Les Français must speak English

Il faut faire de la maîtrise des langues étrangères une priorité en France, estime Jean-François Copé.

À l’occasion d’un déplacement dans les Vosges, lors d’une table ronde avec des chefs d’entreprises locales, j’avais rencontré une entrepreneuse jeune et énergique qui dirige une de ces PME qui sont le creuset de notre économie. Alors que nous abordions la question de l’export, j’avais senti chez elle une réticence. Je l’avais alors interrogé :

« Vous avez du mal à obtenir l’accompagnement financier ? Vous n’avez pas une offre adaptée ? »

Elle m’avait répondu spontanément que les problèmes n’étaient pas du tout de cet ordre :

« Au contraire, la qualité de la chocolaterie française est reconnue à l’international. Nous bénéficions du prestige de la gastronomie nationale. On m’a même sollicitée à plusieurs reprises pour participer à des salons internationaux mais je n’ose pas y aller… Je ne parle vraiment pas bien anglais. Les langues étrangères, ça n’a jamais été mon point fort ! »

Bien sûr, le cas de cette chocolatière des Vosges n’est pas représentatif de toutes nos PME, mais il est à mon sens symptomatique du complexe que les Français – notamment lorsqu’ils sont nés avant les années 1990 – entretiennent avec les langues étrangères. Cela peut paraître anecdotique mais en fait, c’est à mon sens un véritable problème qui nous pénalise terriblement.

Cette méfiance n’est pas nouvelle. D’ailleurs le manque d’études à ce sujet dans notre pays trahit en lui-même un désintérêt pour l’apprentissage des langues étrangères. L’évaluation de nos compétences en langues étrangères est l’angle mort de nos statistique sur l’enseignement: dans « l’état de l’école », le document qui produit chaque année des indicateurs de performance et de statistiques sur l’Education nationale, il y a 29 indicateurs (dont le niveau en lecture ou en mathématiques) mais pas un sur la maîtrise des langues! L’étude la plus récente à laquelle j’ai eu accès sur notre niveau de langues date ainsi de 2002…

Cette étude comparait la maîtrise de l’anglais chez les élèves de 15 à 16 ans en France, au Danemark, en Finlande, aux Pays-Bas, en Norvège, en Espagne et en Suède. Notre pays arrivait bon dernier avec en moyenne 30,6% de bonnes réponses aux questions posées aux élèves contre 38,3% à leurs homologues espagnols, 59,7% pour les Finlandais, 61,6% pour les Hollandais et plus de 70% pour les Suédois et les Norvégiens! Pire, notre niveau avait même baissé par rapport à 1996, date à laquelle une étude comparable avait été menée : à l’époque notre niveau était proche de celui des Espagnols.

Ces lacunes doivent évidement beaucoup à notre histoire : pendant des siècles la France a été la langue de la diplomatie et de la culture. C’est Charles Quint – alors que son empire hispano-autrichien était à son apogée et avant même le grand siècle de Louis XIV – qui disait « la langue française est langue d'État, la seule propre aux grandes affaires ». Les Français en ont tiré une fierté légitime et ont longtemps estimé que c’était aux autres de faire l’effort de parler notre langue, et pas l’inverse. Ce réflexe est compréhensible : les « anglicisants » ont le même réflexe aujourd’hui, ils parlent encore moins de langues étrangères que les Français !

Mais les temps ont changé. Qu’on le veuille ou non, c’est l’anglais – ou au moins, une forme d’anglais – qui a supplanté le français comme langue véhiculaire dans le monde. On peut le regretter, mais on ne peut pas se permettre de ne pas en tirer les conséquences. Notre mauvaise maîtrise des langues nous coûte trop cher à au moins deux niveaux :

1/ Au niveau économique, comme le montre cette expérience vosgienne. Beaucoup de marchés à l’international échappent à nos PME, freinés par la barrière de la langue, quand les Allemands gagnent des parts de marchés notamment parce qu’ils ne rechignent pas à parler un bon anglais !

2/ Mais cela limite aussi notre capacité à nous ouvrir au monde. Comment les Français peuvent-ils comprendre les défis nouveaux du monde en ne comprenant que leur langue ? Bien souvent, nous nous replions alors sur des comparaisons historiques – la France de 2010 par rapport à celle de 1981 – plutôt que de faire des comparaisons internationales – la France d’aujourd’hui par rapport à nos voisins. On le voit encore dans le débat sur les 35 heures que j’ai voulu relancer : pour comprendre les enjeux de ce débat, il est préférable d’avoir une vision de la compétition internationale.

