La Suisse à la découverte
de la francophonie
politique
MONTREUX (Suisse), 21
octobre 2010
Pour la première fois en
40 ans d'histoire de la
Francophonie, la Suisse
accueille en grande pompe
la plus haute instance de
l'organisation, faisant
résonner au bord du lac
Leman la voix de
francophones qui restent
une minorité dans la
Confédération helvétique.
Bien qu'il s'agisse d'un
des plus grands
rendez-vous internationaux
que la Suisse ait organisé
avec près de 40 chefs
d'état et de gouvernement
attendus, 3000 délégués
et 600 journalistes, la
francophonie et son sommet
sont boudés dans les
médias alémaniques.
L'allemand reste de loin
la langue la plus répandue
en Suisse (63,7% de la
population totale), suivi
du français (20,4%), de
l'italien (6,5%) et du
romanche (moins de 0,5%).
Depuis plusieurs années,
les établissements
scolaires de Suisse
alémanique choisissent
d'enseigner l'anglais
plutôt que le français
comme première langue
étrangère.
La distance entre
communautés linguistiques
s'est manifestée par un
âpre débat au parlement
fédéral au moment de fixer
le budget de
l'organisation du sommet
de la francophonie dont a
hérité la Suisse au pied
levé après le désistement
de Madagascar, hôte
initial.
Les représentants de la
Suisse alémanique se sont
montrés peu enclins à
délier les cordons de la
bourse alors que
proportionnellement la
Romandie ne représente
qu'une petite partie du
pays.
Mais le consensus
helvétique a prévalu et 30
millions de francs suisses
ont pu être débloqués.
Avec « moitié moins de
temps et moitié moins
d'argent » comme se
plaisent à le répéter les
organisateurs, le
gouvernement suisse a tenu
le pari d'organiser ce
13e sommet en respectant
les contraintes
budgétaires.
Le directeur général de
l'événement, Johannes
Matyassy a précisé avoir
fait appel à des
partenariats à hauteur
d'un million de francs
conclus avec des
entreprises privées.
Berne s'est attachée à
minimiser ces problèmes
monétaires pour mettre au
contraire en valeur la
richesse de la pluralité
linguistique du pays
transalpin, comme un des
atouts du sommet de
Montreux.
En Suisse, on ne remet pas
en question « la
territorialité des
langues », garante de la
« paix des langues » assure
néanmoins Jean-Philippe Jutzi, coordinateur du
centre de presse du
Sommet.
« La Suisse est le symbole
d'un pays où l'on parle
quatre langues nationales
où le Français n'est pas
parlé tout seul comme
c'est le cas dans la
plupart des pays
francophones », rappelle
notamment la ministre des
Affaires étrangères
Micheline Calmy-Rey.
« C'est très important dans
le monde d'aujourd'hui,
dans un monde globalisé de
ne pas avoir un seul
standard, un seul mode de
pensée, un seul mode de
parler », dit-elle à l'AFP.
Le sommet de la
francophonie « met en
lumière certaines
mutations et certains
enjeux auxquels les
Suisses même les Romands
n'étaient guère sensible
jusqu'ici », relève par
ailleurs dans un éditorial
l'influent quotidien
francophone Le Temps, « à
commencer par la
découverte de cette
francophonie politique et
de coopération ».
Ainsi durant le Sommet, la
Suisse mettra en avant une
initiative innovante avec
la création d'un « réseau
d'excellence » piloté par
l'École polytechnique
fédérale de Lausanne (EPFL)
associant notamment des
institutions françaises,
belges, canadiennes et du
Sud, en particulier du
Sénégal, Cameroun,
Burkina, Liban et Vietnam.
Au final, la Confédération
compte obtenir des États
qui se réuniront en sommet
samedi et dimanche, la
signature d'une
Déclaration finale à la
hauteur des ambitions de
l'OIF.
« Il est pertinent que
cette organisation qui a
40 ans de vie réfléchisse
à ce qu'elle a fait et à
ses orientations futures »,
a insisté le conseiller
spécial du secrétaire
général de l'OIF, Ousmane
Paye.
Sarkozy
va exposer ses
priorités du G20
au sommet de la
francophonie
Le
président
Nicolas Sarkozy
va exposer
samedi ses
priorités pour
le G20 et le G8,
lors du sommet
de la
francophonie qui
se tient à
Montreux
(Suisse) ce
samedim, selon
l'Élysée. M.
Sarkozy
réaffirmera ses
priorités pour
ces deux forums,
telles qu'il les
avait présentées
dans un discours
devant les
ambassadeurs de
France le 25
août dernier, «
mais en allant
plus dans les
détails »,
a-t-on indiqué
dans son
entourage.
La France doit
prendre pour une
année la
présidence du
G20 le 12
novembre, à
l'issue de la
prochaine
réunion de ce
forum à
Séoul. La
présidence
française du G8,
également pour
une année,
débutera un peu
plus tard, le
1er janvier
2011.
Le président
compte mener à
bien trois
grandes réformes
durant ce temps
: celle du
système
monétaire
international,
du marché des
matières
premières afin
de lutter contre
la volatilité
des prix, et la
gouvernance
mondiale, avec à
la clef, la
réforme du
Fonds monétaire
international
(FMI) et
l'élargissement
du Conseil de
sécurité de l'ONU,
notamment à
l'Afrique.
Après le
discours qu'il
prononcera lors
de la cérémonie
d'ouverture et
le déjeuner
offert par le
secrétaire
général de la
francophonie,
l'ancien
président
sénégalais
Abdou Diouf,
M. Sarkozy aura
également
plusieurs
entretiens
bilatéraux.
