BELKHADEM A DEVOILÉ UNE PARTIE DE LA DIPLOMATIE ALGÉRIENNE POUR 2005 :

L’Algérie va rejoindre la francophonie

Le ministre des Affaires étrangères s’est exprimé hier sur le plateau de « Questions de l’heure », une émission hebdomadaire de la chaîne 3. Lors de son passage, il a dévoilé une partie du tableau de bord de notre politique extérieure en 2005. Le sommet de la Ligue arabe, a-t-il déclaré, aura lieu le 22 mars tandis que le traité d’amitié algéro-français sera signé cette année.

Une diplomatie « sereine, ouverte et pragmatique », c’est la définition que le ministre des Affaires étrangères a donnée hier de la politique extérieure de l’Algérie et de l’action de son département. Une formule qu’il a utilisée en guise de bilan d’une année 2004, qui a confirmé « le retour de l’Algérie sur la scène internationale », mais qui peut aussi bien servir de vœu pour 2005. L’agenda de la nouvelle année s’annonce riche en effet : sommet de l’Union africaine à Libreville, le 10 janvier prochain ; sommets de la Ligue arabe et de l’UMA ; le traité d’amitié algéro-français ; sommet de l’Union africaine à Abuja en décembre prochain ; sommet afro-asiatique à Bandoeng, etc. Mais les contraintes seront aussi nombreuses et aussi redoutables, à l’image du dossier qu’il a principalement évoqué : le monde arabe et le sommet de la Ligue, qui aura lieu le 22 mars prochain à Alger.

La date de ce rendez-vous ardu sur lequel pèsent beaucoup de menaces en raison de l’état déplorable dans lequel se trouve le monde arabe et en raison des différends que suscitent le débat sur la réforme de la Ligue, a été choisie pour des raisons symboliques. Le 22 mars prochain la Jami’a arabe fêtera le soixantième anniversaire de sa création, le 22 mars 1945. Un âge vénérable, mais que les dissensions actuelles et les querelles intestines ne reflètent point. Loin s’en faut.

Un des objectifs du sommet d’Alger, a déclaré M. Belkhadem à ce sujet, est d’imposer une réforme devenue vitale et de sortir la Ligue de l’inertie qui est la sienne depuis des décennies. Plusieurs scénarios, algérien, jordanien et yéménite, a-t-il poursuivi, sont proposés à cette fin. Alger, a-t-il précisé, souhaite que la Ligue se dote d’une nouvelle charte, en rupture avec celle qui a vu le jour en 1945, et qu’elle opte pour un fonctionnement démocratique et efficace.

En s’opposant à l’Égypte ? Le ministre des Affaires étrangères trouve cette question quelque peu rude, mais il ne s’est pas empêché de poser le problème en termes de géopolitique et de retour du Maghreb sur une scène arabe longtemps monopolisée par Le Caire et le Machrek d’une manière générale.

Craint-il une fracture à ce propos ? Il ne le pense pas, mais sa réponse intempestive annonce des négociations très dures et une possibilité de crise semblable à celle que la Ligue a vécue l’an dernier. « Nous refusons la dictature du consensus » pour le consensus. Nous voulons une « présidence tournantea» et nous voulons que la Ligue devienne autre chose « qu’une annexe du ministère des Affaires étrangères égyptien ». Une formule choc, très peu diplomatique, mais qui a le mérite de cerner l’ordre du jour actuel au sein de la Ligue : un besoin de fonctionnement démocratique et une rationalité à la mesure des défis auxquels la région est confrontée.

En mars prochain, ce ne sont pas uniquement les questions politiques et organiques de la Ligue proprement dite qui seront débattues dans la capitale algérienne. Il y aura aussi des dossiers brûlants à gérer tel l’inénarrable crise qui oppose Tripoli à Nouakchott ou, plus récemment, le contentieux saoudo-libyen et l’accusation de Tripoli par Ryad d’avoir eu une main dans la tentative d’assassinat qui aurait ciblé le prince Abdallah en 2003. Dans ce labyrinthe, l’optimisme de M. Belkhadem à ce sujet reste aussi frappant que son discours sur le Maghreb. Le sommet de la Ligue arabe, pour lequel il y aura une réunion préparatoire le 9 janvier prochain au Caire, sera l’occasion, pour lui, de rencontrer ses homologues maghrébins et réfléchir au calendrier du sommet des chefs de l’État de l’UMA qu’on ne cesse d’annoncer depuis quelques mois. Quelles que soient les difficultés, « l’UMA est un choix stratégique dicté par les défis actuels et par la logique dominante des grands ensembles », a-t-il déclaré en confirmant au passage qu’il y a eu bel et bien une médiation maghrébine initiée par l’Algérie entre la Libye et la Mauritanie.

Sur le plan des relations algéro-françaises, le chef de la diplomatie a indiqué que la signature du traité d’amitié prévue entre les deux pays se fera cette année. Mais il n’a donné aucune indication sur la date pour cet événement. Il a également confirmé l’intention de rejoindre la francophonie. « Nous y allons », parce qu’il s’agit, a-t-il expliqué, d’un espace qui a beaucoup évolué et son nouveau cadre stratégique correspond en beaucoup de points à la vision algérienne.

Noureddine Azzouz

 

Source : Le Quotidien d'Oran, le 04 janvier 2005

 

 

 

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