LE GRAND FESTIVAL DU CINÉMA PANAFRICAIN

 DE OUAGADOUGOU S'ACHÈVE

 DANS L'INDIFFÉRENCE TOTALE

DES AUTORITÉS ET DES MÉDIAS FRANÇAIS

 

par François Asselineau (Articles), le lundi 4 mars 2013

 

 

 

Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) est l'un des plus grands festivals africains de cinéma, sinon même le plus grand. Ce festival se déroule tous les deux ans - lors des années impaires - à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Il vient tout juste de s'achever le 3 mars 2013.

Bien que le FESPACO mette en lice des productions cinématographiques de tout le continent, la part du cinéma africain francophone y est prépondérante. La part des productions ayant trait aux liens avec la France y est également très significative. Enfin, c'est le lieu où s'expriment les talents des cinéastes africains, ayant parfois la nationalité française, qui portent un regard sur le monde qui est une richesse de sensibilités nouvelles et qui devrait nous amener à réfléchir collectivement sur nos sociétés occidentales et nos liens avec l'Afrique.

Toutes ces raisons doivent nous inciter à nous intéresser à cet événement culturel africain de premier plan.

Michel Ouedraogo, délégué général du FESPACO.

 

L'édition de 2013 a été marquée par la Déclaration solennelle de Ouagadougou proclamée par 6 pays lors du colloque sur le « Cinéma et politiques publiques en Afrique » et dont le but est de doter le cinéma africain d'une « force de frappe ».

L'idée centrale est que le continent africain puisse disposer de moyens techniques et financiers plus importants pour développer un authentique cinéma africain, en particulier dans l'espace francophone.

Cf.

http://www.rfi.fr/afrique/20130301-nouvelle-politique-cinema-afrique-declaration-solennelle-de-Ouagadougou-FPCA

 

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LE FESTIVAL 2013 SOUS LE SIGNE DES FEMMES

 

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La 23e édition du FESPACO avait été placée sous le thème « Cinéma et politiques publiques en Afrique ». 101 films avaient été sélectionnés pour la compétition officielle, et représentaient 35 pays.

Les organisateurs avaient en outre tenu à rendre un hommage marqué aux femmes : pour la première fois, les 4 jurys étaient présidés par 4 femmes (Jury pour les longs-métrages, jury pour les courts métrages et films des écoles, jury pour les documentaires, jury pour les productions télévisuelles et vidéos).

La Française Euzhan Palcy présidente du Jury longs métrages

 

 

La présidence du prestigieux Jury longs métrages a été confiée à la réalisatrice française d'origine martiniquaise Euzhan Palcy.

Dès son enfance en Martinique, Euzhan Palcy se passionne pour le cinéma, écrit des petites nouvelles et des poèmes.

Très tôt, elle remarque que, dans les films américains de l'époque, les comédiens noirs interprètent toujours les rôles les plus dégradants, les plus ridicules.

C’est en se plongeant dans la lecture de Rue Cases-Nègres, le roman de Joseph Zobel qui raconte la Martinique des années 1930, que la terrible condition des Noirs se révèle à elle.

À force de lire et de relire cette œuvre favorite, Euzhan Palcy se découvre une ambition nouvelle : devenir cinéaste et porter à l’écran la voix des Noirs que personne ne semble vouloir entendre.

Euzhan Palcy est chevalier de la Légion d'honneur et Officier de l’ordre national du Mérite.

Un collège martiniquais ainsi qu’un cinéma dans l'Oise portent son nom.

 

 

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LES RÉSULTATS DU FESTIVAL 2013

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Les 3 plus prestigieuses récompenses du FESPACO sont l'Étalon de Yennenga d'or, d'argent et de bronze attribués dans la catégorie des longs-métrages.

 

L'Étalon de Yennenga fait référence au mythe fondateur de l’empire Mossi. Yennenga est une princesse mythologique originaire du royaume de Dagomba, fille du naba Nedega et de la reine Napoko.

Selon la légende, elle est la fondatrice du royaume Moogo (rassemblant les peuples mossis) dans l'actuel Burkina Faso. C'est en voulant fuir son destin qu'elle rencontre Rialé, un chasseur de sang princier.

De leur union, nait un garçon prénommé Ouédraogo (le cheval mâle ou l'étalon) en l'honneur du destrier blanc qui conduisit la princesse au jeune chasseur.

