Comment retitre-t-on un film américain pour sa sortie française ?

Traduit en français, même nom anglais ou... nouveau titre mais en anglais, les secrets du retitrage.

 

 

 

 Les affiches québécoise,

 française et américaine

 de « Ça n'engage à rien »,

 de "Sex Friends",

 de "No Strings Attached"

 

 

Sex Friends, qui sort ce mercredi 16 février 2011, s'appelait No Strings Attached  lors de sa sortie américaine.

Un film américain retitré en anglais pour sa sortie française, c'est l'occasion de mettre à jour notre liste non négligeable, publiée à la fin de l'été 2010 :

On avait eu Be Bad (Youth in Revolt à sa sortie aux États-Unis) ;

Date Night qui était transformé en Crazy Night, et Knight and Day (« Chevalier et Jour ») ;

Knight étant également le nom du héros) en Night and Day (« Nuit et Jour ») ;

ou encore Step Up 3D devenu Sexy Dance 3D ;

ou The Expendables présenté en France sous le nom de  Expendables : Unité spéciale.

En plus de ces titres en anglais réadaptés pour la France en anglais, on compte tous les films américains qui gardent leur titre original, et ceux dont les titres sont traduits en français littéralement :

- The Last House on the Left devenu La dernière maison sur la gauche,

- Wall Street : Money never sleeps devenu Wall Street : l’argent ne dort jamais),

- avec plus ou moins de liberté (It’s complicated est Pas si simple chez nous, Role Models sorti sous le titre de Les Grands Frères).

Au total, 57% des 200 films américains sortis en France entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2010 par sept distributeurs :

SND, Wild Bunch Distribution, Sony Pictures Releasing France, Universal Pictures International France,

Twentieth Fox Century France, Paramount Pictures France, Metropolitan FilmExport, ...ont été retitrés en français.

43% ont eu un titre anglais (35% leur titre original, 8% retitrés en anglais, comme Sex Friends - No strings attached) :

 

59% des 172 films américains sortis en France entre le 1er janvier 2009 et le 30 septembre 2010

par ces sept distributeurs ont été retitrés en français.

41% ont eu un titre anglais (32,5% leur titre original, 8,5% retitrés en anglais)

 

Les distributeurs ne sont pas tous égaux devant les titres :

Wild Bunch ne retitre pas en anglais, mais a gardé 5 fois sur 7 le titre anglais original,

Sony ne retitre pas non plus, mais est le champion de la traduction (75% de ses titres),

suivi par Metropolitan (7 titres sur 10 traduits)

et Paramount (6 titres sur 10).

Au contraire, Universal, SND et Fox ont un titre anglais pour plus de la moitié de leurs films.

Voir les chiffres du 1er janvier 2009 au 30 septembre 2010

Les distributeurs ne sont pas tous égaux devant les titres :

sur 2009-2010 Wild Bunch n’a pas retitré en anglais,

et Sony non plus, qui en plus a traduit en français plus de 4 titres sur 5.

Autres champions de la traduction, Metropolitan et Paramount, dont 7 films sur 10 ont un titre français.

Au contraire, Universal, SND et Fox ont un titre anglais pour plus de la moitié de leurs films.)

Comment choisit-on les titres des films américains qui sortent en France ?

Pourquoi en traduire certains et pas d’autres, et retitrer les troisièmes…, mais de nouveau en anglais ?

Chaque film étant traité comme un cas particulier, il n'existe pas de recette que les distributeurs appliquent à telle ou telle catégorie de films. Même si l'on peut dégager quelques grands principes, il y aura toujours des exceptions qui viendront confirmer les règles suivantes :

- on traduit les titres des films pour enfants (exception : Toy Story)

- on change ou on traduit les titres qui ne veulent rien dire pour des Français (exception : Repo men)

- on traduit ou on change si le titre en anglais est trop compliqué à prononcer et/ou à mémoriser (exception : Eternal Sunshine of the Spotless Mind)

- on garde le titre original des films de genre (exception : 30 jours de nuit pour 30 days of night)

- on garde le titre français du livre qui a inspiré une adaptation (exception : The Reader).

 

Le circuit créatif

Le retitrage est un art qui se pratique au sein de toutes les boîtes de distribution cinématographique. Les employés se lancent dans un brainstorming plus ou moins informel (même si les distributeurs font parfois appel à des pigistes extérieurs, journalistes ou d’agences de pub, le plus gros des négociations se fait en interne). Les discussions peuvent durer de deux jours à plusieurs mois en fonction du film, avant que la décision finale ne revienne au directeur marketing et, le cas échéant, au directeur de la distribution.

