États
Généraux » francophones sur les grands problèmes actuels
4. Concevoir
un grand « Portail francophone » pour démultiplier les contenus
numériques en français sur les réseaux
5. Réformer
et relancer la chaîne TV5 Monde comme média identitaire de la
francophonie
Priorité n° 2 : Redonner une impulsion et une efficacité à la
Francophonie
6.
Organiser une grande manifestation culturelle et médiatique
annuelle
7.
Fixer des objectifs communs sur les grands problèmes du XXIe
siècle :
-
Réchauffement climatique : signer un Pacte francophone
-
Énergie : concevoir une « alternative de développement »
-
Crise alimentaire mondiale : « Plan de solidarité contre la
Faim »
8.
Défendre les Droits de l’Homme et la Liberté de la Presse, au
delà des grandes déclarations de principe
9.
Rendre plus efficace la gestion de la prévention des
conflits
10.
Créer une Fondation de la Francophonie
Priorité n° 3 : Reprendre l’offensive linguistique
11.
Créer une « Académie
francophone »
12.
Intégrer la Francophonie dans les programmes des écoles et des
collèges
13.
Favoriser les échanges et la mobilité dans les lycées et les
universités
14.
Démultiplier l’action de soutien à l’apprentissage du
Français
15.
Consolider le tissu médiatique francophone par la diffusion
satellitaire
16.
Renforcer l’usage du Français dans les institutions et les
entreprises nationales et internationales
Conclusion
Francophonie –
Repères
**********************************
Présentation
Comme la France après la Seconde Guerre Mondiale, la Francophonie a
connu ses « Trente Glorieuses
», marquées par deux temps forts.
Souvenons-nous. C'était au début des années 1960. Au sortir de la
décolonisation, quatre hommes politiques, Léopold Sédar Senghor, Habib
Bourguiba, Norodom Sihanouk et Hamani Diouri, décidèrent, chacun pour
leur pays, de poser les premières fondations de la Francophonie. Pour
eux, la langue de Molière bénéficiait d'une envergure internationale et
constituait un atout essentiel grâce auquel leur pays allait pouvoir
entrer de plain-pied dans la communauté internationale. Second temps
fort à la fin de la Guerre Froide, lorsque certains pays d'Europe
Centrale et Orientale, tout juste dégagés du régime communiste,
trouvèrent dans la Francophonie une rampe d'accès à l'Union Européenne,
un moyen de s'identifier à une langue, à un discours, à une culture
autres que ceux véhiculés par la superpuissance mondiale.
Depuis cette double période d’embellie francophone, le contexte
politique et économique a considérablement changé : la compétition
mondialisée s'est durcie, la pression des États
et des peuples en faveur de la diversité culturelle s'est accentuée. La
Francophonie renvoie toujours à l'ensemble des pays du monde ayant
« la langue française en partage
» (53 États
membres, 2 membres associés, 13 observateurs), mais elle peine à
renouveler ses idées et son action. Les causes de cette difficulté
tiennent pour l’essentiel à trois déficits : manque de visibilité,
entraînant la perception d’un manque d'efficacité, dans un
contexte de relatif affaiblissement de la langue française.
1/ Le manque de visibilité est manifeste dans de nombreux
domaines, de l’institutionnel au culturel, de l’audiovisuel extérieur à
l’Internet.
Les Français ne témoignent pas d’intérêt à la Francophonie, comme le
montre la faible médiatisation à la radio, à la télévision et dans la
presse écrite qu’a suscité la Journée internationale de la Francophonie
du 20 mars 2008, en dépit des discours des présidents Sarkozy et Diouf.
L’appellation « Organisation internationale de la Francophonie » n’est
pas connue du grand public et les actions pratiques qu’elle promeut ou
engage passent largement inaperçues. Les organismes, les agences et les
associations francophones sont multiples, si bien que personne ne sait
faire la différence dans cette palette de sigles : AUF, AIMF, AIF et OIF.
La vocation francophone de la chaîne TV5 n’est pas véritablement
comprise en France même… Enfin en France toujours, le concept même de
Francophonie apparaît daté, dépassé, sans écho dans les jeunes
générations.
Pourquoi cette invisibilité ?
D’abord par ce que
la France est trop repliée sur
elle-même, avec comme principal horizon l’Union Européenne,
sans se rendre compte que les expériences liées à l’histoire de la
Francophonie et de l’Outre-mer constituent des sources d’enrichissement
très précieuses pour aborder le sujet de la « cohabitation culturelle ».
La France est au cœur de l’Europe mais elle a une vocation qui dépasse
cette frontière géographique ou politique.
Cette limitation a
comme première cause le poids du boulet de la colonisation et les
souvenirs cuisants de la décolonisation. Le rapport à l’histoire de la
Francophonie n’a pas encore été tranché sereinement. Il faudrait
aujourd’hui décomplexer la
Francophonie :
un demi-siècle après les indépendances, notre langue commune est une
liberté et une force partagée, nous devons nous concentrer sur la
manière dont nous pouvons en tirer le meilleur parti pour tous les
Francophones.
Or les Français
eux-mêmes ont du mal à concevoir la
diversité culturelle comme une source d’enrichissement
pour la pensée politique, pour la littérature, pour les sciences
sociales. On l’a vu lors du débat sur le port du voile à l’école, où la
réaffirmation de la « laïcité à la française » a parfois été ressentie
en France et dans les opinions publiques des pays musulmans, comme une
mesure vexatoire et défensive, sourde aux revendications portées par
d’autres identités religieuses ou culturelles. La France est
universaliste dans les mots et les valeurs, et cette attitude mentale a
parfois du mal à se concilier avec l’ouverture à la diversité
linguistique et culturelle.
L’effort de prise en
compte de la diversité francophone n’est réalisé ni par les hommes
politiques, ni par les médias, ni par les intellectuels, ni par
l’Université. Les « élites » sont trop rarement exemplaires en ce
domaine ! Comme si la référence à la diversité, pourtant largement
présente dans le discours politique sur l’exception culturelle depuis
maintenant 20 ans, ne s’appliquait ni aux Outremers, ni aux pays
francophones.
Les causes de cette situation sont donc
largement françaises,
et c’est évidemment un paradoxe quand on sait que la France est de loin
le premier contributeur au fonctionnement des institutions francophones.
Le décalage entre un haut niveau de financement et un bas niveau de
perception de l’importance du sujet est à l’origine d’une interrogation
réelle sur la place de la Francophonie.
2) Le « manque
d'efficacité » de la
Francophonie est une perception malheureusement largement diffuse,
qui a
elle-même plusieurs sources. Première source : le défaut de
visibilité de l’action des institutions francophones ne leur permet pas
de faire reconnaître leurs succès à leur juste mesure. Le rôle de la
Francophonie dans le combat pour la diversité culturelle, par exemple, a
été décisif, mais rarement remarqué ou compris. Deuxième source :
l’insuffisante reconnaissance du rôle des institutions francophones dans
certains processus de pacification ou de démocratisation. La
Francophonie s’engage au service de la paix, de la démocratie et des
droits de l’homme. Mais les démarches concrètes effectuées restent
insoupçonnées du grand public.
Pourquoi cette
perception négative ?
D’abord
parce qu’il est indéniable que l’OIF
peine à constituer une entité unique et
solidaire. Au
cours des dernières années, on observe même une relative dilution du
lien affectif qui liait l’ensemble des Francophones. Si l’on
s’intéresse aux structures mêmes de la Francophonie, le budget de l’OIF
est trop déséquilibré (50% pour la France) ce qui alimente l’idée que la
Francophonie incarne seulement une certaine idée de la France à
l’étranger, et non une entité indépendante à laquelle la France
participe, comme c’est le cas de l’Union européenne.
Par ailleurs,
la proximité francophone ne facilite
nullement les déplacements
des Francophones du Sud vers le Nord ou entre les pays du Sud, ce qui
limite la perception d’une « communauté » effective et agissante. Il n’y
a pas de « privilège francophone »,
ou s’il existe dans certains domaines (par exemple dans le domaine
culturel, dans les calculs du CNC pour l’établissement des quotas ou des
subventions, etc.), il n’est pas suffisamment manifeste ni revendiqué.
Il est essentiel de trouver des remèdes rapides à cette perception
médiocre voire négative de l’action de la Francophonie et de son
efficacité. Des mesures symboliques fortes doivent être prises qui
frapperont les esprits et redonneront un sens à la communauté
francophone. C’est le sens de plusieurs propositions de ce rapport qui
visent à redonner une actualité à la Francophonie.
3) Le relatif affaiblissement de la langue française.
Cet affaiblissement que perçoivent nettement ceux qui voyagent à
l’étranger est d’abord le résultat d’évolutions qui remontent à près
d’un demi-siècle. Cette tendance pourrait être aujourd’hui en cours
d’inversion, ou de stabilisation. Quelles sont les causes principales de
l’évolution constatée ? La première considère que l’anglais constitue,
dans le cadre de la mondialisation, la langue de la modernité, de
l’innovation, de la créativité et l’outil indispensable de communication
pour le commerce et la finance. La substitution courante du terme « business »
aux mots « les affaires » demeure à cet égard un signe
révélateur. La deuxième tendance assimile la langue française à une
série de stéréotypes passéistes et socialement marqués, comme
l’élitisme, la mondanité ou encore l’époque révolue d’une France
dominatrice politiquement et culturellement sur le continent européen,
de Louis XIV à Napoléon Ier en passant par la période des Lumières. En
un mot, l’anglais, c’est l’avenir, le français, c’est le passé.
Comment s’est constituée cette image ?
La force d’affirmation linguistique est inséparable du dynamisme
économique et culturel des nations qui portent une certaine langue. Or
le rôle économique des pays francophones dans le monde pèse moins que
celui des pays anglophones, qui disposent ainsi d’un plus large marché à
la fois culturel et commercial pour s’affirmer. Mais d’autres
considérations entrent en jeu, qui tiennent aussi à la capacité de
rayonnement intellectuel, aux efforts de recherche, au potentiel
universitaire, à l’influence politique et morale, à la légitimité des
choix diplomatiques. L’influence linguistique est une donnée historique,
certes, mais également en ce sens qu’elle est le fruit d’une histoire,
d’une mémoire, d’un legs culturel…
Il est possible, là-encore de décomplexer la Francophonie, de lui
rendre sa fierté en même temps que sa place naturelle. Les deux langues
des Jeux Olympiques et du sport mondial sont le français et l’anglais,
elles doivent le rester à égalité. Les institutions internationales
fonctionnent toutes sur le plurilinguisme, l’anglais ne doit pas devenir
la langue commune unique, les diplomates et les responsables
d’institutions multilatérales francophones doivent être rappelés
régulièrement à leur devoir d’utiliser le français dans les enceintes
internationales. Des mesures simples peuvent être adoptées pour
entraîner un cercle vertueux en faveur du plurilinguisme.
Situation de la Francophonie : un tissu de contradictions
Ce qui apparaît nettement, dès cette présentation, c’est la difficulté
du diagnostic et le tissu de contradictions qui constitue aujourd’hui la
réalité de la Francophonie. Le potentiel francophone est immense, l’élan
qu’il constitue et la force qu’il peut représenter sont sensibles. Mais
il n’est pas suffisamment entretenu, renforcé, utilisé, valorisé.
Dès lors, face aux trois faiblesses reconnues, il nous est apparu
nécessaire d’orienter nos propositions vers trois grandes priorités :
remettre la francophonie sur le devant de la scène, par une plus
forte utilisation de l’atout trop peu exploité que constitue TV5 Monde,
par la création d’un visa francophone, par le lancement des Etats
Généraux de la Francophonie ; rendre plus perceptible l’action de la
Francophonie et ses résultats, en révisant le périmètre d’action et
la structure de financement de l’Organisation internationale de la
Francophonie, en rendant l’action extérieure de la France plus
cohérente, en plaçant la Francophonie en pointe sur les grands thèmes
sociaux et économiques contemporains ; enfin, toute une série d’autres
mesures appellent à la discipline et à la mobilisation, afin de
renforcer à la fois l’image et l’usage de notre langue, dans
les institutions internationales, notamment européennes, et en France
même, dans les ministères, les administrations, les entreprises et les
médias, au sens large.
Bien sûr, la mise en œuvre de telles propositions et les changements
d’attitude qu’elles impliquent nécessiteront collectivement de gros
efforts. Certes, le passage d’une stratégie défensive à un désir de
conquête et d’influence de la culture francophone ne se fera pas du jour
au lendemain. Mais il ne faut pas douter un seul instant de la
détermination et de la volonté de réforme de chaque acteur concerné,
hommes politiques et fonctionnaires, nationaux et internationaux, et
notamment du Secrétaire Général de l’OIF, le Président Abdou Diouf,
figure de proue de la Francophonie. Il convient également d’encourager
le talent des artistes, créateurs, écrivains et chanteurs, qui apportent
un indicible souffle de popularité, de liberté, de jeunesse à notre
langue. Il faut miser, enfin, sur l’initiative individuelle de chacun
pour conduire, dans ses loisirs et ses passions, des projets novateurs,
des plus sérieux aux plus ludiques, et le réseau mondial tissé par
Internet est aujourd’hui une arme pour la Francophonie, dont les
créateurs francophones doivent prendre conscience pour mieux
l’exploiter.
Car il en va de l’intérêt du monde en même temps que de la France. La
mondialisation ne sera vivable que dans la diversité culturelle, le
dialogue, la solidarité, et surtout, la prise de conscience que nous
constituons tous, quelles que soient notre religion, nos opinions
politiques, nos ressources économiques, notre origine géographique,
« l’équipage d’un même navire », selon la lumineuse expression de
Saint-Exupéry. La France ne pourra répandre son influence dans le monde,
faire entendre avec suffisamment d’écho une voix différente, que si nous
savons proposer une autre vision du monde que celle des anglo-saxons, au
sein d’une Francophonie exemplaire, respectueuse des différences et
terreau de leur dialogue.
C’est André Malraux, qui, dans son discours prononcé à l'occasion de la
Conférence des Pays Francophones à Niamey, le 17 février 1969, a
affirmé avec le plus de force la conviction la plus profonde qui unit
les pays francophones : "La culture ne connaît pas de nations mineures,
elle ne connaît que des nations fraternelles" La culture est toujours
porteuse du respect et de l’ouverture à l’autre, elle est écoute et
dialogue, non exclusion ou mépris. La solidarité linguistique est la
première et la plus importante des passerelles qui rapprochent les
hommes, les nations et les continents. Ne pas le comprendre pour en
tirer le meilleur parti, c’est s’appauvrir d’un atout irremplaçable.
Aujourd’hui la France ne peut plus se payer le luxe de négliger une
chance, l’espace francophone, au sein duquel les nations sont
naturellement « fraternelles ».
C'est dans cet esprit de fraternité que le présent rapport entend
contribuer à une Renaissance de la Francophonie.
I
-
État des
lieux
1) La Francophonie : qu’est-ce que
c’est ?
Une entité évolutive
La Francophonie institutionnelle voit le jour avec la
Convention de Niamey le 20 mars 1970 qui fonde l'Agence de Coopération
Culturelle et Technique (ACCT). La Francophonie a été créée dans un
mouvement d'émancipation des anciennes colonies françaises, mais son
origine n’est pas française. C'est par la suite que la France rejoindra
ce regroupement international. Fondée sur le partage d'une langue
commune, elle se donne pour vocation de promouvoir les cultures
francophones et d'intensifier la coopération entre ses membres.
Depuis sa naissance, la solidarité francophone a su se remettre en
question pour mieux servir ses ambitions. En trente ans, l'organisation
a changé mainte fois de configuration. Elle s'est dotée d'un Secrétaire
général en 1995 lorsqu'elle devient l'Agence de la Francophonie avant de
d’adopter une nouvelle configuration institutionnelle en 1999 en tant
qu' « Agence intergouvernementale de la Francophonie ».
Avec la création de l'Organisation Internationale de la Francophonie par
la « Charte de la francophonie » du 23 novembre 2005, la Francophonie
renforce son rôle politique et acquiert un statut sur la scène
internationale. Sa vocation initiale est la coopération culturelle :
promouvoir la langue française, la diversité culturelle et linguistique,
lancer et encadrer des programmes de coopération dans toute une série de
domaines tels que l'éducation, la solidarité ou le développement
durable. A ces piliers fondateurs s'ajoutent de nouveaux enjeux :
défendre les droits de l'homme et la démocratie, prévenir les conflits,
promouvoir la diversité dans un monde de plus en plus sous l'influence
de la culture anglo-saxonne.
Contre toutes les idées reçues, l'OIF telle que nous la connaissons
aujourd'hui est donc une organisation internationale jeune. Elle
s'inscrit dans un processus de maturation et développe ses activités de
manière importante et à un rythme soutenu. Mais malgré ses multiples
missions, son budget reste modeste pour une organisation internationale.
Avec ces changements de statuts, de formes et la multiplication de ses
missions, l'OIF connaît des lourdeurs et une confusion qui nuisent à sa
visibilité mais aussi à son efficacité.
Premier défi : rendre plus visible une
organisation aux contours flous
La Francophonie manque de visibilité tant auprès des Français que des
autres francophones. En 38 années d'existence, l'entité francophone a
changé plusieurs fois de nom et de forme et cela a notamment entamé la
connaissance que nos contemporains peuvent avoir de ses structures, et
par conséquence sa visibilité. Le mot « Francophonie », dépassé pour
certains, porteur d'espoir et d’avenir pour d'autres, est le seul mot
constant que l’organisation intergouvernementale a gardé dans ses
différentes appellations. Rappelons que l'Organisation des Nations Unies
n'a jamais changé d'appellation depuis sa création en 1945. L’image, la
représentation collective dans les esprits de nos contemporains de LA
Francophonie, a certainement souffert de cette évolution de la forme
institutionnelle et finalement représentative de la Francophonie.
Le manque de visibilité de l'OIF sur la scène internationale n'est
évidemment pas qu'une question de nom. Les causes sont multiples et
diverses. Soulignons deux points. Les Sommets de la Francophonie,
réunissant les chefs d'
État et de gouvernement des pays membres de l'OIF,
n’ont lieu que tous les 2 ans. Cette périodicité, pour une entité qui
souffre d'un manque de visibilité, est-elle suffisante ? L’espacement,
donc la rareté de ces sommets, qui dressent le bilan des actions passées
et préparent celles qui suivront, ne permettent pas une mise en avant
suffisante de la Francophonie, sur la scène médiatique nationale et
internationale.
