Ces mots français qui nous manquent pour dire l'économie

Par Jean-Marc Vittori | 02/07/2013

La langue française a du mal à dire la modernité. C'est un trésor enfermé dans un coffre-fort. Pour penser le monde qui vient, il faut donc puiser dans la boîte à mots anglaise. La preuve par quatre concepts essentiels.

Le Petit RobertParfois, la France ressemble au pays des voyages interstellaires. La semaine dernière se tenait dans l'université de la belle ville d'Aix-en-Provence le congrès de l'Association française de science économique. Depuis l'an dernier, cette rencontre de l'organisme professionnel des économistes a "switché", pardon, basculé, du français vers l'anglais. Le résultat est spectaculaire. Un tiers des communications soumises au comité de sélection vient désormais de l'étranger. Les échanges sont stimulés par l'émulation, même s'ils perdent parfois un peu en subtilité. Des Italiens, des Américains, des Chinois débattent dans les couloirs de l'amphi Portalis. Comme si un grand vent de fraîcheur s'était levé sur la vénérable association… Retour à Paris, où l'on croise la ministre de l'Enseignement supérieur. On croyait sa loi ficelée. Mais Geneviève Fioraso bataille encore avec les parlementaires sur son fameux article 2, qui facilite les cours en anglais. Dans quelle bulle vivent-ils, ces élus, sur quelle planète lointaine ?

Entendons-nous bien : le français est bel et bien la langue des Français, il est au cœur de leur identité collective, de leur façon de penser, de leur vision du monde. Il a cependant deux gros défauts. Tout d'abord, il n'est pas la lingua franca du XXI e siècle. Qu'on le veuille ou non, c'est l'anglais, plus précisément l'anglais d'aéroport, qui assure aujourd'hui cette fonction indispensable dans un monde devenu très ouvert. Au risque de transporter aussi des mauvaises idées - c'est ainsi que le vice-Premier ministre japonais, Taro Aso, a pu récemment soutenir que les banquiers nippons avaient été épargnés par les dégâts du "subprime" américain en raison de leur méconnaissance de l'anglais. Ensuite, le français est une langue ankylosée. Ce trésor national est enfermé dans un coffre-fort, au lieu de respirer l'air du temps. Dans d'autres pays, le débat sur l'anglais porte sur le quotidien. En Allemagne, la direction de la Deutsche Bahn, cousine de la SNCF, vient ainsi de prohiber l'emploi de plus de 2000 termes anglais dans l'entreprise, comme « non-stop », « business class » ou « bonus ». En France, le problème est ailleurs : les mots manquent pour raconter les changements du monde. Le français a du mal à intégrer la modernité.

Bien sûr, certains termes américains sont en réalité français, comme l'« entrepreneur » (dont George W. Bush, un jour de grande forme, regretta l'absence de traduction en français). D'autres sont revenus en France après avoir traversé la Manche puis l'Atlantique, comme « management » ou « gouvernance ». Certes, la Commission de terminologie et de néologie traduit consciencieusement les nouveaux termes . Elle est même capable de revenir sur ses erreurs, comme le malencontreux « mél » forgé en 1997 pour remplacer « e-mail », abandonné en 2003 pour le plus élégant « courriel ». Mais ça ne suffit pas. Le mot « business », par exemple, n'a toujours pas d'équivalent chez nous, à part le sulfureux « affaires ». D'autres concepts essentiels n'ont pas encore réussi à percer. En voici quatre.

Accountability. La traduction de la Commission de terminologie est ici parfaite : c'est « l'obligation de rendre compte ». Tellement parfaite qu'elle n'est pratiquement jamais employée ! Comme si, en France, cette obligation relevait de l'inconcevable. Les députés, par exemple, n'imaginent pas devoir s'expliquer sur l'emploi de la « réserve parlementaire » ( 130 000 euros par élu versés aux collectivités et aux associations). Eux dont la mission première fut d'examiner les comptes de l'État n'estiment pas avoir à rendre compte ! Pour être juste, ils sont loin d'être les seuls. Des ministres, des chefs d'entreprise, des syndicalistes estiment eux aussi ne pas avoir de comptes à rendre. Cette attitude s'inscrit dans une longue tradition française d'omniscience supposée et d'impunité avérée des élites. Elle n'est plus tenable dans un monde de plus en plus ouvert.