Selon l'Élysée,
ces bilatérales
auront lieu avec
les présidents
du Liban,
Michel Sleiman,
de la
République
démocratique du
Congo (RDC)
Joseph Kabila,
et du Burkina
Faso Blaise
Campaoré.
D'autres
entretiens sont
prévus : avec le
Premier ministre
du Canada
Stephen Harper,
du Québec
Jean Charest
et du Mali
Amadou Toumani
Touré. C'est
lors de la
séance à
huis-clos,
samedi
après-midi, que
le chef de
l'État doit
détailler ses
priorités pour
les G20 et G8.
Durant cette
même séance, la
quarantaine de
chefs d'État et
de gouvernement
présents au
sommet devraient
également
parvenir à « une
prise de
position » sur
les moyens de
lutter contre le
réchauffement
climatique, à
quelques
semaines de la
conférence de
Cancun (Mexique)
« qui se
présente
moyennement biena»,
selon la litote
employée par
l'Élysée.
Parmi les autres
sujets qui
seront débattus
figurent la
question de la
sécurité au
Sahel et de la
lutte contre
Al-Qaïda au
Maghreb
islamique (Aqmi)
qui détient en
otages cinq
Français, un
Malgache et un
Togolais enlevés
au Niger en
septembre. Tous
ont depuis été
transférés dans
le Nord-est du
Mali.
« De plus en
plus, la
francophonie
prend position
sur les grands
dossiers de la
planète » et «
l'OIF est
devenue un
acteur de plus
en plus présent
dans le
règlement de
conflits »,
s'est-on
félicité à
l'Élysée, où
l'on fait
également valoir
qu'il n'y a
jamais eu «
autant de
locuteurs
français » dans
le monde.
220 millions de
personnes sont
francophones. Le
chef de l'État
sera accompagné
du ministre des
Affaires
étrangères
Bernard Kouchner
et de son
représentant
personnel pour
la francophonie
Jean-Pierre
Raffarin.
Doris Leuthard appelle à
prendre « des engagements
forts »
Sommet de la Francophonie
| La présidente de
la Confédération Doris
Leuthard a ouvert samedi
le XIIIe
Sommet de la Francophonie
à Montreux. Elle a appelé
les quelque 60 délégations
présentes à avoir « le
courage de prendre des
engagements forts,
concrets, mesurables ».
Dans son discours
d’ouverture, prononcé
devant une quarantaine de
chefs d’Etat et de
gouvernement, Mme Leuthard
a souhaité que ce Sommet «ainscrive
résolument la Francophonie
dans une perspective
d’avenir ».
Elle s’est notamment
demandée comment
l’Organisation
internationale de la
Francophonie (OIF) pouvait
peser sur des institutions
telles que le G8 ou le
G20, sur des dossiers
comme la réforme du
Conseil de sécurité de
l’ONU ou les Objectifs du
Millénaire pour le
Développement et sur des
événements tels que la
conférence de Cancun sur
le climat, en décembre.
Elle a également souhaité
que la Francophonie, «
plate-forme privilégiée du
dialogue Nord-Sud », se
prononce sur les
événements actuels comme
la reconstruction en Haïti
ou le processus de paix au
Proche-Orient.
La présidente de la
Confédération a par
ailleurs assuré que «
coups d’État et
Francophonie étaient
devenus incompatibles ».
Elle a appelé « à une
restauration rapide de
l’État de droit dans les
pays suspendus » de
l’Organisation
Internationale de la
Francophonie (OIF), la
Guinée et Madagascar.
Doris Leuthard a accueilli
ses hôtes au nom de la
Confédération, mais aussi
de « la Suisse des cantons
et des communes ». « Il ne
s’agit pas non plus d’un
accueil de la seule Suisse
francophone, mais bien de
toute la Suisse avec ses
quatre langues et ses
quatre cultures, comme en
témoigne ma présence ici
puisque je suis de langue
maternelle allemande »,
a-t-elle ajouté, applaudie
par l’assistance.
Le premier ministre
canadien Stephen Harper a
ensuite remercié la Suisse
pour avoir su organiser ce
sommet en quelques mois,
suite à la suspension de
Madagascar.
La
Francophonie veut
une Afrique plus
présente dans les
instances
mondiales
MONTREUX (Suisse),
23 octobre 2010
(AFP)
Les chefs d'État
et de
gouvernement
francophones,
réunis samedi en
sommet à
Montreux
(Suisse), ont
plaidé pour une
plus grande
place de
l'Afrique dans
les instances
internationales,
notamment au
Conseil de
sécurité des
Nations unies.
« Est-il normal
qu'il n'y ait
aucun membre
permanent du
Conseil de
sécurité émanant
de l'Afrique ?
Un milliard
d'habitants !
Dans trente ans,
deux milliards
d'habitants qui
n'ont pas de
représentation
permanente !
C'est un
scandale ! », a
dénoncé le
président
français Nicolas
Sarkozy, à
l'ouverture de
la réunion.
Parmi les 38
chefs d'État et
de gouvernement
présents à
Montreux pour ce
13e sommet de
l'Organisation
internationale
de la
Francophonie (OIF),
figurent de
nombreux
Africains.
La réforme de la
gouvernance
mondiale est
l'une des
priorités que
s'est fixée le
chef de l'État
français pour sa
présidence des
G20 et G8,
respectivement à
partir des 12
novembre et 1er
janvier
prochains.
Le secrétaire
général de la
Francophonie,
Abdou Diouf, qui
a été réélu sans
surprise pour un
nouveau mandat
au cours du
sommet, a appelé
les dirigeants à
faire de l'OIF
plus qu'un
« agitateur
d'idées
éclairé ».