Ensuite, peu de citoyens connaissent vraiment la Francophonie et le
fonctionnement de ses institutions. Lorsqu’on les interroge, la plupart
des sondés imaginent une association internationale de pays francophones
menée par la France. Rares sont ceux qui connaissent l’Agence
Universitaire de la Francophonie ou même l’Organisation Internationale
de la Francophonie.
L'éducation : un axe primordial. En France, la faiblesse de certains
programmes scolaires sur l'histoire du vingtième siècle français, ne
permettent pas d’appréhender l’appartenance de tel ou tel pays à
l’ancien « espace français ». Ce chaînon manquant dans l'imaginaire
collectif empêche nos contemporains de relier la situation actuelle avec
le passé. L'existence de la Francophonie commence à l'école. Les manuels
d’histoire actuels ne montrent pas suffisamment la proximité des peuples
francophones, qui devraient mieux se comprendre grâce au sentiment
qu’ils héritent d'une histoire commune. Une réflexion devrait être menée
au sein de la Francophonie pour faciliter une approche décomplexée de
l’histoire de nos nations et des liens qu’elles ont entretenu.
Décomplexée, cela signifie que cette conscience ne passe ni par une
culpabilisation ni par une dévalorisation, mais par une projection vers
l’avenir, en considérant que notre langue commune est une chance pour
construire notre avenir commun et faire reconnaître nos valeurs propres
dans l’espace mondialisé.
Or l'OIF constitue la seule organisation qui fédère les
États francophones et les représente
tous ensemble. C’est donc naturellement le rôle de l’OIF d’incarner ces
valeurs partagées et cette projection vers un avenir commun. L'OIF peut
et doit prendre cette place dans les esprits. C’est un processus en
cours, mais encore inachevé. Il s’agit d’opérer une véritable
conversion, en faisant apparaître une nouvelle cartographie linguistique
internationale et en cessant de placer à chaque fois son propre pays au
centre de la toile, sans égard pour les autres.
En matière scolaire et universitaire, il faut également déplorer
l'absence de l'Organisation internationale de la Francophonie dans
beaucoup de cours de sciences politiques, et plus précisément dans les
cours de Relations Internationales ou encore de Droit International.
L'accent est évidemment porté sur les nombreuses Organisations
Internationales comme : L’ONU, l’OTAN, l’OMC, le FMI... Mais les futurs
spécialistes, experts ou « artisans » des relations internationales sont
trop peu sensibilisés au « fait francophone », à cette organisation
internationale qui compte pourtant un tiers des pays membres des Nations
Unies ! L'intégration de l'OIF dans les esprits passe aussi par la
formation d'une élite intellectuelle et politique maîtrisant la
connaissance de l’OIF, de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF),
qui regroupe près de 80 parlements nationaux, ou encore du Conseil
permanent de la Francophonie.
Une exposition médiatique peu
représentative
Il est clair aujourd'hui que tout phénomène existe d'abord dans et par
les médias, c’est pourquoi la Francophonie dispose d'une vitrine
télévisuelle comme TV5 Monde. TV5 Monde est LA chaîne de la
Francophonie. Créée le 2 janvier 1984, TV5 est distribuée depuis Paris
via sept signaux : Afrique, Asie, Amérique Latine,
France-Belgique-Suisse, Orient, Europe, Etats-Unis. Le huitième signal
TV5 Québec Canada, géré depuis Montréal, a vu le jour en 1986.
À l’origine TV5 devenue TV5 Monde en
janvier 2005, était essentiellement destinée à la rediffusion des
émissions des chaînes partenaires. Aujourd’hui, elle n’est plus
seulement la vitrine des productions des partenaires, les productions de
la chaîne représentent 40% de l’antenne, elles comprennent des journaux
d’information ainsi que des magazines. Les 20% restants de la grille
sont composés d’acquisition de droits en matière de films, de fictions,
et certaines retransmissions sportives.
Plus de 180 millions de foyers sont raccordés à TV5 Monde. C’est le
deuxième réseau mondial de télévision derrière MTV et devant CNN. A ce
chiffre il faut ajouter 3 millions de chambres d’hôtel. L’audience
cumulée quotidienne de la chaîne est de 25 millions de téléspectateurs
et de 73 millions par semaine sur les cinq continents. Bien que tous les
pays couverts par TV5 Monde ne disposent pas de mesure d’audience du
type Médiamétrie, les régions où TV5 Monde est la plus regardée sont,
l’Europe (non francophone), l’Afrique et le Moyen-Orient.
Cette chaîne représente une force pour la Francophonie. Même
l'Organisation des Nations Unies ne dispose pas d'un tel réseau.
Cependant, la politique audiovisuelle de la Francophonie ne reflète pas
réellement la Francophonie. L'essentiel des programmes est en effet
réalisé par France Télévisions. TV5 Monde apparaît alors plus comme une
chaîne de télévision française que francophone. Elle propose par exemple
peu de programmes d'origines africaines, si on fait exception du «
Journal Afrique », alors que les pays africains occupent une part très
importante dans la Francophonie. La chaîne manque donc d'une
représentativité pertinente des différentes sensibilités francophones.
En France, TV5 Monde reste peu connue du public. Elle est souvent perçue
comme une chaîne à destination des français voyageant ou vivant à
l'étranger. Bien que 70% des programmes de la chaîne francophone émanent
du groupe France Télévisions, peu de Français la regardent en France. En
effet, TV5 Monde est disponible sur le câble, le satellite et les
réseaux de diffusion de télévisons ADSL. Ces circuits ne sont pas
nécessairement disponibles chez tous. De plus, la chaîne figure sur des
canaux de télévision difficiles d'accès - par exemple la 151e chaîne
pour le réseau de diffusion adsl Freebox (près de 5 millions d'abonnés)
– là ou les chaînes de la TNT sont dans les premières positions. TV5
Monde est donc peu visible dans le paysage télévisuel français.
L’histoire récente et mouvementée de l’Organisation Internationale de la
Francophonie, la multiplication des missions à entreprendre, le manque
de pédagogie en direction des populations francophones, et la sous
exposition de la chaîne de télévision francophone contribuent au manque
de visibilité de la Francophonie.
Ces différents points relatifs à la visibilité francophone, sont les
conséquences d'une évolution trop rapide, bousculant sans cesse les
stratégies adoptées, entraînant une sorte de passivité apparente de la
francophonie.
2) La Francophonie : qu’est-ce qu’elle
fait ?
Une perception insuffisante
voire négative des actions menées
Consacrée au Sommet de Hanoï en 1997, la francophonie politique a, dans
les domaines de la démocratie, de l’État
de droit, de la gouvernance démocratique et des droits de l’Homme,
construit depuis ses premiers pas (Sommet de Dakar en 1989), une
démarche originale, un dispositif crédible, une capacité d’action qui
ont fait leurs preuves dans plusieurs domaines, donnant ainsi la mesure
de leurs possibilités et qui méritent aujourd’hui d’être engagés dans
une dynamique rénovée. En s’engageant dans le projet d’adoption de la
Convention sur la diversité culturelle à l’UNESCO, indubitable succès
diplomatique, l’OIF a donné la mesure de l’importance de l’enjeu
politique que constitue la diversité culturelle.
De cette période, qui a vu la Francophonie se doter sur le papier d’une
véritable Organisation Internationale prête à la conquête d’une place
originale, significative et reconnue sur la scène internationale, il
ressort clairement que la Francophonie est apte à jouer un rôle sur
plusieurs grands enjeux stratégiques contemporains, la démocratie, la
prévention des conflits et le respect des Droits de l’Homme. Cette
dynamique impulsée par le Secrétaire général a créé des espoirs et des
attentes, qu’illustre par exemple le succès de l’élargissement et le
grand nombre de nouveaux États
candidats à l’adhésion.
Face à ces espoirs et ces attentes apparaît aujourd’hui une vague de
déception et de lassitude liée aux difficultés de la mise en œuvre des
réformes de l’Organisation depuis 2005, réformes destinées à la rendre
performante, plus efficace, mieux centrée sur sa spécificité et son
identité, dotée de capacités et de compétences adaptées, plus lisible et
plus visible.
L’OIF est une organisation internationale jeune. Cet aspect doit être
pris en compte et doit être compris. Le facteur temps est
incontournable, on n’obtiendra pas une organisation internationale
pleinement efficace dans un laps de temps aussi réduit que trois années,
ni même dix. L’avènement progressif et encore très récent de l’aspect
politique de la Francophonie était essentiel car le regroupement des
pays francophones se devait d’agir de concert sur les grands sujets du
nouveau millénaire. Le volet culturel est important, mais n’était pas
suffisant. Le but d’un tel groupement politique était de donner de la
voix dans les grands débats internationaux du monde et de contribuer
dans la zone francophone à la paix, à la démocratie et aux droits de
l’homme. Depuis que l’OIF en tant qu’organisation politique existe, elle
poursuit ces objectifs et, parallèlement, se réforme elle-même.
Cependant la nouvelle configuration de la Francophonie a amené avec elle
toute une série de nouvelles actions à prendre en charge, maintien de la
paix, démocratie, droits de l’homme mais aussi développement durable,
coopération politique, etc. Or le budget de la Francophonie, est resté
le même, il n’a pas diminué mais il n’a pas augmenté. L’OIF se voit donc
contrainte de s’atteler à une multitude de nouvelles tâches avec les
mêmes moyens. D’un côté la création de l'OIF a favorisé une
rationalisation qui doit être poursuivie, mais d’un autre côté la
multiplication des missions a eu pour conséquence une dispersion des
actions, une forme de saupoudrage des moyens financiers, et finalement
un manque de lisibilité des résultats produits.
Exemple révélateur : au coeur d’une solidarité francophone spontanée,
qui s’exerce à tous les niveaux et par tous les canaux (associations,
collectivités territoriales, ONG, etc.), la Francophonie multilatérale
ne parvient pas pour le moment à identifier une approche pertinente pour
ses actions de coopération, telle que la patte de l’OIF pourrait
immédiatement y être reconnue. De plus, l’OIF a du mal à organiser ses
activités en distinguant nettement ce qui doit être fait par son
administration propre et ce qui doit être confié aux administrations
nationales de ses membres, ainsi qu’à placer sous son égide la cohérence
de l’action menée.
Le nerf de la guerre
La volonté politique doit être soutenue par des moyens appropriés. Un
certain nombre de programmes de l’OIF ont l’objectif d’apporter de
l’aide au développement directement aux populations concernées. La
modestie des moyens mis en œuvre et la difficulté du suivi et de
l’évaluation de ces projets sur le terrain entraînent un débat sur leur
pertinence. Les pays bénéficiaires, conscients du faible impact de ces
projets, redoutent cependant les échos symboliques et politiques de leur
suppression… Mais l’avenir de ces projets ne peut être assuré que par un
investissement financier significatif à la hauteur des missions
ambitieuses de la Francophonie.
Par ailleurs, le budget de l'OIF est pour une grande part assumé par la
France. En 2008, environ 50% du budget est financé par la France, le
reste est à la charge des 54 autres Etats membres de plein droit. Ce
déséquilibre entraîne un déficit de légitimité pour chacun des autres
pays de la Francophonie pour peser sur les décisions. Alors que les
autres pays du Nord revendiquent périodiquement leur existence au sein
de l'ensemble francophone, leurs participations financières ne
démontrent pas un mouvement vers un rééquilibrage équitable des moyens
mobilisés au sein de la Francophonie.
Solidarité et politiques migratoires
Les récentes évolutions des politiques migratoires dans les pays du nord
et particulièrement en France sont mal ressenties par les populations
francophones du Sud. Ces dernières ont l’impression que les autres
grands pays du Nord, et en particulier le Royaume-Uni, les
États-Unis d’Amérique, le Canada,
sont plus hospitaliers et ouverts que les anciennes métropoles. Les
populations francophones d’Afrique en particulier ne comprennent pas
toujours les nouvelles règles qui semblent vouloir les repousser, alors
que la France affiche sa volonté de faire renaître un authentique esprit
de « communauté francophone », cette communauté de destins si chère aux
fondateurs de la Francophonie, cette communauté de valeurs qui permet de
se tourner ensemble vers l’avenir en privilégiant les mêmes choix
politiques fondamentaux.
Il y a une contradiction entre la perception des choix politiques et les
réalités, qui nuit à l’image de la Francophonie et à la construction
d’une vraie communauté de destins : en effet les politiques
d’immigration choisie ont naturellement vocation à favoriser les
Francophones, la possession de la langue étant un des critères
importants des dossiers retenus. Il ne coûterait rien d’afficher avec un
peu plus de netteté cet élément qui contribue au renforcement des liens
linguistiques et affectifs, plutôt que d’insister sur l’aspect
systématiquement restrictif des dispositions retenues. Une chose est
claire, le visage du Nord vers le Sud doit cessé d’être celui de Janus,
souriant quand il descend au Sud, grimaçant quand le Sud vient à lui.
Les petits soldats de la Francophonie
Dans la galaxie francophone opèrent d’autres acteurs. TV5 Monde,
l’agence universitaire de la Francophonie (AUF) qui coordonne les
échanges entre ses membres : plus de 635 universités, instituts et
centre de recherche francophones. Mais il y a également l’Université
Senghor d’Alexandrie, établissement de 3ème cycle au service
du développement des pays du Sud, l’association internationale des
maires et responsables des capitales et métropole francophones (AIMF)
qui compte 166 villes membres, qui accomplit sur le terrain des actions
particulièrement efficaces.
Dans la galaxie francophone existent également un grand nombre
d’associations, comme l’Alliance Internationale (AI), l’Association
pour la diffusion internationale francophone de livres, ouvrages et
revues (ADIFLOR), l’association francophone d’amitiés et de liaison (AFAL),
la Fédération internationale
des professeurs de français (FIPF), l’association internationale des
régions francophones (AIRF), l’Union internationale de la Presse
Francophone (UPF). Il existe une multitude d’associations francophones.
Elles représentent une véritable richesse culturelle, une formidable
force d’action, de promotion de la langue française mais aussi, et
surtout, de l’idée francophone elle-même. De la promotion du français,
en passant par la coopération scientifique ou culturelle, au simple
regroupement des francophones d’une ville, à Sydney en Australie, à Los
Angeles aux Etats-Unis ou encore à Rio de Janeiro au Brésil, elles sont
des dizaines à travers le monde à représenter la communauté francophone.
Elles sont toutes différentes, mais une chose leur est commune : porter
haut et fort l’idée francophone.
Pourtant, au contraire des opérateurs de la Francophonie qui travaillent
en relation étroite avec l’OIF, chacune de ces associations fonctionne
en parfaite autonomie, chacune d’entre elles est libre de mener les
actions qui lui semblent utiles, et paradoxalement elles ont parfois le
même but, entreprennent les mêmes actions tout en ignorant qu’une autre
association, elle aussi francophone, agit dans le même sens. On assiste
souvent à une déperdition de l’effort de ces associations. Il n’existe
pas de structure, de fédération, regroupant tous ces « petits soldats »,
il n’y a pas de plate-forme chargée d’étudier les projets, de coordonner
les actions ou tout simplement de mettre en relation les associations
entre elles.
L’un des grands
enjeux de revitalisation du tissu francophone est d’appuyer mieux et
plus efficacement ce tissu associatif dynamique qui porte haut les
couleurs de la Francophonie, en lui donnant des outils efficaces de
communication, et c’est aussi dans cet esprit qu’il faut envisager la
création d’un grand portail francophone fédérateur…
La
communication, c’est désormais la mise en réseau.
Le simple fait de mettre en réseau des initiatives individuelles ou
associatives leur donne une portée exemplaire et une plus grande
efficacité. Les solutions sont parfois simples, le vingt-et-unième
siècle sera celui des communautés provisoires et fluctuantes, parmi
celles-ci l’identité francophone donne une dimension internationale à
chacun d’entre nous sans l’écarter de son univers mental.
Les réseaux
de communication et d’information comme Internet doivent être les
nouveaux chevaux de Troie de la langue française, partout dans le monde.
3) La Francophonie : une idée
ringarde ?
La langue française est la base, le lien, autour duquel s’est construite
l’idée francophone. C’est la langue française qui a réuni aussi bien les
fondateurs de la Francophonie que les populations des pays francophones.
La langue française est une des raisons d’être de la francophonie, et la
francophonie institutionnelle a été créée sur une base de coopération
culturelle, sur le partage d’une langue commune.
Dès lors, faire de la défense du français une idée ringarde, c’est saper
les bases mêmes de l’édifice francophone, et condamner d’emblée tous les
efforts qui pourraient être accomplis au nom de la Francophonie. Le
français est une langue toujours vivante, productive, féconde, qui sert
de base à de nouvelles langues. D’où vient donc l’idée reçue selon
laquelle nous assisterions à un déclin francophone ?
La domination anglophone
Au cours des cinq dernières décennies, l’anglais s’est imposé partout,
l’anglais est devenu la langue internationale de communication. L’usage
du français est donc en perte de vitesse à l’échelle mondiale et
l’anglais a pris une avance considérable. Tout d’abord, le français,
langue diplomatique par excellence, langue de travail officielle des
Nations Unies ou encore du Comité International Olympique est
aujourd’hui remplacé progressivement par l’anglais. Les chefs d’
États,
les dirigeants et plus largement les élites des pays francophones ne
sont plus régulièrement formés en français. La francophonie risque de
reculer en une ou deux générations, si la France, en liaison avec
d’autres pays francophones, ne forme plus les élites des pays
francophones. Nombre des meilleurs étudiants d’Afrique du Nord,
d’Afrique sub-saharienne, d’Asie se tournent vers les pays anglo-saxons.
Il n’est pas irrévérencieux de constater que plusieurs chefs d’États et
ministres de pays membres de la Francophonie ne peuvent pas s’exprimer
en français.