Empowerment. C'est le fait de donner plus de pouvoir aux individus et à des groupes organisés, bien au-delà de l'« autonomisation » préconisée par la Commission de terminologie. Forgé il y a un siècle lors de luttes sociales aux États-Unis, le mot va maintenant bien au-delà. Dans des entreprises fondées non plus sur la fabrication répétée d'objets, mais sur la conception d'offres nouvelles, cet « empuissancement » des salariés est non seulement une technique de management, mais aussi la condition du succès.

Stakeholder. Littéralement, « détenteur d'un enjeu » dans une entreprise : salarié, dirigeant, actionnaire, mais aussi fournisseur, client, collectivité locale... Le mot a été traduit par « partie prenante » en français. Sauf que celui qui « prend » est dans une posture plus fragile que celui qui « tient ». Et, en anglais, le « stakeholder » fait écho au « shareholder ». Or c'est bien là, entre l'actionnaire et la communauté des détenteurs d'enjeu, que se jouera l'avenir de l'entreprise.

Scalability. Cette capacité à changer d'échelle, à venir travailler sur des marchés beaucoup plus vastes en abaissant mécaniquement les coûts, est une autre clef de la compétitivité des entreprises. Quand il devient possible de proposer un produit à tous les habitants de la planète au même moment, la « scalability » n'est plus une option : c'est le passage obligé de la réussite, pauvrement traduit par « extensivité » ou « facteur d'échelle ».

Ces mots ne reflètent pas des modes éphémères. Ils sont au cœur de l'économie aujourd'hui, et le seront plus encore demain. Si le français reste incapable de penser la modernité, il deviendra le linceul de nos ambitions.

Jean-Marc Vittori

 

Source : lesechos.fr, le mardi 2 juillet 2013

Possibilité de réagir sur :

http://www.lesechos.fr/opinions/chroniques/0202865322476-ces-mots-francais-qui-nous-manquent-pour-dire-l-economie-581535.php

 

 

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Réaction de M. Daniel de Poli :

 

 

  Illkirch, le 2 juillet 2013

Daniel De Poli

67400 Illkirch

 

M. Jean-Marc Vittori,

Chroniqueur sur Lesechos.fr  jmvittori@lesechos.fr

Copie à : nbarre@lesechos.fr
 

 

Objet : réaction suite à votre article paru dans Les Échos.fr, le 02 /07/13

 

 

Monsieur,

 

Je me permets de vous écrire, car j'ai lu votre article à la page suivante :
http://www.lesechos.fr/opinions/chroniques/0202865322476-ces-mots-francais-qui-nous-manquent-pour-dire-l-economie-581535.php

J'ai cependant été choqué par des affirmations erronées et me permets donc de réagir :

- La langue française a du mal à dire la modernité.

Cette affirmation est ridicule, car le français n'a bien sûr aucun mal à dire la modernité, comme le prouve le fameux grand dictionnaire terminologique, qui contient tous les équivalents français des anglicismes :
http://www.granddictionnaire.com

- Pour penser le monde qui vient, il faut donc puiser dans la boîte à mots anglaise.

Affirmation ridicule là-aussi, car le français n'a aucunement besoin de puiser paresseusement dans le lexique d'une langue étrangère pour décrire la modernité. Des mots comme logiciel ou ordinateur le prouvent. De plus, les anglicismes sont considérés comme un danger par de nombreux peuples. C'est pourquoi nombreux sont les pays qui ont adopté des politiques terminologiques actives pour les remplacer. On peut citer la France, le Québec, les pays hispanophones, l'Arménie, la Turquie et même l'Islande, qui est certainement la championne en la matière, comme le montre le petit texte suivant, que je vous invite à lire :

http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2001/la-politique-terminologique-islandaise.html

- Depuis l'an dernier, cette rencontre de l'organisme professionnel des économistes a basculé du français vers l'anglais.

