Frédéric Mitterrand, la diversité et l’amnésie

Lors d’une conférence de presse donnée le dimanche 23 janvier, Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, est apparu entouré de jeunes artistes français invités dans le cadre de la soirée French Vibes du Midem : Aaron, Médhi, Revolver. « Je désire, a déclaré le ministre, ouvrir un nouveau chantier d’envergure, celui du financement de la diversité musicale à l’ère numérique ».

Problème : les garçons présents, bien que Français, chantent en anglais, parce que, dit le chanteur de Revolver, « quand on a quinze ans, on travaille instinctivement, on fait la musique que l’on aime, on ne pense pas à tout cela ». Le Bureau Export de la musique française, qui aide à la divulgation des artistes d’ici hors de nos frontières, venait de divulguer à Cannes les résultats 2010 : premier au classement des meilleures ventes à l’étranger, David Guetta, deuxième, le groupe Phoenix. All in English.

Interrogé dans la salle sur la contradiction qu’il y a à défendre la diversité culturelle et à se féliciter de l’essor d’une musique française sans francophonie, le ministre a répondu qu’il n’y voyait pas d’inconvénient. Et qu’Édith Piaf chantait en anglais, assertion fausse reprise par ses voisins de tribune.

Édith Piaf, ou Charles Aznavour, ont bien compris en leur temps que pour conquérir l’Amérique il fallait y aller souvent, chanter une chanson de son récital en anglais (La Vie en Rose pour Piaf par exemple), et garder son aura frenchie. Mais pas plus. L’affaire amuse le saxophoniste camerounais Manu Dibango, installé à la terrasse du Majestic pour y présenter son nouveau projet, la réécriture musicale de ses tubes, dont le fameux Soul Makossa, succès mondial, avec le jeune Jamaïcain Wayne Beckford. « C’est sûr, on peut préférer le commerce à la musique. Si les Corses faisaient un tube mondial, on verrait sans doute beaucoup de chanteurs de langue corse arriver sur le marché ».

La diversité, remarque un journaliste du site Mondomix, ce n’est pas la langue. « Plus grave est le fait que ce qui est chanté en anglais est exclusivement de la pop. Quand Souad Massi chante en arabe avec Francis Cabrel, le titre est ignoré de la majorité des médias ». Perdu parmi « un milliard » d’artistes en herbe présent sur la Toile, selon le franco-américain Aaron, le prétendant au succès doit jouer des coudes, plus qu’avant. Et quand c’est chose faite, il doit se heurter à la loi des quotas obligatoires de chansons chantées en français à la radio. Mise en place en 1992, annoncée au Midem dans la même salle de conférence, elle était censée protéger la France des assauts anglo-saxons.

Véronique Mortaigne pour « Le Monde »

 

Source : iledere.parti-socialiste.fr, le 24 janvier 2011

Possibilité de réagir sur :

http://iledere.parti-socialiste.fr/2011/01/24/frederic-mitterrand-la-diversite-et-l%E2%80%99amnesie/

 

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Ajout de l'A.FR.AV :

 


Frédéric Mitterrand : pas de dictature en Tunisie ?
 

Évidemment, quand on n'est pas capable

de voir la dictature en Tunisie,

on ne peut pas être capable

de voir celle de l'anglais en France !  

 

 

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Écrire à Frédéric Mitterrand :

http://www.culture.gouv.fr/culture/comment-ministre.htm

 

 

 

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