Francophonie - 

 

L’Algérie va adhérer : un événement 

 

« Le français est un atout, pas une menace », a déclaré le président algérien Abdelaziz Bouteflika au sommet de la francophonie. Si sa participation à ce sommet a pris de court de nombreux observateurs, c’est surtout l’annonce de l’adhésion de l’Algérie à la Francophonie, faite en marge du sommet par le ministre des Affaires étrangères algérien, Abdelaziz Belkhadem, qui constitue en soi un événement diplomatique.

En effet, depuis son accession à l’indépendance en 1962, l’Algérie non seulement boudait cette organisation, mais elle l’accusait de « visées néo-colonialistes ». Ainsi les aides proposées par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) - bourses aux étudiants francophones, formation des enseignants en langue française et autres types de coopération culturelle - furent-elles systématiquement refusées par les Algériens au nom de la spécificité arabo-musulmane du pays.

Chaque fois qu’un chef de gouvernement tentait un tant soi peu de relancer la coopération culturelle avec la France, on assistait à une levée de boucliers des tenants de l’arabisation, qui cependant étaient les premiers à mettre leurs propres enfants dans les écoles occidentales. Il en est ainsi de l’ancien ministre de l’Éducation, Ali Benmohamed, principal animateur du courant panarabiste, hostile à l’enseignement du français dans l’école algérienne, dont les enfants, après avoir transité par le lycée français d’Alger - établissement réservé aux enfants de la nomenklatura -, ont fait de brillantes études scientifiques dans de grandes écoles françaises.

Deux arguments ont été avancés par le chef de la diplomatie algérienne pour expliquer ce virage à 180 degrés de la position algérienne. Selon lui, les modifications apportées à la charte de l’OIF au sommet de Bamako en novembre 2000, qui consacre le dépassement de la doctrine basée sur l’usage commun de la langue française et prône une doctrine respectueuse de la souveraineté, des cultures et des langues des États membres, ont plaidé pour une adhésion de l’Algérie.

D’autre part, les autorités algériennes soulignent l’intérêt pour leur pays d’intégrer une organisation devenue « un cadre de concertation » et « un forum pour défendre nos positions, échanger des informations, tisser des relations de coopération et bénéficier d’aides en matière de formation et de moyens culturels et d’éducation ».

La décision d’intégrer l’OIF n’a pas dû être facile à prendre. Soucieux de ménager ses alliés islamistes et conservateurs, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2004, le président algérien leur a concédé que l’Algérie adhérerait également au Commonwealth. Pourtant, deux sondages d’opinions, réalisés en 1999 et en 2001, ont révélé que plus de 70 % des Algériens étaient en faveur de l’enseignement du français dès la première année de l’école primaire. De ce fait, les démocrates, sûrs de leur fait, ont proposé un référendum populaire afin de trancher une fois pour toutes la question de l’enseignement du français dès le primaire. Proposition restée jusqu’ici, évidemment, sans réponse.


Hassane Zerrouky

 

 

Source : janvier 2005

http://humanite.presse.fr,



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