Francophonie en blog,
22 janvier 2010 :
Raffarin
a dû reconnaître que
« la situation du
français n’est pas
satisfaisante dans
l’Union
d’aujourd’hui. Nous
voulons clairement
qu’elle ait son
identité
partiellement
francophone ». « Il
y a un travail
énorme à faire.
L’Europe a engrangé
son potentiel
francophone dès le
début et cela s’est
dilué depuis ». Il
s’est montré très
inquiet de la
composition du
nouveau service des
porte-paroles de la
Commission où l’on
ne compte pour
l’instant qu’une
Française et une
franco-britannique.
Résultat : sur la
situation à Haïti,
pays de la
francophonie, la
Commission et la
chef de la
diplomatie
européenne se sont
contentées de
publier des
communiqués en
anglais. La version
française sera
disponible « lundi
ou mardi ».
http://francophonieenblog.20minutes-blogs.fr/archive/2010/01/22/raffarin-dans-l-antre-de-la-bete-anglophone.html
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Raffarin dans
l'antre de la bête
anglophone
Nicolas
Sarkozy a nommé un
preux chevalier pour
venir au secours de
la belle
francophonie que
l’ogre anglophone
menace de dévorer
toute crue. Paré,
depuis octobre
dernier, du titre de
« représentant
personnel du
Président de la
République pour la
francophonie »,
l’ancien premier
ministre, actuel
sénateur UMP et
membre du conseil
permanent de
l’Organisation
internationale de la
francophonie (OIF),
Jean-Pierre
Raffarin, n’écoutant
que son courage,
s’est rendu dans la
tanière de la bête,
à Bruxelles, jeudi
dernier, prêt à
assumer tous les
risques : « quand on
défend la
francophonie, c’est
prendre le risque de
la ringardisation »,
a-t-il soupiré. Il
est reparti, dépité,
sans assurance que
la belle ne serait
pas dévorée jusqu’au
dernier escarpin,
accompagné d’un
jeune journaliste
d’Europe 1 que la
situation politique
française
intéressait beaucoup
plus que la
situation de la
francophonie.
C’est en août
dernier que Nicolas
Sarkozy, lors de la
conférence des
ambassadeurs, a
annoncé qu’il allait
« upgrader »
(rehausser) le poste
de « représentant
personnel pour la
francophonie » en le
confiant à un
politique de haut
rang. Une belle
intention qui ne l’a
pas empêché
d’approuver la
nomination de
Catherine Ashton à
la tête de la
diplomatie
européenne, le 19
novembre dernier,
alors qu’elle est
monolingue
anglophone… L’Élysée
ne semble pas avoir
compris que les
femmes et les hommes
sont la clef du
multilinguisme. Car,
si le chef ne parle
pas français, tous
les projets sont
rédigés en anglais,
une langue qui
véhicule d’autres
valeurs que celles
de la francophonie,
comme l’a rappelé
Raffarin : « il
s’agit d’un combat
pour les valeurs,
pas contre l’anglais
». Il recevra
d’ailleurs cette
semaine à Paris la
ministre européenne
des affaires
étrangères afin de
s’assurer qu’une
présence francophone
dans son cabinet est
bien prévue.
Le problème, il faut
bien l’admettre, est
que les francophones
eux-mêmes ne sont
pas les meilleurs
défenseurs du
français. Ainsi, le
Représentant
personnel de Sarkozy
a rencontré les
trois présidents
lors de son bref
séjour bruxellois :
le Belge Herman Van
Rompuy, le président
du Conseil européen,
le Portugais José
Manuel Durao Barroso,
le président de la
Commission, et le
Polonais Jerzy Buzek,
le président du
Parlement. Or, les
deux premiers, bien
que parfaitement
francophone, le
troisième ne parlant
pas un mot de
français,
s’expriment
désormais presque
uniquement en
anglais en public.
Raffarin a raconté
que Barroso lui a
expliqué que
lorsqu’il pratiquait
la langue de Molière
devant la presse, «
cela créait des
remous dans la salle
». « Je lui ai
rétorqué que le fait
qu’il parle anglais
provoquait d’autres
remous et qu’il n’y
avait pas les bons
remous et les
mauvais remous »…
Raffarin a dû
reconnaître que « la
situation du
français n’est pas
satisfaisante dans
l’Union
d’aujourd’hui. Nous
voulons clairement
qu’elle ait son
identité
partiellement
francophone ». « Il
y a un travail
énorme à faire.
L’Europe a engrangé
son potentiel
francophone dès le
début et cela s’est
dilué depuis ». Il
s’est montré très
inquiet de la
composition du
nouveau service des
porte-paroles de la
Commission où l’on
ne compte pour
l’instant qu’une
Française et une
franco-britannique.
Résultat : sur la
situation à Haïti,
pays de la
francophonie, la
Commission et la
chef de la
diplomatie
européenne se sont
contentées de
publier des
communiqués en
anglais. La version
française sera
disponible « lundi
ou mardi ». Sans
compter les chefs de
cabinet des nouveaux
commissaires, où les
anglophones de
naissance se
taillent la part du
lion. « Au Parlement
européen, on me dit
que tout faire en
anglais, c’est plus
facile, car ça coûte
moins cher. À la
Commission, on me
dit que tout faire
en anglais, c’est
plus facile, car
c’est plus rapide »,
s’est-il indigné.
Face à la mauvaise
volonté des
institutions
européennes, « il va
falloir accepter de
passer par des
gestes de caractère,
pas de mauvais
caractère ». Et de
rappeler la «
jurisprudence
Chirac-Sellière »,
une référence à
l’incident qui a
opposé l’ancien
Président de la
République à
l’ancien patron des
patrons européens,
un Français qui a
rebaptisé l’UNICE, «
Business Europe » :
lorsque ce dernier a
pris la parole en
anglais, Chirac est
sorti de la salle. «
Il ne s’agit pas que
tout le monde parle
français, mais de
s’assurer qu’il y a
une présence forte
du français » : « il
faut organiser cette
exigence francophone
».
Je lui ai suggéré de
créer un « tableau
de bord » du
multilinguisme :
pointer
régulièrement le
nombre de textes
uniquement
disponibles en
anglais, les sites
européens uniquement
anglophones, les
porte-paroles
incapables de
s’exprimer dans une
autre langue
étrangère que
l’anglais, etc. Il
m’a promis
d’examiner l’idée.
Maria Niculescu, la
représentante
permanente auprès de
l’Union européenne
de l’OIF, a estimé
que tout n’était pas
perdu, lors de la
conférence de presse
de Raffarin : «
auparavant, il
fallait démarcher
les Représentations
permanentes pour
leur proposer des
cours de français.
Depuis deux ans,
c’est l’inverse, les
nouveaux pays
membres ayant
compris que parler
français était une
nécessité à
Bruxelles ». Elle a
notamment salué la
mobilisation de la
Pologne et de
Chypre, de plus en
plus sensibles à
cette problématique
du multilinguisme.
Source :
bruxelles.blog.liberation.fr,
le 18 janvier 2010