Il a également
prôné « une
démocratisation
des relations
internationales
et un
multilatéralisme
équilibré, qui
ne pourra
s'accommoder
plus longtemps
d'une sous-représentation
de l'Afrique
dans les organes
où se prennent
les décisions
qui la
concernent
pourtant
directement ».
L'Afrique, d'où
sont issus 27%
des
États-membres de
l'ONU, ne
dispose que de
trois sièges de
membres non
permanents au
Conseil de
sécurité. Depuis
2005, les pays
africains
réclament deux
sièges
permanents avec
droit de veto.
De son côté, la
France plaide
pour un
élargissement
progressif,
commençant par
l'attribution
d'un siège
permanent.
« Il faut réparer
une erreur
historique » et
attribuer « un
siège avec droit
de veto » à
l'Afrique, a
déclaré le
président
sénégalais
Abdoulaye Wade
au cours d'une
conférence de
presse. « Cela me
paraît tout à
fait
élémentaire »
a-t-il ajouté.
Dans son
discours
d'ouverture, la
présidente de la
Confédération
helvétique,
Doris Leuthard,
a jugé que la
Francophonie
avait « un rôle à
jouer, comme
plate-forme de
dialogue
Nord-Sud » afin
de dépasser la
logique des
groupes
régionaux ou
politiques.
Le président
burkinabé Blaise
Compaoré a
rappelé que
l'Afrique
représentait
« plus de 50% des
locuteurs de la
langue
française ».
« Cela invite à
accorder une
place plus
importante à
l'Afrique »,
a-t-il dit.
La question de
la gouvernance
mondiale a fait
l'objet de
discussions à
huis clos entre
les dirigeants.
Des entretiens
bilatéraux ont
par ailleurs eu
lieu, notamment
entre le chef de
l'État français
et les
présidents du
Liban Michel Sleiman, de la
République
démocratique du
Congo (RDC)
Joseph Kabila,
du Burkina Faso
Blaise Compaoré,
du Mali Amadou
Toumani Touré.
La sécurité dans
la bande
sahélo-saharienne
et la lutte
contre Al-Qaïda
au Maghreb
islamique (Aqmi)
qui retiennent
depuis
mi-septembre en
otages cinq
Français, un
Malgache et un
Togolais dans le
nord du Mali,
devaient
également être
abordées.
Les chefs d'État
et de
gouvernement
devaient aussi
évoquer la
sécurité
alimentaire, le
changement
climatique et la
biodiversité.
Autres sujets au
menu, la
reconstruction
d'Haïti et la
question de la
langue
française,
parlée par 220
millions de
personnes dans
le monde, mais
qui connaît un
recul dans les
instances
internationales.
À l'issue de
cette première
journée, le
Sénégalais Abdou
Diouf, 75 ans, a
été réélu à
l'unanimité
secrétaire
général de
l'Organisation
internationale
de la
Francophonie. Il
était le seul
candidat.
Une déclaration
doit être signée
dimanche,
dernier jour de
ce sommet
biennal.
Le
président
sénégalais
Abdoulaye
Wade
a
déclaré
samedi
qu'il
avait
été
un
des
«
premiers
»
à
demander
un
siège
permanent
pour
l'Afrique
au
Conseil
de
sécurité
de
l'ONU
et
«
réparer
une
erreur
historique
».
Dans
une
conférence
de
presse
en
marge
du
13e
sommet
de
la
Francophonie
à
Montreux
(Suisse),
le
président
sénégalais
a
relevé
que
l'Afrique
«
ne
devait
pas
être
absente
»
du
Conseil
de
sécurité,
70%
des
sujets
traités
à
l'ONU
étant
«
des
questions
africaines
».
«
Je
constate
que
le
président
(Nicolas)
Sarkozy
m'a
bien
compris
»,
a-t-il
ajouté,
faisant
allusion
au
discours
d'ouverture
du
chef
de
l'État
français
qui
a
affirmé,
sous
les
applaudissements,
que
l'absence
de
l'Afrique
dans
l'instance
onusienne
était
un
«
scandale
».
«
Il
faut
réparer
une
erreur
historique
»,
a
relevé
le
président
sénégalais,
et
attribuer
«
un
siège
avec
droit
de
veto
»
à
l'Afrique,
sans
entrer
dans
«
les
considérations
»
sur
la
réforme
du
Conseil
de
sécurité.
«
Cela
me
paraît
tout
à
fait
élémentaire
»,
a-t-il
renchéri.
M.
Wade
a
estimé
que
le
candidat
africain
à
ce
poste
ne
«
devrait
pas
s'imaginer
qu'il
va
représenter
son
propre
pays
».
Il
faut
que
ce
soit
«
un
bon
avocat
pour
l'Afrique
»,
quelqu'un
qui
«
a
l'intelligence
et
la
compréhension
des
problèmes
»
de
ce
continent,
a-t-il
dit,
«
sans
considération
»
du
pays
d'où
il
vient.
Abdou
Diouf,
un
héritier
de
Senghor
à
la
tête
de
la
Francophonie
MONTREUX
(Suisse),
23
octobre
2010
(AFP)
L'ex-président sénégalais Abdou Diouf, 75 ans, a été réélu samedi à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie, au sein de laquelle il promeut depuis huit ans une « magistrature d'influence » et défend l'héritage de son mentor Léopold Sédar Senghor.
Le poète et premier président du Sénégal avait été lui-même un des pères fondateurs, à l'aube des années 1970, de la Francophonie mondiale, qui regroupe désormais 56 membres et 14 (bientôt 19) observateurs.