Ce processus d’éviction du français au bénéfice de la langue anglaise
n’est pas récent, il a débuté au lendemain de la seconde guerre
mondiale, mais ce phénomène s’est encore amplifié avec la mondialisation
économique, médiatique et financière. Il a littéralement explosé dans
les premiers temps de la démocratisation de l’usage d’Internet. Les
Québécois qui se sont battus pour affirmer leur identité et défendre
leur langue assistent aujourd’hui à un retour en force de l’anglais dans
la Belle Province. Alors que la langue française s’était imposée dans la
grande majorité des entreprises québécoises, aujourd’hui on demande
impérativement à un travailleur québécois de maîtriser l’anglais.
Dans d’autres pays francophones, l’usage du français est menacé, comme
au Cambodge, où pour une raison tout à fait différente, l’usage du
français a été repoussé pour des raisons politiques et idéologiques. En
Afrique, le rejet culturel de l’ancienne métropole a fait son chemin
avec le retour en force des langues nationales, retour qui s’affirme de
plus en plus depuis la mondialisation, comme par exemple le Wolof au
Sénégal, le Baoulé, le Sénoufo ou le Dioula en Côte d’Ivoire, pays
autrefois très représentatifs de la Francophonie pour leur usage très
répandu du français. Dans les pays du Maghreb pour les mêmes raisons
qu’en Afrique sub-saharienne, l’arabe s’affirme et remplace peu à peu le
français au point que certains jeunes de ces pays ne le comprennent pas.
Au Liban, autrefois très francophone, le français persiste encore porté
par les communautés Maronite ou Druze, mais les autres communautés
libanaises ne le pratiquent plus guère. Au Liban, après l’arabe, c’est
donc l’anglais qui s’impose comme deuxième langue, laissant peu à peu
l’usage du français s’éteindre avec la forte émigration des libanais
maronites. Et n’évoquons pas Madagascar…
Aujourd’hui, dans beaucoup de pays membres de la Francophonie, la langue
française se fait de moins en moins entendre, à la fois parmi les élites
et dans la population... Le constat est amer, mais il impose donc une
mobilisation et la prise de mesures radicales pour remettre le français
en usage, de manière volontariste, en mobilisant les moyens nécessaires,
ainsi que le font d’ailleurs les pays anglophones.
Le seul British Council anglais vient de lancer un programme visant à
faire passer le nombre de locuteurs anglophones de 2 milliards à 3
milliards avec un investissement de 150 millions d’euros. En effet, le
Royaume-Uni considère sa prédominance linguistique et l’extension du
nombre de locuteurs anglophones comme un enjeu commercial et
stratégique. D’où le développement des structures d’enseignement de
l’anglais partout dans le monde, afin de développer des liens
privilégiés dans les milieux d’affaires et dans les populations (qui
constituent des réserves de consommateurs).
En regard, le budget total que la France consacre à la Francophonie,
toutes institutions confondues, s’élève à 136 millions d’euros, celui de
l’OIF ne représente que 80 millions d’euros, et les programmes de l’OIF
pour l’enseignement et la promotion du français se montent à environ 6
millions d’euros. 6 millions contre 150 millions au Royaume-Uni.
Il faut absolument aborder la question de l’extension de l’usage du
français de manière offensive et décomplexée, à l’anglaise, parce que la
bataille linguistique n’est pas seulement culturelle ou esthétique :
c’est une bataille dont les enjeux véritables sont l’influence politique
et la croissance économique.
Or nous sommes à un moment décisif : alors même que le français perd peu
à peu sa place dans l’affrontement mondial contre l’anglais, y compris
dans les pays francophones, notre langue suscite un engouement certain
dans les pays non francophones, et même sur des continents non
francophones. Cet intérêt est bien visible en Europe de l’Est où
plusieurs pays font partie de l’OIF en tant que membres observateurs
alors qu’ils n’étaient pas historiquement des pays francophones, mais
également en Russie où la francophilie est largement exprimée, au Brésil
(où l’on compte plus de francophones qu’en
Égypte,
membre de l’OIF), enfin en Australie, et même aux
États-Unis.
L’usage de la langue française est en quelque sorte en perte de vitesse
dans l’espace francophone, mais le français séduit et attire de nouveaux
locuteurs partout à travers le monde.
Cette situation doit être mise à profit pour lancer une grande
contre-offensive linguistique, en multipliant, comme l’ont fait les
États-Unis, les dispositions
linguistiques en marge des accords commerciaux ou diplomatiques. Dans
aucune négociation importante, la dimension linguistique ne doit être
oubliée. Qu’il s’agisse d’engagements à développer l’enseignement du
français, qu’il s’agisse d’engagements à employer des locuteurs
francophones… Les dispositions contraignantes que les Anglo-Saxons et en
particulier les Américains n’hésitent pas à imposer à leurs partenaires
pour l’usage de l’anglais ne doivent pas nous paraître grossières ou
exagérées lorsqu’il s’agit de l’usage du français. Les milieux
d’affaires et les décideurs francophones font le lit de leurs
concurrents lorsqu’ils facilitent ou accélèrent eux-mêmes l’usage de
l’anglais dans leurs relations avec leurs partenaires, et au sein même
de leurs entreprises situées dans l’hexagone.
Conclusion de l’état des lieux
Pour une renaissance de la Francophonie :
redonner un sens à la « Communauté francophone »
Il est aujourd’hui
impossible de résoudre le malaise ressenti sans s’attaquer frontalement
à ses causes, et il faut pour cela redonner un sens fort à
la communauté francophone.
La France, si possible à travers son Président, son gouvernement, son
Parlement, mais aussi à travers les médias, les acteurs économiques et
culturels, peut accomplir les actes refondateurs qui donneront toute
leur place aux enjeux francophones et leur pleine légitimité, donc leur
visibilité, aux structures et institutions de la Francophonie qui en
seront bénéficiaires.
La méthode à suivre est double : elle repose sur quelques
actes symboliques à large retentissement et sur des
actions concrètes à la fois faciles à mettre en œuvre et
capables de produire rapidement des effets.
La suite de ce document identifiera donc, face à chaque faiblesse
diagnostiquée, de manière pragmatique, quelques propositions d’action
qui répondront à cette double attente symbolique et concrète.
Il s’agit en effet de proposer des solutions pratiques, plus que des
réflexions théoriques. La Francophonie est née comme un fait,
elle doit vivre maintenant comme action.
II – Trois
priorités et seize propositions
Priorité n°1 : Rendre la
Francophonie plus visible
Donner rapidement une vraie visibilité
à la Francophonie en France même et dans les autres pays francophones,
passe par cinq actions importantes, qui pourraient être mises en œuvre
sans délai.
Action symbolique :
1.
Inscrire les noms de Léopold Sédar Senghor et d’Aimé Césaire au
Panthéon.
Actions concrètes:
2.
Créer un « Visa francophone ».
3.
Organiser les «
États
généraux » francophones sur les grands problèmes actuels
4.
Concevoir un grand « Portail francophone » pour démultiplier les
contenus numériques en français sur les réseaux.
5.
Réformer et relancer TV5 Monde comme média identitaire de la
francophonie
L’esprit de la
Francophonie ne suffit pas : il faut qu’il ait des traductions
tangibles. La visibilité ne se décrète pas, elle s’obtient par des
actions qui attirent l’attention des médias et frappent le grand public.
Vouloir aujourd’hui donner plus de visibilité, donc plus de réalité, à
la Francophonie, cela passe d’abord par des événements « politiques »,
« culturels », « symboliques », où la France se reconnaîtra comme
francophone et où elle dira solennellement l’importance que revêt pour
elle la Francophonie (c’est précisément le sens du Panthéon que de dire
régulièrement cette reconnaissance de la nation française aux « grands
hommes » qui ont compté pour elle). Mais le symbolique ne suffit pas
pour « manifester » avec une force suffisante, l’utilité et l’importance
quotidienne de la Francophonie. C’est pourquoi, afin de frapper l’esprit
de tous les « peuples » francophones, il est nécessaire de donner une
actualité à la francophonie de manière régulière. Elle doit être
présente dans la vie quotidienne des francophones comme un espace
partagé (d’où l’idée du visa francophone), comme un espace de débat
permettant de prendre position sur l’avenir du monde (d’où
l’organisation d’États généraux thématiques sur les problèmes de notre
époque), comme un espace d’échanges intellectuels permanents (d’où le
renforcement nécessaire des contenus francophones sur Internet) et comme
une communauté « communicante » (d’où la nécessité de la doter d’un
média identitaire commun, qui naturellement devrait être TV5).
Proposition n°1
Inscrire les noms de Léopold Sedar
Senghor et d’Aimé Césaire au Panthéon
Léopold Sédar Senghor est l’un des fondateurs de la Francophonie.
Aimé Césaire qui avait été aux côtés de Senghor le chantre de la
négritude a rejoint plus tard son combat en faveur de la Francophonie.
C’est Aimé Césaire qui déclare en 2005 au Président Abdou Diouf :
« J’ai
longtemps été opposé à la francophonie, je considérais que c’était du
néocolonialisme. Eh bien, j’ai changé d’avis ! Je trouve aujourd’hui que
c’est une idée de modernité, qui va dans le sens de la diversité et du
dialogue des cultures que je mets au-dessus de tout. Elle respecte nos
cultures nationales ».
La France doit l’existence de la « Francophonie » institutionnelle,
aujourd’hui forte de 68 États,
rassemblés autour d’une langue commune, le français, à la volonté de
Léopold Sédar Senghor de réunir les peuples francophones du monde
entier.
Senghor l’académicien, Senghor le poète-président, et Césaire le
réfractaire, le poète-député-maire, sont deux très hautes illustrations
de ce que peut produire le génie de la langue française, à la fois sur
le plan intellectuel, moral, philosophique et poétique. Leurs corps
reposent, à Dakar pour l’un, à Fort-de-France pour l’autre, sur une
terre qu’ils ont choisi, qui leur ont donné vie et à laquelle ils ont
beaucoup donné. Ramener leur corps au Panthéon de la République
française serait nier l’autre partie de leur combat, celle qui leur a
permis de faire entrer leurs peuples dans la modernité politique, tout
en leur donnant une expression et en refondant, en français, leur
héritage culturel.
Mais si leurs corps doivent continuer de reposer sur la terre qu’ils ont
choisi, leurs noms doivent en revanche être désormais gravés dans la
crypte du Panthéon, pour leur offrir le légitime hommage que la
République, aujourd’hui, leur doit.
Ce sera, dans l’ordre de la reconnaissance symbolique, un hommage à la
Francophonie et une reconnaissance du lien prioritaire qui lie la France
à l’ensemble des pays qui parlent la même langue qu’elle.
Proposition n°2
Créer un « visa francophone »,
traduction immédiate de la communauté francophone
La Francophonie est un espace politique,
culturel, c’est donc avant tout un espace humain. L’objectif de cette
proposition est de mieux concilier politique migratoire et francophonie,
dans le respect, naturellement, des traités signés et des accords
internationaux qui lient la France au sein de l’Europe.
Il est possible de faire de la Francophonie,
par égard pour les liens particuliers qui lient chacun de nos pays, un
espace géographique et culturel dans lequel la circulation des
francophones sera plus fluide, plus souple et plus humaine. Une telle
mesure est de nature à favoriser l’émergence et le développement d’une
véritable conscience collective dans un même ensemble humain, fier de
son identité et de son histoire partagée.
Le « visa francophone » oriente la
Francophonie dans le sens exposé par le Président de la République,
Nicolas Sarkozy, le 20 mars 2008, lors de son discours prononcé à la
Cité Universitaire de Paris, mise en œuvre d’une stratégie d’influence
et d’ouverture sur le monde. A n’en pas douter, la mondialisation du
XXIe récompensera les pays qui auront été les plus habiles dans
l’épanouissement et l’expansion de leur propre aire d’influence
régionale, condition sine qua non de débouchés économiques pour
les entreprises et d’enrichissement culturel pour tous. C’est à la
France de jouer ce rôle moteur.
Pour y parvenir, elle devra réaffirmer avec
force l’idée d’une « spécificité francophone ». Cette expression postule
qu’un individu qui maîtrise la langue française a plus de chances de
réussir son intégration dans une société francophone que celui qui ne
dispose pas des bases linguistiques élémentaires. C’est précisément
parce qu’il maîtrise ces connaissances fondamentales que le francophone
pourra plus facilement trouver un logement, un emploi, circuler dans la
ville et puiser ses aspirations personnelles dans un ensemble de
représentations collectives, dans un imaginaire commun.
La création d’un visa francophone, sur le
modèle du visa "Commonwealth", donnera aux francophones la
possibilité de se déplacer plus facilement dans la francophonie.
Il constituera une réponse adéquate à nos partenaires anglophones,
montrant que la France a aussi su aménager un espace géoculturel souple
et ouvert. Les procédures administratives devront être moins
arbitraires, plus claires et simplifiées, de manière à optimiser le
service rendu au public et à faciliter la vie de l’usager.
Le « visa francophone » peut être le signe
tangible et concret de l’adhésion de la France à une Francophonie
crédible et ambitieuse.
Proposition n°3
Organiser des « États
généraux » francophones sur les grands problèmes du vingt-et-unième
siècle
Pour dépasser la dimension purement
institutionnelle et interétatique de la Francophonie, il est nécessaire
d’organiser des événements politiques importants qui impliquent les
peuples francophones, à travers les associations, les ONG, les acteurs
de la société civile, les entreprises et les universitaires.
Le vingt-et-unième siècle doit inventer de
nouvelles manières de prendre en compte les attentes et les besoins des
peuples, face à des enjeux planétaires aussi essentiels que le
réchauffement de la planète, les besoins énergétiques mondiaux pour
permettre le développement des pays pauvres, ou la manière dont sera
assurée la sécurité alimentaire au niveau mondial, au moment où
l’objectif de diminuer de moitié le nombre de nos contemporains qui
souffrent de la faim entre 2000 et 2015 semble définitivement hors de
portée (la situation empire au contraire sur les dernières années malgré
l’action de la FAO)…
Face à ces problèmes qui sont des « problèmes
de société » désormais projetés à l’échelle du monde, la Francophonie
peut promouvoir une nouvelle méthode de réflexion et d’action, fondée
sur le rassemblement des associations, des entreprises, des sociétés
civiles et des experts des différents secteurs concernés, avec ou sans
la participation des États
eux-mêmes…
Cette forme de « mobilisation citoyenne »
pour cristalliser les réflexions donnerait à l’espace francophone une
densité et une réalité dont les autres espaces linguistiques sont
dépourvus. Elle donnerait une nouvelle légitimité aux institutions de la
Francophonie qui se chargeraient de l’organisation pratique de ces
États généraux à l’échelle de la
communauté francophone tout entière, en s’impliquant dans la recherche
des meilleurs interlocuteurs des sociétés civiles, ONG, associations,
universités, dans chacun des pays francophones.
La Francophonie apparaîtrait ainsi comme le
premier espace de débat citoyen à l’échelle de la planète et les
recommandations des États généraux réunis pourraient être ensuite
soumises aux Chefs d’État
francophones et le cas échéant défendues collectivement par tous les
Pays francophones dans les enceintes internationales, comme cela a été
le cas pour la Convention sur la Diversité culturelle adoptée par
l’UNESCO et très rapidement ratifiée ensuite par la plupart des
États !
Ainsi la France retrouverait-elle, grâce à la
Francophonie, une capacité d’impulsion diplomatique mondiale, assise et
légitimée sur une prise en compte démocratique des attentes et des choix
des sociétés civiles francophones, dans toute leur diversité !
Par
l’organisation d’États
généraux francophones sur tous les grands problèmes de notre temps, la
Francophonie deviendra un formidable outil de démocratisation,
d’appropriation des débats par le plus grand nombre et une
incontournable force de propositions à l’échelle du monde.
Proposition n°4
Concevoir un grand « Portail
francophone » pour démultiplier les contenus numériques en français sur
les réseaux
Internet
constitue un espace virtuel fondamental dans lequel les langues et les
cultures sont aujourd’hui en concurrence. Or les contenus francophones
sont encore trop peu nombreux sur le Web, sur lequel le nombre de pages
développées en anglais est nettement plus important. Cette situation
n’est pas une fatalité, au contraire. Elle résulte du taux d’équipement
encore faible des pays francophones du Sud dont la créativité ne peut
pas encore trouver son débouché naturel à travers Internet.
Il y a donc lieu de mener une action
volontariste de promotion des contenus francophones sur le Web, et de
soutien à leur développement. L’action de promotion et de rayonnement
des contenus francophones passe, par la construction d’un grand portail
francophone capable de mettre en avant, d’ordonner et de promouvoir un
très grand nombre de contenus francophones, information, culture,
services, références… Le français doit pouvoir être utilisé pour trouver
facilement et rapidement n’importe quelle information sur Internet. Et
pour cela, toutes les informations doivent y être disponibles en
Français.
De même qu’il existe en France des fonds de
soutien aux radios associatives ou à la presse écrite, il est pertinent
de soutenir la naissance de multiples médias francophones, en
particulier au Sud, par un fonds de soutien à l’expression multimédia.
Cette expression doit d’ailleurs désormais être réellement
« multimédia », c’est-à-dire qu’il faut aider le développement de
plates-formes d’échanges de reportages ou d’informations audiovisuelles,
mais aussi de vidéo-musiques, de clips, de courts métrages, d’œuvres
d’art. Il s’agit pour la Francophonie d’être un facilitateur et un
accélérateur du développement du Web francophone, tout particulièrement
à partir du Sud.
Le soutien au développement, au référencement
et à la mise en avant des contenus francophones passe également par une
action volontariste de numérisation des œuvres francophones, qui, au
moins pour toutes celles qui sont tombées dans le domaine public,
doivent être immédiatement disponibles dans des version de bonne
qualité sur le Web. Toutes les bibliothèques francophones doivent
s’entraider pour constituer cette nouvelle « bibliothèque monde » où
tous les ouvrages du monde seront disponibles en Français.
L’enjeu majeur et évident que constitue la
large présence du français sur le Web constitue également un rempart
pour la diversité culturelle, car le français est la langue de multiples
cultures du Sud qui ne trouvent pas d’expression sur les réseaux
numériques dominés par le Nord. Il est essentiel que, sous la conduite
de la Francophonie, et avec l’aide des pays francophones du Nord (et en
particulier de la France) des fonds importants puissent être mobilisés
pour faire vivre, sur le Web, les multiples cultures du Net qui en sont
aujourd’hui de facto exclues.