Yennenga est une figure très populaire au Burkina Faso. L'emblème national du pays, représenté sur les armoiries, est justement l'étalon blanc qui guida la princesse. et le patronyme Ouédraogo est le plus courant chez les mossis.

 

 

Les principaux résultats de la 23e édition du FESPACO

 de 2013 ont été les suivants :

 

- L'Étalon d'or - le plus grand prix du FESPACO - a été décerné au film « AUJOURD'HUI » du réalisateur franco-sénégalais Alain GOMIS

 

C'est le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis, qui a reçu l'Étalon d'or de Yennenga pour son film intitulé « AUJOURD'HUI ». Ce trophée, qui est le plus prestigieux du Festival et comparable à la Palme d'Or du festival de Cannes, a été remis par le président burkinabè Blaise Compaoré durant la cérémonie de clôture.

Son film, qui a fait l'unanimité au sein du jury des longs métrages, raconte la dernière journée d'un homme, interprété par l'acteur et musicien américain Saul Williams, qui sait qu'il va mourir et erre, presque mutique, dans Dakar. L'actrice franco-sénégalaise Aïssa Maïga tient l'un des rôles principaux.

« Moi qui suis fait de morceaux de Guinée-Bissau, de France, de Sénégal, je suis très heureux et très fier de pouvoir apporter le premier Etalon d'or au Sénégal » a lancé le réalisateur, très ému, avant de conclure que « la richesse du cinéma africain, aujourd'hui, c'est sa diversité ».

Alain GOMIS est un scénariste et réalisateur franco-sénégalais, né à Paris en 1972 d'un père sénégalais et d'une mère française. Il a étudié l'histoire de l'art est est titulaire d'une maîtrise d’études cinématographiques à la Sorbonne. Il a ensuite animé des ateliers vidéo pour la ville de Nanterre où il a réalisé des reportages, notamment sur la jeunesse issue de l'immigration.

En 2001, il tourne L'Afrance, qui obtient l'année suivante le Prix du public lors du 12e Festival du cinéma africain de Milan. Il a été invité en 2012 au Festival international du film de Seattle dans le programme Emerging Masters.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour visionner la bande annonce de ce superbe film « Aujourd'hui »,

il suffit de cliquer ici :

http://www.youtube.com/watch?v=GbR-5FiVCQg&feature=player_embedded

 

- L'Étalon d'argent a été décerné au film "YEMA" de Djamila SAHRAOUI (Algérie)

 

La cinéaste algérienne Djamila Sahraoui est la première femme à se voir décerner un Étalon depuis la création des récompenses en 1972.

La cinéaste algérienne était extrêmement émue au moment de recevoir sa récompense.

 

Présenté par la présidente du grand jury, la réalisatrice française Euzhan Palcy, comme une tragédie antique et contemporaine sur une famille brisée par un attentat islamiste, le film YEMA raconte l'histoire d'une femme, Ouardia, vivant dans une petite maison abandonnée, isolée dans la campagne algérienne. Ouardia y a enterré son fils Tarik, militaire, peut-être tué par son propre frère Ali, dirigeant d'un maquis islamiste. Elle est surveillée par un des hommes d'Ali, amputé d'un bras suite à une explosion.

Dans cet univers crispé par la douleur et figé par la sécheresse, la vie va peu à peu reprendre ses droits. Grâce au jardin que Ouardia fera refleurir à force de courage, de travail et d'obstination. Grâce au gardien, victime lui aussi, finalement adopté par Ouardia. Grâce surtout à l'arrivée entre eux de l'enfant de Malia, une femme aimée des deux frères, morte en accouchant. Mais Ouardia n'est pas au bout de ses épreuves. Ali, le fils maudit, revient, grièvement blessé...

Ce film qui raconte une histoire aride, plonge dans une atmosphère chargée, sombre et menaçante. Une histoire tragique, sourde et cruelle, digne d'une tragédie grecque à l'algérienne.

 

- L'Étalon de bronze a été décerné au film « LA PIROGUE » de Moussa Touré (Sénégal)

 

La PIROGUE est un film sur le drame de l'émigration de jeunes Africains en quête d'Europe.

L'auteur a d'ailleurs dédié son œuvre à la jeunesse sénégalaise et la jeunesse africaine.

C'est l'histoire d'une vingtaine de passagers clandestins partis de Dakar pour atteindre les îles Canaries, en territoire espagnol.

