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Ils travaillent pour le service public, mais pas pour la langue du service public ! Pourquoi ?

Nous allons citer, ici, deux exemples de personnes qui travaillent pour le service public, des personnes qui ont donc des obligations (statutaires) à l'égard de la langue française, mais qui malgré cela donnent l'air de ne rien défendre du tout face à l'anglomanie ambiante.

Nous citerons en premier lieu François Busnel, l'animateur et le présentateur de l''émission littéraire « La Grande Librairie » sur France 5 (France Télévisions). Puis nous citerons Noëlle Bréham animatrice de l'émission « Les P'tits Bateaux » sur France Inter (Radio France).  

 

Penchons-nous sur les cas Busnel et Bréham...

Signalons tout d'abord que ces deux personnes ne sont pas l'exception et qu'elle font partie, hélas, d'un vaste mouvement de capitulards linguistiques, de soumis à la langue du plus fort du moment, de laxistes face aux anglomaniaques, et il faudra une réelle prise de conscience des décideurs, des politiciens et des citoyens que nous sommes, pour que les choses changent  afin que le vent médiatique devienne favorable à notre langue, au plurilinguisme et à la Francophonie.

C'est pourquoi, il ne faut jamais hésiter à protester auprès de ceux qui maltraitent notre langue au profit de l'anglais, car à force de leur faire entendre notre mécontentement, ils finiront par comprendre que l'anglicisation ne fait pas l'unanimité, qu'elle suscite réprobation, indignation et résistance.

En cela, vous pouvez vous inspirer de ce que nous faisons sur :

 

La Grande Librairie : François Busnel

Sur France 5, le mercredi 23 septembre 2020, François Busnel, le présentateur et animateur de l'émission « La Grande Librairie », nous a déportés une fois encore aux États-Unis d’Amérique pour nous faire part d’une entrevue en anglais qu’il a eue avec un écrivain de là-bas, en l’occurrence, David Joy.

Depuis que je regarde cette émission, je constate que chaque fois que monsieur Busnel s'en va en extérieur pour présenter un livre, c'est d’un pays anglophone qu’il s’agit et c’est une entrevue en anglais qui nous est servie. Cela est déplorable et cela n’est pas normal, car la littérature étrangère ne se résume pas seulement à la littérature anglophone.

Quand aurons-nous droit, ne serait-ce que pour contrebalancer la toute puissance de l’anglais, à des entrevues en espagnol, en italien, en portugais, en russe, en chinois, en arabe ? 

Francois Busnel dans la Grande Librairie sur France

Un des invités de cette soirée était le linguiste Jean Pruvost. Il nous présenta son nouveau livre : « La story de la langue française ».

La première réflexion qui m’est venue à l’esprit a été de savoir pourquoi Jean Pruvost a employé le mot anglais  « story », alors qu’il existe le mot « histoire » pour dire la même chose en français ? Hélas, la question ne fut pas posée par M. Busnel ni par aucun invité de l’émission, bien que pourtant le livre en question parle du pourquoi et du comment des apports des mots étrangers dans notre langue.

Pour lancer le sujet et mettre ainsi à l’honneur le livre de Jean Pruvost, François Busnel donna une phrase en franglais  :

«  Pour le fun, avant la conf call, j’ai envoyé un mail à ma coach avec une playlist, c’est pas un gag, je crois que j’ai un ticket. »

Il aurait pu dire alors que cette phrase pouvait aisément se dire en français sans un seul anglicisme :

« Pour le plaisir, avant la téléconférence, j'ai envoyé un courriel à ma conseillère avec une liste de diffusion, ce n'est pas une blague, je crois que j'ai une touche. »

Mais non, François Busnel ayant dit sa phrase en franglais, il n’y a pas eu de questionnement de sa part ni de celle de Jean Pruvost ni des autres invités de l’émission, aucun questionnement sur l’utilité des anglicismes, ni à savoir si remplacer les mots français par des mots anglais était un enrichissement pour la langue française, ou une méthode pour la faire disparaître progressivement.

Là encore, il n’y au aucune profondeur dans la réflexion.

