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RR

 

Le français file-t-il à l'anglaise pour satisfaire les touristes

L'association A.FR.AV conteste le bilinguisme exclusif français-anglais

 

Plutôt que d'engager une bataille juridique, l'association dénonce ce bilinguisme en collant des adhésifs sur les panneaux.

Photo Jérôme Rey

Si le philosophe Michel Serres déplore « qu'il y a plus de mots anglais sur les murs de Paris qu'il n'y avait de mots allemands sous l'Occupation », Régis Ravat craint, lui à Avignon, que le français « file à l'anglaise » sous l'occupation touristique. Et s'il possède un bel accent occitan, le président national de l'Association FRancophonie AVenir (A.FR.AV), qui vit près de Nîmes, ne mâche pas ses mots parfois châtiés et tape du poing sur les panneaux publics de la ville.

Depuis plus d'un an, des autocollants, rappelant au « respect de la loi » la maire Marie-Josée Roig, tamponnent régulièrement d'un « illicite » les panneaux affichant un bilinguisme français-anglais, qu'il s'agisse de ceux apposés sur les monuments de la Cité des papes ou encore de la signalisation des zones surveillées par les caméras.

Par un courrier missive daté de l'été dernier et où il demande à la Ville de vite faire le ménage, le président de l'association de défense de la langue française cite la loi Toubon (l'article 4 de la loi n°94-665) indiquant clairement que si les inscriptions « font l'objet de traductions, celles-ci sont au moins au nombre de deux ». Donc, de l'anglais, ok (euh, pardon Monsieur Ravat), mais alors avec de l'espagnol ou de l'allemand ou du portugais.

Face à ce « régionalisme anglophone » qui fait ainsi monter M. Ravat dans ses tours, la Ville, elle, ne perd pas son latin juridique. Par lettre, elle lui rétorque que « si ses remarques sont justifiées », le décret d'application de la loi « ne prévoit aucune sanction » pour ce non-respect. « C'est donc illégal et cette réponse est simplement intolérable », tonne Régis Ravat. Mais il s'agirait au final, selon l'analyse de l'avocat Guy Guinoun, d'une «asimple recommandation », qui désarme ainsi le « résistant linguistique » monté sur ses grands chevaux et qui est peut-être monté, là, sur le mauvais cheval de bataille. Après tout, en quoi la traduction dans une deuxième langue, sur les panneaux incriminés, peut soulager « le mal français » ?.

À la rigueur, selon l'avocat, une association de défense de l'allemand ou du provençal aurait plus de chance, si elle se lançait dans un recours juridique, d'attaquer avec gain de cause la Ville qui plaide, de son côté, avoir fait le choix « d'une des langues les plus parlées au monde » (l'anglais) et de s'y être arrêtée pour « des raisons pratiques » : « Il faudrait des panneaux plus grands pour d'autres traductions. Et quelles autres langues choisir ? En Alsace, l'allemand est clairement utile ! »

Cela dit, l'épidermique réaction de l'A.FR.AV a au moins le mérite de nous interroger, encore une fois, sur le triomphalisme de la langue universelle, si envahissant dans le domaine commercial, et sans cesse prêt à « décoller » partout. Par exemple, le préfet du Rhône, Jacques Gérault, avait, lui, refusé que les aéroports de Lyon prennent la dénomination anglaise lyonAirports. Voilà un exemple de « courage » à suivre pour « résister à la colonisation », estime Régis Ravat qui, n'écartant pas un jour l'attaque juridique à Avignon, compte monter d'un cran dans la bataille des panneaux et prévoit « de grosses actions cet été » pour faire « monter la pression populaire » : « L'association compte pour l'heure 180 membres. Il serait temps de comprendre que le piège du bilinguisme, c'est que tout le monde, en Europe, n'apprenne du coup que l'anglais, ce qui nuirait forcément au français.»

 

Axel PLESSIER

 

 

Source : laprovence.com, le vendredi 5 mars 2010

http://www.laprovence.com/article/avignon/le-francais-file-t-il-a-langlaise-pour-satisfaire-les-touristes

 

 

 

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