Je ne suis bien sûr pas le premier à faire ce constat. Depuis une dizaine d’années, l’Éducation nationale a fait des efforts importants pour développer les langues vivantes dès le primaire. Ainsi, en 2002, 24,7% des classes de CE2 bénéficiaient d’un enseignement d’une langue étrangère. En 2010, la proportion est passée à 99,7% (dont 90% apprennent l’anglais) ! C’est un progrès impressionnant qu’il faut saluer : il montre que l’Éducation nationale peut faire la preuve d’une faculté d’adaptation remarquable !

Il est encore trop tôt pour tirer un bilan de ce tournant spectaculaire pris par l’Éducation nationale. Nous devrions en voir tout le bénéfice dans les années à venir. Mais, avant même ce bilan, je crois que nous devons aller encore plus loin dans notre action en faveur des langues étrangères. L’étude de 2002 sur la comparaison des niveaux de langues en Europe pointait notamment deux lacunes de l’enseignement des langues en France :

1/ L’enseignement commence trop tard

Cette faiblesse a été corrigée puisque quasiment 100% des élèves de CE2 sont initiés à une langue étrangère. La familiarisation avec l’anglais se fait aussi –par le jeu et les chansons – dans des classes maternelles. C’est une option qu’il faudra généraliser au-delà des établissements « favorisés ». Mais ce qui compte, c’est aussi la méthode d’apprentissage. On a souvent pointé du doigt la focalisation de l’enseignement scolaire sur la grammaire et l’écrit, au détriment de l’oral et de l’amélioration de l’aisance. En mettant la barre assez haut sur les règles à maîtriser, on complexe parfois les élèves qui n’osent plus prendre la parole de peur de se tromper. L’évaluation systématique des méthodes d’apprentissage pour voir celles qui marchent et celles qui ne marchent pas est désormais indispensable à l’échelle nationale. Au-delà de la formation initiale, il faut que les entreprises comprennent l’avantage qu’elles auraient à développer massivement l’apprentissage/le perfectionnement de leurs salariés en anglais. Des cours d’anglais de qualité dispensés à des salariés motivés pour partie « à la conquête du monde » peuvent offrir un retour sur investissement considérable. Mais là aussi, l’évaluation des méthodes est primordiale : attention aux charlatans !

2/ Les élèves français étaient moins « exposés » que les autres élèves européens à une langue étrangère

Les Français ne sont confrontés à l’anglais qu’en cours, alors que les élèves des pays nordiques ou des Pays-Bas regardent fréquemment à la télévision des films ou des émissions en VO et sous-titrées dans leur langue maternelle – les coûts de postsynchronisation n’étant pas rentables pour les langues les moins parlées. Cette différence est décisive ! Pourquoi aujourd’hui n’adopterions-nous pas la même politique en France ? Les films ou les séries anglo-saxonnes qui sont diffusées à la télévision française pourraient l’être en anglais et sous-titrées en français, au moins sur le service public. Ce serait d’ailleurs l’occasion de faire « d’une pierre trois coups » : les Français amélioreraient mécaniquement leur maîtrise de l’anglais, mais aussi leur niveau de français via la lecture des sous-titres, tandis que les malentendants pourraient enfin profiter plus de la télévision ! Il faut d’ailleurs noter que, parmi les jeunes générations, ils sont déjà de plus en plus nombreux à regarder en VO les films et séries sur internet.

Je crois que cette proposition – même si elle ne peut pas changer toute la donne à elle seule – mérite d’être étudiée sans tabou, d’autant qu’elle ne coûterait pas un euro à l’État français et pourrait enrichir beaucoup à nos enfants !

J’entends déjà les critiques des ardents défenseurs de la francophonie : « Qu’ils maîtrisent déjà le français ! ». Ce n’est pas moi, qui aime passionnément notre langue, qui vais leur donner tort : la maîtrise du français n’est évidemment pas négociable ! C’est d’ailleurs pour cela que j’ai proposé d’introduire un examen à la fin du primaire pour vérifier que les savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter) sont acquis avant l’entrée en sixième. Mais la maîtrise du français et d’une langue étrangère ne sont pas incompatibles. Bien au contraire!