Son rôle au sein de la Francophonie, Abdou Diouf le définit lui-même comme « une magistrature d'influence ». « C'est le pouvoir de convaincre et non pas de contraindre, d'ailleurs je n'ai pas les moyens de contraindre », commente-t-il.
En lui réaffirmant son soutien samedi à Montreux, le président français Nicolas Sarkozy a salué « son autorité sur la scène mondiale ». Ses collaborateurs à l'OIF vantent ses qualités de diplomate dans les crises en Afrique, dont il connaît les dirigeants.
À l'inverse certains, comme le poète sénégalais Amadou Lamine Sall, regrettent qu'il ait fait de la Francophonie une organisation « plus politique que culturelle ».
Né le 7 septembre 1935 à Louga (Nord) dans une famille modeste, Abdou Diouf a étudié le droit à Dakar, avant de faire l'École nationale de la France d'outre-mer, creuset de l'administration coloniale française, dont il est sorti major.
En 1960 à l'indépendance, il est rentré au Sénégal et a commencé, à 25 ans, une carrière de haut fonctionnaire. D'abord gouverneur de la région, puis directeur de cabinet du président Léopold Sédar Senghor, il a ensuite occupé le poste de Premier ministre pendant onze ans.
En 1981, il a succédé au « père de la Nation » lorsque celui-ci a démissionné. Très largement élu président en 1983, il a été réélu en 1988 et 1993.
Après avoir présidé le Sénégal pendant près de 20 ans, Abdou Diouf a accepté l'alternance démocratique en 2000 quand, battu par son rival Abdoulaye Wade, il a quitté le pouvoir sans heurts et s'est retiré en France.
Les Sénégalais, en butte à la pauvreté et lassés par quarante ans de règne socialiste, avaient élu le libéral Wade triomphalement. La présidence d'Abdou Diouf a aussi été assombrie par le conflit indépendantiste en Casamance, déclenché fin 1982.
Musulman, marié à une catholique avec qui il a quatre enfants, Abdou Diouf dit avoir fait le serment de ne jamais commenter l'action de son successeur, refusant de répondre aux questions à ce sujet.
Au fil des années, Abdou Diouf s'est impliqué dans de nombreuses médiations, notamment quand il fut président de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et de la Conférence islamique.
Gestionnaire, mais aussi fin politicien capable de composer avec ses pires ennemis, il a toujours donné de lui l'image d'un homme calme, voire timide, rejetant les effets oratoires. Il est surnommé « la girafe » par la presse satirique, en raison de sa grande taille.
Évacuation
d'un malade
atteint du
choléra vers un
hôpital à
Saint-Marc, le
22 octobre 2010,
près de
Port-au-Prince
« Tous les
francophones
sont des
Haïtiens » s'est
félicité le
sénégalais Abdou
Diouf,
secrétaire
général de l'OIF,
lors de la
clôture du
Sommet de la
francophonie qui
a conclu ses
travaux dimanche
par un grand
élan de
solidarité avec
Haïti.
Lors de la
conférence de
presse de
clôture à
Montreux en
Suisse, le
secrétaire
général de l'OIF
a affirmé qu'une
des tâches de
l'organisation
était d'aider
Haïti après le
séisme
dévastateur du
12 janvier
dernier.
« Nous voulons
aider Haïti
(...) à se
refonder, c'est
une tâche
passionnante et
la Francophonie
a élaboré des
propositions »
dans ce sens
a-t-il dit.
Une des
résolutions de
la déclaration
finale du sommet
de Montreux
déclare l'île
des Caraïbes «
pays prioritaire
de la solidarité
francophone ».
L'organisation
souhaite par
ailleurs
apporter « une
valeur ajoutée »
à l'aide
internationale
pour Haïti « en
se positionnant
sur son
savoir-faire
spécifique » et
en « mobilisant
l'expertise que
recèle l'espace
francophone »,
précise la
résolution.
L'île des
Caraïbes compte
parmi les
membres
fondateurs de
l'organisation
internationale
de la
Francophonie où
sont actifs
notamment
l'agence
universitaire de
la Francophonie
et l'Association
internationale
des maires
francophones.
« Nous appelons
tous les États
et gouvernements
à poursuivre et
à renforcer leur
mobilisation en
faveur de la
reconstruction
d'Haïti et à
inscrire leurs
efforts
concertés dans
la durée »,
indique le texte
à l'adresse des
56 pays membres
et des 14 pays
observateurs de
l'OIF.
La résolution
invite en outre
le « Secrétaire
Général à
présenter un
rapport sur
l'état
d'avancement de
l'action de la
Francophonie »
lors du 14ème
Sommet qui se
tiendra dans
deux ans à
Kinshasa.
Les 38 chefs
d'État et de
gouvernement
présents à
Montreux ont
insisté sur leur
solidarité avec
Haïti. Le
président
sénégalais
Abdoulaye Wade a
ainsi déclaré
que les Haïtiens
demandent « des
mesures
concrètes ».
« Nous,
Africains et
francophones que
pouvons-nous
leur apporter ?
Nous ne pouvons
pas réparer tous
les dégâts, mais
manifester notre
solidarité, cela
n'a pas de prix
», a-t-il dit
précisant que le
Sénégal a nommé
un ministre des
Affaires
haïtiennes.
M. Wade a dit
par ailleurs «
vouloir aller
plus loin » en
offrant par
exemple « des
terres aux
Haïtiens ». «
C'est à notre
portée » a-t-il
dit.
