CONSEIL DES MINISTRES

Le gouvernement au secours de la langue française

« Telecom » devra mettre des accents à son nom et il faudra rebaptiser l'Eurostar « TVG transmanche ». Le projet de loi, adopté hier en Conseil des ministres sur l'emploi de la langue française, est fort clair : le français est « obligatoire » sur le territoire national, pour « toute publicité écrite, parlée ou audiovisuelle », lors d'inscriptions ou annonces, « dans un lieu ouvert au public ou dans un moyen de transport en commun ».

 

Projet de défense de la langue française et de son usage en public

Pour être "cool" Toubon ne veut plus entendre "week-end" à la télévision

Le ministre de la Culture va rendre obligatoire l'usage du français dans la publicité, dans l'audiovisuel, les lieux publics et les transports...

Le Conseil des ministres a examiné hier un projet de loi sur l'emploi « obligatoire dans un certain nombre de situations » de la langue française, qui est le « prolongement de la loi du 31 décembre 1975 ».

Ce projet qui sera soumis au Parlement au printemps, permettra notamment à la France, en conformité avec les règles de la Communauté européenne, « de mieux assumer la responsabilité qui lui incombe à l'égard d'une langue dont elle est la source » et qui est employée par près de 50 pays associés dans les instances de la francophonie.

Langues régionales sauvegardées

La pénalisation en cas d'infraction reste prévue dans le projet de loi, notamment « le retrait de subventions éventuelles », les associations de défense de la langue ayant désormais possibilité d'intervenir dans le contrôle.

Pour Jacques Toubon, ministre de la Culture et de la Francophonie, auteur de ce projet, il s'agit bien d'« une loi de service et non de contrainte ».

Cette « vigilance à l'égard du français », précise le projet, « ne nuit en rien à l'usage des langues régionales et va de pair avec l'ouverture aux langues et cultures étrangères ».

Le français est notamment « obligatoire » sur le territoire national, « à toute publicité écrite, parlée ou audiovisuelle », lors d'inscriptions ou annonces, « dans un lieu ouvert au public ou dans un moyen de transport en commun », cette obligation était limitée aux inscriptions aux bâtiments publics, dans « les contrats passés par des personnes publiques » avec extension pour les Français travaillant à l'étranger.

Un résumé en Français

« Lors des communications et débats », dans les manifestations, colloques ou congrès, organisés en France, par des Français, la langue française doit avoir sa place, avec possibilité de traductions dans une ou plusieurs langues étrangères. Les communications en langue étrangère devront être accompagnées « au moins d'un résumé en français ».

À la télévision et à la radio, l'usage du français « est obligatoire dans les émissions et les messages publicitaires ».

Les personnes chargées de missions de service public « ne pourront plus faire usage de marques comportant une expression ou un terme étranger...dès lors qu'il existe un terme français ou une expression française de même sens ».

Un "must" ou le "best" ?

Présentant hier le projet de loi sur l'usage du français, Nicolas Sarkozy a hésité avant de reconnaître que pour lui le Premier ministre est « le meilleur ».

Prié de dire s'il serait mis à l'amende lorsqu' 'il dirait que « Balladur c'est le must de la politique », le porte-parole du gouvernement a répondu qu'il ne se permettrait pas une telle phrase « parce que quand on pense les choses très fort, pourquoi en rajouter en les disant ? ».

« Je dirai, c'est le meilleur », a-t-il cependant répondu après un instant de réflexion. On lui a alors objecté que « le meilleur » était le "best" et que la traduction en bon français du "must" serait plutôt « l'indispensable ».

Le porte-parole s'en est tiré par une pirouette. « Il y a une différence entre la traduction, un peu bête, à la lettre, pardon, et la traduction dans l'esprit ».


   Source : Midi Libre, le jeudi 24 février 1994



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