À ce stade, il ne s’agit que de pistes de réflexion. Avec l’UMP, nous allons organiser une réflexion en profondeur pour proposer un plan de bataille sur ce thème. Je souhaite que, dans la perspective de 2012, nous fassions de l’apprentissage des langues étrangères un chantier majeur pour notre pays. Le développement et l’influence de la France dans le monde dépendent d’abord de notre capacité à comprendre et à être compris !

 

Jean-François Copé

 

Source : slate.fr, le 26 janvier 2011

Possibilité de réagir sur :

http://www.slate.fr/story/33579/francais-anglais-langues-etrangeres-ecole

 

 

****************************

 

 

Réaction de Brigitte Laval :

Eh bien, après Chatel, Copé ! Quand serons-nous débarrassés de ces « boulets » ?

J’ai envoyé de commentaire (copié-collé de celui pour Chatel) :

Que nous cache-t-on ? Notre pays a été offert en cadeau aux États-Unis ? Et il devient nécessaire ainsi de tuer notre langue en la remplaçant par la langue des nouveaux propriosa? Oublie-t-on qu'une langue n'est pas un simple moyen d'expression, mais une façon de voir le monde, un support d'une culture ? D'ailleurs ce fol engouement pour l'anglais s'accompagne d'un tsunami de films, séries et musiques anglo-saxons, comme quoi l'anglais n'est pas une langue neutre, la langue du monde entier, mais bien une langue d'une culture ! M. Chatel veut-il aussi supprimer le système métrique au profit des pieds et des pouces, qui nous envahissent déjà dans les magasins ?

L'anglais a été rendu incontournable, indispensable pour trouver un emploi en France ? Eh bien, un autre comportement est possible, un comportement de résistance devant une invasion : rendons-le contournable, pénalisons les entreprises qui osent demander une autre langue que le français pour travailler avec d'autre Français !

 

 

Réaction de Charles Durand :

La réalité est la suivante : Nous faisons partie de l'empire et, de ce fait, nous devons être endoctrinés pour continuer à être des bons citoyens pour l'empire. L'apprentissage de l'anglais est l'un des piliers de cet endoctrinement en créant de manière artificielle chez les assujettis le réflexe de ne pas contrecarrer celui qui s'exprime en anglais. Les exemples pourraient être multipliés à l'infini. À l'université, une publication rédigée en anglais a d'emblée plus de poids que son équivalent rédigé en français. Lorsque les Étatsuniens arrivent en Europe pour inciter les Européens à déclarer « la guerre contre le terrorisme », ils sont pris au sérieux, en grande partie parce que le message est diffusé en anglais. Les Allemands se sont faits voler comme dans un grand bois en achetant les dettes hypothécaires étasuniennes titrisées, car elles étaient commercialisées en anglais, gage de sérieux et de rendement ! Pour être pris plus au sérieux, Althus Bertrand a donné un titre anglais à son film destiné à la protection de la nature, etc. 

On ne peux pas annoncer aux citoyens de l'empire le fait qu'ils sont, dans une large mesure, à la botte. Le mot « empire » est totalement tabou à l'extérieur des États-Unis, mais les intellectuels anglais l'utilisent aussi et bien naturellement. Cependant, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Étatsuniens ont réussi ce tour de force à créer un empire sans conquête militaire. À la périphérie de l'empire, il faut cependant faire des exemples de temps à autre et là, les massacres sont à assez grande échelle comme en Irak ou en Afghanistan, massacres largement financés par la communauté internationale puisque le dollar est à la fois devise de référence et devise de réserve internationale. Comme je l'ai déjà écrit dans mon dernier livre, les deux piliers les plus importants de l'empire sont le dollar et la langue anglaise, pas le complexe militaro-industriel étatsunien, dont l'importance et l'efficacité sont d'ailleurs largement magnifiées par les relais de l'empire. Les Étatsuniens se battront bec et ongles pour maintenir le statu quo du dollar et de manière moins visible, de l'anglais, comme ils l'ont déjà fait dans le passé. William Engdahl l'explique bien dans ses livres en ce qui concerne le dollar. En ce qui concerne la langue, il n'y a guère que Phillipson, moi-même, et peut-être 3 ou 4 autres auteurs, à avoir écrit sérieusement sur le sujet.

