LOUIS RIEL à Sir John A. Macdonald

 

 

Sir John A. Macdonald 

gouverne avec orgueil

Les provinces de la Puissance

Et sa mauvaise foi veut prolonger mon deuil

Afin que son pays l'applaudisse et l'encense.

 

Au lieu de la paix qu'il me doit,

Au lieu de respecter d'une manière exacte

Notre Pacte

Et mon droit,

Depuis bientôt dix ans, Sir John me fait la guerre.

 

Un homme sans parole est un homme vulgaire,

Fort ou faible d'esprit, moi, je le montre du doigt.

 

Il a voulu jeter dans la sombre disgrâce

Le prélat de Saint-Boniface,

Et se voyant mal pris, il a feint la candeur.

 

Il s'est montré gentil pour plaire à Sa Grandeur,

Il commissionna le Pontife Alexandre

D'apaiser les Métis justement soulevés :

Et de ne pas manquer de leur laisser entendre

Qu'ils avaient, après tout, bien fait de se défendre,

Puisque les MacDougall et les Schultz dépravés

Étaient dûment désapprouvés

De nous avoir causé toutes sortes d'alarmes

En prenant contre nous les armes

Sans l'autorité

De sa Majesté.

 

Eh ! comme de raison, il voulait faire croire

Au gouvernement Provisoire

Qu'Ottawa renonçait à la duplicité

Et rejetait le mal qu'il avait médité

Contre nous, et saurait prendre une politique

À notre égard, conforme à la saine critique.

 

 

 

Sir John eut du bonheur, car l'envoyé sacré

Agit et parla comme il avait espéré.

 

Qui peut dire autrement ? L'évêque a bien fait l'œuvre

Pour convaincre, il jura la parole d'honneur.

 

Mais au lieu d'accomplir, Sir John fit la couleuvre.

Le traître, il a fait honte au noble ambassadeur.

 

Il a laissé hurler sa province enragée,

Il ne l'a pas guidée, il n'a su que flatter,

Et John, dans ses erreurs, l'a même encouragée.

 

Cet homme n'a jamais rien fait pour racheter

La parole d'honneur qui se trouve engagée.

 

Il a trompé l'évêque, et puis l'a démenti

À mots couverts, avec assez de politesse

Pour cacher sa scélératesse,

Et contenter ses gens sans nuire à son parti.

 

Il a beau revêtir des façons imposantes,

Il a beau se fier sur son habileté,

Il rendra compte un jour au Seigneur irrité,

De ses injustices criantes.

 

Ses discours sont fins ; c'est le chef du Parlement.

 

Il est assis parmi les princes du royaume.

 

Mais à peine Sir John sera-t-il un atome

Lorsque Dieu le fera paraître au jugement.

 

Et qui sait même, dès ce monde,

S'il ne faudra pas qu'il réponde

De n'avoir été qu'un meneur

Sans principes et sans honneur.

 

Tandis que ce géant des Communes étale

Devant Son Altesse royale

Et devant les yeux du Marquis

Ses qualités de diplomate,

Moi je me fortifie, et mon cœur se dilate,

Dans ce que la souffrance offre de plus exquis.

 

J'offre à Dieu de grand cœur tous les maux que j'endure,

Afin que son esprit souffle à mes ennemis

De n'avoir pas la main trop dure

Vis-à-vis de mon peuple soumis.

 

 

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