Souhaitant qu'«
un fort message
d'appui soit
envoyé au peuple
haïtien », le
Premier ministre
canadien Stephen
Harper a indiqué
que le Québec «
a tissé des
liens étroits
avec le peuple
haïtien au cours
des dernières
décennies » et a
placé l'île « au
cœur de sa
politique d'aide
internationale
».
À la tête de la
délégation
haïtienne à
Montreux, la
ministre
haïtienne des
Affaires
étrangères Marie
Michèle Rey a
exprimé sa
gratitude pour
la Francophonie
« qui s'est
mobilisée des
les premières
heures et les
premiers jours
après le
tremblement de
terre ».
« La
Francophonie
fait tout ce
qu'elle peut
pour nous aider
et nous
l'apprécions »
a-t-elle ajouté.
« Nous lui en
savons gré et
nous avons
exprimé nos
remerciements à
toutes les
instances » de
l'organisation
a-t-elle dit
ajoutant que les
discussions lors
du Sommet ont
été « très
ouvertes, très
franches entre
pays qui se
comprennent ».
Kabila, hôte du
prochain sommet,
s'engage à
combattre
l'impunité
MONTREUX (Suisse),
24 octobre 2010
(AFP)
Le président de
la république
démocratique du
Congo lors de la
conférence de
presse de
fermeture du
sommet de la
francophonie, le
24 octobre 2010
à Montreux
Le président de
RD Congo, Joseph
Kabila, a
affirmé dimanche
à Montreux
(Suisse) sa «
détermination »
à lutter contre
l'impunité,
notamment dans
l'Est de son
pays, au dernier
jour du sommet
de la
Francophonie
dont la
prochaine
édition aura
lieu à Kinshasa
en 2012.
« La RDC est sur
la voie de la
consolidation de
la paix et de la
sécurité », a
assuré M.
Kabila, lors
d'une conférence
de presse de
clôture du
sommet de
Montreux qui a
réuni 38 chefs
d'État et de
gouvernement
francophones
samedi et
dimanche sur les
bords du Léman.
Dans des
résolutions
adoptées à
l'issue de cette
réunion
biennale, les
dirigeants ont
appelé au
respect de
l'État de droit
dans plusieurs
pays d'Afrique,
alors que de
nombreuses
élections
doivent avoir
lieu sur le
continent dans
les prochains
mois.
M. Kabila a
souligné « la
détermination du
gouvernement
congolais de
faire en sorte
qu'un crime --
que ce soit
contre les
journalistes ou
contre la
population à
Kinshasa, à
l'Est, sur toute
l'étendue du
territoire
national -- ne
reste plus
impuni ».
Arrivé au
pouvoir en 2001
après
l'assassinat de
son père, Joseph
Kabila a été élu
en 2006, lors
des premières
élections libres
en 41 ans dans
l'ex-Zaïre, au
sortir de deux
guerres qui ont
achevé de ruiner
un pays mal géré
et corrompu. Une
élection
présidentielle
est prévue en
novembre 2011.
M. Kabila a
indiqué que les
assassinats de
plusieurs
journalistes «
ces dernières
années » avaient
donné lieu à des
procès. « Les
responsables de
la plupart de
ces crimes sont
aujourd'hui en
prison », a-t-il
dit.
Dans l'est de la
RDC, en proie
aux violences,
selon l'ONU,
plus de 15 000
femmes ont été
violées en 2009.
Des groupes
armés étrangers
et congolais
encore actifs
ainsi que des
soldats
nationaux sont
régulièrement
accusés de
commettre des
exactions contre
les civils.
Amnesty
International a
appelé M. Kabila
à livrer à la
Cour pénale
internationale
l'ex-rebelle
Bosco Ntaganda,
aujourd'hui
général dans
l'armée
congolaise,
accusé de crimes
de guerre
notamment pour
l'enrôlement
d'enfants.
« La RDC est un
des États les
plus importants
de la
Francophonie »,
a déclaré le
secrétaire
général Abdou
Diouf, reconduit
samedi à la tête
de l'OIF. Il a
aussi qualifié
le sommet de
Montreux de «
véritable succès
» et réfuté
toute idée de
déclin de la
langue
française,
neuvième langue
dans le monde
avec 220
millions de
locuteurs.
« Je ne vois pas
d'affaiblissement
de la
Francophonie,
elle est de plus
en plus
attractive », a
assuré M. Diouf.
Pour faire vivre
la langue
française, le
secrétaire
général a
insisté sur
l'importance de
l'éducation,
notamment en
Afrique, «
continent
d'avenir pour la
Francophonie ».
L'ancien
président
sénégalais s'est
félicité d'une
initiative
suisse visant à
instaurer une
coopération
entre les
universités
technologiques
francophones. Il
a aussi annoncé
l'organisation
d'un forum
mondial sur la
langue
française, au
printemps 2012 à
Québec.
Dans une
déclaration
finale, les
dirigeants
francophones ont
décidé de «
consolider la
place et la
visibilité de la
Francophonie
dans la
gouvernance
mondialea»
et appelé à
« une réforme
urgente du
Conseil de
sécurité ».
Les pays
francophones ont
aussi affirmé
leur solidarité
et leur
engagement à
œuvrer pour la
reconstruction
d'Haïti.
Ils se sont
engagés à mettre
« la sécurité
alimentaire, la
lutte contre le
changement
climatique et la
protection de la
diversité
biologique au
centre » de
leurs
préoccupations,
et insisté sur «
le rôle
indispensable
des financements
innovants ».
Cinq pays ont
été admis comme
membres
observateurs de
l'OIF :
l'Estonie, la
Bosnie, le
Monténégro, les
Émirats arabes
unis et la
République
dominicaine.