Décision totalement stupide et injustifiée. Le français convenait parfaitement. La preuve : le site internet de l'AFSE est demeuré unilingue français : http://www.afse.fr

- Geneviève Fioraso bataille encore avec les parlementaires sur son fameux article 2, qui facilite les cours en anglais.

L'article 2 a été voté par le Parlement, mais avec des conditions tellement restrictives qu'il va enfin être possible d'attaquer en justice les écoles ayant instauré le tout-anglais ou ayant abusivement fait basculer des formations vers l'anglais. Dès septembre, il sera enfin possible de lancer des actions en justice pour mettre fin à ce scandale.

- Entendons-nous bien : le français est bel et bien la langue des Français, (...).

Pourquoi, dans ce cas, de nombreux hauts fonctionnaires français s'expriment-ils en anglais à l'international, alors que l'interprétation en français est disponible ? Et pourquoi chaque gouvernement français doit-il diffuser une circulaire invitant justement les hauts fonctionnaires français à s'exprimer en français, comme l'a fait Jean-Marc Ayrault le 25 avril dernier ?

Lien de la circulaire en question :
http://www.observatoireplurilinguisme.eu/images/Actualites/Actualites_2013/circulaire%20n%205652-sg%20du%2025%20avril%202013.pdf

On y lit, entre autres choses : « Notre langue est à même d'exprimer toutes les réalités contemporaines et de désigner toutes les innovations qui ne cessent de voir le jour dans les sciences et les techniques. »

- Qu'on le veuille ou non, c'est l'anglais, plus précisément l'anglais d'aéroport, qui assure aujourd'hui cette fonction indispensable dans un monde devenu très ouvert.

Affirmation ridicule là-aussi. L'anglais n'est aucunement une lingua franca vu que 90% des habitants de la planète l'ignorent et qu'il n'est la langue maternelle que de 7% de la population mondiale. Les Chinois l'ont bien compris vu que leurs meilleures universités ont abandonné l'épreuve d'anglais dans leur examen d'entrée :
http://french.peopledaily.com.cn/Sci-Edu/8170669.html

- En Allemagne, la direction de la Deutsche Bahn, cousine de la SNCF, vient ainsi de prohiber l'emploi de plus de 2000 termes anglais dans l'entreprise, comme "non-stop", "business class" ou "bonus".

C'est une preuve de plus que l'on peut parfaitement s'en passer. Ce charabia anglo-saxon n'apporte rien.

- Le mot "business", par exemple, n'a toujours pas d'équivalent chez nous, à part le sulfureux « affaires ».

Là-aussi, affirmation ridicule. Car l'anglicisme "business" n'a historiquement jamais été utilisé en français et doit donc être évité. Le mot français équivalent et employé depuis toujours par les Français est bien sûr « affaires », qui n'a rien de sulfureux : homme d'affaires, droit des affaires, langue des affaires, etc. D'autres peuples l'ont même repris, comme les Suédois (affär).

- D'autres concepts essentiels n'ont pas encore réussi à percer.

Ce sont des concepts anglo-saxons dont on peut parfaitement se passer. D'ailleurs, les termes anglais correspondants sont inusités en français. Car une entreprise française n'a pas besoin de ce charabia pour venir travailler sur des marchés beaucoup plus vastes en abaissant mécaniquement les coûts ou pour donner plus de pouvoir à ses salariés. Elle le fait, tout simplement. Arrêtons donc de vouloir singer en permanence les Anglo-Saxons ! Tout cela n'est pas dans notre intérêt. Mais une partie de l'élite française ne le comprend pas et est mentalement vassalisée à tout ce qui est anglo-saxon. Déplorable.

 

Bien à vous

 

Daniel De Poli

 

 

 

 

 

Suite :

 

 

  Illkirch, le 5 juillet 2013

Daniel De Poli

67400 Illkirch

 

M. Jean-Marc Vittori,

Chroniqueur sur Lesechos.fr jmvittori@lesechos.fr

Copie à : nbarre@lesechos.fr

 

Objet : pour faire suite à la réponse que vous avez donné

            à mon courriel du 05 /07/13

 

 

Monsieur,

 

Merci pour votre réponse. Je me permets d'ajouter quelques observations complémentaires :

- Une langue est vivante, elle ne se décrète pas d'en haut.