En ce qui concerne la langue anglaise, comme je l'ai déjà dit et répété, sa promotion principale se base sur l'affirmation qu'on en fait la langue prétendument internationale et qu'elle est aussi « la langue des affaires », « la langue de la science » et autres sottises du même genre. La seule manière d'invalider cette affirmation est de brandir l'espéranto en en décrivant ses qualités par rapport à l'anglais. On peut certes faire la promotion d'autres langues, parler de diversité culturelle et de diversité linguistique comme étant éminemment souhaitables. Bien sûr, mais tant que l'on aura pas invalidé l'argument principal que gobent la plupart des peuples à l'égard de l'anglais pour le leur imposer de facto, nous n'avancerons pas d'un iota. L'Unesco a fait de grandes déclarations sur la diversité culturelle et même linguistique que l'on peut saluer, mais il s'agit d'enjeux dont l'importance n'est pas saisie d'emblée par les masses. N'oublions pas que l'on vit à une époque où les masses ont été abêties par l'individualisme prôné comme religion, par le sport professionnel ultra-médiatisé, par des spectacles débiles pour la plupart, et que nos compatriotes ne sont plus habitués à suivre des raisonnements élaborés. À argumentation simple doit être opposée une argumentation encore plus simple et sans réplique possible. On nous opposera que « la moitié du monde parle anglais et que l'autre moitié n'a qu'à l'apprendre ». Faux ! Archi faux ! Une fraction du monde ânonne l'anglais, maintenant ainsi ceux qui se croient supérieurs dans une situation d'infériorité structurelle ! La défense de la langue française, de la langue italienne, de la langue allemande, etc. sont louables, mais insuffisantes pour casser l'engrenage mis en place par les promoteurs de l'anglais au service de l'empire. La prise de conscience de l'empire doit également servir de déclencheur à la révolte des masses et là, le combat devient aussi politique. 

Des télévisions comme RT (Russia today) ou la "Press TV" iranienne ont décidé de combattre l'empire en anglais exclusivement. C'est une erreur stratégique, car elles renforcent l'un des deux facteurs qui donnent toute sa force à l'empire. Certes, il est difficile de construire un réseau de diffusion télévisée multilingue, mais c'est pourtant la seule approche possible. N'oublions pas que le mode de diffusion des idées qui se sont les mieux répandues sur la planète (celles qui ont suscité le plus l'adhésion des peuples) a toujours été multilingue. Des exemples ? Les religions monothéistes, le marxisme... Que l'on ne me dise pas que c'est trop difficile ou trop cher à mettre en place ! le néolibéralisme, lui, s'est diffusé grâce à la seule langue anglaise... C'est largement insuffisant car, seules, les soi-disant élites ont été touchées par ce phénomène. Les cœurs et les esprits du peuple n'ont pas été atteints d'où l'extrême fragilité de cette doctrine qui risque de s'écrouler du jour au lendemain !

 

 

Réaction de Jean-Jacques Candelier, député du Nord  :

L'intervention de Chatel pour l'anglais en maternelle est donc la face émergée de l'iceberg, on n'a encore rien vu, toute notre souffrance actuelle ressemblera au paradis perdu quand les destructeurs patentés mettront scientifiquement en œuvre leur programme, soit après 2012. Les gens au pouvoir préméditent bel et bien l'ARRACHAGE LINGUISTIQUE du français et la SUBSTITUTION d'une langue à l'autre et cela, sans le moindre débat national puisque la gauche bobo va dans le même sens avec le "CARE" de Martine Aubry. 

En outre, l'objectif clairement POLITIQUE de l'affaire, entièrement pensée à partir des besoins d'un certain patronat, est ouvertement et arrogamment fixé par COPÉ qui fait ouvertement de l'arrachage linguistique un OBJECTIF STRATÉGIQUE DE LA CANDIDATURE SARKOZY EN 2012. Bien évidemment, il ne parlerait pas ainsi s'il n'avait pas l'accord du président en titre. 

