Toulouse :

La fac concurrence les grandes écoles
 

Une prépa intégrée et une école d'économie ouvrent en septembre. 

Bruno SIRE,  Président de l'université Toulouse 1 Capitole

L'université de Toulouse-I ouvrira en septembre la TSE (Toulouse School of Economics), une filière calquée sur le modèle d'une grande école, avec deux ans de prépa suivis de trois ans d'école. Au programme, plus de trente heures d'économie par semaine, avec des effectifs réduits : pas plus de 20 étudiants en travaux dirigés, et 100 en cours magistral. Et de l'anglais à haute dose. Comme dans une prépa, les étudiants bénéficieront de devoirs surveillés une fois par semaine «au lieu de deux fois par an habituellement », explique le dynamique président de Toulouse-I, Bruno Sire, qui ne cache pas sa volonté d'attirer les meilleurs : «aTant mieux si on en pique aux classes préparatoires  ! » Les étudiants bénéficieront des interventions d'enseignants-chercheurs de haut niveau puisque certains, comme Jean Tirole, souvent désigné par ses pairs comme un potentiel Prix Nobel d'économie, ont accepté de donner des cours dès la troisième année. Souvent réticents à enseigner avant un niveau master-2, les chercheurs stars de Toulouse-I se sont donné le mot, convaincus d'avoir des étudiants motivés grâce à ce modèle alternatif.

 

Bons résultats obligatoires 

Car, à la TSE, pas question de sélectionner les bacheliers. Tout le monde peut s'inscrire dans les deux premières années de classe préparatoire intégrées à l'université. Mais les étudiants devront obtenir de bons résultats, deux « mentions » en deux ans dans les disciplines étudiées et une absence de redoublement pour intégrer la TSE. Quelque 140 étudiants pourront entrer à l'école sur les 250 aujourd'hui inscrits en deuxième année de prépa. « La différence avec un concours qui décide qu'un élève est bon ou à jeter à 20 ans, c'est que nous admettons qu'un étudiant puisse avoir un accident ou une baisse de régime mais l'accepter à partir du moment où on sent un vrai potentiel de travail chez lui », juge Bruno Sire. Il parie aussi sur l'autosélection : « Seuls les plus travailleurs resteront, les autres rejoindront le cursus traditionnel. »

Interrogées, à proximité du superbe cloître en brique rouge de chartreux, enserré par les bâtiments universitaires, Ode et Maéva, deux étudiantes en droit, ont déjà trouvé un surnom à ces futurs cracks : « Ces études sont réservées aux “tronches”. C'est déjà suffisamment dur d'obtenir une licence classique ! », font-elles observer.

Des spécialités doubles 

Déjà, affirme Bruno Sire, les étudiants inscrits dans la prépa intégrée ouverte depuis deux ans « sont fiers d'appartenir à cette filière », à l'image de Piotr Kroujkov. Ce jeune homme d'origine russe a préféré la fac à la prépa, en dépit de ses enseignants du lycée Ozenne qui auraient bien gardé ce bon élément. La possibilité de faire de l'économie et du droit en même temps l'a séduit, de même que la renommée internationale de l'université de Toulouse en économie. Lui, qui dit travailler « largement autant, voire plus » que ses amis restés au lycée, affirme que certains l'envient et le rejoindront sans doute l'an prochain. Il «arêve » de devenir chercheur. Après une année décevante en droit, Louise Baysset, s'est orientée, elle aussi, vers la prépa de la TSE. « Ce côté hybride entre prépa et fac, c'est génial. Je réussis paradoxalement mieux qu'en droit, car je suis plus poussée à travailler, mieux encadrée. On nous dit que nous sommes l'élite de la fac, c'est très motivant, ça change ! »

Parmi ces étudiants, certains iront vers la recherche, d'autres vers l'industrie, l'entreprise ou le commerce. Une spécialité double telle qu'économie et droit vise à former des avocats d'affaires. Les juristes ont mis en place un « collège » de droit avec culture générale renforcée pour amener leurs étudiants à réussir les concours de l'ENA ou de l'ENM. « Nous voulons créer plusieurs filières d'excellence, affirme Bruno Sire. Nous avons le sentiment d'innover, nous souhaitons changer les perceptions en France sur l'université. » Cette nouvelle organisation a été rendue possible grâce à la loi sur l'autonomie des universités « qui apporte un nouveau souffle  », mais aussi reconnaît-il, grâce à la Fondation Jean-Jacques-Laffont, dont le fonds exceptionnel pour une université française - 70 millions d'euros - permet de renforcer l'encadrement des étudiants.

 

Marie-Estelle Pech,

reporteur,

spécialisée dans l'éducation (service société du Figaro)

 

Source : lefigaro.fr, le 27 avril 2011

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