Espagne

Nouvel accès de fièvre Barcelone-Madrid  

Le « Statut » catalan pourrait être censuré
Approuvé en 2006 par le Parlement catalan, puis validé par un référendum populaire, le Statut de la Généralité de Catalogne est l'objet d'un bras de fer aux conséquences politiques nationales.

Le Tribunal constitutionnel du royaume d'Espagne va prendre dans les jours qui viennent une décision cruciale sur un recours déposé par le Parti populaire (PP, conservateur) opposé à plusieurs dispositions de ce statut d'autonomie. Les sages pourraient ainsi être amenés à éliminer le terme de «anation » inscrit dans le préambule du Statut, ses références aux symboles « nationaux » que sont le drapeau catalan et l'hymne els Segadors, ainsi que l'obligation de l'apprentissage de la langue catalane par tout résident, qui instaure un bilinguisme officiel.

À l'exception du PP minoritaire dans la région, les partis politiques catalans, qui sont soit des antennes autonomes de partis nationaux (tels les socialistes du PSC), soit des partis régionaux, sont vent debout contre toute remise en cause de ce Statut.

« Nous appliquerons le texte du Statut à la lettre quelle que soit la décision des magistrats », a mis en garde la Gauche républicaine (ERC, Esquerra Republicana de Catalunyd) qui forme la coalition de gouvernement de la Generali-tat avec le PSC. Le président du gouvernement catalan est le socialiste José Montilla Aguilera.

Rapporté par Le Figaro, un député de l'ERC prévient qu'une censure « accoucherait d'une machine à fabriquer des souverainistes ».

Douze journaux catalans, dont la célèbre Vanguardia, ont publié un éditorial unique manifestant « un croissant ras-le-bol de devoir supporter le regard courroucé de ceux qui continuent de voir l'identité catalane comme un défaut de fabrication ».

Les socialistes étant au pouvoir à Madrid comme à Barcelone, ce débat qui ravive la question de l'unité nationale handicape un peu plus le président du gouvernement José Luis Zapatero, qui doit déjà gérer un chômage dévastateur dans un pays qui subit une crise majeure de l'immobilier, sa principale industrie.

Pour corser le tout, 160 des 946 communes de la Generalitat, menées par des autonomistes ou des indépendantistes, organisent un référendum sans valeur légale pour ou contre l'indépendance jusqu'au 13 décembre.


Gabriel LEON

 

 Source : Midi Libre, le dimanche 29 novembre 2009