Le circuit s’arrête là dans les entreprises indépendantes qui achètent leurs films étrangers, comme SND, qui envoie simplement son choix au distributeur américain pour le tenir au courant.

Mais le processus est un peu différent chez les filiales françaises des grosses majors américaines : chez "Universal Pictures International France" par exemple, une fois le nouveau titre approuvé en interne, il est envoyé au siège d’"Universal Pictures International" (avec, du coup, sa traduction littérale du français à l’anglais !) pour approbation finale.

Le siège peut envoyer des directives pour certains films, demandant par exemple de coller au titre original autant que possible sur requête des réalisateurs ou producteurs. Le pendant positif de cette contrainte occasionnelle étant que le siège peut aussi regrouper tous les titres choisis par les autres pays et les envoyer à la filiale française pour qu'elle s'en inspire.

(...)

Cécile Dehesdin

 

La publication remercie Sylvie Forestier, chez Universal Pictures International France, Sébastien Careil, chez SND,

et Romain Dat, chez Wild Bunch Distribution.

Article mis à jour le 15 février 2011 (sortie de Sex Friends). 

 

 

Source : slate.fr, le mercredi 18 août 2010, article mis à jour le 15 février 2011

Possibilité de lire la suite de cet article et de réagir sur :

http://www.slate.fr/story/26243/comment-retitrer-film-americain-pour-sortie-francaise-cinema

 

 

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Réaction du FFI-Québec (François Gauthier) :

Inspiré par le travail d'Alex en rapport avec les titres de films, je signale que ce qui me fait « grimper dans les rideaux » ce sont les films français ou les téléséries françaises qui insèrent une chanson avec paroles anglaises qui n'a aucun rapport avec l'action du film. 

Ces chansons en anglais non justifiées me mettent en colère et gâchent toute la poésie propre au film et le plaisir que j'ai eu.

Je réagis de la même façon lorsqu'il s'agit d'un film de langue italienne, allemande ou espagnole qui met de la chanson anglaise. Même quand je regarde et écoute un film dans une langue que je ne connais pas, je veux soit de la musique sans paroles ou les paroles des chansons dans la langue du film.

Ou bien les producteurs français ne veulent pas insérer une musique sans paroles anglaises, ou bien ils sont incompétents, ou bien ils ne sont pas suffisamment financés.

Question sous-jacente : est-ce l'industrie du disque anglophone qui finance les films et téléséries françaises ?

À mon avis, la seule justification pour insérer une chanson en langue étrangère (non française) est lorsque l'action se passe en territoire étranger (géographiquement ou dans un avion ou un navire battant pavillon étranger, ou très rarement lorsque l'action impose de visiter une personne de langue étrangère dans son domicile ou un établissement à caractère ethnique où on écoute normalement des chansons dans la langue étrangère). 

Si certains parmi vous veulent contribuer, il me fera plaisir de compiler les informations que vous voudriez me soumettre.

Les films ont une durée de vie plus longue qu'une émission d'une télésérie. On peut y revenir à volonté.

Dans le cas des téléséries il faudrait me fournir le nom de la télésérie, la chaîne télé, et la date de la diffusion. 

 

Réaction d'AK :

Vous avez raison, cela m'énerve aussi. Il en est ainsi dans la plupart des (pour ne pas dire quasiment toutes) comédies romantiques.

Le pire, comme pour les titres de films, c'est que maintenant de plus en plus on a des chansons en anglais chantées ... par des Français ! : (par exemple dans le film « Huit fois debout » sorti en 2010, je crois.

On pourrait lister ça aussi, c'est vrai. Mais il serait utile de trouver à qui adresser nos protestations.
 

Réaction de RL :

Pour utiliser une musique (sous droits) avec des paroles autres (en une autre langue), il faut obtenir l'accord des ayants-droit.......cela est peut-être une des causes....

 

Réaction  du FFI-Québec (François Gauthier) :

Vous avez raison qu'il faut souvent un accord, mais les modalités pour les accords sont variables. Ça peut être pour la mélodie, ça peut être pour l'orchestration, ça peut-être une interprétation particulière, etc.

Il faut chercher à obtenir un accord.

Et faute d'accord, quoi faire ?

Les styles musicaux sont sans frontières. Il y a plein de gens qui ont composé des valses, des tangos, des sambas et autres genres, sans être autrichiens, argentins et brésiliens. Il suffit de chercher un peut et on trouve. Évidemment lorsqu'on est trop paresseux ou pressé pour chercher on ne trouve pas. La facilité tue la création.