Ensuite, on nous expliqua que le « mail » anglais venait de la « malle » française, mais on oublia de nous dire que le mot « mail » - prononcé comme le mot « maill(e) » - existe en français, qu’il désigne une promenade publique (où jadis on jouait au maillet), que ce mot signifie aussi une voie piétonnière à l'intérieur d'un centre commercial, et on oublia de nous dire, bien sûr, que le mot COURRIEL était le mot français pour éviter les anglicismes « mail » et « e-mail ».

Jean-Pruvost, La Story de la langue française

Il n’y eut donc pas non plus de réflexion sur le mot COURRIEL largement ignoré des médias, rien sur le pourquoi de cet ostracisme. 

Il fut question aussi des mots arabes (arobase, nuque, masser, massage, alcool) et italiens (veste, torse, buste, escroc) introduits dans notre langue. On discuta sur ces apports sans toutefois que l’accent soit mis sur le fait que ces mots ont été assimilés, francisés contrairement à la tendance qui s’opère actuellement avec les mots anglais qui ne sont ni assimilés ni francisés : cool, prime time, green, live, week end, tee shirt, deal, low cost, stand up, boost, book, made in…, light, etc.

Le questionnement sur l’assimilation et la francisation des mots anglais introduits dans notre langue, n’eut pas lieu.

Enfin, on peut se demander comment il est possible de parler de l’histoire de la langue française, sans parler des endroits où elle a disparu pour être remplacée par l’anglais : Louisiane, Ouest-canadien, Rwanda, ex-Indochine française, etc., où elle a dû céder la place à l’anglais en tant que première langue vivante étrangère enseignée à l’école comme cela a été le cas en Espagne, au Portugal, en Italie, en Roumanie, en Bulgarie, en Grèce, et où elle est en grande difficulté : publicité, industrie du numérique, instances européennes, grandes écoles françaises (plus de 1200 masters sont 100% en anglais en France - sans un seul cours en français !), etc.

Bref, le passage de l’émission « La Grande Librairie » avec le linguiste Jean Pruvost, c’était un peu comme la chanson « Tout va très bien Madame la Marquise » : tout va très bien pour la langue française mise à part que la politique du tout-anglais est en train de la mettre à terre.

Cela dit, François Busnel a l'air de se poser tout de même des questions sur l'anglicisation de notre langue.

En cela, dans « La Grande Librairie » du mercredi 16 septembre 2020 où il recevait entre autres invités, l'académicienne Barbara Cassin, il s'est proposé d'employer le terme « baladodiffusion » en lieu et place du terme anglais "podcast". 

Il s'est tourné alors vers l'académicienne comme pour l'entendre le féliciter et l'encourager dans cette démarche, mais, en guise de réponse, Barbara Cassin, hélas, s'est simplement contentée de rire rebêtement.

Barbara Cassin la langue française et les anglicismes

Conclusion : si les termes français pour remplacer les termes anglais font rire les Académiciens, nous avons vraiment du souci à nous faire pour l'avenir de notre langue. 

Mais bon, espérons que Barbara Cassin ne représente pas l'esprit de l'ensemble des Académiciens, espérons aussi, puisqu'elle nous a prouvé qu'elle n'était pas une vraie Immortelle, qu'elle s'en aille au plus vite de la Coupole, la défense de notre langue étant une affaire sérieuse et non l'occasion de rire bêtement.

 

Les P'tits Bateaux, Noëlle Bréham

Sur France-Inter, le dimanche 27 septembre 2020, dans l’émission de Noëlle Bréham, « Les P’tits Bateaux », il a été question de la langue anglaise.

En fait, une jeune auditrice d’une dizaine d’années dénommée Lola a posé une question à l’antenne à savoir pourquoi l’anglais est la deuxième langue principale que tout le monde parle (sic).

Pour répondre à cette petite fille, Noëlle Bréham a donné la parole à Stephen Clarke, un journaliste britannique installé à Paris depuis les années 90 et qui travaille à France Inter, apparemment.

Celui-ci a très justement dit que la puissance de l'anglais est très « historique » et qu'elle est due en partie à son empire colonial et à la puissance des États-Unis qui a pris le relai. Il en a déduit que l'anglais a colonisé le monde et que peut-être demain se sera le chinois qui fera pareil.

Puis il a expliqué que l'anglais était une langue bâtarde issue de deux courants ; celui des Normand qui parlaient une sorte de français et les Anglo-Saxons qui parlaient une sorte d’allemand, et les deux langues se sont mélangées à travers les siècles, mais d’une façons assez fluide pour que les deux communautés se comprennent, etc.

