4e  SOMMET  DE  LA FRANCOPHONIE

(À Paris en France)

 

4e SOMMET DE LA 

FRANCOPHONIE

À PARIS (Palais de Chaillot)

LES  19, 20 ET 21 

NOVEMBRE 1991

 

(photo, Midi Libre)

  Toujours second derrière l’anglais

 

Le français, langue des 5 continents

 

Seule langue, avec l’anglais, a être utilisée sur les cinq continents, le français est pratiqué régulièrement par quelque 140 millions de personnes mais, en fait, ce sont plus de 250 millions de personnes que regroupe l’espace francophone dont les membres sont unis autant par la culture que par l’histoire, contrairement au Commonwealth anglophone.

Deuxième langue de communication dans le monde après l’anglais, le français n’est toutefois que la onzième langue parlée, après le chinois, l’anglais, l’hindi, l’espagnol, l’arabe, le bengali, le russe, le portugais, le malais, l'indonésien, le japonais et l’allemand.

Inventé en 1887 par le géographe français Onésime Reclus pour classer les habitants de la planète en fonction de leur langue, le terme de «afrancophonie » recouvre des réalités diverses et parfois complexes.

Le français peut être langue officielle, langue maternelle, langue d’enseignement ou bien cumuler plusieurs de ces définitions.
De son côté, « la conférence des chefs d’États et de gouvernement des pays ayant en commun l’usage du français », titre officiel du Sommet de la Francophonie, est la quatrième du genre. À Versailles, les participants avaient créé une structure d’aide au développement. À Québec, le mouvement francophone se dote d’un drapeau. À Dakar, François Mitterrand annonce « l’extinction de la dette publique » envers la France de 35 pays parmi les plus pauvres, pour un montant 16 milliards de F.


Source : Midi Libre, journal du mardi 19 novembre 1991

 

 

  Francophonie :

 

Où en est le français dans le monde ?
                                                                                                                              

  

140 millions de personnes représentées à Paris pour un sommet déterminant.

 

Les 47 États de la Francophonie en quête d'une maturité.

 

En l'absence de Mobutu et de Ratsiraka, les délégués veulent réaffirmer les liens entre la démocratie et le développement. Même l'Europe de l'Est adhère au club.

Les chefs d’État et de gouvernement de 47 pays et communautés francophones, réunis depuis hier et jusqu’au 21 novembre au palais de Chaillot à Paris à l’occasion du Quatrième Sommet de la Francophonie, entendent faire entrer celle-ci dans l’ère de la maturité à l’heure où la démocratie progresse à l’Est comme au Sud.

Cinq ans après le premier sommet de Versailles, les pays de l’espace francophone — 140 millions de personnes parlant le français — s’attacheront en effet à simplifier leurs institutions dans un souci d’efficacité.
Celui-ci se traduira notamment par la création d’un « Conseil permanent de la Francophonie » dont le principe avait été retenu lors d’une conférence ministérielle à l’île Maurice début juillet.

Les structures actuelles de la Francophonie comprennent un comité préparatoire aux sommets, un comité du suivi. l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) et une instance interuniversitaire. Les deux premières seront regroupées au sein du Conseil permanent.

Cet allégement de l’organigramme francophone n’empêche cependant pas que la France et le Canada s’opposent sur le rôle futur de l’ACCT, seul organisme où tous les pays de la francophonie soient représentés. Pour les Français, l’ACCT a trop de poids, tandis que les Canadiens souhaitent lui voir conserver son importance dans la solidarité entre pays francophones.

Soutenir la démocratie

Si le sommet de Dakar en mai 1989 a été l’occasion pour François Mitterrand d’effacer la dette publique de 35 pays parmi les plus pauvres du monde, dont une majorité d’Africains, celui de Chaillot devrait réaffirmer le lien entre démocratie et développement, établi à La Baule lors de la 16e conférence de chefs d’État de France et d’Afrique.

À cet égard, le Canada proposera la création d’une « unité de soutien à la démocratisation », permettant notamment de former des missions d’observation d’élections et qui devrait faciliter la mise en œuvre de normes juridiques d’un état de droit.