Mais surtout, il faut aussi investir dans la création. 

 

Réaction d'AK :

Je ne crois vraiment pas que le problème soit dans la difficulté d'obtenir les droits pour des chansons en français. Ou ce serait grave.

Pour moi, c'est par facilité, par habitude, par envie d'internationalité, pour changer du français qui constitue les dialogues du film, pour avoir des chansons connues (voir la chanson The Greatest, de Cat Power, entendue dans plusieurs films), ainsi que " Somewhere only we know", de Kean


Réaction  du FFI-Québec (François Gauthier) :

Voici ce que fait le gouvernement du Québec qui a moins de moyens que la France vu la population plus petite.

Plus de 1 500 000 $ seront investis à Montréal pour soutenir la création, l'innovation et la diversité des pratiques artistiques :

 

MONTRÉAL, le 18 février 2011 /CNW Telbec/ - Le Conseil des arts de Montréal (CAM), le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ de Montréal) et le Forum jeunesse de l'île de Montréal (FJÎM) signent une nouvelle entente de partenariat pour soutenir la création, l'innovation et la diversité des pratiques artistiques professionnelles de la région de Montréal.

Grâce à cette entente, en vigueur jusqu'en 2013, les partenaires effectueront des investissements totalisant plus de 1 500 000 $, soit une bonification de près de 40 % par rapport à la précédente entente. Ils favoriseront ainsi le développement de la relève artistique et littéraire, le renouveau de la création et de l'innovation en matière de diffusion. Ils soutiendront également les pratiques émergentes, les pratiques faisant appel aux nouvelles technologies, à la diversité des expressions culturelles et au métissage des courants artistiques ainsi que les pratiques des artistes et écrivains professionnels autochtones.

L'engagement financier des partenaires se répartit de la façon suivante : le Conseil des arts de Montréal, 521 000 $ ; le Conseil des arts et des lettres du Québec, 515 000 $ ; la CRÉ de Montréal, 385 000 $ et le Forum jeunesse de l'île de Montréal, 133 000 $. Ces sommes serviront à démarrer différents projets et programmes selon deux grands axes.

« Le soutien artistique et culturel dans toutes les régions du Québec est un enjeu important pour le gouvernement du Québec, a commenté la ministre St-Pierre. Je me réjouis de la nouvelle entente entre le CALQ, la CRÉ, le CAM et le Forum jeunesse car elle démontre l'importance d'un soutien public concerté et assidu afin de doter les artistes, les écrivains et les organismes de la région de Montréal d'outils à la création, à l'innovation et au rayonnement de la diversité des pratiques artistiques professionnelles. »

« Le Fonds Montréal pour les artistes et les écrivains professionnels autochtones encouragera non seulement la production et le rayonnement d'œuvres ou d'activités artistiques contemporaines autochtones, mais il en facilitera l'accès au public québécois. J'en suis très heureux, puisque, à coup sûr, cela favorisera l'affirmation d'une identité autochtone diversifiée de même que l'enrichissement de notre patrimoine culturel collectif », a pour sa part indiqué le ministre responsable des Affaires autochtones, M. Geoffrey Kelley.

« La créativité est un des éléments moteurs de la croissance et partant, une des voies privilégiées de développement pour toutes les grandes métropoles. Avec cette Entente, la CRÉ poursuit ses efforts visant à faciliter l'essor des pratiques émergentes novatrices et des avancées technologiques qui contribuent à maintenir Montréal dans le peloton de tête des métropoles créatives », souligne Manon Barbe, la présidente de la CRÉ de Montréal.

Mme Helen Fotopulos, responsable de la culture, du patrimoine, du design et de la condition féminine au comité exécutif de la Ville de Montréal se réjouit que « le Conseil des arts de Montréal participe activement au déploiement de ce grand projet identitaire qu'est Montréal, métropole culturelle qui mise prioritairement sur sa créativité, son originalité et sa diversité. Ce partenariat entre notre Conseil des arts, le Forum jeunesse, la CRÉ et le CALQ s'inscrit dans cette vision inclusive et partagée du développement culturel de Montréal telle que préconisée dans notre Politique et dans le Plan d'action 2007-2017. »

« Montréal a la chance de compter un grand nombre de créateurs exceptionnels. Cela est reconnu internationalement. Cette présence d'artistes qui ont choisi de vivre et de travailler à Montréal, cette force créatrice, c'est un de nos atouts majeurs. Et cet atout, il faut absolument le renforcer, le cultiver, le renouveler, voire le dynamiser, pour permettre l'expression de tous les talents. » affirme Louise Roy, présidente du Conseil des arts de Montréal.

