Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, a indiqué mercredi qu'il n'était « pas complètement » d'accord avec l'abandon de la diffusion de programmes en langues étrangères. « Mais la période de concertation est à peine entamée », a fait valoir le chef de la diplomatie française. La ministre de la Culture Christine Albanel a elle aussi souligné que le débat n'était « pas tranché ». Mais « c'est vrai que le président pense que c'est en français qu'on porte le mieux la culture française », a-t-elle indiqué.

Le projet de réforme de l'audiovisuel extérieur français préconise la création d'une holding qui pourrait s'appeler France Monde et qui coifferait les chaînes de télévision TV5Monde et France 24, et la radio RFI. TV5Monde est une filiale d'entreprises audiovisuelles publiques françaises et francophones. Elle diffuse en français. France 24 est une chaîne internationale d'information en continu, financée par une dotation budgétaire. Elle diffuse en français, anglais et arabe.

Quant à RFI, elle émet en français et en 19 autres langues. Selon son président Antoine Schwarz, les remarques de Nicolas Sarkozy sur une diffusion uniquement en français ne concernent que les télévisions. Il pourrait y avoir un groupement d'intérêt public (GIE) entre RFI et France 24, rattaché à la holding, a-t-il ajouté mercredi.

Hervé Bourges estime pour sa part que « l'annonce du président Sarkozy est à côté de la plaque ». « Diffuser en français sous-titré en langues étrangères dans les régions où le français n'est pas parlé est un cadeau à la concurrence », déclare à l'AFP l'ancien dirigeant de plusieurs chaînes de télévision. « On peut très bien avoir un regard français sur l'information, en anglais, espagnol ou arabe ».

Un avis partagé par Bernard Brochand, député UMP, qui a travaillé sur le projet de la chaîne internationale d'information en continu. Il se dit « très surpris » des déclarations du président et rappelle que les autres chaînes internationales diffusent en plusieurs langues. « Les versions de France 24 en anglais et en arabe sont essentielles, notamment dans les zones comme le Moyen-Orient, les États-Unis ou l'Amérique latine où la majorité des gens ne parlent pas français », a-t-il déclaré à l'AFP. « C'est une perte d'audience qui est en jeu et je ne sais pas si le projet est viable dans ces conditions ».

Les salariés des chaînes concernées ont eux aussi vivement réagi. « Tout le monde est triste et choqué », déclarait mardi un journaliste anglophone de France 24. Les syndicats de TV5Monde « s'indignent des propos » de Nicolas Sarkozy, qui « laissent augurer la disparition de la chaîne dans son identité francophone, et à terme, sa disparition tout court ».