Le processus démocratique engagé dans plusieurs pays de l’Afrique francophone à la suite de conférences nationales, qui ont remis en cause depuis un an le principe du parti unique, aura pour conséquence l’absence de plusieurs chefs d’État. En particulier celle du président zaïrois Mobutu Sese Seko, dont le pays avait été choisi à Dakar comme lieu du 4e sommet.

Les accusations de violation des droits de l’homme contre le régime du président Mobutu ont entraîné la décision de déplacer le sommet de Kinshasa à Paris, avant même les troubles et mutineries survenues en septembre au Zaïre.

Le chef de l’État malgache Didier Ratsiraka, en butte à une contestation grandissante, sera lui aussi absent tandis que d’autres pays africains dont les chefs d’État ont vu leurs pouvoirs réduits, comme le Togo, le Congo et le Niger, seront représentés par leurs Premiers ministres.

D’ailleurs, c’est Matignon qui les a priés d’éviter de venir...

« Syndicat de chefs d’État protégés »

Les pays africains se voient donc perdre une partie substantielle de leur influence dans le monde francophone. Constatant ce fait, le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Djibo Ka, souligne :

« L’Afrique doit cesser de pleurnicher... Ses États doivent développer les relations interafricaines ».

Certains ne croient pas du tout en la Francophonie, tel l’écrivain camerounais Celestin Monga : « Pour moi, c’est encore un syndicat de chefs d’État protégés, soutenus par la France ».

Certains apprécient également que les dictateurs africains ne soient pas au rendez­vous de Paris. Ainsi, Brian Mulroney, le Premier ministre canadien : « Imaginez. Nous aurions l’air intelligent aujourd’hui : Mitterrand à gauche et moi à droite de Mobutu, au cours d’un sommet consacré en grande partie aux droits de la personne »...

En revanche, la francophonie s’élargit à l’Europe de l’Est et à l’Asie du Sud-est. La Roumanie et la Bulgarie feront leur entrée dans le club francophone ainsi que le Cambodge, rejoignant le Vietnam et le Laos.

Outre la coopération multilatérale, culturelle, scientifique et technique, et l’éducation, les participants au Sommet de Chaillot se pencheront sur les problèmes d’environnement qui feront l’objet d’une résolution tout comme, en politique internationale. le Proche-orient, le Liban, le Cambodge, la corne de l’Afrique et Haïti représentée par le président en exil, le père Jean-Bertrand Aristide.

 

 

Source : Midi Libre, journal du mardi 19 novembre 1991

 

 

  Le français, langue de la liberté

 

Le 4e sommet de la Francophonie s’est ouvert hier au palais de Chaillot à Paris en présence des 47 États qui parlent le français. Une grande famille où tout le monde se comprend grâce à une langue commune. François Mitterrand dans son allocution de bienvenue a insisté sur la nécessité impérieuse pour les pays riches d'aider ceux qui le sont moins. La démocratie et la liberté ont progressé dans le monde au cours des siècles écoulés, portées par la langue française, a rappelé le chef de l’État (AFP).

 

 

Source : Midi Libre, journal du 20 novembre 1991

 

 

Le français, langue de la démocratie et de la liberté.

 

Le temps présent est paradoxal : ici on s’efforce de rompre les barrières qui isolent les hommes, là on les réinvente pour trouver de faciles excuses à leur massacre. Et la religion oublie son sens premier pour verser dans le fanatisme et l’exclusion. Alors que les frontières, naturelles ou factices, connaissent une mouvance qui désespère les géographes, jamais ce bel axiome n’aura été plus actuel : « Plus qu’un pays, chaque homme habite d’abord une langue ».

Le sommet de la Francophonie, qui s’est ouvert hier à Paris se veut les États Généraux de cette langue qui depuis des siècles s’est fait le vecteur des libertés et de la démocratie à travers le monde.

La démocratisation a figuré au centre de la séance inaugurale du IVe sommet de la Francophonie pendant laquelle le président élu du Bénin, Nicéphore Soglo, a lancé un appel à l’aide.

Nicéphore Soglo a estimé que le sommet de Chaillot devrait examiner concrètement les moyens de renforcer et de consolider, de façon irréversible, le mouvement de démocratisation en cours dans l’espace francophone.