Proposition
n°5
Réformer et relancer TV5 Monde comme
média identitaire de la francophonie
TV5 Monde a toujours hésité entre deux
vocations complémentaires mais insuffisantes : être la chaîne des
expatriés du Nord (français, belges, suisses, canadiens) ou être la
chaîne de la Francophonie, ouverte sur les Alizés, nourries des cultures
plurielles et des inspirations variées des peuples multiples qui
constituent le monde francophone. Or dans la perspective de la
mondialisation des communications, le réseau mondial que constitue TV5
doit servir de média global au service de l’apparition d’une opinion
publique francophone.
TV5 Monde, la chaîne internationale de la Francophonie fêtera ses 25 ans
le 2 janvier 2009. En tant que deuxième réseau mondial de diffusion
après MTV et juste avant CNN, TV5 Monde représente un atout considérable
tant pour la lisibilité et la visibilité francophone que pour les idées
et valeurs que porte notre langue.
De même que la multiplication des contenus
francophones du Nord et du Sud immédiatement accessibles sur le Web, la
diffusion tous supports dans le monde entier d’une chaîne de télévision
francophone rendant compte des grands événements rythmant la vie
publique des pays francophones est un formidable fédérateur et un levier
d’adhésion et de reconnaissance.
TV5 a tous les atouts d’un média global :
mais la chaîne doit
échapper à son trop fort ancrage natif au Nord, pour accepter sa
mutation complète en média numérique de la Francophonie : c’est à
travers TV5 que les réflexions menées au sein des « Etats généraux
francophones » seront suivies et partagées : s’ensuivra une mobilisation
civique traversant les frontières, capable de constituer une opinion
francophone mondiale sur les grands sujets de l’heure.
Les atouts propres de TV5 Monde : chaîne multilatérale francophone, elle
rassemble les valeurs et les points de vues de ces différents
partenaires. Du fait de ce caractère multipolaire, TV5 Monde traduit
quotidiennement l’idée de la diversité culturelle et de l’universalisme
francophone comme dialogue de cultures. Quatre grandes pistes de
développement de TV5 doivent être envisagées :
· Son caractère multilatéral unique doit être renforcé par
le développement de partenariats nouveaux avec les acteurs audiovisuels
du Sud. TV5 doit être la chaîne de toute la Francophonie, et ses
éditions par « continent » doivent aussi servir à l’essor des marchés
audiovisuels francophones du Sud.
· Alors que la diffusion de TV5 Monde se fait depuis des
années sur tous les continents et sur toute une série de réseaux
couvrant la grande majorité de la population mondiale, en France TV5
Monde reste peu vue. La chaîne devrait être introduite dans le
bouquet gratuit de la TNT, pour être reçue partout sur le territoire
français. C’est un enjeu de visibilité décisif en France, même pour la
Francophonie.
· Une meilleure couverture du Sud peut être accélérée par
un partenariat TV5/RFO. Le Réseau France Outremer compte 9 stations
régionales sur 3 continents et 3 océans. RFO est donc un instrument
supplémentaire pour le rayonnement de la Francophonie. Un partenariat
entre TV5 Monde et RFO permettrait d’additionner leurs atouts.
· Les programmes de TV5 Monde doivent être réétudiés pour
corriger les redondances, les lourdeurs et les émissions passéistes.
L’esprit de créativité et le professionnalisme doivent primer sur les
contraintes administratives et diplomatiques.
Priorité n°2 : Redonner une
impulsion et une efficacité à la Francophonie
Pour rendre plus perceptible l’action
de la Francophonie et faire reculer les critiques qui lui sont portées
en prouvant qu’elle constitue un instrument important dans le concert
des nations, il est nécessaire d’engager plusieurs actions décisives qui
à la fois dans l’ordre symbolique et dans des traductions très concrètes
de cette nouvelle impulsion, feront entendre de manière claire et nette
la singularité francophone.
Il s’agit de rendre distincte et
évidente la spécificité d’une « voie francophone » qui soit aussi un
chemin vers l’avenir.
Action symbolique :
6.
Lancer une grande manifestation culturelle et médiatique
annuelle
Actions concrètes
:
7.
Fixer des objectifs communs sur les grands sujets du XXIe siècle
-
Réchauffement climatique : signer un Pacte francophone
-
Energie : concevoir une « alternative de développement »
-
Crise alimentaire mondiale : « Plan de solidarité contre la
Faim »
8.
Défendre les Droits de l’homme et la Liberté de la Presse au delà
des grandes déclarations de principe
9.
Rendre plus efficace la gestion de la prévention des conflits
10. Créer
une Fondation de la Francophonie
C’est en faisant de la Francophonie un
pôle de référence dans le domaine de la diversité culturelle, mais aussi
et surtout sur un certain nombre de problèmes qui apparaissent comme les
sujets de préoccupation majeurs du XXIe siècle que l’on parviendra à
donner à la Francophonie ses lettres de noblesse.
Proposition n°6
Lancer une grande manifestation culturelle et médiatique annuelle
La musique est à travers la chanson une des expressions artistiques
les plus fédératrices et les plus populaires. Un grand concert médiatisé
de la francophonie organisé en marge du Sommet de Québec, ou une à deux
semaines avant, serait l’occasion d’une grande fête populaire réunissant
les vedettes des pays francophones.
Ce concert mondial permettrait aux francophones, spectateurs et
téléspectateurs, de mieux comprendre la Francophonie en ressentant
directement la proximité linguistique. Un grand concert mondial
créerait un lien entre les populations et les institutions francophones.
Le retentissement médiatique de cet événement populaire pourrait
préparer les esprits et les médias à la tenue de la rencontre
internationale francophone de Québec. La Francophonie se
rapprocherait ainsi des populations, en rapprochant sur une même scène
des stars de tous les continents, capables de faire vibrer des publics
différents, en français ou dans les langues nationales.
La musique francophone serait promue sur une scène internationale avec
une diffusion à l’échelle mondiale de l’événement naturellement assurée
par TV5 Monde via le satellite mais aussi toutes les télévisions
francophones (en particulier hertziennes) qui souhaiteraient en être
partenaires, ou simplement diffuseurs.
Une première édition pourrait être organisée dès cette année à Paris ou
à Québec, avec une place importante donnée aux artistes d’Afrique et du
Maghreb. Ce concert serait ensuite organisé chaque année dans un autre
pays francophone, une année sur deux, celui qui accueillerait le Sommet
francophone.
On peut même imaginer de fédérer encore plus l’adhésion populaire par
l’organisation d’une émission de type « Nouvelle Star » ou « American
Idol », qui permettrait pays par pays de sélectionner de nouveaux
artistes de la Francophonie.
La diffusion d’une telle émission « série » mettra en avant
l’appartenance des pays membres à la Francophonie au sein de leurs
populations tout en
affirmant la spécificité francophone (l’attention à la diversité, la
promotion des cultures différentes)
en opposition avec d’autres sphères linguistiques.
Il est essentiel que dans l’ordre symbolique, la Francophonie
apparaisse comme un espace d’initiatives ouvert, un lieu où le potentiel
de chacun peut trouver à s’épanouir dans et par les échanges entre pays
francophones. Il faut tourner symboliquement la Francophonie vers la
réussite et le succès. La musique et la chanson peuvent jouer ce rôle.
Proposition n°7
Fixer des objectifs communs sur les grand sujets du XXIe siècle
-
Réchauffement climatique : signer un Pacte francophone
-
Énergie :
concevoir une « alternative de développement »
- Crise
alimentaire mondiale : « Plan de solidarité contre la Faim »
Il est indispensable que la Francophonie devienne, au sein de la
communauté internationale, une enceinte diplomatique capable de prendre
des positions concertées et cohérentes réunissant des pays responsables,
qu’ils soient au Nord ou au Sud, et capables de concilier leurs enjeux
respectifs pour privilégier l’intérêt collectif de l’humanité. A un
moment où les citoyens sont partout à la recherche de moyens d’exprimer
des positions dans les enceintes internationales sur les thèmes qui
dépassent la responsabilité individuelle des
États, la Francophonie peut être
exemplaire, si elle parvient à concilier les points de vue du Nord et du
Sud en son sein, préalablement à la tenue des grandes conférences
mondiales sur ces thèmes importants. Au sein des organisations
internationales, la Francophonie réunit un tiers des pays membres :
c’est un groupe de pression non négligeable !
- « Pacte francophone » contre le Réchauffement climatique
Tous les États francophones
subissent les changements climatiques et l’Organisation internationale
de la Francophonie s’est déjà engagée dans des actions significatives
dans ce domaine. Le prochain Sommet de la francophonie à Québec doit
être l’occasion d’affirmer cette volonté de lutter contre le
Réchauffement climatique en signant un Pacte francophone contre le
Réchauffement climatique, dont tous les Pays francophones
appliqueront et défendront ensuite les principes (réduction des gaz à
effet de serre, gestion responsable des réserves hydrauliques, promotion
du développement durable, actions en faveur de l’environnement dans les
pays du sud, programmes de reforestation des zones désertiques…)
- Énergie : conception d’une
« alternative de développement »
Plus la crise pétrolière apparaîtra comme structurelle, plus les schémas
de développement devront s’appuyer sur des énergies alternatives ou de
nouvelles manières de gérer et d’utiliser les énergies aujourd’hui
maîtrisées, renouvelables plutôt que fossiles. La France doit mettre au
service de la Francophonie, les compétences dont elle dispose dans le
domaine énergétique, afin de dessiner au plus vite, dans l’ensemble
francophone, une véritable « alternative de développement » fondée sur
d’autres ressources énergétiques que le pétrole.
- Crise alimentaire mondiale : promouvoir un « plan solidaire contre
la Faim »
Il est possible de faire jouer un rôle majeur à l’OIF dans la gestion de
la crise alimentaire mondiale. De multiples facteurs entrent en jeu :
augmentation de la demande mondiale tirée par les pays émergents ;
réchauffement du climat qui accroît la fréquence et l’intensité des
inondations et des sécheresses ; spéculation sur une hausse durable des
prix alimentaires... L’OIF doit inscrire cette question au prochain
Sommet de Québec pour concevoir un plan global contre la faim en liaison
avec l’ONU. Le directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf pourrait
apporter sa contribution au Sommet de Québec pour mettre au diapason les
gouvernements, les agences internationales, les entreprises privées, les
fondations. Face à une situation aussi dramatique, la Francophonie a son
mot à dire, car cette crise affectera, à l’échelle mondiale, la
sécurité, l’économie et la santé des populations affectées. Elle doit
a fortiori s’engager sur ce point parce que la majorité de ses pays
membres sont africains.
Proposition n°8
Défendre les Droits de l’Homme et la Liberté de la Presse,
au delà des grandes déclarations de
principe
La Francophonie ne peut qu’être à l’avant-garde de l’offensive pour les
valeurs des Lumières, Démocratie, Droits de l’Homme, Liberté politique
et Liberté de la Presse. Ces valeurs sont défendues par plusieurs
organismes francophones, elles doivent être réaffirmées comme
« principes communs » des Pays francophones et ceux qui s’en
écarteraient doivent pouvoir faire l’objet de sanctions au sein de la
Francophonie, allant jusqu’à l’exclusion des pays membres qui
s’écarteraient de ces principes.
Sur le plan des textes, tout est net. La Charte de la
francophonie précise qu’elle a pour objectif « d’aider à
l’instauration de la démocratie… avant d’évoquer… le
soutien à l’Etat de droit et aux droits de l’Homme ». La Francophonie a par
ailleurs affirmé cette volonté dans la Déclaration de Bamako sur la
démocratie, les droits et les libertés dans l’espace francophone et
récemment la Déclaration de Paris adoptée par les ministres francophones
de la Justice en février 2008. Ainsi, la Francophonie multilatérale
dispose de cadres normatifs et programmatiques devenus des références
mais insuffisamment mis en avant. L’action de la francophonie dans les
domaines de la démocratie et des droits de l’homme est à un tournant :
il est indispensable que des moyens d’action clairs soient dégagés
pour qu’elle apparaisse plus concrète et efficace. Plusieurs points à
souligner :
- La
liberté de la presse
L’OIF doit renforcer l’indépendance des médias dans les pays
francophones, car seule cette indépendance peut favoriser la liberté
d’expression et la diffusion d’une information diversifiée permettant
l’expression du jeu démocratique. L’OIF doit agir dans trois
directions :
·
Dénoncer toute atteinte à la liberté de la presse
·
Amplifier son action en faveur du développement des médias
indépendants
·
S’assurer le relais d’une association représentative de la
presse francophone
- La
promotion de la démocratie et des droits de l’Homme
L’OIF doit poursuivre ses actions de promotion de la démocratie par la
consolidation de l’État de droit au travers des valeurs telles que la
liberté et l’égalité. Ceci doit tout d’abord se concentrer sur le droit
à l’égalité des femmes, qui mérite un effort plus important dans
plusieurs pays du sud. Mais cette égalité doit également être promue
pour tous face à la justice. Cet effort doit être orienté vers une
coopération pour la formation des professionnels de la justice.
- L’accompagnement
des processus électoraux
L’OIF participe déjà à de nombreux programmes visant à assurer la tenue
d’élections démocratiques et multipartites. Les efforts doivent être
concentrés sur la phase précédant les élections, sur l’accompagnement
des scrutins. L’OIF doit sélectionner précisément les actions à
entreprendre dans ce domaine, sous peine de ne pouvoir assurer un
travail efficace si elle déploie ses efforts sur un champ trop large.
D’autres organisations internationales ou non gouvernementales peuvent
prendre le relais concernant la phase « post-élections », notamment pour
le contrôle de la régularité des scrutins. L’investissement de l’OIF
sera alors concentré dans des domaines de compétence précis et
maîtrisés.
Proposition n°9
Rendre plus efficace la gestion de la prévention des conflits
L’espace francophone doit être un espace de paix et là encore la
Charte de la Francophonie l’a immédiatement souligné. L’OIF est donc
naturellement présente et active dans le domaine du maintien de la paix,
toutefois son action souffre d’une certaine dispersion alors qu’elle
devrait concentrer ses efforts sur des enjeux précis sur lesquels elle
aurait plus de prise.
5 chantiers sont à conduire en priorité :
1. Consolider les capacités d’observation et de veille
L’OIF doit renforcer ses capacités d’observation et de veille afin de
permettre au Secrétaire général de jouer, conformément aux dispositions
du chapitre 5 de la déclaration de Bamako et à l’article 7 de la Charte,
un rôle accru dans la prévention des conflits au sein de l’espace
francophone, en partenariat avec les membres bilatéraux et multilatéraux
concernés. Il convient de dynamiser les groupes des Ambassadeurs
francophones, de réorganiser les représentations permanentes de l’OIF et
ses autres unités hors siège, de redéfinir le fonctionnement des
Conseils Permanents de la francophonie (CPF) pour rendre le conseil plus
réactif et plus engagé dans les situations de crise, de réévaluer le
dispositif des Comités ad hoc consultatifs restreints et de
l’utiliser plus ; de mobiliser également les Ministres francophones des
Affaires Etrangères pour un travail commun sur le terrain en situation
de crises. Chacune de ces mesures techniques améliore le dispositif
actuel de prévention et de gestion des conflits.
2. Renforcer le dispositif d’alerte précoce
En matière d’alerte précoce, l’OIF a pris l’initiative de renforcer les
partenariats entre les organisations multilatérales engagées dans ce
type d’actions : ONU, UE, UA, Ligue Arabe, certaines ONG et instituts de
recherche…Afin d’évaluer les possibilités d’une coopération
opérationnelle dans les situations de crise.
3. Développer et renforcer les capacités de médiation et de
facilitation francophones
La francophonie a démontré ses capacités en la matière en de nombreuses
occasions (Togo, Comores, Centrafrique, Burundi, Côte d’Ivoire, Tchad,
République Démocratique du Congo…) en mobilisant une expertise
francophone de haut niveau. Elle peut en la matière jouer un rôle
efficace, d’autant mieux qu’elle est souvent dans ses pays membres
accueillie plus favorablement que beaucoup d’autres intervenants.
4. Soutenir la signature, la ratification et la mise en œuvre des
accords internationaux en matière de paix et de sécurité.
L’OIF a fait la preuve de son utilité dans ce domaine (exemple de la
Convention d’Ottawa sur les mines anti-personnelles), ainsi que la
mobilisation des Etats francophones en faveur d’un renforcement du droit
international humanitaire et de la justice pénale internationale.
5. Actions à entreprendre dans le domaine du maintien de la paix
·
Utilisation du français dans les Opérations de Maintien de
la Paix (OMP) par les instances internationales (surtout ONU)
·
Mobilisation des États
francophones pour une participation plus grande aux OMP
·
Renforcement du rôle de l’OIF pour les volets non
militaires des OMP
Proposition n°10
Créer une Fondation de la Francophonie
Le financement des actions de la
Francophonie, en particulier pour toutes celles qui sont coordonnées ou
organisées par l’Organisation Internationale de la Francophonie, se
heurte très vite à des problèmes de moyens. Or l’enjeu francophone est
de nature à mobiliser un grand nombre d’entreprises, voire de
particuliers, qui pourraient souhaiter contribuer aux mesures engagées,
dès lors qu’elles seront plus visibles et mieux structurées sur les
problèmes phares de notre époque.
Le but premier de cette fondation sera
donc précisément de collecter sous la houlette d’une même autorité fonds
publics et dons privés. L’ambition
de la Francophonie ne peut se concrétiser que si les États apportent les
moyens financiers nécessaires à la conduite de projets innovants. Cet
engagement matérialise leur attachement et la confiance dans l’avenir
des actions multilatérales menées par l’Organisation internationale de
la Francophonie. Un signal positif
fort sera envoyé par la création de cette Fondation, aux acteurs privés,
en les encourageant à participer à la construction de cet élan
francophone.
Après avoir collecté les fonds publics et
les dons privés selon des règles strictes et transparentes, cette
fondation sera chargée de les distribuer de diverses manières : en ayant
recours aux différents dispositifs de la micro-finance ; en favorisant
la constitution de partenariats publics/privés ; en contribuant à
l’implantation et à la mise en réseau d’entreprises dans les pays
francophones, et particulièrement en Afrique.
