Il est très intéressant de noter, dans cet article, que le fameux très anglomaqué journaliste et intellectuel Frédéric Martel, est un proche de Martine Aubry.

On comprendra, dès lors, la dérive anglomaniaque de celle-ci par le lancement récent de son nouveau concept au nom anglais, le "CARE".

JPC

 

 

Aubry peine à donner du contenu à son "care"

 

Pour la première secrétaire du PS, le débat sur les valeurs sera un des éléments structurants de la présidentielle de 2012. 

Le "care" est apparu en avril dans le discours de Martine Aubry. Depuis, ses équipes travaillent sur le concept.

Crédits photo : Le Figaro

 

C'est une blague que la maire de Lille raconte elle-même : « Il paraît que Martine Aubry va interdire les brocantes à Lille ! Eh, oui, elles sont "anti-care". » La première secrétaire du PS a lancé ce concept du "care" dans le débat public au printemps. À l'heure où le PS promet un « autre modèle de société », il fallait poser un fondement théorique. Ou au moins en donner l'apparence. Pour l'instant, le terme anglais qui recouvre l'idée de soin, de respect ou d'éthique n'a pas encore trouvé une traduction claire dans un projet politique. Mais elle y travaille.

Le "care" est apparu dans le discours de Martine Aubry à l'occasion d'une entrevue à Mediapart en avril. À l'entendre, le mot lui est venu spontanément, l'anglais recouvrant mieux que le français tous les aspects de sa réflexion. La première secrétaire cherchait à définir cette nouvelle société qu'elle souhaite construire: société « douce », société du « bien-être », société « postmatérialiste »… Elle a cherché pendant plusieurs mois. « Société du respect, je trouve ça pas mal », dit-elle désormais.

L'idée court en réalité depuis longtemps dans les textes qu'elle a signés. « C'est déjà dans le programme de 2002 », observe-t-elle. Mais Lionel Jospin, pour sa campagne présidentielle, n'a pas suivi les recommandations de son ancienne ministre. Martine Aubry assure que son idée n'a aucun lien avec les théories féministes sur la société du soin qui ont nourri la notion de "care" dès les années 1980, à travers les travaux notamment de Carol Gilligan.

 

Coup de communication

La plupart des responsables politiques, qui n'avaient jamais entendu parler du concept auparavant, ont perçu le "care" comme un coup de communication de la première secrétaire. « C'est un bon timing pour sortir ça. On n'est pas encore dans le temps du programme politique », estime un partisan de Dominique Strauss-Kahn, sceptique quand même. « Si c'est explicité, cela peut s'intégrer dans quelque chose. » D'autres sont encore moins convaincus. «aPersonne ne me parle du "care" sur le terrain», ironise un partisan de Ségolène Royal. L'aile gauche du parti s'est, quant à elle, inquiétée d'un retour de la politique « compassionnelle » qui abandonnerait les instruments de l'État-providence. « Je préfère la République comme concept », dit l'un d'eux.

Un coup d'épée dans l'eau pour Martine Aubry ? Non, puisque tout le monde en parle. Sans chercher à toucher le grand public, mais plutôt les milieux intellectuels, ses équipes mènent désormais un travail de définition. Le site Nonfiction, spécialisé dans les comptes rendus d'essais, a mis en ligne un dossier complet sur le "care". Le site est piloté par le journaliste Frédéric Martel, un intellectuel proche de Martine Aubry. La première secrétaire a aussi mis à contribution le Laboratoire des idées, la cellule de réflexion du PS, présidée par Christian Paul.

 

Nouveau point d'équilibre 

Début juillet, le « Lab » a diffusé une note intitulée « Le Care, acte I ». Résumé d'une table ronde entre intellectuels, le texte se compose de trois parties. «aLa transcription politique de l'éthique du "care" », « L'irruption du "care" dans le débat public » et enfin « Le "care" et l'universalisme ». Comme Ségolène Royal, Martine Aubry est convaincue que le débat sur les valeurs sera un des éléments structurants de la prochaine présidentielle contre Nicolas Sarkozy. Mais il faut aller au-delà du « vernis d'âme », admet-on au PS.

« Il existe un socialisme de la production, un socialisme de la redistribution mais aussi un socialisme de la relation », explique le député de la Nièvre Christian Paul. Bref, il faut aller plus loin que l'apport de DSK, qui, il y a une dizaine d'années, théorisait le « socialisme de production ». Sans le montrer, Martine Aubry essaie d'incarner un nouveau point d'équilibre dans la pensée socialiste.

Nicolas Barotte

 

 

Source : lefigaro.fr, le 17 août 2010

Possibilité de réagir sur :

http://www.lefigaro.fr/politique/2010/08/16/01002-20100816ARTFIG00492-aubry-peine-a-donner-du-contenu-a-son-care.php