Langue corse : des élus veulent un statut officiel

Le texte qui vient d'être voté à l'Assemblée de Corse favoriserait l'utilisation du corse dans les actes de la vie courante. De nombreux insulaires demeurent sceptiques.

Pierre Ghionga, élu de gauche à la région et porteur du projet

 

Comme un symbole, le rapport soumis au vote vendredi après-midi à l'Assemblée de Corse était écrit dans les deux langues. Corse et français sur un même texte de l'hémicycle territorial, la chose est rare. Pour Pierre Ghionga, élu de gauche à la région et porteur du projet, il fallait bien cela pour marquer les esprits et amorcer ce que certains considèrent comme une révolution culturelle. Pouvoir utiliser la langue corse dans tous les actes de la vie courante et lui donner un « statut territorial d'officialité », ce qui impliquerait que toutes délibérations régionales, municipales et nombre d'actes administratifs soient rédigés dans les deux langues «officielles», française et corse !

Pas si simple pour Vincent Carlotti, pourtant secrétaire fédéral du PS qui se dit «sceptique, car cela ne va rien apporter pour repopulariser le corse. Qui va lire les délibérations d'un conseil municipal en langue corse, alors que peu de gens les lisent en français ? Et en plus, il faudra aussi recruter tout un bataillon de traducteurs pour que chaque texte voté soit disponible dans les deux langues ».

 

Revendication identitaire 

La généralisation a d'ailleurs une limite : une grande partie des 25000 fonctionnaires que compte l'île de Beauté ne maîtrise pas la langue. Difficile pour eux de répondre à une demande formulée en corse par un usager. Et même si des professeurs sont disponibles pour assurer des formations, « l'application d'une telle mesure ne sera pas sans poser d'énormes problèmes, assure Michel Barat, recteur de l'académie de Corse. Il sera plus facile de former les personnels de l'Éducation nationale que ceux des structures judiciaires ».

Le débat sur la promotion de la langue dans l'île sort donc de la seule revendication identitaire longtemps portée par les élus nationalistes. Le mouvement avait d'ailleurs été initié par l'ancienne majorité de droite. Ainsi le problème n'est-il plus posé de façon polémique mais comme une question de société.

Mais au-delà du symbole, reste l'obstacle des textes. Pour qu'une telle mesure de co-officialité entre en vigueur, il faut adapter l'article 75-1 de la Constitution qui affirme que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la ­France ». Impossible pour Vincent Carlotti qui ne voit que deux solutions : « soit le bureau du Parlement bloque la proposition de l'Assemblée de Corse et le dossier part à la poubelle; soit le texte est soumis au vote, mais à un an des législatives, quel député oserait l'adopter ».

De l'avis du recteur d'académie, les trois heures de cours par semaine dispensées par les écoles insulaires sont le « meilleur moyen de faire progresser la langue ». Pour lui, faire de l'apprentissage du corse une obligation serait contre-productif « car les langues ne renaissent pas sous la contrainte ».

 

Jean-Sébastien Soldaïni

 

Source : lefigaro.fr, le 29 juillet 2011

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