Francophonie :
Face à la domination de l'anglais, un rapport prône
l'offensive
Kambou Sia AFP/Archives ¦ Hervé Bourges, auteur d'un
rapport remis au secrétaire d'État à la Francophonie, le 3
décembre 2007 à Abidjan.
La France ne « défend pas sa langue
» et la Francophonie est en crise :
un rapport remis mercredi au gouvernement prône une offensive large et
«
décomplexée
»
du français contre la domination anglo-saxonne, en donnant notamment
plus de poids aux pays du Sud.
«
La Francophonie est très peu connue. Il y a un manque de
visibilité car en France on ne croit pas à la Francophonie et le pays ne
défend pas sa langue
», a expliqué Hervé Bourges,
auteur de ce rapport remis au secrétaire d'État à la Coopération et à la
Francophonie Alain Joyandet.
«
En France même le concept de Francophonie apparaît daté, dépassé,
sans écho dans les jeunes générations
», écrit cet ancien haut
responsable de l'audiovisuel, personnalité engagée à gauche et militant
tiers-mondiste.
Selon lui, la France porte une responsabilité dans ce
«
malaise
»
au sein de la communauté francophone, qui revendique plus de 200
millions de locuteurs, d'Haïti au Vietnam.
La France, qui vit
«
trop repliée sur elle-même
», notamment en raison du
«
poids du boulet de la colonisation
», est
«
de plus en plus perçue comme hostile par les populations
francophones du Sud
», note-t-il.
Pour Hervé Bourges, il faut donc
«
décomplexer la Francophonie
», rendre plus visible les
actions de l'Organisation internationale de la Francophonie qui compte
68 États et gouvernements, et mener une
«
contre-offensive linguistique, en multipliant, comme l'ont fait
les
États-Unis, les dispositions linguistiques en marge des accords
commerciaux ou diplomatiques
»
pour imposer le français.
«
Il faut reprendre l'offensive pour développer le français de
manière décomplexée, à l'anglaise, parce que la bataille linguistique
n'est pas seulement culturelle ou esthétique: c'est la bataille dont les
enjeux véritables sont l'influence politique et la croissance économique
», écrit-il.
Il souligne que le British Council vient de lancer un programme visant à
faire passer le nombre de locuteurs anglophones de 2 à 3 milliards avec
un investissement de 150 millions d'euros, alors que les programmes de
l'OIF pour l'enseignement et la promotion du français se montent à
environ 6 millions.
Carte des membres de l'OIF, une classe à San Pedro en Côte d'Ivoire,
le logo TV5 Monde
Pour défendre le français, Hervé Bourges propose l'intégration du
concept de Francophonie à l'école et au collège, la création d'une
«
Académie francophone
»
à l'image de l'Académie française où les écrivains français seraient
minoritaires. Ou encore un
«
programme Erasmus
»
pour favoriser les échanges entre les universités du Nord et du Sud.
Il prône aussi la création d'un
«
visa francophone
»
sur le modèle du
«
visa Commonwealth
»
qui permettrait de faciliter la circulation dans le monde francophone et
de
«
matérialiser
»
ainsi un espace politique qui
«
regroupe le tiers des pays représentés à l'ONU
».
Défendant une meilleure représentation des pays du Sud, notamment de
l'Afrique, majoritaires au sein de la communauté francophone, il estime
qu'il faut réformer la chaîne de télévision multilatérale (France,
Belgique, Suisse, Canada) TV5Monde
«
pour l'ouvrir aux pays du Sud
».
Il faut demander à ces pays du Sud
«une contribution financière et leur permettre d'être dans
les instances dirigeantes de cette chaîne»,
explique-t il.
Globalement, la Francophonie doit être moins dépendante financièrement
de la France
«
qui apporte aujourd'hui 50% du budget des institutions de la
Francophonie
», dit-il.
Il propose la création d'une
«
Fondation de la Francophonie
»
qui dépendrait de l'OIF mais qui pourrait recueillir des fonds privés
pour soutenir des programmes de langues.
© 2008 AFP
Source : 20minutes.fr, le 4 juin 2008
http://www.20minutes.fr/article/235066/France-Francophonie-face-a-la-domination-de-l-anglais-un-rapport-prone-l-offensive.php
Réaction :
Sophie
Quelques petites actions simples à mettre en pratique au niveau
individuel. On vous demande votre « imèl
», répondez
« oui, voici mon courriel
» en insistant bien sur le mot
courriel. Un touriste anglophone se comportant en terrain conquis
s'adresse à vous directement en anglais. Répondez-lui en français, ou mieux,
si vous connaissez d'autres langues, en français et dans ces autres
langues . N'hésitez pas à reprendre votre interlocuteur qui emploie le
franglais : il va faire un
« brèque
»
dites-lui « tu vas faire une pause, c'est ça ?
», il a un
« coche
», un
entraîneur, un mentor ; il est atteint gravement d'anglobéatite aiguë et
vous accueille avec un
« aïe
» dites-lui
« tu as mal quelque part
», etc.
L'humour qui tue, ça peut marcher !