Lu sur le site de l'APLV (Association des Professeurs de Langues Vivantes)

 

On imagine facilement la chose en russe.......

 

Un article (voir ci dessous) est paru dans la Voix du Nord dans une double page en rubrique région sous le titre « Profs absents non remplacés : la colère des parents ». Si on évite l’amalgame en précisant que les causes directes sont différentes : il ne s’agit pas ici d’une absence pour cause de maladie du professeur titulaire, les causes indirectes sont pourtant les mêmes : pénurie d’enseignants. On pourrait ajouter dans ce cas : absence de politique linguistique.

Il serait presque amusant d’envisager que quelqu’un à l’Académie de Lille a une conception assez radicale de la diversification de l’enseignement des langues ! Malheureusement on ne peut s’empêcher de rejoindre le responsable de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d'Elèves) locale dans son analyse pessimiste de la situation : pour l’administration, les langues, ce n’est pas important, surtout au Lycée professionnel, et l’arrivée des LV2 obligatoires au Bac Pro est perçue comme une source d’ennuis plutôt que comme un avantage pour les élèves.

Ceci est de mauvais augure en ces temps de réforme du Lycée Général qui prévoit des pouvoirs accrus pour les chefs d’établissement. Dans le cadre d’une gestion « efficace » une telle imposition du choix des langues risque malheureusement de devenir la norme.

 

Sylvestre Vanuxem,

ancien président de l'APLV



 

 

Des lycéens obligés de changer de langue

jeudi 21.01.2010, La Voix du Nord

 

Faute d'enseignant en espagnol, des élèves du lycée professionnel de Bully-les-Mines ont dû changer de choix.

{photo Patrick James}

 

C'est une histoire abracadabrante. Au lycée Léo-Lagrange de Bully-les-Mines, une soixantaine de secondes en bac pro n'ont pas eu cours d'espagnol de septembre...

... à la fin décembre. Déjà pas simple. Mais, début janvier, les services de l'académie ont apporté une «asolution » en laissant le choix aux élèves entre... l'allemand et l'italien.

En clair, faute de prof d'espagnol, on a demandé aux lycéens (qui font pourtant leur deuxième langue vivante depuis la quatrième) d'en changer. Pas facile à digérer pour Philippe, père d'une adolescente concernée : « Je le vis très mal. Nous avons été mis devant le fait accompli. Toute la classe de ma fille s'est vu imposer l'allemand. On sacrifie les jeunes. »

 

Élèves pénalisés ?

Ici, le problème ne vient pas de l'absence pour maladie d'un professeur mais plutôt d'une mauvaise gestion de l'administration qui révèle néanmoins la « pénurie » d'enseignants. Depuis la rentrée, la réforme du bac pro rend en effet obligatoire la deuxième langue vivante.

Après avoir reçu les vœux des élèves en février, le proviseur les a donc transmis au rectorat. Il raconte la suite : « J'ai appris en juin que je n'aurai pas le poste en espagnol. J'ai fait lettre sur lettre au rectorat. Mais il n'a pas su pourvoir ce poste et m'a contraint au final à donner les cours de LV2 dans d'autres matières, celles pour lesquelles il y avait des enseignants. » C'est-à-dire en allemand et en italien.

Jean-Marc Godeffroy résume : « On peut concevoir, même si ce n'est pas une excuse, que dans cette période de réduction des coûts, cette réforme du bac pro a pris de court les services académiques. Ils n'ont pas mesuré la place hégémonique prise par l'espagnol au collège. » Et comme cette histoire n'a pas mobilisé les foules, elle est passée comme une lettre à la poste. « Nous avons fait une réunion de parents en novembre, nous n'étions que deux, reconnaît Philippe. Aujourd'hui, je pourrais porter plainte à titre personnel auprès du rectorat, mais je me vois mal faire la bataille tout seul. » Quant à Francis Fauquette, de la FCPE locale, il se désole : « C'est honteux pour nos élèves. C'est comme si on disait : "C'est un lycée pro, c'est pas grave. Les choix des élèves, on s'en fiche." C'est pitoyable. » Aujourd'hui, la soixantaine de lycéens a donc débuté ce qui s'apparente plus à une « LV3 » et le proviseur, Jean-Marc Godeffroy, promet : «  Je garantis que les élèves ne seront pas pénalisés. Pour le bac, ils auront une attestation expliquant les choses pour qu'ils aient une évaluation ajustée. »

 

R. R.

 

 

Source : lavoixdunord.fr, le jeudi 21 janvier 2010

http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2010/01/21/article_des-lyceens-obliges-de-changer-de-langue.shtml