L'OIF, qui fête
cette année ses
40 ans, regroupe
donc désormais
56 États et
gouvernements
membres et 19
pays
observateurs.
CLÔTURE DU XIIIe
SOMMET DE LA FRANCOPHONIE :
Rendez-vous à Kinshasa en 2012
La clôture du XIIIe
Sommet de la Francophonie à
Montreux a été marquée par une
Déclaration et un plaidoyer du
président français Nicolas Sarkozy
pour une présence de l’Afrique au
Conseil de sécurité de l’Onu.
Rendez-vous a été pris pour
Kinshasa, au Congo en 2012.
Montreux (Suisse) : Samedi en
début de soirée, le Secrétaire
général de la Francophonie, notre
compatriote, Abdou Diouf a été
reconduit au poste à l’unanimité,
alors que le vote devait se
dérouler hier, dimanche, en fin de
matinée. Une candidature que le
chef de l’État sénégalais, M.
Abdoulaye Wade a parrainée, dès
son arrivée à Montreux, en
confirmant lors de sa rencontre
avec la presse internationale
qu’il avait dit lors du déjeuner,
au président Nicolas Sarkozy que
Abdou Diouf était d’abord le
délégué du Sénégal qui le
soutenait. Auparavant, lors de la
cérémonie d’ouverture riche en
couleurs, au centre des congrès de
Montreux, le chef de l’État
français avait remercié notre
compatriote pour la manière dont
il conduit « avec talent et avec
sagesse les destinées de
l’organisation ». « La France
souhaite qu’il poursuive son
action au cours des prochaines
années, tant nous avons besoin de
son autorité sur la scène mondiale
», avait lancé Nicolas Sarkozy aux
chefs d’État et de gouvernement
présents en Suisse. La fin du
Sommet de Montreux a été marquée
par une Déclaration et rendez-vous
a été pris en 2012 pour Kinshasa,
au Congo. Du haut de cette
tribune, le président français
s’est prononcé sur l’absence du
continent africain au Conseil
permanent de l’Onu. « Est-il
normal qu’il n’y ait aucun membre
permanent du Conseil de Sécurité
émanant de l’Afrique ? Un milliard
d’habitants, dans trente ans, deux
milliards d’habitants, qui n’ont
pas de représentation permanente.
C’est un scandale », a-t-il
martelé sous les applaudissements
des chefs d’État et chefs de
délégations présents.
Dans son discours de bienvenue,
Mme Doris Leuthard, Conseillère
fédérale, présidente de la
Confédération Suisse a dit qu’il
ne s’agit pas non plus d’un
accueil de la seule Suisse
francophone, mais bien de toute la
Suisse avec ses quatre langues et
ses quatre cultures. « Je tiens à
souligner avec satisfaction que
grâce à sa bonne application,
Coup d’état et Francophonie
sont désormais devenus
incompatibles, faute de quoi nous
ne serions pas à Montreux », a
justifié la présidente de la
Confédération.
Dans ce contexte, elle a appelé,
de tous ses vœux, une restauration
rapide de l’État de droit dans les
pays suspendus et leur retour en
tant que membre à part entière de
l’OIF.
En rencontrant la presse au Sommet
de la Francophonie à Montreux, le
président de la République, M.
Abdoulaye Wade, a donné deux
points de presse dans la journée
du samedi au cours desquels il a
précisé que Abdou Diouf était le
candidat du Sénégal au poste de
Secrétaire général de l’OIF, d’une
part d’autre part il a assuré
qu’il n’y aura pas de dérive
monarchique au Sénégal.
Montreux (Suisse). Au sommet de la
Francophonie à Montreux, le
président de la République, M.
Abdoulaye Wade, a donné deux
points de presse dans la journée
du samedi. Il a précisé que le
Sénégal ne pouvait pas soutenir
une autre candidature pour avoir
délégué l’actuel Secrétaire
général de l’OIF, M. Abdou Diouf.
« J’ai déjeuné tout à l’heure à la
même table avec Nicolas Sarkozy et
Abdou Diouf et j’ai dit au
président français que ce n’est
pas à la France de choisir Diouf,
c’est notre candidat » a déclaré
Abdoulaye Wade, ajoutant que ce
dernier a même confirmé qu’il
était le candidat du Sénégal. Wade
a également profité de cette
conférence pour rappeler qu’il n’y
a pas de « dérive monarchique » au
Sénégal, après la récente
nomination au poste de ministre de
l’Énergie de Karim Wade ajouté aux
précédents portefeuilles
ministériels qu’il détenait.
« Je l’ai nommé grâce à ses
compétences, venez voir ce qu’il
fait. Il est financier, il est
banquier, il réussit très bien les
tâches que je lui ai confiées
grâce à ses compétences que
personne ne conteste », a déclaré
M. Wade. Selon lui, le
portefeuille de l’Énergie était «
le plus difficile » en raison
d’innombrables coupures
d’électricité dans le pays et les
manifestations des populations. «
S’il est compétent, il faut qu’il
le prouve », a-t-il noté.
Interrogé sur l’accueil des
étudiants haïtiens au Sénégal, le
président Wade a dit que c’est la
solidarité qui s’est manifestée
après le séisme de janvier 2010 en
rappelant que ces peuples
n’avaient pas fait un choix
volontaire, il y a 450 ans.
« On ne peut pas refuser le choix
à ceux qui veulent revenir en
Afrique ». Il poursuit en disant
qu’une fois aux États-Unis, un
jeune lui avait dit que si on lui
refusait la citoyenneté africaine,
il porterait plainte devant les
tribunaux.