Il a réitéré sa foi en la conférence nationale, système qui lui a permis de parvenir au pouvoir en mars 1991.
« La conférence nationale est un cadre approprié pour opérer des mutations décisives. Elle reste à nos yeux l’alternative aux affrontements meurtriers et à la guerre civile », a-t - il souligné dans son discours.

Notant que les difficultés actuelles de l’Afrique résultaient en partie de l’Histoire, il a souhaité un réveil et une intervention massive de  « la solidarité internationale ».

Le Premier ministre canadien, Brian Mulroney, a quant à lui proposé aux 47 participants du Sommet la création d’une   « unité de soutien de la démocratisation et d’information sur les droits de la personne ».

« Le Canada estime logique et juste que son aide au développement soit de plus en plus canalisée vers les pays qui s’efforcent de respecter et qui travaillent à développer les droits de la personne chez eux  » a -t- il dit.

Le président Français Mitterrand a exhorté pour sa part les pays riches à un effort supplémentaire en faveur du développement et a salué les réformes démocratiques en Afrique.

« En améliorant la transparence du fonctionnement de l’État, la démocratie rend plus facile l’engagement de réformes économiques et financières capables de promouvoir la croissance et de mobiliser la communauté internationale a-t-il déclaré.

Le président du Sénégal, Abdou Diouf, a plaidé pour un « long effort d’assainissement ». Il a dressé un sombre tableau de la situation économique de l’Afrique.

Le président du Cameroun, Paul Biya, s’est demandé si la fin de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest n’allait pas laisser place à « l’affrontement Nord-Sud ». Critiqué dans son pays en raison de son refus d’organiser une conférence nationale, il a affirmé que le Cameroun « s’était engagé dans le chemin difficile de la démocratie ».

La France souhaite la création d’un conseil permanent de la Francophonie qui deviendra, selon François Mitterrand, « la pièce maîtresse » du nouvel édifice. François Mitterrand s’est félicité du déploiement de l’espace francophone et a salué l’arrivée de deux pays de l’Est qui veulent sortir de leur isolement, la Bulgarie et la Roumanie, et celle des pays d’Asie du Sud-est, Cambodge, Laos et Vietnam.

 

 

Source : Midi Libre, journal du 20 novembre 1991

 

 

  Sommet à Paris

Le conseil permanent de la Francophonie est né hier.

 

Le IVe sommet de la Francophonie a adopté hier, malgré certaines réticences, les réformes institutionnelles proposées par la France. Ce dossier sera désormais géré par un organisme unique, le Conseil permanent de la Francophonie, qui pourra s’appuyer sur des instances comme l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT).

Le Conseil deviendra « la pièce maîtresse » du nouvel édifice, avait déclaré le président François Mitterrand lors de la séance inaugurale du sommet, mardi, au Palais de Chaillot. Les Africains, qui ont reçu le soutien du Canada, ont réitéré leur souhait de conserver un rôle important à l’ACCT, chargée de la Francophonie depuis 21 ans.

Montrant sa réticence à cette réforme, le président sénégalais Abdou Diouf a ainsi souhaité la mise en place d’un « Conseil des sages pour éviter au futur Conseil permanent de la Francophonie de s’éterniser dans des débats institutionnels ».

TV5 Europe en Afrique

La France a proposé de doubler sa participation, dont le montant n’a pas été précisé, au fond d’aide de l'ACCT.

Lors des débats d’hier, qui se sont déroulés à huis clos, les participants au sommet ont approuvé le projet d’extension en Afrique, dès 1992, de la chaîne de télévision francophone TV5-Europe. La diffusion par satellite représentera une heure de programmes par jour, la première année, puis deux en 1993.

Les États africains ont également insisté sur la nécessité d’une aide financière afin de développer leurs productions audiovisuelles. Ont été aussi évoquées les questions de l’éducation et de l’aide scientifique.

Le Canada a enfin demandé que la déclaration finale du sommet porte sur la démocratisation.

 


Source : Midi Libre, journal du jeudi 21 novembre 1991

 

 

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