L’ensemble de ces programmes devront répondre
à l’urgence de concilier le développement économique avec le
développement durable, et seront coordonnés par le Secrétaire général de
la Francophonie.
Les investissements de la Fondation
démontreront une évidence : par la construction de ce maillage
économique, la langue française peut constituer un avantage comparatif
performant, un levier essentiel permettant le gain de parts de marché,
dans une compétition économique globalisée.
Enfin, l’utilisation des deniers publics et de l’argent privé devra
régulièrement et scrupuleusement être évaluée par une juridiction
indépendante qui procèdera à l’audit général des projets menés.
Passer d’une logique de moyens à une culture des résultats : voilà
une condition essentielle au fonctionnement et au développement d’une
Francophonie plus crédible, plus efficace et plus visible aux yeux des
populations francophones.
Cette décision interviendra dans un contexte
favorable dans de nombreux pays francophones. La France par exemple a
amélioré le statut des fondations, en particulier en procédant à un
allègement de la charge fiscale pour leurs bienfaiteurs. Les dons
effectués demeurent, en effet, déductibles de l’impôt sur le revenu.
D’autre part, de nombreux pays, comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou le
Japon, dans lesquels l’action culturelle extérieure peut être relayée
par des partenaires privés regroupés dans une fondation, ont déjà pris
une initiative similaire, ce qui permettrait de tirer avantage de
l’expérience qu’ils ont acquise sur ce point.
C’est en outre pour la Francophonie le
moyen de sortir d’un financement trop français pour démultiplier ses
ressources et donc ses moyens d’action pratique.
Priorité n°3 : Reprendre l’offensive
linguistique
La clef de l’avenir de la Francophonie,
c’est la bonne santé du Français dans le monde, et sa capacité à fédérer
encore des peuples sur plusieurs continents, en conservant à notre
langue cette formidable capacité de nourrir la réflexion universelle
dans certains domaines essentiels. Cette troisième priorité aurait pu
donc être évoquée en premier, mais…
La promotion de la langue doit
apparaître, non comme un attachement instinctif, romantique, ou
passéiste, mais comme un besoin pragmatique, pour accélérer le
développement des pays francophones, et donner à la Francophonie une
capacité plus large de peser sur les enjeux collectifs mondiaux.
Il ne s’agit pas de poser la
promotion de notre langue commune comme principe préalable, mais au
contraire comme le meilleur moyen d’obtenir dans l’avenir un véritable
succès sur les actions pratiques envisagées.
Reprendre l’offensive linguistique,
c’est donc envisager la promotion du français de manière décomplexée,
débarrassée des scories de l’histoire, et tournée de manière délibérée
vers l’avenir.
Action symbolique :
11. Créer une « Académie
francophone ».
Actions concrètes
:
12. Intégrer la Francophonie aux
programmes des écoles et des collèges
13. Favoriser les échanges et la
mobilité dans les lycées et les universités
14. Démultiplier l’action de soutien
à l’apprentissage du Français
15. Consolider le tissu médiatique
francophone par la diffusion satellitaire
16. Renforcer l’usage du Français
dans les institutions et les entreprises nationales et internationales
La bataille qui doit être menée
aujourd’hui pour le Français doit concerner toutes les classes d’âge et
il est indispensable de la mener de manière cohérente et systématique.
Cette action doit s’articuler sur deux relais majeurs : les structures
d’enseignement, d’abord, et les médias ensuite. Il est également
essentiel que les Francophones réclament l’usage du Français dans toutes
les enceintes internationales (a fortiori dans les entreprises ou
administrations des pays francophones)
Proposition n°11
Créer une « Académie francophone »
Certes l’Académie française s’est
ouverte à la Francophonie, puisqu’elle a accueilli en son temps le
premier Président du Sénégal, le Poète Léopold Sédar Senghor, qui a joué
un rôle décisif dans la construction même de la Francophonie. Il y a
peu, l’élection d’Assia Djebbar a confirmé cette vocation francophone,
et non purement française, de l’Académie française.
Il n’empêche que le Protecteur de cette
première Académie francophone est le Président de la République
française… Et il est important, pour amplifier le mouvement, que,
symboliquement, une Académie nouvelle accompagne l’évolution de la
langue française. Combien de mots ont cours au Québec, en Algérie, en
Côte d’Ivoire, en Belgique, qui ne sont jamais entendus en France ? La
force conquérante du Français passe aujourd’hui par toutes ses
déclinaisons nationales, par toutes ses variantes, et la puissance
créatrice de la langue, exprimant le génie de chaque peuple, entraîne la
grammaire et le vocabulaire dans une prodigieuse aventure.
L’Académie francophone devrait donc être
composée d’écrivains de renom, issus des Académies francophones des cinq
continents, ou des structures comparables, qui hébergent bien souvent
les « correspondants » de l’Académie française.
o
L’une des tâches de cette
nouvelle « compagnie », qui serait placée auprès du Secrétaire Général
de la Francophonie, serait sans doute de rendre compte de la floraison
de parlers francophones diversifiés et d’en tirer une logique, de penser
l’évolution de la langue comme langue vivante, productrice, créatrice,
afin d’en protéger le dynamisme et la richesse.
o Une deuxième mission de cette
Académie sera de remettre annuellement un Grand Prix de la Francophonie,
qui couronnera une œuvre littéraire illustrant la Francophonie, dans sa
diversité.
o
Les sessions de cette Académie
devront être organisées d’une manière nouvelle, afin de prendre en
compte l’éloignement physique de ses membres, et les larges décalages
horaires entre eux. Il est vraisemblable qu’un vaste Forum virtuel sur
Internet leur permettra de dialoguer en temps réel ou en différé, tandis
que une ou deux réunions plénières les rassembleront dans un même lieu.
Il y aurait un sens à héberger l’Académie francophone au Québec ou sur
le continent africain, afin de marquer justement l’écart qui existe
entre l’avenir du français des francophones et l’évolution du français
de France.
Proposition n°12
Intégrer la Francophonie dans les programmes des écoles et des
collèges
Les enjeux de cette proposition sont aussi variés que considérables : il
ne s’agit pas seulement de transmettre aux générations suivantes les
connaissances indispensables à la compréhension de l’histoire et de
rendre hommage aux hommes (Léopold Sédar Senghor, Hamani Diori, Habib
Bourguiba, Norodom Sihanouk) qui ont conçu et bâti la Francophonie, mais
également de promouvoir ses valeurs fondatrices (diversité culturelle,
démocratie, droits humains, etc.), porteuses d’une certaine vision de
l’homme et du monde.
Il ne s’agit pas seulement de la rendre populaire auprès de la jeunesse,
mais de permettre aux générations futures une meilleure compréhension
des enjeux actuels du monde, impératif hautement précieux dans un régime
démocratique. Car on ne peut penser la Francophonie sans se remettre en
cause, c’est-à-dire sans interroger son périmètre de conscience et
d’action, lequel s’est considérablement élargi depuis quarante ans, de
la promotion de la démocratie à l’urgence écologique.
La Francophonie doit donc rejoindre les programmes d’histoire
du vingtième siècle, comprendre une part de réflexion sur la
Négritude, d’un point de vue historique et politique également, et être
mise en rapport avec la colonisation (comme son reflux doit dans
certains pays être mis en rapport avec la décolonisation).
La Francophonie doit également rejoindre les programmes de
littérature du vingtième siècle, et il n’est pas douteux qu’elle
nourrira également les programmes de littérature du vingt-et-unième
siècle…
Ce double enseignement permettra de remédier au malaise identitaire
qu’éprouvent certains jeunes français dans notre société. Savoir se
situer par rapport aux autres, retrouver ses racines, offrir à chacun
l’opportunité de s’identifier à des exemples, tels doivent être les
effets de ces cours de littérature francophone. Les formations des
professeurs du secondaire doivent aboutir à la création de chaires de
littérature et d’histoire francophone.
Une
conscience cultivée disait le philosophe existentialiste chrétien Jean
Lacroix, c’est une conscience qui se situe. Nul doute que l’intégration
d’un enseignement sur l’histoire et la littérature francophone dans les
classes du primaire et du secondaire serait de nature à aider les jeunes
générations à mieux se « situer » dans la société française et le monde
de demain.
Proposition n°13
Favoriser les échanges et la mobilité dans les lycées et les universités
La conscience de la Francophonie passe, à
partir du Lycée, par une politique résolue en faveur des échanges entre
classes et étudiants francophones du monde.
o Au niveau des Lycées :
de même qu’une action volontariste a permis de développer fortement la
maîtrise de l’allemand par les lycées d’après-guerre, doublé d’une
organisation très détaillée des échanges linguistiques et culturels
entre lycées allemands et lycées français, de même une action (plus
facile au demeurant) doit être engagée dans les établissements
secondaires pour multiplier les liens d’échanges et de correspondances
avec les lycées francophones des autres continents, ou des autres pays
francophones de l’Europe. Ces mesures ne sont pas coûteuses, elles
s’insèrent dans l’accompagnement pédagogique normal ; toutefois si des
besoins spécifiques apparaissaient, ils pourraient être pris en charge
(surtout dans les pays du Sud) par des aides spécifiques de l’OIF
tournées vers l’éducation.
o Au niveau universitaire :
deux enjeux. La place du français comme langue de travail scientifique,
et la création d’un « Erasmus » francophone.
§
Tout d’abord la restauration
de la langue française comme langue de travail dans un certain nombre de
disciplines qui ont aujourd’hui tendance à adopter l’anglais (y
compris des sciences « molles » comme la gestion, le management dont les
concepts sont facilement adaptables en Français…). Dans aucune
discipline, en terre francophone, le fait d’être francophone ne doit
constituer un frein ou un obstacle aux études ! Le but est aussi
de renforcer les connaissances scientifiques dans tous les pays
francophones, en favorisant des rencontres régulières entre les élites
scientifiques provenant de pays et d’horizons divers.
§
La création d’un Erasmus francophone constitue une
priorité pour éviter la fuite des cerveaux francophones du Sud vers les
États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni. En effet c’est aujourd’hui la
situation à laquelle on assiste, et il serait important de redonner aux
étudiants francophones du monde entier, le sentiment d’un lien
privilégié. Il faut ouvrir les filières d’excellence, les Ecoles
normales supérieures, les grandes écoles de commerce, Polytechnique, aux
étudiants francophones non français. Il faut investir dans des
structures d’accueil rénovées pour pouvoir faciliter les échanges entre
les Universités francophones. Tel sera l’objet des accords qui
constitueront l’armature du Programmes Erasmus francophone…
L’agence universitaire de la Francophonie paraît le cadre naturel pour
gérer efficacement un tel programme.
Proposition n°14
Démultiplier l’action de soutien à l’apprentissage du français
Comme le fait aujourd’hui le Royaume-Uni à travers le British Council,
qui bénéficie de très larges crédits, bien supérieurs à ceux que la
France consacre à l’apprentissage de la langue française à l’étranger,
la Francophonie doit consolider le réseau d’enseignement du Français
dans le monde, en déployant des fonds nouveaux sur des actions
spécifiques d’accompagnement et de soutien (fourniture de matériel
scolaire aux Alliances françaises par exemple, etc.).
Il est très important que l’action linguistique soit clairement
identifiée et consolidée dans les crédits du Ministère des Affaires
étrangères français, mais aussi dans les crédits qui peuvent être
engagés par les autres pays francophones et par l’OIF sur ce thème
précis. Une Francophonie décomplexée, c’est une Francophonie qui n’a
pas peur de conquérir de nouveaux territoires où elle doit apparaître
comme la seconde langue la plus souvent choisie, après l’anglais.
L’Amérique latine est une terre de conquête, l’Asie redevient une terre
de conquête : le nombre de locuteurs francophones dans le monde doit
continuer à augmenter, mais il faut leur faciliter l’apprentissage de
cette langue.
Les Pays francophones devraient conduire à partir du prochain Sommet de
la Francophonie, et sous l’impulsion du Secrétaire général, une
évaluation exacte des besoins et des moyens actuels de l’enseignement du
français dans le monde. Puis le Secrétaire général proposera des
solutions nouvelles de financement de la présence et de l’expansion
francophones, selon les modalités qu’il aura retenues. À terme on peut
penser à des actions nouvelles associant public et privé, à la
mobilisation d’aides versées à la Fondation, au croisement des moyens de
plusieurs pays francophones donateurs…
Dans le contexte de concurrence accrue que connaît aujourd’hui le
français, il est indispensable qu’il continue de gagner des adeptes, sur
tous les continents. Pour cela, il ne s’agit pas uniquement d’argent et
de financements nouveaux : une action de soutien à son enseignement est
indispensable, y compris par voie diplomatique en réclamant ou en
soutenant le développement des filières d’apprentissage du français,
pays par pays. Ceci doit être une des actions permanentes des
chancelleries francophones, partout dans le monde.
Proposition n°15
Renforcer le tissu médiatique francophone par la diffusion satellitaire
Impossible aujourd’hui de contester le rôle fondamental jouer par la
télévision par satellite pour faire partager une langue. L’influence
dans le Maghreb de l’arabe du Golfe persique s’explique naturellement
par le rayonnement des télévisions par satellite comme Al Jazeera, reçue
dans tout le monde arabe et au-delà…
De même la constante présence des chaînes de télévision françaises au
Maroc et en Algérie, par débordement hertzien d’abord, puis par
débordement satellitaire, y explique aujourd’hui le maintien d’une très
vivace francophonie, alors même que les politiques des
États (notamment de l’Etat algérien
après l’indépendance) allaient dans le sens d’une arabisation rapide de
toutes les structures d’enseignement.
Il est essentiel dans les prochaines années de développer une stratégie
de diffusion satellitaire des chaînes francophones dans laquelle les
États francophones, et probablement
l’OIF, devront s’engager financièrement pour soutenir des initiatives
privées.
Quelques directions doivent être privilégiées :
Þ
Le Maghreb et le monde arabe : La forte présence des
télévisions françaises et francophones au Maghreb a considérablement
aidé à y maintenir la Francophonie et à y développer son influence. Avec
l’arrêt progressif des émissions de TPS sur Hotbird, la question va se
poser de remplacer la réception pirate des chaînes de l’ancien
bouquet TPS par une réception légale, payante ou gratuite, d’un certain
nombre de chaînes française ou francophones. Le cas échéant, les
États francophones doivent accepter de financer l’acquisition d’un
certain nombre de droits nouveaux (sportifs, cinéma…) sur les
territoires concernés, pour diffuser un bouquet de programmes plus
riche, réellement concurrentiel avec les télévisions internationales
arabophones ou anglophones.
Þ
La diffusion satellitaire francophone en Afrique
est aujourd’hui le fait d’un seul opérateur satellite : CANAL+OVERSEAS,
qui y diffuse en outre sa chaîne payante CANAL+HORIZONS et un bouquet
varié de programmes francophones sous la marque CANALSAT. Les États
francophones pourraient envisager d’aider ce bouquet à reprendre plus de
chaînes francophones africaines, ou soutenir la fourniture d’un
bouquet mixte francophone et anglophone sur les pays non francophones
afin d’y promouvoir l’usage et la pratique du français.
Þ
L’Amérique latine représente un continent en pleine
ouverture culturelle, qui est particulièrement en attente d’un
dialogue fructueux avec l’Europe. On pourrait parfaitement imaginer
un soutien de la Francophonie à la « mise en air » d’un bouquet de
programmes à la fois francophones, hispanophones et lusophones
qui seraient délivrés pour une somme modique sur l’Amérique centrale et
l’Amérique du sud.
Proposition n°16
Renforcer l’usage du Français dans les institutions et les entreprises
nationales et internationales
Il est nécessaire de travailler sur les représentations du français et
montrer en quoi il constitue une langue d’avenir, de développement et de
recherche de pointe. Il ne doit plus être perçu sur le plan
international seulement comme le vecteur des produits de luxe, de la
gastronomie, et être considéré comme une langue littéraire et précieuse.
Car cette représentation a un impact sur son enseignement. Ainsi, dans
certains pays, ce sont surtout les femmes qui veulent apprendre le
français comme langue seconde. Le futur du français dépend pour beaucoup
de sa capacité à se revendiquer comme une langue apte à traduire la
modernité et utilisée dans les lieux de pouvoir (Nations Unies, Union
Européenne).
Plusieurs directions doivent guider cette action politique :
1) Dans la vie des institutions internationales et européennes,
il est nécessaire que la plupart des membres de l’OIF veillent à
s’exprimer en français dans les enceintes où le français est langue de
travail, tant au niveau des chefs d’État et de gouvernement que de leurs
représentants. La France devra profiter de la présidence de l’Union
Européenne pour accentuer ses efforts auprès des institutions
européennes pour conserver un équilibre entre les langues de travail de
l’Union. Les institutions communautaires ne doivent pas relâcher leur
nécessaire politique de plurilinguisme. Pour les accompagner et donner
une traduction concrète de notre propre engagement, la France devra
intensifier son concours à la formation des fonctionnaires
communautaires originaires des Etats membres les plus récemment entrés
dans l’UE, et favoriser les projets d’établissement avec l’ENA et les
académies et instituts diplomatiques.
2) Une Haute Autorité de la Francophonie
(HAF) ayant le statut d’Autorité
Administrative Indépendante (AAI) et fonctionnant sur le même modèle que
la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations en Entreprise
(HALDE), doit être créée. Elle devra travailler en lien étroit avec
l’Observatoire de la langue française en veillant à ne pas créer de
doublon de compétence. Elle disposera d’un pouvoir d’enquête juridique,
d’avis et de recommandation, voire d’un pouvoir de sanction pour tout
manquement à la loi Toubon sur l’usage de la langue française dans les
entreprises, dans les médias et surtout dans les administrations et
ministères. Une proposition de Loi renforçant et consolidant la Loi
Toubon a été élaborée par le Sénateur Marini, elle doit être examinée,
sans doute amendée, votée, et appliquée strictement.
3) Faire respecter l’usage de la langue
française lors des Jeux Olympiques.
Le sport mondial et les J.O. en particulier ont deux langues
officielles : il n’y a aucune raison que les athlètes francophones
soient défavorisés par leur langue dans leur accès aux informations
essentielles (résultats, horaires, etc.) Les enseignements tirés des Jeux
d’Athènes, où le Français avait été réduit à la portion congrue,
devraient avoir permis d’anticiper les problèmes de bilinguisme et de
trilinguisme en amont de l’organisation des Jeux de Pékin.
