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Franglais : haro sur les « BOBOS COLLABOS ! »

Bonjour, je m'appelle Michel Feltin, je suis journaliste à l'Express, spécialiste et amoureux des langues et des régions françaises. J’ai notamment publié « la grande aventure du français » sous l’égide du ministère de la culture et consacré de très nombreux articles aux langues régionales.
Je suis également un adversaire acharné des anglicismes gratuits.

Pour alimenter cette lettre, j’aurai besoin d’informations et d’idées. N’hésitez donc pas à m’en proposer par courriel à l’adresse suivante :

mfeltin(chez)lexpress.fr ou michel.surleboutdeslangues(chez)groupelexpress.fr

Note de l'Afrav : pour lutter contre les pourriels, nous mettrons désormais sur notre site,  les adresses courriels sous cette forme :

- XXXX(chez)YYYY , pour XXXX@YYYY

remplacez "chez" par "@" et vous aurez l'adresse courriel correcte.

 

L'infolettre de juin, de Michel Feltin !

On peut avoir 87 printemps et garder l’âme d’un jeune révolté. Prenez Michel Serres. Le très honorable académicien, ci-devant philosophe et historien des sciences, n’apprécie pas, mais alors pas du tout, les anglicismes qui envahissent nos médias et nos rues.

Il le dit haut et fort dans son dernier livre, en librairie ce 6 juin (1) : « J’ai compté un jour, place de la Bastille, 93 mots anglais pour 20 mots français. Un collègue américain prenait un pot avec moi ; il me dit : "Je ne voudrais pas qu’une telle catastrophe arrive à mon pays." Il plaignait les Français de supporter cette occupation et de compter, parmi eux, des collaborateurs. »

Et de conclure, avec l’autorité de ceux qui ont vécu la Seconde guerre mondiale : « Les nazis ont plus respecté notre langue que nos propres annonceurs le font. »

Dans cet ouvrage, Michel Serres a rassemblé les chroniques qu’il donne sur France Info, en sélectionnant celles qui, de près ou de loin, évoquent la question des langues.

Son titre ? Défense et illustration de la langue française aujourd’hui, une allusion transparente et assumée à Joachim du Bellay qui, dans un livre au titre presque identique, soutint au 16e siècle qu’il était possible d’écrire des chefs d’œuvre en langue française et non pas seulement en latin, la langue dominante d'alors.

La différence, note Michel Serres, c’est qu’à l’époque, le grand poète était défendu par les élites de son temps. Alors qu’aujourd’hui, « au contraire, les tout-puissants, qui couvrent de publicité les murs, les façades et les voies, aussi bien que ceux qui causent dans les médias ou dominent le commerce et la finance assassinent allégrement notre mère commune.

Comment voulez-vous, poursuit-il, qu’un instituteur puisse apprendre à des enfants que relais s’écrit "L A I S", alors que, dans les gares, ils le voient écrit avec un Y ? » Bonne question.

Qu’on le comprenne bien. L’anglais comme langue de communication mondiale des sciences, du commerce ou du transport aérien, ne le choque pas. Il sait que le phénomène a toujours existé, hier avec le grec, le latin, l’arabe ou le français, demain peut-être au profit de l’espagnol ou du mandarin. En revanche, il refuse que l’anglais devienne une langue de domination, en s’insinuant là où il n’est pas nécessaire. Comment faire la différence ?

Michel Serres propose une règle simple : accepter comme un enrichissement tout mot étranger qui correspond à un objet ou une pratique nouvelle, mais le refuser quand il vient remplacer un terme existant. Autrement dit, oui à l’aztèque haricot, à l’italien sonate, à l’arabe algèbre et à l’anglais scanner. Mais non à coach, qui n’apporte rien de plus à entraîneur.

Certains « modernes », bien sûr, préféreront se rassurer en rabaissant son analyse aux tristes jérémiades d’un homme issu d’un autre temps. Ce en quoi ils auront tort, car les langues, on l’oublie parfois, ne servent pas seulement à communiquer. Elles déterminent les cultures, les identités et l’existence même des peuples.

« Pour mieux l’asservir, rappelle Michel Serres, un occupant éradique toujours la langue du vaincu. Ainsi firent les Romains en Gaule, ainsi firent les Russes en Pologne ». Les publicitaires, qui jouent aujourd’hui les idiots utiles de la domination anglo-saxonne, en ont-ils seulement conscience ?

(1) Défense et illustration de la langue française aujourd’hui, Edition Le Pommier, 140 p, 9 €

De l'éditeur :

Un éloge de la langue française par l’un de ses plus ardents défenseurs

Amoureux inconditionnel de la langue française, Michel Serres s’indigne de l’invasion de l’anglais : « Aujourd’hui, dans les villes de France, il y a plus de mots anglais que de mots allemands pendant l’Occupation ! ». Et pour nous convaincre de la beauté de notre langue, il nous fait goûter à ses subtilités et à ses délices.

Des ors de l’Académie française aux saveurs régionales d’oc et d’oïl en passant par la querelle actuelle sur la féminisation de la langue, une visite à son ami Raymond Devos, autre « troubadour de la langue », ou un détour par la musique, source de toute langue, Michel Serres nous régale des facettes aussi étonnantes que réjouissantes d’une langue bien vivante !

Une façon originale de découvrir la pensée d’un grand philosophe. Un beau clin d’œil de Michel Serres à Joachim du Bellay que cette Défense et illustration de la langue française, aujourd’hui.

Michel Polacco a dirigé franceinfo de 2002 à 2007. Il est aujourd’hui Secrétaire général de l’information de Radio France. Chaque dimanche sur franceinfo, Michel Polacco réalise une chronique sur l’actualité avec le philosophe et académicien français Michel Serres dans Le Sens de l’info,

 

 




Publié par Régis RAVAT le 17 juin 2018

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Orthographe, corrections : contact.sy@aliceadsl.fr

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