Si bien que nous tous, militants de la langue française strangulée, nous nous discréditerions à nos propres yeux si, à la suite des actions de rue prévues ce printemps, nous ne mettions pas en place très rapidement une AG des « francophonistes », véritable VEILLÉE D'ARMES, qui aurait pour but, SUR LA BASE DU TEXTE DÉJA ADOPTÉ PAR TOUS (au départ pour publication dans la presse), de préparer une contre-offensive sur toute l'année 2011 jusqu'à 2012 sur le thème « le français est la langue de la République, non au tout-anglais », y compris en intervenant dans la campagne électorale et en interpellant publiquement les candidats aux présidentielles et aux législatives.  D'ores et déjà, sans plus tarder, il faudrait que toutes les assos de défense de la langue française qui ont cosigné le texte commun s'adressent ensemble aux médias publics et au « médiateur » pour exiger UN DÉBAT PUBLIC SUR LA POLITIQUE LINGUISTIQUE DE LA FRANCE. Le débat est le contraire du consensus, nous gagnerons le débat en nous appuyant sur le peuple, alors que nous sommes archi-battus dans le cadre du consensus « l'anglais langue de l'avenir ».

Quant au coup de patte final de Copé aux défenseurs de la francophonie, il est humiliant pour nous au-delà de son aspect « bon garçon » et du coup de chapeau hypocrite à la maîtrise du français ; cette agression scandaleuse, qui signe l'arrêt de mort de la loi Toubon et la modification de la Constitution, appelle une riposte immédiate de notre part et pourquoi pas un communiqué commun et une conférence de presse clairement ciblée sur Chatel et Copé. 

 

 

Réaction d'Aleks Kadar :

Hello, j'écrirai ce message en français pour être sûr d'être compris par nos compatriotes qui n'ont pas eu la chance de commencer l'anglais à 3 ans et ne sont hélas pas bilingues.

Nous nous félicitons bien sûr des récentes propositions de Luc Chatel et de M. Copé, la France avance enfin dans la bonne direction. Hier, anglais en CE1 puis en CP, bientôt, espérons, à la maternelle. It's good, bravo, Mr Chatel ! Il ne nous restera plus que quelques mesures courageuses à prendre pour que la France devienne un vrai pays anglophone, comme le sont le Danemark, l'Ouganda, le Rwanda depuis peu, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Ghana et j'en passe !

Ces mesures sont :
- lancer des quotidiens d'information en anglais :
The World, Today in France, The Team ... remplaçant les quotidiens dans cette langue compliquée, rigide, passéiste qu'est le français
- remplacer France Télévision par France 24, chaîne française pour l'international qui émet déjà en anglais. Les Français regardent beaucoup la télé, qui malheureusement leur parle en français. Il est temps que cela change. Pourquoi le JT est encore en français, cette langue coloniale sclérosée et inutile ? Cela ne suffit pas que certains films soient en anglais, sous-titrés en plus ! Tous les programmes doivent être en anglais. L'immersion, il n'y a que ça de vrai. Si les téléspectateurs ont le choix, il risquent de rester sur les programmes en français, par paresse intellectuelle.
- supprimer les allocations familiales pour les enfants qui sèchent les cours d'anglais.
- ... et également pour les parents qui continuent à vouloir parler français à leurs enfants, les idiots !
- délocaliser les écoles françaises en Angleterre, en Irlande du Nord, au Liberia, au moins pendant quelques années.
- et surtout remplacer ces incapables de profs d'anglais français par de vrais profs anglais,
born in the UK, des native speakers, quoi !!

Comment voulez-vous apprendre l'anglais avec un M. Lecas, un prof français qui passe son temps dans l'Hexagone !
- enfin et surtout, la langue officielle de la République doit devenir l'anglais. À quoi sert de conserver le français, cette langue inutile et compliquée, qui n'est plus parlée à l'étranger, qui est un fardeau pour nos enfants ?

Don't forget to follow our blog : http://agirpourlanglais.blogspot.com/

 

 

Réaction de Daniel De Poli :

Monsieur Copé,

Je me permets de vous écrire, car j'ai lu vos propos sur l'enseignement de l'anglais lors de votre déplacement dans les Vosges, mais ne suis cependant pas d'accord avec certaines de vos affirmations et me permets donc de les commenter :

 

« Il faut faire de la maîtrise des langues étrangères une priorité en France », estime Jean-François Copé.