Cette affirmation est très discutable, car une politique terminologique active permet de changer l'usage et de limiter fortement le nombre d'anglicismes. Il suffit de comparer avec des langues comme l'italien ou le néerlandais pour s'en rendre compte. En italien, par exemple, il n'y a pas de politique terminologique comme dans les pays francophones. Avec pour conséquence une invasion du langage courant par les anglicismes : "computer", "software", "hardware", "mouse", "browser", "homepage", "link", "know-how", "byte", "database", "thread", "chip", "file", "privacy", etc.

Je pourrais en rajouter d'autres, mais ne veux pas être fastidieux.

- Certains mots de ce dictionnaire n'ont jamais été employés (la mercatique par exemple).

Certes, mais il n'empêche qu'il y a des efforts indéniables faits par les francophones pour ne pas laisser leur langue s'angliciser. Et qui sont souvent couronnés de succès vu que si un terme français est bon, il évince souvent l'anglicisme, comme le montrent des mots comme logiciel ou ordinateur. Quant à mercatique, il ne s'est pas implanté et c'est dommage, car il était parfait. L'anglicisme correspondant n'apporte rien de plus.

- D'autres expressions relèvent d'un effroyable jargon. Je pense par exemple au « coefficient de capitalisation des résultats » censé remplacer le PER, ou "price earning ratio".

La terminologie n'est pas un art facile, loin de là. Et il est parfois difficile de trouver des traductions bonnes, qui ne soient surtout pas trop longues. Cela dit, les Québécois sont bien plus inventifs que les Français en matière terminologique, comme le prouve leur grand dictionnaire terminologique, outil qui n'a aucun équivalent français (la base Franceterme est bien plus petite et limitée aux termes officiels). Là est aussi une cause du problème. La langue française est intrinsèquement capable de tout exprimer, encore faut-il que les Français utilisent ses ressources et soient plus dynamiques en matière terminologique.

- Pas de besoin de puiser dans une autre langue ? Tout à fait d'accord, si la langue d'origine parvient à faire preuve de la souplesse et de l'évolutivité nécessaires.

Mais toute langue est capable de cela, encore faut-il avoir la volonté politique de décrire la modernité avec ses propres mots. Cette volonté existe en France et surtout au Québec, mais dans d'autres pays, elle est totalement absente. En Italie, par exemple, on n'utilise que des anglicismes pour décrire la modernité.

- Ce n'est hélas pas assez souvent le cas du français, pris dans une double gangue Académie-commission de terminologie qui n'existe nulle part ailleurs.

Ailleurs aussi, il existe de tels organismes. Par exemple en Islande. Car, comme je l'ai mentionné dans mon premier courriel, les anglicismes sont considérés comme un danger par de nombreux peuples. C'est pourquoi nombreux sont les pays qui ont adopté des politiques terminologiques actives pour les remplacer. On peut citer la France, le Québec, les pays hispanophones, l'Arménie, la Turquie et même l'Islande, qui est certainement la championne en la matière, comme le montre le petit texte suivant, que je vous invite à lire :

http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2001/la-politique-terminologique-islandaise.html

- Par ailleurs, je lutte avec constance contre les anglicismes - je vous invite à le constater par vous-même en lisant mes articles et mes livres.

C'est bien, mais ce n'est pas toujours le cas aux Échos. J'y lis presque quotidiennement l'anglicisme joint venture, alors que le terme français équivalent et largement répandu est coentreprise, employé quotidiennement dans la presse francophone internationale :

http://www.google.fr/search?aq=f&hl=fr&gl=fr&tbm=nws&btnmeta_news_search=1&q=joint+venture

- Une décision stupide et injustifiée de l'AFSE ? Allant à son Congrès depuis plus de vingt ans, je puis vous assurer que le niveau a monté d'un cran depuis le passage de l'anglais.

Dans ce cas, pourquoi ne pas faire passer tous les Congrès des associations françaises à l'anglais ? Cela n'a aucun sens.