Conclusion
Trop longtemps, la Francophonie n’a pas
été considérée comme une priorité pour l’action extérieure de la France,
alors que la question de la diversité culturelle fait incontestablement
partie des enjeux majeurs de la mondialisation des cultures et de la
communication. Trop longtemps, la Francophonie n’a été perçue que sous
l’angle de l’héritage de la période coloniale, alors qu’elle demeure
largement orientée vers l’avenir, à travers les nouvelles technologies
et l’Internet. Trop longtemps, la Francophonie est restée paralysée, sur
la défensive et complexée face à un anglais dominant, alors qu’elle a
vocation à se montrer offensive et ouverte sur le monde. C’est ainsi que
l’espace géoculturel dans lequel nous baignons souffre de profondes
carences, tant sur le plan des structures que sur le plan des moyens
financiers.
Pour autant, il ne faut ni dramatiser cet
état de fait, ni partir tête baissée dans un combat linguistique à
courte vue. En effet, notre communauté dispose d’atouts remarquables
qu’il convient de valoriser. Les francophones, et pas seulement les
Français, sont très fiers d’entendre dans les aéroports, les hôtels, les
marchés et les quartiers populaires, résonner leur langue commune. Dans
cette perspective, ils ne souhaitent qu’une seule chose : qu’elle se
répande encore plus sur les cinq continents.
Il en va ainsi dans de nombreux domaines.
Non seulement grâce à son passé mais aussi par son actualité, la langue
française fait partie des cinq ou six langues de culture et de
civilisation. D’où la floraison d’artistes au talent communicatif, de
Tahar Ben Jelloun et Ahmadou Kourouma pour la littérature, à Youssou
N’Dour pour la chanson ? Le cinéma français a remporté 3 Oscars cette
année, et la Palme d’Or du Festival de Cannes… Comment peut-on fermer
les yeux sur le succès retentissant de l’ouvrage « Les Bienveillantes
de Jonathan » Littel, couronné il y a deux ans du prix Goncourt et du
Grand Prix du Roman de l’Académie Française ? Chaque année, la vitalité
de la création francophone, par le métissage des peuples et la rencontre
d’écrivains provenant d’horizons divers, permet à notre langue de
s’enrichir de nouveaux sens, de gagner en nuances, de découvrir des
zones encore inconnues de la condition humaine.
La Francophonie peut également s’appuyer
sur des expériences historiques démontrant son importance géopolitique.
Par deux fois, au début des années 1960 et des années 1990, elle a
contribué au rééquilibrage des relations internationales. Certains pays
au sortir de la colonisation et du communisme décidèrent d’utiliser la
langue française comme un moyen d’intégrer la communauté internationale
et la Communauté européenne.
Enfin, dans le cadre de la guerre en Irak,
en 2003, la langue française fit partie des leviers sur lequel la
diplomatie française joua pour s’opposer à une guerre considérée comme
illégale et injuste. Le club des Pays Francophones des Nations Unies (un
tiers des Etats membres) pouvait bénéficier d’un réseau exceptionnel
pour accroître ses marges de manœuvre dans le processus de décision
multilatérale. Dans un monde fragilisé par l’émergence du
fondamentalisme islamique, par des troubles politiques croissants dans
le monde entier, notamment au Proche-Orient, en Iran et au Darfour, et
confronté aux graves enjeux du changement climatique et de la crise
alimentaire, cette source d’influence constitue un atout indispensable
au service d’une politique indépendante et solidaire qu’il convient de
préserver et de développer.
Avec tous ces atouts, la bataille de la
langue n’est plus seulement linguistique, c’est une bataille pour une
vision de la civilisation mondiale à la naissance de laquelle nous
assistons, cette « civilisation de l’Universel » prophétisée par Léopold
Sédar Senghor.
Il ne saurait être question de baisser les bras, considérant qu’après
tout l’enjeu de la diversité culturelle dans la mondialisation est
négligeable, que la bataille pour la langue française est perdue
d’avance face un anglais omniprésent.
Le Français a tout ce qu’il faut pour
s’imposer comme l’une des principales langues de communication mondiale.
À chaque francophone de retrousser
ses manches, animé de la ferme conviction que la Francophonie ne doit
pas se laisser aspirer par la spirale du manichéisme dans les relations
internationales et qu’elle doit au contraire faire entendre au monde
entier sa spécificité. Cette spécificité, c’est une conviction : un
monde respectueux de la pluralité des visions, des héritages, et du
multilinguisme favorisant l’émergence de la paix, de la démocratie et de
la sécurité collective.
Chacune des pistes présentées dans
ce rapport est susceptible d’une mise en œuvre rapide, que ce soit avant
ou lors du prochain Sommet de la Francophonie. L’accent a été mis sur
des actions concrètes, précises, parfois iconoclastes, mais toujours
réalistes. Il est possible de provoquer une série de prises de
conscience qui donneront un nouvel élan à la Francophonie en même temps
qu’une visibilité accrue. Il ne faut pas perdre de temps : c’est
aujourd’hui que la Francophonie peut apporter une réponse nouvelle aux
problèmes que rencontre l’humanité, et nous devons tout faire pour
qu’elle joue pleinement ce rôle.
Francophonie – Repères
La Francophonie est un ensemble d’États
et de gouvernements « ayant le français en partage » : 55 membres (dont
deux membres associés) et 13 observateurs répartis dans les différentes
régions du monde : 10 en Afrique centrale ; 6 en Afrique de l’Est et
Océan indien ; 11 en Afrique de l’Ouest ; 5 en Afrique du Nord et
Moyen-Orient ; 6 en Amérique et caraïbes ; 6 en Asie-Pacifique et 24 en
Europe (dont 14 sont membres de l’Union européenne), regroupant une
population de plus de 800 millions d’habitants.
Il existe près de 200 millions de locuteurs francophones sur les cinq
continents. La langue française est la huitième langue la plus parlée
dans le monde.
Les orientations et priorités de la Francophonie sont fixées par le
Sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en
partage. Réaffirmées au dernier Sommet de Bucarest (octobre 2006), elles
sont au nombre de quatre :
-
Promouvoir la langue française et la diversité culturelle et
linguistique
-
Promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme
-
Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la
recherche
-
Développer la coopération au service du développement durable et
de la solidarité
Les instances de la Francophonie
- La Conférence des Chefs d’État
et de gouvernement des pays ayant le français en partage, ou Sommet de
la Francophonie
La Conférence des chefs d'
État et de gouvernement des pays ayant le
français en partage, communément appelée Sommet, est l'instance suprême
de la Francophonie. Le Sommet se réunit tous les deux ans. Il est
présidé par le chef d'État ou de gouvernement du pays hôte jusqu'au
Sommet suivant. Depuis le dernier Sommet de Bucarest en 2006 et jusqu’au
prochain Sommet de Québec en Octobre 2008, c’est le Président roumain
qui occupe la présidence.
Les Sommets de la Francophonie traitent des grandes questions
politiques, économiques, et culturelles de l’heure. Ils statuent sur
l'admission de nouveaux membres de plein droit, de membres associés et
de membres observateurs à l'OIF. Le Sommet définit les orientations de
la Francophonie de manière à assurer son rayonnement dans le monde. Il
adopte toute résolution qu'il juge nécessaire au bon fonctionnement de
la Francophonie et à la réalisation de ses objectifs. C’est aussi
l’instance qui élit le Secrétaire général.
La XIIe Conférence des chefs d'État et de
gouvernement ayant le français en partage, plus connue sous le nom de
« Sommet de la Francophonie
», se réunira du 17 au 19 octobre
2008 à Québec.
Onze Sommets de la Francophonie
depuis 1986
• Paris (France, 1986)
• Québec (Canada-Québec, 1987)
• Dakar (Sénégal, 1989)
• Chaillot (France, 1991)
• Grand Baie (Maurice, 1993)
• Cotonou (Bénin, 1995)
• Hanoi (Vietnam, 1997)
• Moncton (Canada-Nouveau-Brunswick, 1999)
• Beyrouth (Liban, 2002)
• Ouagadougou (Burkina Faso, 2004)
• Bucarest (Roumanie, 2006)
•
Québec (Québec, 2008)
- La Conférence ministérielle de la
Francophonie (CMF)
Instituée sur décision du Sommet de Chaillot en 1991, la Conférence
ministérielle de la Francophonie (CMF) se réunit entre les Sommets afin
d'assurer la continuité politique. Les membres des Sommets y sont
représentés par leur ministre des Affaires étrangères ou le ministre
chargé de la Francophonie. Elle est
présidée par le ministre des Affaires étrangères ou le ministre chargé
de la Francophonie du pays hôte du Sommet, un an avant et un an après
celui-ci.
Cette Conférence a pour mission de veiller à
l'exécution des décisions arrêtées lors d'un Sommet et de préparer le
Sommet suivant. Elle se prononce sur les grands axes de l'action
multilatérale francophone. Elle adopte le budget et les rapports
financiers de l’OIF ainsi que la répartition du Fonds multilatéral
unique (FMU). La Conférence ministérielle nomme le Commissaire aux
comptes de l’OIF et du FMU. En outre, elle
recommande au Sommet l’admission de nouveaux membres et de
nouveaux membres associés ou observateurs, ainsi que la nature de leurs
droits et obligations.
La Francophonie s'appuie également sur les
travaux et les recommandations de deux Conférences ministérielles
permanentes : la Conférence des ministres de l'Education nationale des
pays ayant le français en partage (Confémen) et la Conférence des
ministres de la Jeunesse et des Sports des pays ayant le français en
partage.
- La Conférence des ministres de l’Éducation des pays ayant le
français en partage (CONFEMEN), créée en 1960, regroupe 41 États et
gouvernements membres.
Instance de la Francophonie, la Conférence des ministres de l'éducation
nationale des pays francophones (CONFEMEN) est une institution
intergouvernementale créée en 1960. La CONFEMEN œuvre pour la promotion
de l'éducation et de la formation professionnelle et technique. Elle
constitue l'instrument privilégié qui permet aux Etats et gouvernements
de conjuguer leurs efforts en vue de développer leurs systèmes
éducatifs. Son rôle est d'orienter les politiques éducatives dans les
pays membres à travers des décisions et recommandations.
Par l'intermédiaire de son Programme d'analyse des systèmes éducatifs
(PASEC), créé en 1991 dans la foulée de la première Conférence mondiale
sur l'éducation pour tous de Jomtien, la CONFEMEN s'est doté d'un outil
d'analyse et d'évaluation qui fournit aux décideurs des informations
objectives pour orienter leurs choix en matière de politiques
éducatives.
- la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays
d’expression française (CONFEJES)
Instance de la Francophonie, la Conférence
des ministres de la Jeunesse, des Sports des pays ayant le français en
partage (CONFEJES) est une institution intergouvernementale créée en
1969. La CONFEJES appuie les pays membres pour l'élaboration et/ou la
mise en œuvre des politiques nationales de jeunesse et de sport. Elle
met en place des programmes d'insertion économique des jeunes, de
fabrication de matériel d'animation sportive, de développement de la vie
associative et de la culture de la paix. Elle œuvre à promouvoir la
participation des femmes et jeunes filles aux activités sportives et
socio-éducatives.
Au plan sportif, la CONFEJES mène des actions de formation des cadres et
des sportifs, et surtout apporte son soutien à la préparation des Jeux
de la Francophonie pour lesquels elle agit en étroite collaboration avec
l'Organisation internationale de la Francophonie.
La cinquième édition des Jeux de la francophonie a eu lieu à Niamey
(Niger) du 7 au 17 décembre 2005. Les prochains jeux de la Francophonie
se dérouleront en 2009 à Beyrouth.
Conférences ministérielles
sectorielles depuis 1971
• Conférence des ministres de la
Fonction publique, Lomé (Togo), 1971
• Conférence des ministres de la Politique scientifique,
Luxembourg, 1977
• Conférences des ministres de la Justice, Paris
(France, 1980 et 1989), Le Caire (Égypte,
1995), Paris (France, 2008)
• Conférences des ministres de la Culture,
Cotonou (Bénin, 1981), Liège (Communauté française de Belgique, 1990)
• Conférence des ministres de l'Agriculture,
Paris (France), 1981
• Conférence des ministres de la Recherche scientifique et
de l'Enseignement supérieur, Yamoussoukro (Côte d'Ivoire),
1983
• Conférence des ministres de la Communication,
Le Caire (Egypte), 1985
• Conférence des ministres chargés de l'Environnement,
Tunis (Tunisie), 1991
• Conférence des ministres de l'Éducation
de l'ensemble des pays ayant en commun l'usage du français, Montréal
(Canada-Québec), 1992
• Conférence des ministres chargés de l'Enfance,
Dakar (Sénégal), 1993
• Conférence des ministres chargés des Inforoutes,
Montréal (Canada-Québec), 1997
• Conférence des ministres de l'Economie et des Finances,
Monaco, 1999
• Conférence des femmes de la Francophonie,
Luxembourg, 2000
• Conférence ministérielle sur la culture,
Cotonou (Bénin), 2001
• Conférence ministérielle de la Francophonie sur la société
de l'information, Rabat (Maroc), 2003
• Conférence ministérielle de la Francophonie sur la
prévention des conflits et la sécurité humaine, Saint
Boniface (Manitoba, Canada), 2006))
• Conférence des ministres de la
Justice, Paris (France, 2008)
- Le Conseil permanent de la
francophonie (CPF)
Le CPF est également institué par décision des chefs d’État
et de gouvernement des pays ayant le français en partage, lors de la
conférence de Chaillot en 1991. Présidé par le Secrétaire général de la
Francophonie, il est composé des représentants personnels dûment
accrédités par les chefs d'Etat ou de gouvernement membres des Sommets.
Le Conseil permanent est l’instance chargée de la préparation et du
suivi du Sommet.
Le CPF a notamment pour missions de veiller à l'exécution des décisions
prises par la Conférence ministérielle ; d'examiner les propositions de
répartition du Fonds multilatéral unique (FMU) et d'exercer son rôle
d'animateur, de coordonnateur et d'arbitre. Il dispose à cet effet des
commissions suivantes : la commission politique, la commission
économique, la commission de coopération et de programmation et la
commission administrative et financière. Le CPF se réunit plusieurs fois
par an. En tant que de besoin, le Secrétaire général peut le réunir en
session extraordinaire.
Le Secrétaire général de la Francophonie
Le Secrétaire général est le porte-parole politique et le représentant
officiel de la Francophonie sur la scène internationale. Elu pour quatre
ans par les chefs d’Etats et de gouvernements membres, il rend compte au
Sommet de l’exécution de son mandat. L’actuel Secrétaire général, élu le
20 octobre 2002 par le IXe Sommet de la Francophonie de Beyrouth, est
l’ancien Chef d’État sénégalais
Abdou Diouf, qui a succédé à l’Égyptien
Boutros Boutros-Gali. Le mandat d’Abdou Diouf a été renouvelé pour
quatre ans au Sommet de Bucarest en septembre 2006.
Le Secrétaire général, clé de voûte du
dispositif institutionnel de la Francophonie, dirige l'Organisation
internationale de la Francophonie (OIF). Il est responsable de
l’administration et du budget de l’OIF dont il peut déléguer la gestion
et conduit l'action politique de la Francophonie.
Il est également le plus haut responsable des institutions francophones
et préside le Conseil permanent de la Francophonie (CPF).
Animateur de l’ensemble du mouvement francophone, le Secrétaire général
préside régulièrement un conseil de coopération chargé d’assurer la
cohésion de l’action entre l’OIF, l’Assemblée parlementaire de la
Francophonie et les opérateurs que sont l’Agence universitaire de la
francophonie (AUF), TV5, l’Association internationale des maires
francophones (AIMF) et l’Université Senghor d’Alexandrie.
L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
L’OIF est l’opérateur principal de la Francophonie, chargé de mettre en
œuvre les programmes arrêtés par les Sommets.
L'Organisation internationale de la Francophonie agit pour que les pays
du Sud et en transition acquièrent les moyens de maîtriser le processus
de leur développement et parviennent à générer leur propre dynamique par
un développement humain et social durable et équitable.
À cet effet, elle mène des actions
politiques et de coopération multilatérale, selon une programmation
quadriennale.
La communauté francophone s'est dotée en
novembre 2004, à l'occasion du Xe Sommet de la Francophonie, d'une
feuille de route claire et inédite, le Cadre Stratégique Décennal,
fixant, pour une période de dix ans, les axes stratégiques de son
intervention et les domaines prioritaires de son action multilatérale :
promouvoir la langue française et la diversité culturelle et
linguistique ; promouvoir la paix, la démocratie et les droits de
l'Homme ; appuyer l'éducation, la formation, l'enseignement supérieur et
la recherche ; développer la coopération au service du développement
durable et de la solidarité.
Langue
française et diversité culturelle et linguistique
La Francophonie veille au renforcement du
français comme outil de communication et vecteur culturel et, par
extension, comme langue de communication internationale, d'enseignement
et de support à un dynamisme intellectuel, scientifique et culturel
novateur. Elle associe cette action à son engagement en faveur du
plurilinguisme en symbiose avec les grandes communautés linguistiques
dans le monde.
Au plan national, la promotion de la langue
française s'inscrit dans une problématique de cohabitation du français
avec d'autres langues partenaires ou internationales, et ce dans la
plupart des pays membres, dont vingt-neuf ont le français pour langue
officielle. La Francophonie a déjà joué un rôle de pionnier pour la
reconnaissance de la diversité culturelle et le dialogue des cultures.
Elle a décidé de se donner les moyens de faire face aux tendances
uniformisatrices de la mondialisation et de favoriser le maintien et
l'essor de la diversité culturelle et linguistique.
Paix, démocratie et
droits de l’Homme
La Francophonie entend apporter une
contribution significative à la promotion de la paix, de la démocratie,
et au soutien à l'État de droit et aux droits de l'Homme, en mettant
l'accent sur la prévention. Une vie politique apaisée et la jouissance
par les citoyens de tous leurs droits, objets de la Déclaration de
Bamako, sont en effet considérées comme des éléments indissociables du
développement durable. La gestion des affaires publiques conforme aux
principes de la bonne gouvernance est essentielle pour une
redistribution plus équitable des ressources. La Francophonie choisit de
mettre l'expertise de son vaste réseau intergouvernemental,
institutionnel, universitaire et non gouvernemental au service de ses
pays membres en vue du renforcement des capacités nationales, du
règlement des conflits et de l'accompagnement des sorties de crise.