« En inscrivant les organismes de la diversité culturelle et les artistes autochtones parmi les nouvelles clientèles soutenues dans le cadre de cette entente, le CALQ poursuit son engagement envers les milieux artistique et littéraire pour leur offrir un soutien innovateur, souple et de qualité, avec la précieuse collaboration de nos partenaires », indique pour sa part M. Yvan Gauthier, président-directeur général du CALQ. Il ajoute : « le CALQ contribue de façon importante à faire de Montréal, métropole culturelle, un centre de la création et de la diffusion artistique reconnu sur la scène internationale. En 2009-2010, le CALQ a investi plus de 55 M $ à Montréal. Cette entente vient encore bonifier ces efforts pour les artistes et organismes de toutes les disciplines. »

« Le Forum jeunesse de l'île de Montréal (FJÎM) se réjouit du renouvellement de cette entente de partenariat destinée aux artistes professionnels, qui reconnaît l'importance de la relève artistique à Montréal. En tant qu'initiateur du projet Outiller la relève artistique Montréalaise (ORAM), le FJÎM est fier de poursuivre ses efforts afin d'améliorer l'insertion socioprofessionnelle des jeunes artistes montréalais », déclare Jean-Sébastien Dufresne, le président du Forum jeunesse de l'île de Montréal.

LES DEUX GRANDS AXES DE L'ENTENTE

Outiller la relève artistique montréalaise 2011-2013 (ORAM)
En cohérence avec la démarche de partenariat ORAM entreprise depuis 2005, les partenaires engagent une somme totale de 974 000 $ pour financer différentes mesures destinées à répondre aux besoins des organismes artistiques et aux artistes professionnels de la relève. Consolidation, réseautage, formations, échanges d'information, transferts d'expériences, activités d'intégration et stages de travail sont les différentes actions qui s'inscrivent dans l'un ou l'autre des quatre volets de cet axe.

La création et l'innovation 2011-2013
Pour contribuer à ce que Montréal continue de se démarquer par l'originalité des œuvres et le dynamisme de ses artistes, les partenaires investissent 580 000 $ pour soutenir la création, l'innovation et la diversité des pratiques artistiques professionnelles. À cette somme s'ajoute l'engagement financier du CALQ au Fonds Montréal pour les artistes et écrivains professionnels autochtones.

Faits saillants sur le site du CALQ : http://www.calq.gouv.qc.ca/regions/06.htm

Mais il y a autre chose qui pourrait être fait à long terme pour protéger l'accès aux biens culturels enregistrés.

 

Dans l'esprit des ententes sur la diversité culturelle, et les obligations du dépôt légal des productions culturelles tels les livres et autres formes d'enregistrement, les États pourraient protéger l'accès aux biens culturels en rendant les États co-propriétaires des œuvres.

 

 

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J'explique le problème à solutionner, par un exemple.

Une artiste québécoise qui a eu une carrière célèbre durant la deuxième guerre mondiale Alys Robi (voir sur Wikipedia) avait chanté pour les troupes durant l'effort de guerre et avait été anoblie par l'Angleterre, Lady Alys Robi.

Durant l'après guerre, elle faisait suffisamment d'argent pour noliser un réacteur transcontinental et y voyager comme seul passager.

Au moment de produire sa biographie pour le cinéma, il a fallu transiger avec la multinationale propriétaire des droits (elle avait cédé tous ses droits). La multinationale ne vend plus ses disques depuis des décennies, de sorte que les nouvelles générations ne connaissent rien des prestations d'autrefois. 

Pour le film, on aurait voulu faire entendre la vraie voix d'Alys Robi au faîte de sa carrière.

La multinationale a demandé un million de dollars pour l'usage des enregistrements originaux. C'était hors de prix pour les producteurs du film (les multinationales sont habituées aux budgets hollywoodiens dans les centaines de millions), de sorte que les cinéphiles qui ont vu le film en salle et à la télé n'ont pu entendre la voix d'Alys Robi.

Les multinationales achètent et accumulent des droits pour enfermer les enregistrements originaux dans des chambres fortes et en contrôler la diffusion au point de rendre totalement inaccessibles des documents culturels importants pour l'Histoire des peuples.

Enfouis dans les chambres fortes, ces enregistrements peuvent rester dans l'oubli pour des siècles jusqu'au point où ils deviennent inutilisables.

La seule solution à ce problème est que le dépôt légal permette de conserver les documents et que les lois facilitent leur éventuel usage sous condition ; la technologie numérique actuelle faciliterait certainement la chose.

 

 

 

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