Stephen Clarke a ensuite émis quelques critiques à l’encontre de la langue française : accord du participe passé, le « tu » et le « vous » (tutoiement et vouvoiement), lenteur de l’Académie française pour accréditer les nouveaux mots.

Ce plaidoyer pour l’anglais était certes intéressant, mais j’aurais aimé qu’il y ait un contradicteur à la hauteur du problème soulevé par la petite Lola pour répondre à M Stephen Clarke puisque Mme Noëlle Bréham n’a fait qu’écouter ce monsieur sans jamais émettre le moindre avis discordant et sans jamais, ce qui est peut-être plus grave, défendre la langue française.

Stephen Clarke et l'anglais, émission Les-Petits-Bateaux de Noëlle Bréham sur France-Inter

En effet, dire que l’anglais c’est facile et que le français c’est horriblement difficile, c’est répondre à des clichés tenaces, à des idées reçues . Mais en réalité, qu’en est-il au juste ? Et si Mme Noëlle Bréham pour préparer son émission s’était appuyée sur des critères objectifs pour répondre plus justement à la petite Lola ?

Des critères comme...

1. l’alphabet :

Anglais : non phonétique, 20 voyelles (phonétiques), 46 phonèmes, 1120 graphèmes.

Français : non phonétique, 16 voyelles (phonétiques), 35 phonèmes, 190 graphèmes.

Notons que le taux de dyslexie est nettement plus élevé en Angleterre qu’en France.

(Article paru dans Science : Jean-François Démonet de l’unité Inserm [Institut national la santé et de la recherche médicale] de l’Hôpital Purpan de Toulouse a mené la partie française de l’étude. Le reste de l’équipe est composé de scientifiques italiens, anglais, canadiens.)

Bien que ce sujet soit peu exploré et que les causes de la dyslexie soient probablement multifactorielles, il est clair qu’il y a un lien entre la phonétique plus ou moins difficile de la langue et la dyslexie.

En France, les enseignants estiment qu’on apprend à lire au CP, en un an.

En Angleterre, les enseignants estiment ce temps d’apprentissage de la lecture à trois années.

2. la prononciation :

Anglais : chaotique, insaisissable ; impossibilité de fixer une norme, les règles existent, mais les exceptions sont trop nombreuses pour pouvoir lire des mots inconnus.

Français : chaotique, règles existent avec quelques exceptions, il est possible de lire des mots inconnus pour la plupart des cas.

3. l’accent tonique :

Anglais : indéfinissable, fixé par l’usage ; aucune norme ne peut être établie.

Français : fixe, sur la dernière syllabe.

4. les verbes irréguliers :

Anglais : 283.

Français : 81.

C’est vrai que les verbes français, ce n’est pas facile, mais l’anglais est-il mieux ? Présent simple, présent progressif, preterit simple, preterit progressif, présent perfect simple, présent perfect progressif, past perfect simple, futur simple, past future, conditionnel présent, futur proche, passé exprimant une habitude... Si on se souvient que plusieurs temps français ne sont pour ainsi dire jamais utilisés... disons, ex æquo pour l’anglais et le français de ce point de vue.

5. l’identification de la fonction grammaticale :

Anglais : très confuse, le même mot pouvant être un nom, un verbe, un adjectif, un adverbe.

Français : plus claire ; il existe des mots faisant office à la fois d’un nom et d’un adjectif, mais les verbes et les adverbes sont identifiables.

6. la syntaxe :

Anglais : ordre des mots rigide, la moindre inversion change le sens.

Français : ordre des mots fixe, mais l’inversion est possible, le sens n’est pas altéré (une belle maison - une maison belle).

Conclusion, cela fait 5 points en faveur du français plus facile que l’anglais !

Bien évidemment, nous avons transmis ces remarques au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) et à la direction de France Inter  pour que soit rappelé à Mme Noëlle Bréham,que, travaillant sur une radio du service public, elle a parmi ses obligations celle de défendre la langue française, et que déléguer cette obligation à un Britannique ne relève pas de la meilleure des stratégies ?

