmes rurales à partir de la culture du Moringa mais aussi de l’églantier outre l’huile d’olive, le miel….

L’entreprise sociale “Acacias for all” est l’un des projets que chapeaute l’association “Dream in Tunisia”, fondée en 2012, par Sarah Toumi, franco-tunisienne qui fait désormais, partie du conseil présidentiel pour l’Afrique, une structure directement rattachée au président français, Emmanuel Macron.

Née à Paris de mère française et de père tunisien, Sarah, 29 ans, a lancé un projet de plantation de l’acacia dans le village paternel de Bir Salah à Sfax, un projet écologique et agricole, qui vise autant l’enrichissement des terres arides et semi-arides que l’accompagnement de l’autonomisation des femmes rurales.

Mouna Abaab, en charge du “climate Lab” au sein de l’entreprise “Acacias for all”, a évoqué pour l’Agence TAP, les débuts de ce projet, “Nous avons commencé par identifier un problème social, celui des femmes rurales défavorisées à Bir Salah. Nous avons, ensuite, distribué à ces femmes des graines d’acacia, arbre adapté aux régions désertiques, qui nourrit le sol et favorise la croissance d’autres espèces végétales”.

(...)

Source : www.webmanagercenter.com, le samedi 4 novembre 2017

 

La Tunisie meilleure en anglais que huit ex-colonies britanniques !

Contrairement à une idée reçue, les Tunisiens sont loin d’être mauvais en anglais. La maîtrise de la langue française n’empêche donc pas l’apprentissage de l’anglais, et répond même aux intérêts supérieurs du pays.

Selon la dernière édition du classement international EF EPI (Education First, English proficiency index), publié le 8 novembre dernier, la Tunisie se classe à la 56e place mondiale pour ce qui est du niveau global en anglais de sa population adulte. Alors qu’elle faisait mieux que sept anciennes colonies britanniques dans le classement 2016, la Tunisie dépasse désormais 8 ex-colonies britanniques ayant presque toutes l’anglais pour langue quasi co-officielle, à savoir : les Émirats arabes unis, le Qatar, le Sri Lanka, la Jordanie, l’Égypte, Oman, le Koweït et l’Irak.

Une francophonie compatible avec un bon niveau d’anglais

Si la méthodologie de cette enquête internationale, réalisée chaque année par un organisme privé basé en Suisse et mondialement reconnu (Education First), est peut être discutable, ces résultats fournissent toutefois une idée approximative du niveau en anglais des populations des pays concernés. Par la même, ils démontrent une nouvelle fois que le statut privilégié dont bénéficie le français en Tunisie, où il est enseigné en tant que première langue étrangère, n’empêche nullement l’apprentissage de l’anglais, ni même l’acquisition d’un bon niveau dans cette langue aujourd’hui importante.

Par contre, les différentes expériences à l’étranger démontrent bien que l’enseignement de l’anglais en tant que première langue étrangère est très généralement incompatible avec l’acquisition d’un bon niveau en d’autres langues. Et notamment en français, vu sa relative complexité (bien qu’il soit toutefois plus facile que les langues slaves ou germaniques, entre autres) et le manque de motivation qui résulterait chez les élèves du sentiment contreproductif d’avoir fait le plus important en ayant déjà appris la langue de Shakespeare.

Par ailleurs, il convient de rappeler que les pays francophones ont toujours été ouverts à l’apprentissage de différentes langues étrangères, auxquelles ils ont accordé une place dès les premières années de leur indépendance, et même avant. Et ce, contrairement à la grande majorité des pays anglophones, qui ont historiquement mené des politiques assez restrictives en la matière. Toutefois, cette situation commence à évoluer dans certains pays de langue anglaise, et en particulier dans ceux d’Afrique de l’Ouest. De la Gambie au Nigéria, en passant par le Ghana, tous ces pays ont rendu obligatoire l’apprentissage du français depuis une dizaine d’années, en tant que première langue étrangère.

Et parallèlement à cette évolution ouest-africaine, qui s’explique par le fait que les pays en question sont entourés de pays francophones, il est également à noter une forte augmentation du nombre d’apprenants du français dans le reste du monde, grâce à l’émergence démographique et économique de l’Afrique francophone. Et notamment dans la zone Asie-Pacifique, où elle a été estimée à 43% entre 2009 et 2013, selon les données du dernier rapport en la matière de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), publié tous les quatre ans.

Une francophonie qui répond aux intérêts supérieurs du pays

Si la francophonie tunisienne est donc compatible avec un bon niveau en anglais, elle est surtout nécessaire au maintien des relations diplomatiques privilégiées et amicales liant historiquement la Tunisie aux autres pays ayant le français en partage. Un ensemble de 33 pays, vaste comme près de quatre fois l’Union européenne tout entière, et se répartissant sur quatre continents. Et parmi ces pays, la France demeure le premier partenaire économique de la Tunisie (29,3% des exportations tunisiennes en 2015), devançant assez largement l’Italie (18,5 %) et l’Allemagne (10,5 %). Cette forte présence s’explique justement par ce lien linguistique, sans lequel les entreprises hexagonales s’orienteraient plutôt vers les pays d’Europe de l’Est, plus proches (car accessibles par voie terrestre) et aux coûts de production souvent comparables. 

Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, un renoncement au français au profit de l’anglais ne permettrait nullement de développer grandement les investissements et échanges de toutes sortes (entreprises, société civile, touristes…) en provenance de pays anglo-saxons, afin de compenser la baisse, lente mais certaine, de ceux en provenance des pays francophones. Et ce, du fait de l’éloignement géographique des premiers, ajouté au fait que ceux-ci peuvent déjà compter sur de nombreux pays anglophones ou anglophiles attractifs.