Unité de lieu, d'action, de temps, comme un huis clos en mouvement dédié à la mémoire de ceux et celles qui rêvent d'un monde meilleur, là où il n'y a souvent que d'autres souffrances ; mais pourquoi combattre l'espoir quand il faut vivre? Tout le talent de Moussa Touré est de s'appuyer sur cette réalité, non pour livrer un tract politique, mais pour faire une œuvre artistique, en évitant soigneusement les clichés.

Le scénario joue le suspense autant que le drame humain, porté par une mise en scène où règne une scène de tempête gigantesque. Ce film est passionnant, tendu, captivant.

 

Pour visionner les 3 bandes annonces

de ce film spectaculaire « La Pirogue »

(qui avait été présenté au Festival de Cannes),

 il suffit de cliquer ici :

http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2012/05/10/la-pirogue_1699491_766360.html

 

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LA FRANCE SCANDALEUSEMENT DISCRÈTE OU ABSENTE

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L'origine du FESPACO remonte à 1969 et revient pour une large part à deux cinéphiles français, François Bassolet et Claude Prieux, Directeur du Centre culturel Franco-Voltaïque. Depuis lors, ce grand festival est devenu l'un des plus grands événements culturels africains, qui ne revient qu'une fois tous les deux ans. En outre, les cinéastes et leurs œuvres entretiennent pour beaucoup des liens étroits avec la France. Quant à la langue utilisée, aussi bien dans les films qu'au cours du festival, c'est très largement le français.

Toutes ces raisons majeures devraient s'additionner pour que les autorités françaises - au moins dans le domaine de la diplomatie et de la culture - se sentent concernées par ce grand festival.

Elles devraient également inciter les grands médias de notre pays à rendre compte et à présenter les productions cinématographiques africaines, notamment francophones, devant le grand public français.

Eh bien non.

La grande discrétion des autorités françaises

- M. François Hollande n'a pas fait le déplacement. Pourtant, cela lui aurait permis, pour une fois, de s'échapper du huis-clos morbide des réunions entre marionnettes européennes sommées par Washington de « sauver l'euro ». Mais au fond, le « socialiste » Hollande n'éprouve à peu près aucun intérêt pour l'Afrique et la francophonie.

- M. Jean-Marc Ayrault [pour mémoire : Premier ministre] n'a pas fait le déplacement non plus.

- Mme Aurélie Filipetti, ministre de la Culture et de la Communication, n'a pas fait le déplacement non plus.

- Seule Mme Yamina Benguigui, ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères chargées de la Francophonie, est allée sur place. Mais ce fut en coup de vent, et pour y tenir une conférence de presse assez burlesque.

Après avoir lancé de façon saugrenue que « le cinéma africain ne peut pas mourir parce qu'elle a pris racine » [sic !, d'après le site Ouaga.com : http://news.aouaga.com/h/6386.html ], la ministre chargée de la francophonie a cru habile de préciser que « les histoires, l'imaginaire, sont en Afrique et le cinéma de demain également puisqu'il a tari en Occident ». Déclaration enthousiasmante s'il en est !

Après avoir affirmé qu'« il faut se mettre au travail et faire l'état des lieux et cela peut se réaliser via la Francophonie », la pauvre ministre n'a pas pu cacher que son budget est réduit à sa plus simple expression par les contraintes de "sauvetage de l'euro" et de réduction des dettes publiques exigée par Bruxelles et Francfort.

Mme Benguigui a en effet évoqué l'existence du « Fonds de solidarité prioritaire » [sic !] qui a décaissé 265 000 euros au profit de huit instituts de formation de sept pays dont deux du Burkina Faso, à savoir « Imagine » et l' « Institut supérieur de l'image et du son » (ISIS-Studio école).

Si l'on fait le compte, cela signifie que la France a versé royalement environ 37 000 euros par pays pour y aider le cinéma francophone, et probablement pour solde de tout compte sur plusieurs années...

Des prix attribués par l'UE et par l’Ambassade des États-Unis... mais pas par la France !

On comprend, dans ces conditions, que 6 pays d'Afrique aient lancé, au cours de ce FESPACO, la Déclaration solennelle de Ouagadougou lors du colloque sur le « Cinéma et politiques publiques en Afrique », afin de doter le cinéma africain d'une « force de frappe » financière.

Et où vont-ils la trouver ?

