Au Rockstore, à Montpellier, le samedi 12 mai

Marcel, c'est fini !

C'est « dans la joie jusqu'au cou » que le collectif Marcel et son orchestre met la clef sous la porte. Explications avec Mouloud.

Dernière tournée pour les 7 membres de Marcel et son orchestre qui s'achèvera à Lille, le 15 décembre 2012.

 

C'est une tournée d'adieu. Une vraie, pour de bon, mais sans haine ni embrouille. Marcel et son orchestre, combo nordiste qui a occupé la scène indépendante durant vingt ans, fait ses dernières dates dans l'Hexagone. Pour finir, le 15 décembre, à l'Aéronef de Lille. Comme à la maison.

Mouloud (Franck Vandecasteele pour l'état-civil) est l'auteur de ce groupe de sept et aussi son "lidl" (leader, pas cher). Des artistes bien soudés même si musicalement ils ne regardent pas tous de la même oreille. Il y a du bordel dans cet amour très fusionnel des musiques populaires et l'envie d'en découdre avec les affaires du monde. Avec eux, tous les coups sont permis. Enfin, étaient permis...

Franck, qui a des potes champions des Flandres de guitare hawaïenne et qui a fait un « DESS de mythomanie à l'institut Rachida D. », n'est pas plus sombre que ça : « La décision d'arrêter, on l'a prise ensemble et calmement. C'est plutôt rare pour un groupe de rock. Et on part en faisant une tournée heureuse. C'est même une fin heureuse, la plupart des dates affichent complet. À la fin, ça nous fera tout drôle, mais il n'y aura pas de prolongations. On a donné une bonne partie de notre vie à cette aventure. Presque vingt ans à raison de 120 dates par an, ça va. On a d'autres choses à vivre... » Pour Franck, la forme artistique n'est peut-être plus aussi performante.

La crème au beurre

« Au départ, on était un groupe de punk-rock, puis nous avons intégré d'autres genres, le R'n B notamment. Certains d'entre nous, c'est mon cas, ont l'amour de la chanson française, d'autres non. Comme chacun a du plaisir à proposer, la trop grande variété des registres peut devenir un frein. On risque un peu la crème au beurre... ». Une autre difficulté du groupe, issu de la scène alternative, est de trouver sa juste place face aux musiques dominantes. « Aujourd'hui, constate Franck, la culture marchande est vraiment écrasante. On a la visibilité qu'on a les moyens de s'acheter. Notre groupe ramène encore du monde, mais n'est plus assez chic pour les programmateurs radio. C'est un peu désespérant. J'adore toujours autant écrire des chansons et monter sur scène, mais le faire savoir m'ennuie. Et je ne vais pas me googoliser ou me facebooker quatre heures par jour pour faire savoir que j'existe. Pour être le buzz du moment, au secours ! ». Si revendiquer le droit d'être multiple n'est pas simple, imposer la langue française et du sens ne va pas de soi : « Pour beaucoup, chanteur français, c'est ringard. Et le rock est anglais, puisque Lennon l'a dit ! C'est un peu triste. La scène alternative avait quand même donné une conscience à une partie de la jeunesse. Avec l'électro et l'anglophone, on a supprimé le propos. Le ressenti a gagné contre le récit ». On ne s'en fait pas pour Franck qui, avec un ancien des V.R.P, vient de créer le concept... Lénine Renaud.

 

Recueilli par J.-F. BOURCEOT,

jfbourgeot@midilibre.com

 

Source : Midi Libre, le jeudi 10 mai 2012

 

 

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