Tout d'abord, il serait déjà souhaitable de cesser cette hypocrisie choquante qui consiste à citer « des langues étrangères » alors qu'en fait, il ne s'agit que de l'anglais. Ensuite, je pense qu'il est inutile de faire de la maîtrise de cette langue une priorité en France car, dans les faits, l'utilité de l'anglais pour les Français est très limitée, car 99% d'entre eux ne l'emploient jamais dans leur vie professionnelle. 

De plus, tous les documents de travail, y compris les logiciels, doivent légalement être disponibles en français en France. Pour information, des entreprises ont été lourdement sanctionnées ces dernières années par les tribunaux pour usage illégal de l'anglais. Par exemple la société américaine GEMS en mars 2006, condamnée à 570.000 euros d'amende pour avoir pour avoir transmis des documents en anglais sans traduction à ses salariés français :
http://www.novethic.fr/novethic/site/article/index.jsp?id=99187

De même pour les sociétés Nextiraone et Europ Assistance, elles aussi condamnées pour avoir voulu imposer à leurs salariés des logiciels en anglais sans traduction  :

http://www.daily-bourse.fr/news.php?news=AFP080516175041.dkxxu5sl

 

« Qu’on le veuille ou non, c’est l’anglais – ou au moins, une forme d’anglais – qui a supplanté le français comme langue véhiculaire dans le monde. »

Cette affirmation est fausse : 90% de la population mondiale ignore l'anglais et cette langue n'est la langue maternelle que de 7% de la population mondiale. Contrairement à ce que voudrait nous faire croire la propagande anglo-saxonne, l'anglais n'est donc pas langue véhiculaire dans le monde car seul un faible pourcentage de la population mondiale maîtrise vraiment cette langue. Et en France, ceux qui croient la maîtriser font des bourdes car ils ne la maîtrisent pas vraiment. La dernière bévue en date est celle de Bernard Kouchner, qui a failli déclencher un incident diplomatique en confondant "to hit" et "to eat".

« Beaucoup de marchés à l’international échappent à nos PME, freinés par la barrière de la langue, quand les Allemands gagnent des parts de marchés notamment parce qu’ils ne rechignent pas à parler un bon anglais ! »

Là-aussi, cette affirmation est fausse. La langue du commerce, c'est la langue du client. Et les entreprises, si elles veulent exporter à l'étranger, doivent avoir une stratégie plurilingue. On le voit d'ailleurs sur les produits commerciaux, où les informations données au client sur les emballages sont souvent disponibles dans plus de dix langues. En matière commerciale, l'unilinguisme anglais est donc suicidaire. Quant aux Allemands, jamais je n'ai lu une seule fois sous la plume d'un économiste qu'ils gagnaient plus de parts de marché pour des raisons linguistiques. Toute entreprise française qui exporte, grande ou petite, devrait de toute façon avoir sous la main quelques cadres plurilingues (et pas tout le personnel car cela ne sert à rien !). Il est par exemple fondamental que les entreprises françaises présentent leurs produits dans les langues de leurs clients, tant que faire se peut.

« Comment les Français peuvent-ils comprendre les défis nouveaux du monde en ne comprenant que leur langue ? »

Allez donc dire cela aux Anglo-Saxons ! 

Non seulement ils n'apprennent pas les langues des autres (et imposent la leur agressivement), mais, en plus, ils coupent les retransmissions télévisées là où on entend du français ! Voir l'article sidérant suivant, intitulé « M. Harper parle français à Washington, la Fox coupe la transmission » :
http://www.francophonie-avenir.com/Index_Coste_La_Fox,_chaine_etatsunienne_de_television,_coupe_le_francais_sur_son_antenne.htm

« Les Français ne sont confrontés à l’anglais qu’en cours, alors que les élèves des pays nordiques ou des Pays-Bas regardent fréquemment à la télévision des films ou des émissions en VO et sous-titrées dans leur langue maternelle. »

Généraliser les films en version originale à la télévision en France, comme cela se fait en Europe du Nord, serait tout simplement catastrophique pour la langue française. En effet, pourquoi des jeunes à l'étranger se fatigueraient-ils à apprendre le français si les jeunes Français étaient quotidiennement gavés d'anglais - jusqu'à la nausée - par la télévision ? La francophonie n'aurait plus de raison d'être, pour le plus grand bonheur des Anglo-Saxons. De plus, si certains souhaitent regarder des émissions en anglais, c'est très facile car les bouquets de chaînes proposent souvent des chaînes anglophones. De même, des sites internet comme Dailymotion ou Youtube permettent de visionner d'innombrables vidéos en anglais (films, dessins animés, etc.). Mais, de grâce, n'imposons pas l'anglais à tout un peuple, alors que seule une infime minorité l'utilisera ensuite dans sa vie professionnelle !

