Réaction de M. Daniel de Poli :
Monsieur,
Je me
permets de vous écrire, car j'ai lu votre article à la
page suivante : J'ai cependant été choqué par des affirmations erronées et me permets donc de réagir : - La langue française a du mal à dire la modernité.
Cette
affirmation est ridicule, car le français n'a bien sûr
aucun mal à dire la modernité, comme le prouve le fameux
grand dictionnaire terminologique, qui contient tous les
équivalents français des anglicismes : - Pour penser le monde qui vient, il faut donc puiser dans la boîte à mots anglaise. Affirmation ridicule là-aussi, car le français n'a aucunement besoin de puiser paresseusement dans le lexique d'une langue étrangère pour décrire la modernité. Des mots comme logiciel ou ordinateur le prouvent. De plus, les anglicismes sont considérés comme un danger par de nombreux peuples. C'est pourquoi nombreux sont les pays qui ont adopté des politiques terminologiques actives pour les remplacer. On peut citer la France, le Québec, les pays hispanophones, l'Arménie, la Turquie et même l'Islande, qui est certainement la championne en la matière, comme le montre le petit texte suivant, que je vous invite à lire : http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2001/la-politique-terminologique-islandaise.html - Depuis l'an dernier, cette rencontre de l'organisme professionnel des économistes a basculé du français vers l'anglais. Décision totalement stupide et injustifiée. Le français convenait parfaitement. La preuve : le site internet de l'AFSE est demeuré unilingue français : http://www.afse.fr - Geneviève Fioraso bataille encore avec les parlementaires sur son fameux article 2, qui facilite les cours en anglais. L'article 2 a été voté par le Parlement, mais avec des conditions tellement restrictives qu'il va enfin être possible d'attaquer en justice les écoles ayant instauré le tout-anglais ou ayant abusivement fait basculer des formations vers l'anglais. Dès septembre, il sera enfin possible de lancer des actions en justice pour mettre fin à ce scandale. - Entendons-nous bien : le français est bel et bien la langue des Français, (...). Pourquoi, dans ce cas, de nombreux hauts fonctionnaires français s'expriment-ils en anglais à l'international, alors que l'interprétation en français est disponible ? Et pourquoi chaque gouvernement français doit-il diffuser une circulaire invitant justement les hauts fonctionnaires français à s'exprimer en français, comme l'a fait Jean-Marc Ayrault le 25 avril dernier ?
Lien de
la circulaire en question : On y lit, entre autres choses : « Notre langue est à même d'exprimer toutes les réalités contemporaines et de désigner toutes les innovations qui ne cessent de voir le jour dans les sciences et les techniques. » - Qu'on le veuille ou non, c'est l'anglais, plus précisément l'anglais d'aéroport, qui assure aujourd'hui cette fonction indispensable dans un monde devenu très ouvert.
Affirmation ridicule là-aussi. L'anglais n'est
aucunement une lingua franca vu que 90% des
habitants de la planète l'ignorent et qu'il n'est la
langue maternelle que de 7% de la population mondiale.
Les Chinois l'ont bien compris vu que leurs meilleures
universités ont abandonné l'épreuve d'anglais dans leur
examen d'entrée : - En Allemagne, la direction de la Deutsche Bahn, cousine de la SNCF, vient ainsi de prohiber l'emploi de plus de 2000 termes anglais dans l'entreprise, comme "non-stop", "business class" ou "bonus". C'est une preuve de plus que l'on peut parfaitement s'en passer. Ce charabia anglo-saxon n'apporte rien. - Le mot "business", par exemple, n'a toujours pas d'équivalent chez nous, à part le sulfureux « affaires ». Là-aussi, affirmation ridicule. Car l'anglicisme "business" n'a historiquement jamais été utilisé en français et doit donc être évité. Le mot français équivalent et employé depuis toujours par les Français est bien sûr « affaires », qui n'a rien de sulfureux : homme d'affaires, droit des affaires, langue des affaires, etc. D'autres peuples l'ont même repris, comme les Suédois (affär). - D'autres concepts essentiels n'ont pas encore réussi à percer. Ce sont des concepts anglo-saxons dont on peut parfaitement se passer. D'ailleurs, les termes anglais correspondants sont inusités en français. Car une entreprise française n'a pas besoin de ce charabia pour venir travailler sur des marchés beaucoup plus vastes en abaissant mécaniquement les coûts ou pour donner plus de pouvoir à ses salariés. Elle le fait, tout simplement. Arrêtons donc de vouloir singer en permanence les Anglo-Saxons ! Tout cela n'est pas dans notre intérêt. Mais une partie de l'élite française ne le comprend pas et est mentalement vassalisée à tout ce qui est anglo-saxon. Déplorable.
Bien à vous
Daniel De Poli
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