 

Voici, la réaction d'un de nos adhérents :

« Pourquoi l’Anglais [il s’agit en fait de l’anglais, et non de l’Anglais] est la deuxième langue principale que tout le monde parle ? »

Le spécialiste invité à répondre à cette question est-il sociologue ? Historien ? Linguiste ?

Non, Stephen Clarke est écrivain et journaliste, mais surtout anglophone natif, et cette qualification est suffisante, selon France-Inter, pour lui octroyer le statut de spécialiste de ces questions. Les anglophones natifs ont sans doute, par essence, des connaissances innées sur tous les sujets puisqu’ils parlent LA langue.

Après un rappel des causes principales de cette situation de monopole (colonisation + puissance des États-Unis ; il n’y manquait que le plan Marshall), notre homme a ajouté une série de remarques loufoques (par exemple, la cause de cette hégémonie serait le fait que cette langue a « évolué » ) à la gloire de sa langue et de fustigation de notre langue (mais également des langues de tous nos voisins, par exemple, puisqu’elles sont affligées des mêmes « défauts »).

Les mensonges sur la langue anglaise

Selon cet homme, la distinction entre « tu » et le « vous » de politesse serait stupide et cause d’embarras. Cette distinction n’est pas propre à la langue, mais à la culture, et elle est en œuvre dans de nombreuses autres cultures. Et c’est aussi pour une telle raison que l’anglais aurait le monopole ? Que vaut ce jugement puéril ?

Il assure que l’anglais est une langue souple, car un même mot peut faire office de verbe, de nom ou d’adjectif. C’est vrai, mais cette souplesse possède une contrepartie : cette langue est polysémique, c’est-à-dire ambiguë, et cela se ressent fortement dans les phrases courtes (titres de journaux par exemple). À titre d’exemple amusant, « time flies » peut signifier  le temps passe », mais aussi « chronométrez les mouches » et « chronomètre les mouches » ; seul le contexte permet de trancher. Ce défaut est aggravé par le fait que les verbes et adjectifs ne se déclinent pas (ou très peu).

Quant aux différents accents, dont les Français ne devraient pas se moquer (?), M. Clarke ne semble pas bien connaître le jugement du grand public de son pays sur les accents gallois ou écossais par exemple.

Une étude publiée le 16 mars 2001 dans la revue Science, montre que « la dyslexie handicape très peu les Italiens, beaucoup plus les Français, et qu’elle est un vrai fléau pour les Anglo-Saxons ». La langue italienne est « transparente » et s’écrit comme elle s’entend ; le français est « opaque » : il est difficile de déduire de sa prononciation la graphie d’un mot. L’anglais est opaque dans les deux sens : il est, de plus, difficile de déduire de sa graphie la prononciation d’un mot, et « c’est cette double opacité qui fait de la dyslexie un handicap particulièrement lourd pour les anglophones ». Sont cités les exemples de « through », « rough », « bough », « four » et « tour » pour le graphème « ou », ayant des prononciations très différentes.

Pour représenter les 62 phonèmes de l’anglais, il existe pas moins de 1120 graphèmes. Alors que les 36 phonèmes du français nécessitent quelque 190 graphèmes « seulement ». Quant à l’italien, il ne possède que 28 phonèmes pour 33 graphèmes, ce qui laisse bien peu de place aux fautes d’orthographe.

J’en tire des conclusions non pas sur la « valeur » des langues, mais sur la valeur qu’on peut accorder au qualificatif de spécialiste ès langues dont vous avez affublé notre homme.

Ce qui est révoltant dans cette émission est que ce sont bien sûr ces défauts supposés de leur langue et la perfection divine de la langue de ce monsieur que les enfants auditeurs retiendront : notre langue serait impropre à la communication, tandis que celle des plus puissants du moment serait parée de toutes les beautés.

La glorification de la langue anglaise et la dévalorisation de notre langue figurent-elles dans la charte et les missions de France-Inter ?

 

Oui, répétons-le, à l'image de cet adhérent, protestons et protestons encore auprès de ceux qui maltraitent notre langue au profit de l'anglais, car à force de leur faire entendre notre mécontentement, ils finiront par comprendre que l'anglicisation ne fait pas l'unanimité, qu'elle suscite réprobation, indignation et résistance.

Haut les cœurs  ! 

 

 

 

 




Publié par Régis RAVAT le 13 octobre 2020

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