Eh bien il suffit de regarder le site du FESPACO pour en avoir une première idée. Outre que l'on y remarque que le FESPACO reçoit des subsides de Taïwan, on y découvre aussi que, parmi les « Prix Spéciaux » attribués lors du FESPACO, figurent en bonne place un « Prix de l’Union Européenne (U.E.) » et un « Prix de l’Ambassade des États-Unis ».

Faut-il le préciser ? Il n'y avait aucun prix de la République française....

Faut-il rappeler aussi que, si la France n'était pas dans l'UE, elle aurait amplement les moyens de financer elle-même ce « Prix de l’Union Européenne (U.E.) » ?

Sur cette saisie d'écran du site du FESPACO (http://www.fespaco-bf.net/), on peut lire le texte suivant :

La proclamation des prix spéciaux est intervenue le 1er mars et le moins que l’on puisse dire c’est que la moisson a été bonne pour les cinéastes. 24 prix spéciaux ont été attribués à ce FESPACO contre 19 à l’édition passée. Le prix le plus doté, à savoir le « Prix de l’Intégration » de l’UEMOA d’une valeur de 5 millions FCFA a été remporté par les long-métrages « La pirogue » de Moussa Touré et « TEY » (Aujourd’hui) de Alain Gomis, tous du Sénégal. Tous les prix spéciaux n’ont cependant pas été proclamés à la cérémonie du 1er mars, mais le seront à la cérémonie officielle de clôture au Stade du 4 août. Il s’agit des prix de l’Union Européenne (U.E.), de l’Union Africaine (U.A.), de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Ambassade des États-Unis.

Silence total des grands médias français

 

Enfin, on ne peut que remarquer le silence absolument total des grands médias français, notamment télévisuels et radiophoniques, alors que ce grand festival donne une place essentielle au cinéma d'expression française.

Seule Radio France Internationale (RFI) en a rendu compte avec précision, mais c'est à destination quasi-exclusive de ses auditeurs africains. En revanche, le grand public français, lui, n'en aura jamais entendu parler.

Tout cela est d'autant plus scandaleux qu'une partie significative des Français ont des origines ou des liens familiaux avec les pays du Maghreb, d'Afrique, et aussi des Antilles.

C'est une nouvelle preuve de l'indifférence teintée de condescendance, sinon de mépris, dans laquelle les responsables des grands médias tiennent nos compatriotes d'origine maghrébine, africaine ou antillaise. Et aussi de leur asservissement total aux seules productions hollywoodiennes.

 

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CONCLUSION : L'UPR VEUT LIBÉRER LES FRANÇAIS DE LEUR PRISON MENTALE

AMÉRICAINE ET LES OUVRIR SUR L'ENSEMBLE DES CULTURES DU MONDE

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La question de l'ouverture de l'esprit des Français sur l'ensemble des cultures du monde est un sujet qui m'est particulièrement cher. Je le crois essentiel au processus de libération nationale que nous avons engagé.

Comme ceux qui y avaient assisté se le rappellent sans doute, j'y avais d'ailleurs consacré un assez long passage lors de la présentation du programme présidentiel le 3 novembre 2011.

Parmi d'autres exemples évoquant des films indien, japonais, chinois, russe, égyptien, brésilien, j'avais d'ailleurs fait expressément mention du Festival cinématographique de Ouagadougou, comme autant d'illustrations de toutes ces productions de l'esprit humain qui étaient délibérément cachées au grand public français.

Pour ceux qui ne l'auraient pas déjà vu, je renvoie ici au passage idoine, extrait du chapitre où j'évoque les questions de culture et de francophonie. C'est à partir de 4min 48 : https://www.youtube.com/watch?v=3q3PudUqgkA

 

Planche Extraite de la partie culturelle du Programme de l'UPR.

 

Alors que s'achève le 23e FESPACO dans la quasi-disparition de la France et dans le silence plein de mépris de nos grands médias, je ne peux que redire ce que je disais hautement dans notre programme.

Il n'est pas normal que le cinéma maghrébin et africain n'ait JAMAIS sa place sur les grandes chaînes de télévision française. De même qu'il n'est pas normal que l'on n'y voit jamais non plus le moindre film japonais, chinois, russe, brésilien, indien, etc.

L'objectif de l'UPR n'est nullement de refermer la France sur elle-même, comme l'affirment si mensongèrement les européistes. L'objectif est au contraire de libérer les Français de la prison mentale que ces mêmes européistes leur ont imposée, en submergeant notre culture, notre télévision, notre radio de productions quasi-exclusivement de productions commerciales états-uniennes.