Pour le cas des 163 étudiants
arrivés à Dakar, le chef de l’État
a expliqué qu’il avait nommé un
ministre qui s’est installé en
Haïti avant qu’une commission
technique d’accueil composée du
Recteur de l’université de
Saint-Louis et d’enseignants du
supérieur ne fasse les sélections
après des tests de niveau des
trois mille demandeurs. Pour
Haïti, l’Union africaine doit
aller plus loin. « Ils vivront
avec des bourses que je donne aux
étudiants sénégalais et un
opérateur téléphonique leur a
offert des lignes pour qu’ils
puissent communiquer avec leurs
parents restés au pays toute
l’année », a dit le chef de
l’État.
Pour M. Wade, l’Union africaine (Ua)
doit aller plus loin en offrant
des terres à ceux qui en font les
demandes.
Sur l’absence d’Haïti comme
observateur à l’Union africaine,
il rappelé que c’est le Sénégal
qui avait proposé que la diaspora
soit la sixième région du
continent noir, mais aussi qu’à
chaque sommet annuel qu’un
président issu d’elle assiste à
leur rencontre.
À propos des langues africaines,
le président Wade pense qu’il faut
donner la chance à chacune d’elles
pour leur développement. « Ma
position c’est de développer les
langues, mais il faut surtout une
langue de communication, c’est
aventureux de décréter une langue
», a ajouté le chef de l’État.
Répondant sur la réalisation du
Monument de la renaissance
Africaine à Dakar, M. Wade a
indiqué qu’il l’a fait pour
l’Afrique et que les trois
personnages qui la symbolisent
démontrent que notre continent
sort de l’ignorance avec cet
enfant qui regarde l’avenir avec
fierté en compagnie de ses deux
parents.
Sur le sommet de Montreux, M. Wade
souhaite qu’il y ait une forte
solidarité, notamment face à
l’érosion côtière qui a réuni des
experts au Sénégal, la réalisation
de la Grande Muraille Verte (Gmv)
qui doit être l’affaire des femmes
et surtout des jeunes qui doivent
se sentir concernés après le
reboisement. Face à la réaction du
président Sarkozy pour que
l’Afrique ait une place au Conseil
de sécurité de l’Onu, le président
de la République a dit que son
homologue français a bien compris,
car il s’agit de réparer une
erreur historique. « S’il faut
représenter l’Afrique, il ne
s’agit pas de puissance, mais
d’avoir un bon avocat pour le
continent auprès de l’Onu »,
a-t-il souligné avant d’ajouter
que le Sénégal n’est pas candidat
pour le siège permanent.
S’agissant du Festival Mondial des
Arts Nègres de décembre 2010, le
président Wade a dit que des
artistes peu connus et des troupes
y seront. Il a annoncé avoir
proposé à la directrice générale
de l’Unesco l’organisation d’une
conférence internationale à Dakar
sur les industries culturelles,
pour que les œuvres des artistes
soient labélisées et protégées. Le
festival, selon lui, sera une
occasion pour renforcer les jeunes
africains dans la conviction
qu’ils appartiennent à un grand
peuple. Cette conférence a vu la
participation de Djibril Diallo de
l’Onu, le ministre Aziz Sow
Délégué général du Festival
Mondial des arts nègres, Mme Sindiély
Wade Délégué générale adjointe et
de personnalités culturelles très
connues au Sénégal.
Abdou Diouf :
« Renforcer la liberté dans un
esprit de solidarité »
S’adressant à l’assistance, le
Secrétaire général de l’OIF, Abdou
Diouf, a rappelé les engagements
des pays membres « résolus à
renouveler leur alliance pour
renforcer la liberté, la
démocratie, l’indépendance et la
paix dans un esprit de solidarité
et d’ouverture au monde,
déterminés à vivre ensemble leurs
diversités dans le respect de
l’autre et l’équité, conscients
des acquis communs et de leur
devoir d’assumer leurs
responsabilités envers les
générations futures, sachant que
seul est libre qui use de sa
liberté et que la force de la
communauté se mesure au bien-être
du plus faible de ses membres ».
« Ces engagements, ces ambitions,
ces valeurs, a-t-il poursuivi,
pourraient intégralement figurer
dans la Déclaration à l’issue de
ce XIIIe
Sommet, tant ils épousent nos
convictions les plus profondes et
la raison d’être de notre
action ».
Selon M. Diouf, le navire-monde
tangue sous l’effet d’une crise
économique et financière dont les
répercussions se feront sentir de
longs mois encore, sous l’effet
d’une crise alimentaire,
énergétique, environnementale et
de conflits persistants auxquels
les plus vulnérables payent,
encore et toujours, le plus lourd
tribut, sous l’effet, enfin, de
menaces qui se jouent du droit et
des frontières. « C’est dans ce
contexte, a-t-il ajouté que nous
nous sommes attachés à tenir le
cap et à honorer, avec un souci de
rigueur et d’efficacité accrues,
avec un souci constant de
solidarité, la feuille de route
que vous nous aviez tracée lors du
Sommet de Québec, mais aussi à
réagir dans l’urgence, comme ce
fut le cas au lendemain de la
tragédie qui a frappé nos frères
haïtiens ». Il a assuré aux chefs
d’État que les opérateurs de l’OIF
et les organisations non
gouvernementales, continueront à
se mobiliser, à innover, tout en
renforçant leurs synergies, pour
traduire concrètement, au
quotidien, leurs recommandations
et leurs résolutions.