D’ailleurs, il convient ici de rappeler que la francophonie tunisienne n’a jamais empêché le pays d’être particulièrement attractif à l’échelle internationale, et même de se classer régulièrement à la première place du continent en matière de compétitivité. Du moins, jusqu’à l’année précédant la révolution, lorsque le Forum économique mondial de Davos avait classé la Tunisie à la 32e place mondiale, loin devant l’Afrique du Sud (54e) et Maurice (55e). Le recul de la compétitivité et de l’attractivité du pays, ces dernières années, n’est donc que le résultat du manque de stabilité politique et des problèmes sécuritaires ayant suivi la révolution de 2011, et n’est en rien imputable au caractère francophone de la Tunisie.

Maghreb-Uni

Ce caractère francophone est, par ailleurs, un moyen de maintenir une proximité multiséculaire avec les autres pays du Maghreb, où le français est largement répandu, et de réaffirmer ainsi l’identité maghrébine de la Tunisie. Au passage, il est à noter que le Maroc a récemment reconfirmé, début 2016, le statut privilégié du français, dont il a réintroduit l’enseignement à partir de la première année du primaire. Une remise en cause de cette francophonie tunisienne ne ferait ainsi qu’éloigner, lentement mais surement, la Tunisie de cette partie du monde arabe, en la rapprochant progressivement des pays du Moyen-Orient. À cela, s’ajoute aussi le fait qu’il serait plus difficile de maintenir des liens étroits avec une diaspora de près d’un million de personnes vivant dans des pays de langue française, selon les autorités tunisiennes

Enfin, et non des moindres, le français constitue pour la Tunisie un moyen d’avoir un accès privilégié à la vaste et proche Afrique francophone, dont le poids démographique et économique est grandissant.

Une Tunisie quasi absente de l’Afrique subsaharienne

Cet usage commun de la langue française constitue donc une passerelle vers l’Afrique subsaharienne francophone, grand espace en pleine croissance et regroupant désormais 290 millions d’habitants. Cet ensemble de 22 pays est d’ailleurs la partie la plus dynamique du continent, avec une croissance économique annuelle globale de 5,1% en moyenne sur la période quadriannuelle 2012-2015 et de 2,6% en 2016 (ou 3,5% hors cas très particulier de la Guinée équatoriale), tandis que le reste de l’Afrique subsaharienne affichait, respectivement, des taux de 3,8% et de 0,8%. Un dynamisme particulièrement remarquable dans l’espace UEMOA (partie francophone de la CEDEAO), qui a réalisé une hausse du PIB de 6,3% en moyenne sur les cinq dernières années, et qui constitue ainsi la plus vaste zone de forte croissance du continent.

Pourtant, force est de constater que la présence tunisienne demeure bien top faible dans cette Afrique subsaharienne francophone, qui n’est autre que l’un des principaux relais de la croissance mondiale. Alors qu’elle avait été la première au Maghreb à nouer des relations privilégiées avec des pays situés au sud du Sahara, grâce au volontarisme du président Bourguiba dont on se souvient encore de la grande tournée africaine de 1965 (8 pays visités), la Tunisie est désormais largement devancée par la Maroc, et à tous les niveaux. Depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI, l’Afrique francophone est, en effet, devenue un axe prioritaire de la politique extérieure et économique du royaume chérifien, dont le souverain multiplie les visites officielles tout en se faisant accompagner, à chaque fois, par une imposante délégation de quelques centaines de personnes, dont une forte proportion d’hommes d’affaires.

Ainsi, on ne compte plus les contrats signés au plus haut niveau entre le Maroc et ses partenaires africains, ou encore le nombre d’agences bancaires marocaines implantées en Afrique francophone subsaharienne, désormais plus de deux fois plus nombreuses que les agences françaises. Cette forte présence, contrastant avec une absence remarquée des établissements financiers tunisiens, est aussi de nature à faciliter l’implantation d’entreprises marocaines et à développer les échanges entre le royaume et cette partie du continent. Occasion de rappeler, par exemple, que le Maroc avait été en 2015 le premier investisseur étranger en Côte d’Ivoire, devant la France. 

La Tunisie semble toutefois prendre progressivement conscience des opportunités que peut lui offrir le marché francophone subsaharien. Mais beaucoup reste encore à faire afin de rattraper un retard accumulé depuis de nombreuses années, à commencer, notamment, par l’ouverture de nouvelles liaisons aériennes directes avec les pays de la région. Là encore, l’écart s’est considérablement creusé avec le Maroc, dont la compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc, dessert désormais non moins de 24 pays subsahariens, contre seulement sept pour Tunisair. L’annonce toute récente, par cette dernière, de l’ouverture prochaine de quelques nouvelles lignes est donc un pas dans la bonne direction.

La Tunisie ne manque pas d’atouts, de compétences, ni d’entrepreneurs dynamiques capables de conquérir des marchés et de nouer des relations économiques profitables à chacune des parties. Mais ces entrepreneurs, dont les initiatives se sont dernièrement multipliées, méritent de bénéficier du même niveau de soutien dont jouissaient les différents acteurs économiques marocains : une mobilisation complète et coordonnée des différents ministères

Ilyes Zouari,

Spécialiste du Monde francophone, Conférencier,

Ex-Administrateur de l'association Paris-Québec.

Auteur du "Petit dictionnaire du Monde francophone" (L'Harmattan, Avril 2015)

Note : les illustrations sont de l'Afrav

 

 




Publié par Régis RAVAT le 14 décembre 2017

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