Ce n'est qu'en sortant de l'Union européenne et en ouvrant la France aux créations de toutes les cultures du monde que la France renouera avec son génie séculaire : celui d'une nation qui s'adresse à l'Universel.

 

François ASSELINEAU

le 4 mars 2013

 

 

== POST SCRIPTUM ==

 

ENCORE DEUX AUTRES TALENTS D'AFRIQUE FRANCOPHONE

QUE L'ON NE MONTRE JAMAIS AU GRAND PUBLIC FRANÇAIS

 

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Abderrahmane SISSAKO, cinéaste mauritanien

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Abderrahmane SISSAKO est un cinéaste et producteur mauritanien, né en 1961 à Kiffa en Mauritanie et installé en France depuis plus de 20 ans. Le thème principal de son œuvre est l'exil, le déplacement. Peu de temps après sa naissance, sa famille émigra au Mali, où il suivit une partie de ses études primaires et secondaires. Après un court retour en 1980 en Mauritanie, il part en Union Soviétique, à Moscou, où il étudie le cinéma de 1983 à 1989.

Au début des années 1990, Abderrahmane Sissako s'installe en France. En 1994, Il obtient, lors du 4e Festival du cinéma africain de Milan, le Prix du meilleur court métrage pour son film « Octobre ». En 1999, lors de la 9e édition de ce même festival, il reçoit le Prix du meilleur long métrage pour La Vie sur terre, tourné l'année précédente. Il a été président du jury du festival Premiers Plans d'Angers en janvier 2007, membre du jury des longs-métrages au Festival de Cannes 2007 et président du concours d'entrée à la Fémis l'année suivante.

 

 

Le film BAMAKO, d'Abderrahmane Sissako, raconte la vie de Melé, chanteuse de bar, et de son mari au chômage, Chaka, qui s'enfonce dans le silence. Bien qu'ils aient une fille, leur couple s'émiette petit à petit. Ils vivent dans une maison qu'ils partagent avec plusieurs familles. Dans la cour, se tient un étonnant événement : le procès de la société civile africaine contre la Banque mondiale et le FMI.

Ce film mélange une partie de fiction scénarisée par Sissako et un procès improvisé par de vrais avocats. Les divers « acteurs » du procès ont donc élaboré leurs propres arguments et plaidoiries, donnant une vision intéressante de la mondialisation et de ses conséquences en Afrique.

Lors d'une scène, la télévision malienne diffuse un faux film qui est une parodie de western spaghetti, "Death in Timbuktu", ironisant sur le monde actuel et montrant la complexité des choses : Blancs et Noirs tuant des Noirs, symbole d'une coresponsabilité des effets négatifs de la mondialisation actuelle dans les pays du Sud.

Les cow-boys sont joués par Sissako lui-même, Danny Glover (qui est co-producteur du film) et d'autres amis personnels de Sissako.

 

 

 

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Mahamat SALEH HAROUN, réalisateur franco-tchadien

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Mahamat SALEH HAROUN est un réalisateur tchadien né en 1961 à Abéché et qui vit en France depuis 1982. Il a réalisé son premier long-métrage, "Bye Bye Africa", en 1999. Son deuxième long métrage, Abouna, a remporté le prix de la meilleure image au FESPACO de 2002. En 2010, son film Un homme qui crie, sélectionné en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2010, remporte le Prix du Jury. Il a également reçu le prix Robert-Bresson en 2010.

 

Le film franco-belgo-tchadien UN HOMME QUI CRIE du réalisateur tchadien Mahamat Saleh Haroun sorti le 29 septembre 2010 a été sélectionné en compétition officielle pour le 63e Festival de Cannes 2010, où il a remporté le Prix du Jury.

Ce film se situe au Tchad de nos jours et raconte la vie d'Adam, une soixantaine d'années, ancien champion de natation, et maître-nageur de la piscine d'un hôtel de luxe dans la capitale N'Djamena. Lors du rachat de l'hôtel par des repreneurs chinois, il doit laisser la place à son fils Abdel. Il vit très mal cette situation qu'il considère comme une déchéance sociale. Le pays est en proie à la guerre civile et les rebelles armés menacent le pouvoir. Le gouvernement, en réaction, fait appel à la population pour un « effort de guerre » exigeant d'eux argent ou enfant en âge de combattre les assaillants.

Adam est ainsi harcelé par son Chef de Quartier pour sa contribution. Mais Adam n'a pas d'argent, il n'a que son fils...