« Cela suffira-t-il à garantir
l’avenir de la Francophonie comme
un acteur engagé, reconnu et
respecté des relations
internationales », s’est-il-
interrogé ? ajoutant « avons-nous
quelque chose de spécifique à
apporter par rapport aux autres
organisations internationales, aux
unions régionales, avec lesquelles
nous collaborons, et qui se sont
considérablement développées et
consolidées au cours des dernières
décennies, captant, tout
naturellement, l’intérêt et les
moyens de leurs États membres,
mais aussi des partenaires
internationaux » ? « C’est à vous,
chefs d’État et de gouvernement,
qu’il reviendra de répondre, à
cette question de confiance
fondamentale », a encore dit Abdou
Diouf.
Il leur a demandé, 40 ans après la
signature du traité de Niamey, 10
ans après l’adoption de la
Déclaration de Bamako, si la
Francophonie qui a été un
précurseur dans son option en
faveur de la diversité culturelle
et linguistique, du dialogue des
cultures, de l’environnement, mais
aussi de l’État de droit au
service de la paix, doit se
contenter d’avoir été un agitateur
d’idées éclairé, et laisser,
désormais à d’autres, qui s’en
sont emparés depuis, le soin de
porter ces dossiers essentiels.
Abdou Diouf a également interpellé
les décideurs sur la diversité
culturelle « si la diffusion de
ces engagements et de ces idéaux
peut se concevoir sans une langue
française assumée par tous, forte
et compétitive au regard,
notamment, des stratégies
offensives adoptées, à l’échelle
mondiale, par d’autres grandes
langues, repoussant par là même,
le spectre d’un monolinguisme
réducteur ». Au nom de l’OIF, il a
vivement rendu un vibrant hommage
à la Suisse pour avoir accueilli
ce rendez-vous.
Nicolas Sarkozy a fait
son numéro. Plusieurs
chefs d’État du
continent se sont
bousculés à son
portillon pour des
audiences. Abdou
Diouf, lui, a décroché
un nouveau bail à la
tête de l’Organisation
Internationale de la
Francophonie (OIF).
C’est l’essentiel de
ce qui s’est passé au
13e
sommet de la
Francophonie de
Montreux, en
Suisse, qui
vient de s’achever.
Quant à la langue
française pour la
promotion de laquelle
a été construite cette
organisation, des
sources assurent
qu’elle progresse tout
de même, en termes de
nombre de locuteurs.
Cet élan encore
préservé, la langue de
Molière le doit sans
doute pour beaucoup à
ses ex-colonies. Mais,
cette progression fait
face à un énorme
besoin de moyens. Nul
doute qu’il
appartient, au premier
chef, à la France qui
veut promouvoir sa
langue malgré sa
mauvaise posture face
à l’anglais, d’y
mettre les moyens
qu’il faut. C’est
sûrement dans cette
optique que le
président français
s’est insurgé contre
la domination
écrasante de la langue
de Shakespeare.
Mais
à y voir de près,
cette façon de bander
les muscles pour
défendre une langue
est un combat
d’arrière-garde. Une
langue vivante
s’impose d’elle-même
de par son utilité. Et
le modèle français ne
fait vraiment pas
rêver aujourd’hui à
travers le monde. De
plus, les autorités
françaises, et surtout
l’administration
Sarkozy, ne donnent
pas des ailes à cette
promotion du français.
En effet, à cause de
leur politique de
barricades, très peu
d’intellectuels des
autres pays jubilent
encore à l’idée
d’aller faire des
études en France. Les
jeunes de l’espace
francophone sont
dorénavant attirés par
les grandes écoles
américaines et
canadiennes notamment.
Le modèle anglo-saxon
a le vent en poupe.
Comme c’est l’anglais
qui est utilisé dans
ces écoles, on
comprend aisément la
propension des gens à
apprendre cette langue
au détriment du
français qui, s’il
reste parlé, perd tout
de même, bon an mal
an, un peu de son
attrait.
Les dirigeants de la
Francophonie semblent
avoir compris que
cette bataille pour la
langue, si l’on n’y
prend garde, confine
au ridicule et est
contre-productive.
Ainsi, la promotion de
la langue française
n’est plus tellement
le combat, du moins en
apparence. L’on semble
ratisser large. C’est
ce qui explique sans
doute que des
anglophones, par
exemple, soient
invités à la
grand-messe de la
Francophonie. Mais
cela pose un autre
problème. La recherche
tous azimuts du nombre
pourrait être de
nature à brouiller la
vision de
l’organisation. Ne
dit-on pas que « qui
trop embrasse, mal
étreint » ?.
De toute façon, il y a
la nécessité d’éviter
que la Francophonie
continue d’être perçue
comme seulement un
outil diplomatique de
la France. Des sujets
d’intérêt commun aux
pays membres doivent
être de plus en plus
abordés. Cette
fois-ci, il a par
exemple été question
de la réforme des
Nations unies avec en
prime un siège
permanent au Conseil
de sécurité avec droit
de veto pour
l’Afrique. La France
affiche sur cette
question sa solidarité
avec les Africains.
Une attitude
désintéressée ou au
contraire calculée ?
Trop tôt pour y
répondre sans verser
dans des spéculations
hasardeuses. Toujours
est-il que lors du
13e
sommet, il y a
eu, comme d’habitude,
de belles résolutions.
Mais il n’est pas
ressorti de décisions
claires et chiffrées
sur des sujets
d’intérêt commun comme
le développement des
pays membres. C’est
donc un bilan mitigé.
De quoi désespérer
ceux qui font le vœu
d’une Francophonie
moulée sur le modèle
du Commonwealth, d’une
Francophonie vraiment
des peuples.
Relwendé Auguste
SAWADOGO
LE PAYS
Source :
afriscoop.net, le dimanche 24
octobre 2010