- Au Forum économique mondial de Davos, j'ai assisté une fois à une session avec le ministre français de l'Economie de l'époque, François Baroin, et ses homologues espagnol, allemand et danois. Tous les autres ont parlé anglais. Lui a parlé français. Il en avait le droit, puisqu'il y avait une traduction. L'effet sur l'assistance n'en fut pas moins déplorable.

L'effet sur l'assistance n'en fut pas moins déplorable ? Mais pourquoi donc ? C'est vraiment une preuve de plus du mépris profond des Anglo-Saxons et de leurs valets pour les autres langues que la leur. Pour eux, tout doit se passer intégralement en anglais partout et aucune autre langue ne doit se faire entendre. C'est honteux, déplorable. Bravo à François Baroin d'avoir parlé français à Davos, grande langue d'avenir avec 750 millions de locuteurs dans le monde en 2050. Il n'est d'ailleurs pas le seul, car les Africains ou les Québécois s'expriment systématiquement en français dans les enceintes internationales.

- « Notre langue est à même d'exprimer toutes les réalités contemporaines et de désigner toutes les innovations qui ne cessent de voir le jour dans les sciences et les techniques? » Il s'agit d'une profession de foi politico-administrative (...).

Non, c'est la vérité. On ne peut pas, comme vous le faites, affirmer que les mots manquent en français en comparant avec l'anglais ou d'autres langues. Car, à ce jeu-là, les mots manquent aussi à l'anglais pour définir des concepts qui n'existent que dans d'autres langues, comme le chinois. Les mots de chaque langue ne sont pas totalement interchangeables et c'est heureux.

- Ce qui fait une lingua franca n'est pas le nombre d'hommes et de femmes ont ont cette langue comme langue maternelle, mais le nombre de gens qui la pratiquent, notamment dans les lieux d'échange international - aéroports, hôtels, congrès, etc.

Dans ce cas, le français ou l'espagnol sont aussi des linguae francae vu qu'on les utilisent dans de nombreux aéroports, hôtels ou réunions internationales dans le monde. Par exemple, de nombreux étrangers parlent le français sans que ce soit leur langue maternelle.

- Là, je suis tout à fait d'accord: il vaut mieux dire arrêt que stop.

Comme le font naturellement les Québécois sur leurs panneaux routiers :

http://www.ariannerelocation.com/fr/theme/culturel/en-voiture-au-quebec/

- Affaires, pas sulfureux? Nous ne vivons pas dans le même pays ! Ou nous n'avons pas le même dictionnaire... Mon Petit Robert, que je consulte souvent, donne pour troisième acception du mot affaire « ce qui occupe de façon embarrassante », (...).

Mais c'est le mot au pluriel qui nous intéresse, pas celui au singulier ! Relisez votre Petit Robert et vous verrez que le mot affaires n'a rien de sulfureux.

- Un charabia inutile ? Là, nous ne sommes vraiment, vraiment pas d'accord. Les actes sont bien sûr essentiels. Et il est possible de pratiquer sans les nommer l'accountability, la scalability ou l'empowerment.

Bien sûr, et c'est là l'essentiel. Maintenant, y a-t-il besoin de mettre un mot sur chaque action ? C'est aux entreprises françaises de voir. Pour le moment, elles ne semblent vraiment pas pressées, car les anglicismes que vous mentionnez sont inusités en français.

- Quant au fait de singer en permanence les Anglo-Saxons... Je vous défie de trouver parmi mes centaines d'articles, ou dans mes livres, un seul exemple où je me livre à cet exercice.

Mais combien, parmi nos élites, le font ? À commencer par ces hauts fonctionnaires français qui s'expriment en anglais dans des réunions internationales alors que les Africains ou les Québécois le font en français. La vassalisation mentale à l'anglais est si poussée en France que, comme je l'ai mentionné dans mon premier courriel, chaque gouvernement français est obligé de diffuser une circulaire invitant les hauts fonctionnaires français à s'exprimer en français. On croit rêver.
 

 

Bien à vous

 

Daniel De Poli

 

 

 

 

 

 

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