Lettre ouverte
à l'attention des 280 sénateurs et des 50 députés qui ont voté « oui
» à la ratification du protocole de
Londres.
Mesdames et Messieurs,
Le 26 septembre 2007 à l'Assemblée nationale pour
certains d'entre vous et le 10 octobre 2007 au Sénat pour les autres, vous avez dit
« oui » au protocole de Londres.
Pourtant, de
nombreuses associations de défense de la langue française, tant au
Québec, Impératif français, le MEF, l'Asulf, qu'en
France, Avenir de Langue française, le FFI, DLF, l'A.FR.AV
ont toutes dénoncé ce protocole comme étant le cheval de Troie de la
mise en place du tout anglais dans la rédaction des brevets en France
et en Europe.
De grands linguistes comme Claude Hagège, Bernard
Lecherbonnier, des syndicats tels la CGT et la CFTC, le Collectif pour
le droit de travailler en français, se sont, eux aussi, prononcés contre
ce traité. De nombreux journaux, aussi variés
que l'Humanité et le Figaro, ont publié des articles dénonçant également ce
protocole. Il y a même
eu
une pétition en ligne
(http://www.lapetition.be/petition.php?petid=217)
qui a obtenu près de trois mille signatures demandant que la France ne signe
pas cet accord.
Bref, malgré tout cela, malgré toutes ces mises en
garde, vous avez dit
« oui » au protocole de Londres.
Force est de constater alors que la voix du peuple, relayée dans cette
affaire par des associations, des syndicats, des collectifs, des
personnalités, des pétitions n'a pas compté pour vous et que seule,
apparemment, la voix défendant les intérêts des multinationales --
surtout pharmaceutiques, dit-on -- a su obtenir votre agrément.
De mêmes capitulards ont signé un jour un traité
comme quoi il y aurait de l'anglais dans la signalétique de nos
aéroports, sans demander la réciproque, c'est-à-dire, sans demander
qu'il y ait aussi du français dans la signalétique des aéroports des
pays anglophones
!
De mêmes capitulards ont accepté que la BCE,
la Banque centrale Européenne, que l'Eurocorps, la future armée
européenne, le FMI, le Fonds Monétaire International,
et bien d'autres machins à caractère mondial aient l'anglais comme
seule langue de travail !
De mêmes capitulards ont décidé que l'Europe
parlerait anglais et Darcos, un pseudo homme politique français,
capitulard parmi les capitulards, vient d'introduire l'anglais
obligatoire pour nos enfants dès le CE1 (7 ans) dans toutes les écoles
de France. Son rêve est même de les relier par visioconférence avec des
écoliers de Grande-Bretagne pour qu'ils puissent mieux s'imprégner du
Native English. À quand la déportation massive de nos enfants vers
le pays de la langue élue ?
De mêmes capitulards n'ont rien trouvé à
redire lorsqu'en France, à Cannes dernièrement, l'on a constaté qu'au MIP -
le Marché International des Produits télévisuels -- l'anglais était
obligatoire. Rien à redire non plus lorsque Nagui, un employé du Service
public de la télévision, s'est exprimé en
anglais à la tribune, ou que des journalistes français devaient poser
leurs questions en anglais, même à des Français !
Je ne parlerai pas de l'anglomanie ordinaire celle
de "RMC Talk Show" avec le "Bourdin and Co", du "World Orange
OPEN ONE" et du "Happy zone" de SFR, alias France Télécom, du "Michelin On Way", du
"Made in Palmade" ou du "50 mn Inside" de notre chère télévision française, je finirais par vous lasser avec mes histoires d'anglais,
il y en a tellement !
Non, mais je vous dirai par contre, car après tout
cela vous siérait bien, d'aller chercher chez Citroën un ouaté aux couleurs
de l'Écotendance, ou plutôt un "tee-shirt design Ecotendance", comme
ils disent. Le slogan adopté sur ces ouatés est en anglais, le français
est en tout petit, exprès, pour qu'on ne le voie pas, cela devrait donc vous
plaire.
Pourtant, si la France vous paraît trop petite
pour oser exiger le respect plein et entier de la langue française en
France, en Europe et dans le monde, force serait de vous demander pourquoi
vous ne regardez pas
alors vers le grand large, vers la Francophonie ?
Vous verriez plus de 50 pays de par le monde
composer ce qu'on appelle l'Espace francophone, un potentiel pour
demain de plus de 600 millions de parlant français !
Vous comprendriez alors peut-être qu'il n'y a donc pas de quoi se coucher devant la
dictature du tout anglais et de capituler face aux desiderata des
multinationales anglomaquées.
À l'heure où
à l'école,
l'on parle de RÉSISTANCE à nos enfants en leur
lisant la lettre de Guy Môquet, votre allégeance à la langue impériale
fait désordre et sonne même comme une seconde salve à son corps
destinée.
Honte à vous.
Régis
RavatPrésident
de l'A.FR.AV
(http://www.francophonie-avenir.com/)