D'ailleurs, les Anglo-Saxons sont les premiers à refuser les versions originales (et même le doublage aux États-Unis(sic)).

Le vrai combat ne réside pas dans l'apprentissage massif d'une langue impérialiste, qui ne sert que les intérêts des Anglo-Saxons. Il est de combattre cette hégémonie linguistique scandaleuse et injuste que souhaitent imposer les Anglo-Saxons pour promouvoir leurs intérêts économiques et géopolitiques au détriment des autres. Et ceci alors que leur langue n'est parlée en tant que langue maternelle que par 7% de la population mondiale. Ceci dit, il faut bien comprendre que le poids géopolitique de l'anglais va régresser fortement à l'avenir, surtout en Europe. Car le Royaume-Uni, seule puissance anglophone d'Europe, va très certainement éclater dans les années qui viennent suite à l'indépendance programmée de l'Écosse.

Les Français n'ont donc aucune raison de se vassaliser à l'anglais car le français est une langue d'avenir du fait du poids géopolitique grandissant de la France et de la francophonie. Par exemple, selon une étude allemande, la France devancera l'Allemagne en tant que première puissance économique et démographique de l'Europe, et ce avant 2035. De même, l'O.N.U. prévoit 715 millions de francophones en 2050 du fait, entre autres, du dynamisme de la démographie en Afrique. C'est considérable et cela placera le français à la quatrième ou cinquième place du palmarès des langues du point de vue du nombre de locuteurs contre la onzième actuellement. Le français est donc clairement une langue d'avenir. La preuve : il a fait une percée fulgurante en Chine et est devenu la deuxième langue enseignée dans ce pays :
http://www.lepetitjournal.com/content/view/32370/1981/

Enfin, il faut également souligner que le bilan de Nicolas Sarkozy en matière de défense du français est tout simplement déplorable. Rien n'a été fait pendant ce septennat pour renforcer notre législation linguistique. Par exemple, pourquoi la proposition de loi du sénateur Philippe Marini ( http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion0047.asp ), adoptée par le Sénat, n'a-t-elle jamais été inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale ? 

De même, pourquoi la proposition de loi de M. Jacques Myard, visant elle aussi à renforcer la loi Toubon, subit-elle le même sort (http://www.assemblee-nationale.fr/11/propositions/pion2214.asp ) ? 

Il serait donc vraiment souhaitable, avant de promouvoir l'anglais, de commencer déjà par protéger et promouvoir le français, notre langue nationale et notre patrimoine commun. Qu'attendent donc nos dirigeants pour inscrire les deux propositions de loi ci-dessus à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale ? Je trouve cet immobilisme tout simplement scandaleux. De plus, je trouve également déplacé de vouloir briguer les voix des Français alors que l'on a rien fait pour défendre et promouvoir leur langue pendant sept ans. 

 

 

****************************

 

 

Écrire à Copé :

http://jeanfrancoiscope.fr/wordpress/contact

jean-francois.cope@meaux.fr

 

 

Puis se préparer à aller manifester (ce sera plus efficace) :

 

 

Manifestation* prévue,

le samedi 19 mars 2011, à 14 heures,

devant le restaurant HAND** (Have A Nice Day),

contre l'anglicisation de notre pays pays.

Un début d'actions sur le terrain qu'il ne faut pas rater*** !

 

 

 

 

 

 

* Associations associées à cet événement : COURRIEL, DLF, CLEC, ASSELAF, A.FR.AV

** Restaurant situé à Paris dans le 1er arrondissement, au 39 de la rue Richelieu.

*** Pour de plus amples renseignements sur l'organisation de cette manifestation, prendre contact avec notre secrétariat.

 

 

 

 

 

 

Haut de page