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Le Gabon rêve de devenir bilingue (français et anglais)

Libreville, Gabon (Gabonactu.com) - Le Gabon, ancienne colonie française dont la langue officielle est le français veut introduire l’anglais comme 2ème langue officielle, a annoncé, lundi, dans une conférence de presse, le porte parole de la présidence de la République, Alain Claude Bilie By Nze. « C’est déjà décidé d’introduire l’anglais depuis la maternelle », a affirmé M. Bilie By Nze. « À terme, nous allons voir comment faire de l’anglais la 2ème langue de travail au Gabon », a-t-il ajouté.

Indépendant depuis août 1960, le Gabon est resté fidèle à la langue du colon français. Il est l’un des piliers de la Francophonie, une communauté qui regroupe tous les pays ayant le français en partage.

M. Bilie By Nze a soutenu que le fait pour son pays de projeter de faire de l’anglais une 2ème langue de travail n’est pas un signe d’éloignement de la France et de la Francophonie.

« Le fait d’envisager d’introduire l’anglais comme 2ème langue au Gabon n’a pas de rapport avec la coopération avec la France qui du reste a une coopération avec tous les pays du monde », a-t-il fait remarquer.

« Vous savez dès que vous sortez de l’espace francophone si vous ne parlez pas l’anglais, vous êtes quasiment handicapé », a-t-il justifié.

« Ce qui est intéressant dans ce sujet c’est de constater que les scientifiques français font des publications en anglais. Que dans la plupart des conférences internationales, les diplomates français interviennent en anglais », a-t-il ajouté avant de soutenir que les africains sont les seuls aujourd’hui à intervenir en français.

« Si les français eux-mêmes vont dans l’anglais, pourquoi voulez-vous que les gabonais se l’interdisent », a-t-il conclu.

Martin Safou

 

Source : gabonactu.com, le 2 octobre 2012

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http://www.gabonactu.com/ressources_g/actualites_gabon_2011.php?Article=1810

 

 

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Réaction de Charles Durand :

J'ai eu récemment l'occasion de visionner la vidéo du dernier discours de Hollande devant l'assemblée générale de l'ONU qui prétendait y apporter « le message de la France ».

Au fil de l'écoute des platitudes, des poncifs et des contradictions déclamées par ce minus habens (que l'on se rassure, je n'étais pas sarkozyste non plus), la caméra se fixa à plusieurs reprises sur le délégué du Mali et sur celui de Djibouti qui portaient tous les deux une oreillette, ce qui semble indiquer que ces gens-là ne comprenaient pas le français, pourtant langue « officielle » de leurs pays respectifs, et qu'ils suivaient une traduction simultanée, dans sa version anglaise probablement.

Autre surprise lorsque Alain Juppé, ex-ministre des Affaires étrangères de l'ex-gouvernement Sarkozy, rencontra son homologue de Tunisie, mis en place par Moncef Marzouki et qui ne parlait pas un traître mot de français.

En Algérie, les filières d'enseignement ont été totalement arabisées jusqu'à la fin du secondaire. Le français garde encore pour le moment sa place à l'université mais, dans certaines matières, les cours en anglais se multiplient et certaines filières sont passées entièrement à l'anglais. La France qui était encore, il y a une quinzaine d'années, la destination favorite des étudiants algériens pour y faire des études supérieures reçoit de plus en plus les candidatures des laissés pour compte et des bras cassés, les meilleurs éléments préférant les établissements anglo-saxons ou d'autres universités non francophones. Lorsque je faisais partie des commissions de recrutement lors de mon mandat à l'université de technologie de Belfort-Montbéliard, mes collègues attribuaient les raisons de ce phénomène au programme d'arabisation. S'il est vrai que le programme d'arabisation brouille un peu les cartes (car la langue d'enseignement, l'arabe littéraire n'est nullement équivalent aux dialectes parlés en Algérie), la véritable raison est ailleurs. En singeant les universités anglo-saxonnes, les universités françaises se sont totalement dévalorisées et, à quelques exceptions près, elles ne sont plus sur la liste des établissements plébiscités par les meilleurs étudiants étrangers

Au Vietnam, les étudiants qui sont venus en France faire leurs études supérieures font face à de très sérieuses difficultés quand il est question de valoriser leur formation en vue de trouver un emploi après leur retour au pays, par rapport à ceux qui ont fait leurs études supérieures en Chine. Les lauréats connaissant le chinois sont en forte demande et débutent à des salaires très attrayants. Par contre, ceux connaissant le français ne sont demandés nulle part et encore moins dans les succursales vietnamiennes des compagnies françaises qui exigent la connaissance de l'anglais, tant et si bien que l'AUF de concours avec l'ambassade de France s'était sentie obligée de créer, vers 2003 ou 2004, un "département de l'emploi francophone" sur Internet pour ne pas totalement décrédibiliser les quelques filières fonctionnant encore en français.

Voilà à quoi a abouti l'anglolâtrie des pitres que l'on appelle les "décideurs français". Ils ont littéralement scié la branche sur laquelle nous étions assis. La situation est réellement pitoyable. Contrairement aux prétentions de Marshall MacLuhan, le médium n'est pas le message et ce n'est pas les demeurés du gouvernement Hollande qui vont redresser la barre après 5 ans de Sarkozysme et durant lesquels la francophonie a été littéralement sabordée...

Enfin, nous avons encore la Sorbonne à Dubaï et au Qatar, je crois ! Consolons-nous !

 

 

 

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