L'Assemblée parlementaire de la Francophonie contribue à la réalisation
de ces objectifs.
Éducation, formation,
enseignement supérieur et recherche
L'éducation entendue au sens large, comme
l'accès à l'autonomie et à l'information pour tous, commence par l'accès
de tous les enfants à un cycle complet d'études primaires, sans
disparité entre les sexes. Elle implique, dans une approche intégrée du
primaire au supérieur, un enseignement et une formation permettant
l'accès à l'emploi. La Francophonie appuie la conception de politiques
d'éducation qui servent ces objectifs et qui veillent à ancrer le
français aux côtés des langues partenaires. Enfin, le potentiel de
recherche des filières universitaires francophones est valorisé.
Développement durable et solidarité
Engagée à agir pour le développement durable,
la Francophonie appuie l'amélioration de la gouvernance économique, le
renforcement des capacités, la concertation et la recherche de
stratégies communes dans les grandes négociations internationales. Cette
mission est étroitement liée à la capacité des États à rendre
compatibles leur intégration à l'économie mondiale et la lutte efficace
contre la pauvreté, élément de leur stratégie nationale de développement
durable. Elle s'appuie notamment pour ce faire sur un espace de
coopération décentralisée. L’Administrateur de l’OIF est Monsieur
Clément Duhaime, ancien Délégué général du Québec en France.
Les moyens budgétaires dont dispose l’Organisation Internationale de la
Francophonie s’élèvent à plus de 80 millions d’Euros pour 2008, dont la
moitié provient de la France. L’OIF dispose de quatre représentations
permanentes à Addis Abeba (auprès de l’Union Africaine et de la
Commission économique de l’Afrique de l’ONU), à Bruxelles (auprès de
l’Union Européenne), à New York et à Genève (auprès des Nations unies) ;
de trois bureaux régionaux (Afrique de l'Ouest, Afrique centrale et
océan Indien, Asie-Pacifique) situés respectivement à Lomé (Togo),
Libreville (Gabon) et Hanoï (Vietnam) et de deux antennes régionales à
Bucarest (Roumanie) et à Port-au-Prince (Haïti). L’OIF dispose également
de trois organes subsidiaires : l’Institut de la Francophonie numérique,
l’Institut de l’énergie et de l’environnement basé à Québec
(Canada-Québec) et le Comité international des jeux de la Francophonie.
·
Institut de la Francophonie numérique
L’Institut de la Francophonie
numérique (IFN), anciennement Institut francophone des nouvelles
technologies de l’information et de la formation (INTIF), est un
organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie
créé par la Conférence Ministérielle de la Francophonie, en décembre
1998, à Bucarest (Roumanie).
Par cette décision, face à la poussée
grandissante des nouvelles technologies et à la mondialisation des
processus de communication reconnues par le Sommet de Cotonou (1995), la
Francophonie, représentée en Aquitaine (France), depuis 1972, par
l’Ecole internationale de Bordeaux (EIB), puis par l’Ecole
internationale de la Francophonie (EIF), s’était dotée, sur le même
site, en 1998, d’un important pôle engagé dans la marche vers la
modernité, l’INTIF. Devenu l’IFN par décision du XIe Sommet de la
Francophonie tenu à Bucarest, en septembre 2006, l’Institut a été
transféré à Paris, en janvier 2007, et met en œuvre une programmation
révisée qui s’appuie sur les résolutions de ce Sommet.
Afin de contribuer à l’insertion des pays
membres de la Francophonie dans la société de l’information, cet
Institut spécialisé accompagne les partenaires locaux dans une véritable
dynamique de coopération Sud/Sud en faisant appel aux compétences
locales, en renforçant les capacités existantes et en favorisant la
liberté des choix technologiques. Dans le respect de la diversité
culturelle, l’IFN participe aux efforts des pays les moins avancés dans
l’adéquation des opérations de coopération aux besoins spécifiques du
terrain en matière de TIC. Ces dernières, élément de développement
devant innerver tous les domaines de la Francophonie, confèrent à
l’Institut un rôle transversal qu’il exerce en collaboration avec les
autres directions de l’OIF.
·
L’Institut de l’énergie et
de l’environnement de la Francophonie (IEPF)
L’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF),
organe subsidiaire de
l'Organisation internationale de la Francophonie, est né en 1988 de
la volonté des chefs d’État et de gouvernement des pays francophones de
conduire une action concertée visant le développement du secteur de
l’énergie dans les pays membres. En 1996 cette action a été élargie à
l’Environnement.
Basé à Québec, l’Institut a aujourd’hui pour mission de contribuer au
renforcement des capacités nationales et au développement de
partenariats dans les domaines de l’énergie et de l’environnement.
Meilleure gestion et utilisation des ressources énergétiques,
intégration de l’environnement dans les politiques nationales dans une
perspective durable et équitable, tels sont les buts des interventions
spécifiques de l’IEPF – formation, information, actions de terrain et
concertation – menées en synergie avec les autres programmes de
l'Organisation internationale de la Francophonie et notamment ceux issus
de la mission D du
Cadre stratégique décennal de la Francophonie : « Développer la
coopération au service du développement durable et de la solidarité
».
·
Le Comité international des
jeux de la Francophonie
Le Comité international des Jeux de la Francophonie (CIJF) est chargé
d’assurer la supervision générale de l’organisation des Jeux de la
Francophonie.
Organisés tous les quatre ans, dans l’année post-olympique, ces jeux
invitent, sous la bannière de l’amitié et du partage, la jeunesse de
l’espace francophone à se rencontrer au travers d’épreuves sportives et
de concours culturels.
Un organe délibératif, le Conseil d’Orientation, et un organe exécutif,
la Direction du CIJF, composent le CIJF. Les membres du Conseil
d’Orientation, sont désignés par la Conférence ministérielle de la
Francophonie et renouvelés tous les quatre ans. Seize représentants d’États
ou de gouvernements membres de l’OIF, 8 ministres de la culture et 8
ministres de la jeunesse et des sports, composent ce Conseil.
L’Assemblée
parlementaire de la Francophonie (APF)
Assemblée consultative de la Francophonie,
l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) regroupe des
parlementaires de 74 parlements ou organisations interparlementaires
répartis sur les cinq continents. Son action vise principalement à
promouvoir et défendre la démocratie, l’État de droit, le respect des
droits de l’Homme, le rayonnement international de la langue française
et la diversité culturelle.
L’Assemblée parlementaire de la Francophonie
est un lieu de débats, de propositions et d’échanges d’informations sur
tous les sujets d’intérêt commun à ses membres.
En étroite collaboration avec l’Organisation
internationale de la Francophonie (OIF), elle engage et met en œuvre des
actions dans les domaines de la coopération interparlementaire et du
développement de la démocratie. Ses actions visent à renforcer la
solidarité entre institutions parlementaires et à promouvoir la
démocratie et l’État de droit, plus particulièrement au sein de la
communauté francophone.
L’Assemblée parlementaire de la Francophonie
mène un important travail de réflexion portant sur des sujets tels que
les libertés et droits politiques, les Parlements et la communication,
l’espace économique francophone et la coopération décentralisée ou
encore l’éducation, les obstacles à la diffusion des connaissances dans
les pays francophones ou la place du français dans les organisations
internationales. L’Assemblée se prononce sur la base de rapports établis
par ses Commissions.
Le président de l’APF est Monsieur Bernard Patry, un député du Canada.
Le Secrétaire général parlementaire est Monsieur Jacques Legendre,
sénateur du Nord.
Les opérateurs directs de la Francophonie
·
L’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)
Fondée à Montréal (Canada) en 1961, l’Agence universitaire de la
Francophonie (AUF) est une institution multilatérale qui soutient la
coopération et la solidarité entre les institutions universitaires
travaillant en français, prioritairement avec les pays francophones
d’Afrique, du Monde arabe, d’Asie du Sud-Est, d’Europe centrale et
orientale et de la Caraïbe.
Depuis 1989, l’Agence est l’opérateur direct de la Francophonie pour
l’enseignement supérieur et la recherche et elle participe, ainsi, grâce
au soutien des États et gouvernements ayant le français en partage, à la
construction et à la consolidation d’un espace scientifique en français.
L’AUF compte 658 membres (universités
publiques et privées, instituts d’enseignement supérieur, centres ou
institutions de recherche, réseaux institutionnels et réseaux
d’administrateurs liés à la vie universitaire), répartis dans les pays
appartenant à l’Organisation internationale de la Francophonie et
au-delà. Il convient d’y ajouter un réseau de plus de 350 départements
d’études françaises d’établissements universitaires du monde entier.
L’ensemble de ces établissements constitue un réseau unique de
partenaires que l’AUF fédère et anime à travers ses cinq programmes
d’actions et de soutien. L’Agence met en
œuvre des programmes scientifiques dans les domaines de la langue, du
développement, du droit, des technologies de l'information et de la
formation ouverte et à distance, Elle développe également des actions
pour la mobilité scientifique et universitaire et pour l'appui à la
recherche au Sud.
L’AUF est présente dans près de 74 pays, à travers ses bureaux
régionaux, ses centres d’accès à l’information, ses campus numériques ou
ses instituts de formation. Son siège se trouve à Montréal (Canada) sur
le campus de l’Université de Montréal. Depuis le 7 décembre 2007, le
recteur de l’Agence universitaire de la francophonie est Monsieur
Bernard Cerquiglini.
·
L’Université Senghor d’Alexandrie
L'université internationale en langue
française au service du développement africain, nommée Université
Senghor d'Alexandrie, a été créée par le Sommet de Dakar (mai 1989) qui
l'a reconnue d'utilité publique internationale. Cette institution de 3e
cycle a pour vocation de former et de perfectionner des cadres et des
formateurs de haut niveau et d'orienter leurs aptitudes vers l'action et
l'exercice des responsabilités dans certains domaines prioritaires pour
le développement : gestion de projets, gestion des institutions
financières, gestion de l'environnement, nutrition - santé et gestion du
patrimoine culturel. Son recteur est Monsieur. Fernand Texier.
·
L’Association internationale des maires et responsables
des capitales et métropoles francophones (AIMF)
Opérateur spécialisé dans le développement
urbain, l'AIMF rassemble 191 capitales et métropoles réparties dans 46
pays. Elle est à la fois un forum de concertation entre les maires et un
réseau de coopération attaché à renforcer la démocratie locale. Elle
réalise en outre des projets qui contribuent à l'amélioration du
bien-être des populations et à la modernisation de la gestion
municipale. Opérateur de la Francophonie pour la coopération
décentralisée, l'AIMF est un réseau de villes et d'associations de
villes au service du développement des collectivités locales.
Elle concourt à une meilleure gestion des
municipalités en favorisant les échanges d'expériences et en finançant
des projets concrets qui mobilisent son réseau d'experts. L’AIMF
est présidée par le Maire de Paris, Monsieur Bertrand Delanoë, son
secrétaire permanent est Monsieur Olivier Chambard.
·
TV5 Monde
Première chaîne mondiale de télévision en français, TV5MONDE est un
espace d’expression plurielle. Une chaîne généraliste qui propose une
vision originale du monde à travers une information et une programmation
soucieuses de faire connaître et partager la diversité des cultures et
des points de vue.
Avec une programmation construite autour de l’information, TV5MONDE a su
adapter sa diffusion mondiale par la déclinaison de 8 signaux
spécifiques à chaque continent, tenant compte des décalages horaires et
des sensibilités des publics.
TV5 Monde enrichit ses programmes par une politique de cinéma, de
fictions, de sports, de documentaires et de productions propres, tant en
matière d’information, qu’en émissions originales et inédites.
Plus de 180 millions de foyers pouvant recevoir TV5MONDE par câble ou
satellite, 24 heures sur 24, dans plus de 203 pays et territoires et 25
millions de téléspectateurs chaque jour (audience cumulée) font de
TV5MONDE l'un des 3 plus grands réseaux mondiaux de télévision, aux
côtés de MTV et de CNN. Le Président de TV5 Monde est M. Alain de
Pouzilhac et la directrice générale Mme Marie-Christine Saragosse.
Les partenaires, réseaux et associations francophones
·
Le réseau des organisations non gouvernementales
Depuis le 30 juin 2005,
63 organisations internationales non gouvernementales (OING) et
autres organisations de la société civile (OSC) à vocation
internationale sont dotées du statut consultatif auprès des instances de
l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Tous les deux ans, la Conférence des OING et des OSC réunit des
organisations de la société civile à vocation internationale et ayant
une compétence éprouvée dans l’une des quatre missions dévolues à la
Francophonie : la promotion de la langue française et de la diversité
culturelle et linguistique ; la promotion de la paix, de la démocratie
et des droits de l’Homme; l’éducation, l’enseignement supérieur et la
recherche ; la coopération au service du développement durable et de la
solidarité.
Les organisations de la société civile sont, depuis de nombreuses
années, des partenaires actifs de la Francophonie. En s’assurant du
concours le plus large possible de ces organisations à l’élaboration et
à la réalisation de leurs programmes, l’Organisation internationale de
la Francophonie (OIF) et les quatre opérateurs directs de la
Francophonie s’enrichissent de leurs expériences d’acteurs de terrain
proches des préoccupations des populations. La VIe Conférence des OING
et des OSC de la Francophonie s’est tenue à Caraquet, au Canada
Nouveau-Brunswick, du 15 au 17 mai 2008.
Présentation de quelques
OING francophones accréditées auprès de l’OIF :
·
Association francophone
d’amitié et de liaison (AFAL)
Depuis plus de trente ans, l’Afal assure une
liaison permanente avec les associations francophones en matière
d’échange d’information et de documentation. Engagée dans la défense de
la diversité linguistique, elle est accréditée auprès des pouvoirs
publics français et des organisations internationales.
·
Association francophone
internationale des directeurs d’établissements scolaires (AFIDES)
Fondée à Montréal en 1983, l’Afides favorise
les échanges professionnels entre les directeurs d’établissements
scolaires, assure leur formation et contribue à la qualité de
l’éducation. Elle regroupe 22 sections nationales et elle est également
accréditée auprès des Nations unies et de l’Unesco.
·
Association du notariat francophone (ANF)
Créée en 1992 à l’initiative du notariat français et avec le soutien du
ministère français de la Francophonie, elle a pour objectif de
développer les liens entre les notariats francophones et les divers
notariats d’expression française, de promouvoir les valeurs humaines et
juridiques que sous-tend le droit latin, de mettre en commun les moyens
matériels et humains pour échanger des expériences, et enfin, susciter
la tenue, à intervalles réguliers, d’assises du notariat francophone.
·
Association internationale
des régions francophones (AIRF)
Créée en 2002, elle a pour but d’établir entre les collectivités,
territoires et communautés régionales francophones des coopérations, des
échanges d’information et d’expériences touchant à leurs domaines
d’activité mais aussi des programmes de développement portant sur des
projets définis en commun.
·
La Conférence internationale des barreaux de tradition
juridique commune (CIB)
Créée le 29 novembre 1985, la CIB compte 24 Barreaux de pays de
tradition juridique commune ayant le français en partage. Elle regroupe
des Barreaux affirmant un idéal d’indépendance et dont les organes
directeurs sont démocratiquement désignés par les avocats eux-mêmes.
Dans le respect de l’autonomie des Barreaux, elle vise à les aider dans
leur action en vue de développer un Etat de Droit dans chacun de leur
pays, elle entend aussi mettre en œuvre la notion du caractère universel
des Droits de l’Homme et en particulier, les Droits de la Défense. La
présidence de la CIB est assurée, pour l’année 2008 par la bâtonnier
Jean PETRO du Barreau du Congo et le Secrétariat général par le
Bâtonnier Mario Stasi du Barreau de Paris.
·
Conseil francophone de la
chanson (CFC)
Créé en 1986 à l’initiative de professionnels
de la chanson de la Communauté française de Belgique, de Suisse, de
France et du Canada, tous soucieux de partager leur savoir-faire, le CFC
a pour mission de promouvoir la chanson et les musiques de l’espace
francophone à travers différents projets.
·
Environnement et développement
du tiers monde
Depuis sa création en 1972, Enda-TM a pour
mission principale de contribuer à la lutte contre la pauvreté, pour la
diversité culturelle et le développement durable. Elle agit tant au
niveau local qu’international auprès des groupes de base comme des
intellectuels et des décideurs. Active à travers 33 entités présentes
dans 14 pays, Enda-TM a pris une part active en tant qu’OING du Sud aux
grandes conférences internationales et participe ou anime plusieurs
réseaux internationaux.
·
Fédération internationale des
ligues des droits de l’Homme
La FIDH a été créée en 1922 à Paris, avec
pour objectifs de diffuser et de promouvoir les droits de l’Homme, de
lutter contre leur violation et d’exiger leur respect. Elle compte
aujourd’hui 141 organisations de défense des droits de l’Homme dans une
centaine de pays. La FIDH a mené à ce jour plus de 1 000 missions
d’enquête, d’observation judiciaire et de formation dans plus de
100 pays.
·
Fédération
internationale des professeurs de français
Fondée en 1969, la FIPF rassemble plus de
70 000 enseignants au sein de 165 associations dans le monde entier.
Elle agit tant au niveau international qu’au niveau national, voire
local, pour la défense et la promotion de l’enseignement du français.
Apolitique et ouverte, elle met en place des dispositifs qui permettent
échange des cultures et ouverture vers le plurilinguisme. Elle organise
tous les quatre ans un colloque international sur l’enseignement du
français.
·
Groupe d’études et de
recherches sur la démocratie et le développement économique et social en
Afrique
Créé en 1990, l’objectif de Gerddes-Afrique
est de faire la promotion et l’accompagnement de la démocratie pour
accélérer le développement économique et social du continent. Présent
dans 32 pays d’Afrique, il compte plus de 2 000 membres.
·
Organisation mondiale contre la
torture
L’OMCT constitue aujourd’hui la principale
coalition internationale d’ONG luttant contre la torture, les exécutions
sommaires, les disparitions forcées et tout autre traitement cruel,
inhumain ou dégradant. Elle dispose d’un réseau – SOS Torture – composé
de 282 ONG réparties sur les cinq continents. Ses programmes sont axés
sur la prévention, la dénonciation, la poursuite des auteurs,
l’assistance aux victimes et la réhabilitation de celles-ci.
·
Reporters sans
frontières
Depuis 1985, cette association, reconnue
d’utilité publique, multiplie les actions en faveur de la liberté de la
presse. RSF intervient pour dénoncer l’emprisonnement des journalistes,
l’interdiction de médias ou encore l’adoption de lois particulièrement
répressives. Elle œuvre au quotidien pour que l’information reprenne ses
droits.
·
Société nationale de
l’Acadie (SNA)
L'objectif principal de la SNA est la promotion et la défense des droits
et intérêts du peuple acadien des provinces de l'Atlantique. Pour ce
faire, elle mène différentes activités sur la scène internationale et au
niveau interprovinciales.
·
Union internationale de la Presse Francophone (UPF)
L’UPF est la plus ancienne des associations francophones. Fondée en 1950
sous le nom d’Union internationale des journalistes et de la presse de
langue française (UIJPLF), elle favorise la coopération entre les médias
francophones. Elle est reconnue comme organisation internationale
non-gouvernementale (OING) par les plus grandes organisations
internationales ou multilatérales comme l'ONU, l'UNESCO, le parlement de
Strasbourg ou l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
L'UPF regroupe plus de 3.000 journalistes, responsables et éditeurs de
la presse écrite et audiovisuelle, répartis dans 110 pays ou régions du
monde, qui adhèrent, soit par l’intermédiaire de leur section nationale,
soit individuellement, constituant ainsi un réseau unique au monde. Le
Comité international de l'UPF, composé des représentants des sections
nationales, définit les grandes orientations de l'Union. Le Secrétariat
général international, situé à Paris, met en oeuvre les actions prévues.
Le président international l’UPF est M. Alfred Dan Moussa et son
secrétaire général M. Georges Gros.
·
Le Conseil international des radios-télévisions
d’expression française (CIRTEF)
Le Conseil international des
radios-télévisions d'expression française (CIRTEF) regroupe plus de
quarante radios et télévisions francophones. Depuis sa création à
Montréal en 1978, à la suite d'un colloque organisé à l'initiative de la
Francophonie, le CIRTEF s'est attaché à développer les échanges d'images
et de sons entre les organismes membres et à promouvoir la diffusion de
productions du Sud par les médias du Nord.
Coproduction d’émissions avec les télévisions
membres, formation des professionnels, appui à la production et à la
diffusion constituent l’essentiel de l’action du CIRTEF à l’Organisation
internationale de la Francophonie apporte sa contribution. Le Fonds
francophonie de production audiovisuelle du Sud est géré conjointement
avec le CIRTEF
·
Le Forum francophone des affaires (FFA)
Créé en 1987 au Sommet de Québec (Canada), le FFA est la seule
organisation internationale économique reconnue comme institution
officielle par le Sommet des chefs d’Etats et de gouvernements ayant le
français en partage. Le FFA est composé de comités nationaux – un dans
chacun des 55 pays Etats ou communautés représentés au Sommet des chefs
d’Etat et de gouvernement.
Le Forum francophone des affaires (FFA) dispose de comités avec statut
d’observateur dans les pays ou régions n’appartenant pas à la
Francophonie, mais s’appuyant sur une communauté francophone active.
Communautés d’affaires nationales, ces comités regroupent les acteurs
économiques de tous les secteurs d’activité. Ils constituent le réseau
du Forum francophone des affaires, participent à l’échange
d’informations, notamment d’opportunités d’affaires, organisent et
animent les activités qui structurent la vie des affaires. Le président
du comité international est M. Stève Gentilli , qui est également
président du comité national français.
·
L’institut international de droit d’expression et
d’inspiration françaises (IDEF)
L’institut international de droit d’expression et d’inspiration
françaises, (IDEF), a été créé en 1964 par René Cassin, auteur de la
Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et prix Nobel de
la paix, sur l’initiative de M. Alain Plantey, à l’époque conseiller
technique du général de Gaulle, aujourd’hui membre et ancien président
de l’Institut de France.
L’IDEF constitue maintenant un groupe de juristes qui utilisent les
mêmes concepts et parlent une même langue juridique parce que formés aux
mêmes sources, aux mêmes modes de raisonnement, aux mêmes valeurs de
civilisation.
Annexes
- Lettre de mission de Monsieur Jean-Marie
Bockel, Secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la
Francophonie, 10 décembre 2007.
- Présynthèse du rapport remis à
Monsieur le Secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la
Francophonie, le lundi 17 mars 2008, précédé de la lettre de
transmission.
-
Liste des rencontres, entretiens et réunions de travail
- Liste des documents consultés
Lettre de mission
Lettre de transmission
(présynthèse rapport)
Hervé BOURGES
Mission de réflexion et de propositions sur la
Francophonie
Le 17 mars 2008,
Monsieur le Ministre,
À toutes fins
utiles, je tiens à vous communiquer avant le jeudi 20 mars 2008, Journée
Internationale de la Francophonie, une note de synthèse présentant les
premières préconisations qui seront livrées en conclusion du rapport
intermédiaire.
Il y a aujourd’hui un réel « malaise » au sein de
la Francophonie, qui provient pour l’essentiel de l’absence de
perception par le grand public d’une réelle communauté de destin entre
les nations francophones. Dès lors le discours et les actions des
« institutions » de la Francophonie, quelle que soit leur qualité et
même leur efficacité, restent inaudibles et invisibles, et peuvent même
paraître sans objet.
Cette crise de la Francophonie appelle de la part
de la France une double réponse rapide :
-- d’abord des actes symboliques pour redonner
« du sens » à la communauté francophone, en particulier au sein de
l’opinion publique française.
-- Et dans le même temps, quelques mesures
concrètes qui montreront que la France tire elle-même des conséquences
pratiques de son appartenance à la Francophonie et de sa volonté
d’impulser la renaissance de la Francophonie.
Ces actes symboliques et ces mesures concrètes
feront l’objet d’une étude précise dans le cadre de mon rapport
intermédiaire que je compte achever courant mai. J’ai pensé utile de
réunir les plus importants et les plus faciles à mettre en œuvre sous la
forme d’une note de synthèse succincte que vous pourrez d’ores et déjà
exploiter à l’occasion de la Journée Internationale de la Francophonie
et dans la perspective du Sommet de Québec.
En espérant que cette initiative vous sera utile,
je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute
considération.
Hervé BOURGES.
********************
Présynthèse du rapport d’Hervé Bourges
à Monsieur le Secrétaire d’État
chargé de la Coopération et de la Francophonie
« Pour une Renaissance de la
Francophonie »
Diagnostic
préalable : pourquoi la Francophonie semble-t-elle en panne ?
La double nature de la Francophonie
La Francophonie est dotée d’une double nature, politique et
institutionnelle d’une part, historique et humaine d’autre part, et
cette double nature qui constitue une force considérable comporte
aujourd’hui des faiblesses qui entravent son rayonnement.
D’un côté, la vitrine institutionnelle de la Francophonie a longtemps
été marquée par une grande opacité de fonctionnement, qui est en
voie de simplification et de clarification : désormais les
structures opérationnelles sont regroupées sous l’autorité du Secrétaire
Général de l’OIF, avec une meilleure lisibilité des actions et la
perspective d’une démarche politique cohérente. Le travail entrepris
n’est pas achevé et des suggestions concrètes seront faites sur ce
volet.
De l’autre, 700 millions de nos contemporains, un énorme potentiel
humain dont 200 millions s’expriment en français, recourent en partie
aux mêmes références culturelles et intellectuelles, mais aussi
juridiques, économiques, sociales et morales. Pourtant cette
profonde proximité ne fonde pas une réelle communauté de destins.
Et la Francophonie institutionnelle échoue à constituer une entité
unique et solidaire. Au cours des dernières années, on observe même une
progressive dilution du lien affectif qui liait l’ensemble des
Francophones.
Des responsabilités proprement françaises dans cette dilution
francophone.
La politique propre de la France n’est pas étrangère à cette dilution.
Avec la déclinaison sous diverses formes de la thématique de la
« préférence nationale », défendue par certains secteurs de l’opinion,
la France est de plus en plus perçue comme hostile par les
populations francophones du Sud qui ont l’impression que les
autres grands pays du Nord, et en particulier le Royaume-Uni, les
États-Unis d’Amérique, le Canada, sont plus hospitaliers et ouverts que
l’ancienne métropole. D’où une tendance à privilégier au sein de leurs
élites la maîtrise de l’anglais, face à laquelle une « préférence
francophone » prendrait toute sa valeur.
Par ailleurs, la mise en avant de l’Union européenne, dont les
structures sont évidemment plus contraignantes pour la France, place de
plus en plus la relation francophone au second plan, alors
qu’elle était au premier plan lorsque Senghor, Bourguiba, Diori et
Sihanouk, lançaient l’idée de la communauté francophone, au lendemain
de la décolonisation dans les années 60…
En découle un défaut global de visibilité de l’identité
francophone. Dans une société médiatique, ce défaut de
visibilité entraîne une perte de légitimité, comme s’il y avait quelque
chose à cacher à propos de la Francophonie, comme si la France avait
honte aujourd’hui de l’origine coloniale de l’extension du français dans
le monde : le français n’est plus une langue coloniale depuis que les
colonisés se le sont approprié comme le fait valoir l’écrivain algérien
Kateb Yacine.
D’où le sentiment actuel d’un dysfonctionnement, d’une discordance, d’un
malaise francophone, voire d’un rejet par certains intellectuels, qui
nuit à la visibilité voire à l’efficacité des actions concrètes de la
Francophonie institutionnelle.
Pour un renaissance : redonner un
sens à la « Communauté francophone »
Il est aujourd’hui impossible de résoudre le malaise ressenti sans
s’attaquer frontalement à ses causes, et il faut pour cela
redonner un sens fort à la communauté francophone.
Seule la France, si possible à travers son Président, peut accomplir les
actes refondateurs qui donneront toute leur place aux enjeux
francophones et leur pleine légitimité, donc leur visibilité, aux
structures et institutions de la Francophonie qui en seront
bénéficiaires.
La méthode à suivre est double : elle repose sur quelques
actes symboliques à large retentissement et sur des
actions concrètes à la fois faciles à mettre en œuvre et
capables de produire rapidement des effets.
Des actes symboliques forts
Dans l’ordre des actes symboliques refondateurs, on peut imaginer
quelques traductions spectaculaires de l’engagement de la France au sein
de la Francophonie :
Þ
Prise de parole volontariste du Président de la République
au moment de la journée de la Francophonie, avec derrière lui le
drapeau de la Francophonie en plus des drapeaux français et
européens.
Þ
Annonce de l’inscription symbolique du nom de
Léopold Sédar Senghor dans la crypte du Panthéon, avec
réaffirmation de son rôle fondateur de la Francophonie (idée forte et
UNIVERSELLE, de celui qui fut d’abord connu comme le chantre de la
négritude).
Þ
Mise en avant médiatique d’événements sportifs phares,
trop méconnus aujourd’hui, comme les Jeux de la Francophonie
qui seront organisés à Beyrouth en 2009.
Þ
Lancement d’États
généraux francophones rassemblant les sociétés civiles, les ONG,
les Etats, autour des grands thèmes intéressant l’avenir de la planète :
environnement, mondialisation, commerce international, promotion
de la langue française, qui ne peut se dissocier d’un combat en
faveur du multilinguisme, et défense, essentielle, des Droits de
l’Homme… De tels « États
Généraux » francophones faciliteraient le soutien à des motions communes
portées par tous les Etats francophones dans les enceintes
internationales, comme cela a été le cas pour la Convention sur la
Diversité culturelle à l’UNESCO.
Des actions concrètes de grande ampleur
Lancées à partir de la France, elles prouveront à l’ensemble des pays
francophones que notre pays est profondément attaché aux liens
historiques qui le lient à l’ensemble de la Communauté francophone.
Þ
Annonce d’une politique migratoire spécifique en
direction des Francophones (cohérente avec les décisions
concernant la maîtrise du français par les immigrants).
Þ
Lancement d’une « Université virtuelle francophone »
constituée par la mise en réseau des ressources numériques des
bibliothèques universitaires et publiques de l’ensemble de la
Francophonie.
Þ
Création d’une Fondation de la Francophonie
pour réunir les financements de grands groupes industriels francophones
autour des enjeux de développement majeur des pays francophones du sud :
comblement de la fracture numérique, financement
d’infrastructures de communication essentielles…
Þ
Mise en place d’un programme d’échanges scolaires et
universitaires entre les Collèges, Lycées et Universités francophones
afin de faciliter la connaissance des pays francophones par les jeunes
générations (il s’agit de diffuser une meilleure connaissance mutuelle
des pays francophones et de leur diversité). Selon les âges scolaires,
les classes établiront des correspondances, des échanges, et les
étudiants bénéficieront d’un programme Erasmus francophone au sein du
réseau de l’Agence Universitaire de la Francophonie.
Þ
Création d’un Volontariat francophone
permettant d’organiser la participation solidaire de jeunes à des
actions culturelles, humanitaires, écologiques ou économiques conduites
dans des pays francophones. (aider à la prise de conscience d’une
solidarité de destins entre les pays francophones).
Þ
Annonce de la diffusion hertzienne numérique en
France de la chaîne francophone TV5, déjà présente sur les
bouquets satellites, sur le câble et l’ADSL.
Þ
Mise en place par un partenariat public/privé d’un
bouquet de chaînes francophones diversifiées offertes gratuitement par
satellite sur les pays francophones du Sud (à commencer par le
Maghreb).
Þ
Organisation d’une manifestation annuelle spectaculaire
autour de la Francophonie, telle qu’un grand concert médiatisé
mettant en avant des artistes francophones du monde entier (et
particulièrement de l’Afrique et du Maghreb).
NB : Le détail de toutes ces mesures fera l’objet d’une étude plus
précise dans le rapport intermédiaire en cours de rédaction. Elles ont
en commun d’être peu onéreuses et rapidement applicables.
Paris, le lundi 17
mars 2008
Rencontres,
entretiens et réunions de travail
- M. Abdou DIOUF, Secrétaire général de l’Organisation
Internationale de la Francophonie
- M. Christian PHILIP, Représentant personnel du Président de la
République pour la Francophonie.
- M. Frédéric BOUILLEUX, Directeur de la langue française et de
la diversité culturelle et linguistique à l’Organisation Internationale
de la Francophonie.
- M. Olivier COLOM, Conseiller technique auprès du Président de
la République.
- M. Clément DUHAIME, Administrateur de l’Organisation
Internationale de la Francophonie.
- M. Marcel ESCURE, (nouveau) Chef du Service des Affaires
Francophones, Ministère des Affaires Étrangères
et Européennes.
- M. Philippe
ÉTIENNE,
Directeur de cabinet du Ministre des Affaires Etrangères et Européennes.
- M. Pascal JOSEPHE, Président de International Media Consultants
Associes (IMCA).
- M. Jacques LEGENDRE, Sénateur du Nord (Nord-Pas-de-Calais) ,
Secrétaire général de l’Assemblée Parlementaire Francophone.
- M. Robert MÉNARD, Secrétaire général de Reporters Sans
Frontières (RSF).
- M. Xavier NORTH, Délégué général à la langue française et aux
langues de France, Ministère de la Culture et de la Communication.
- M. Ousmane PAYE, Conseiller spécial auprès du Secrétaire
général de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
- M. Bernard PIGNEROL, Conseiller diplomatique auprès du Maire de
Paris.
- M. Hugo SADA, Directeur de la Délégation à la paix, à la
Démocratie et aux Droits de l’Homme de l’Organisation Internationale de
la Francophonie.
- M. Pierre SCHAPIRA, Adjoint au Maire de Paris chargé des
relations internationales, des affaires européennes et de la
francophonie.
- Le Bâtonnier Mario STASI, Secrétaire général de la Conférence
des barreaux de traditions juridiques communes (CIB)
- M. Michel VANDEPOORTER, Chef du Service des Affaires
Francophones, Ministère des Affaires Étrangères
et Européennes.
- Réunion avec 50 membres du Club Galilée (professionnels
de l’audiovisuel français), sur le thème de « Francophonie et
Audiovisuel au défi de la mondialisation » présidée par M. Olivier
ZEGNA-RATA, Directeur des relations extérieures, CANAL PLUS et M.
Philippe CHAZAL, Directeur des projets, ARTE France
- Nombreuses rencontres informelles en France et à l’étranger avec des
politiques, diplomates, intellectuels, universitaires et enseignants,
journalistes, écrivains, artistes, acteurs sociaux, économistes, chefs
d’entreprises, tous ayant le français en partage.
- M. David BAUDON : Assistant auprès de Hervé Bourges pour
la réalisation de ce rapport.
Documents consultés
- Rapport sur la Francophonie de M. Christian Philip,
Représentant personnel du Président de la République pour la
Francophonie, « Une volonté pour la France, une nécessité pour le
monde » (novembre 2007).
- Rapport sur la Francophonie de Mme Rama Yade, Secrétaire
nationale à la Francophonie de l’UMP, « 15 propositions pour une
nouvelle Francophonie », (mars 2007).
- Note (non datée) de M. Maurice Ulrich, Représentant personnel
de l’ancien Président de la République pour la Francophonie, « La
contribution de la France au Sommet de Québec ».
- Loi Toubon, nº 94-665 du 4 août
1994 relative à l'emploi de la langue française.
- Proposition de loi Marini, complétant la loi n°94-665 du 4 août
1994 relative à l’emploi de la langue française
- Rapport fait au nom de la commission des Affaires culturelles sur la
proposition de loi de M. Philippe MARINI complétant la loi n° 94-665 du
4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française, par M.
Jacques LEGENDRE, Sénateur (19 octobre 2005).
- Tous documents de l’Organisation Internationale de la Francophonie, du
Service des Affaires Francophones (Secrétariat d’État
à la Coopération et à la Francophonie) et de la Délégation générale à la
« langue française et aux langues de France » (Ministère de la Culture
et de la Communication).