Assemblée de la Polynésie : tahitien et français

Utilisation du tahitien à l'Assemblée : Gaston Flosse menace de saisir la justice

Le 30/11/2006 

Gaston Flosse a annoncé son intention de faire annuler toute délibération sur laquelle les explications du gouvernement n'auront pas été données en français.

(Tahitipresse) - Une nouvelle fois, dès les premiers débats à l'Assemblée de la Polynésie française, jeudi matin, plusieurs représentants de l'opposition ont protesté contre la décision du vice-président Jacqui Drollet de ne plus s'exprimer qu'en « reo maohi ». Le président du Tahoeraa, Gaston Flosse a annoncé son intention de déposer des recours en annulation contre les décisions prises par l'Assemblée dans ces conditions.

Dans un premier temps, c'est le représentant non-inscrit de l'opposition autonomiste, Jean-Christophe Bouissou, qui a protesté une fois de plus contre l'utilisation exclusive du tahitien par le vice-président, estimant que c'était « un manque de respect » à l'égard des élus qui ne maîtrisent pas bien cette langue, ou des citoyens, des techniciens et journalistes qui ne la comprennent pas du tout.

Jacqui Drollet ayant adressé au président de l'Assemblée une demande de mise en place d'une traduction simultanée, celui-ci a répondu qu'il convenait d'abord d'étudier le prix d'un tel dispositif qui, compte tenu de la longueur de certains débats, risquait de coûter très cher. En attendant, Philip Schyle a demandé au vice-président « un petit effort », par exemple de répondre en français aux questions posées dans cette langue.

« Qui peut le plus peut le moins »

Jacqui Drollet a répondu en français au président de l'assemblée, mais par écrit. Un communiqué a en effet été adressé aux rédactions dans les minutes qui ont suivi, dont voici le contenu:
« L'utilisation du reo maohi lors des débats au sein de l'hémicycle de l'Assemblée de la Polynésie correspond à la volonté normale de s'exprimer dans la langue du pays. Toutefois, cela peut soulever une difficulté de compréhension de la part des personnes qui ne maîtrisent pas suffisamment notre langue, élus, public, journalistes.

Pour cette raison et afin de répondre aux demandes qui ont été portées à sa connaissance, le vice-président Jacqui Drollet, a émis le souhait qu'un service de traduction simultanée soit mis en place durant les séances par l'administration de l'Assemblée.

Le président Philip Schyle a opposé à ce souhait la dépense que cela représenterait pour l'institution tant en matériel qu'en personnel.

Le vice-président, pour sa part, relève que l'instauration de ce service fournirait de l'emploi à des personnes qualifiées et que les finances de l'Assemblée ne seraient guère entamées par une dépense justifiée par son utilité et, somme toute, limitée. Il rappelle que le président Schyle lui-même avait offert il y a quelques mois de soutenir le Fonds de régulation de prix des hydrocarbures par le versement d'une somme de 700 millions prises sur les réserves de l'institution pour éviter la revalorisation des prix de l'essence à la pompe…

Qui peut le plus peut le moins, pour le plus grand profit du reo maohi et de la démocratie en Polynésie. »

Rappel au règlement

Le vice-président ayant continué à s'exprimer en tahitien dans l'hémicycle, Gaston Flosse, leader du principal parti d'opposition, est monté au créneau pour rappeler l'intervention du haut commissaire de la République sur ce sujet, il y a environ un an.

Mme Boquet avait en effet mis en lumière la décision du Conseil d'État faisant valoir que seule la langue française a statut de « langue officielle » dans les actes officiels de la Polynésie française.

Fort de cette position de la plus haute juridiction de l'État en matière de droit public, Gaston Flosse a annoncé son intention de faire annuler toute délibération sur laquelle les explications du gouvernement n'auront pas été données en français. Une annulation qui serait lourde de conséquence s'agissant du prochain budget de Pays, qui doit être adopté avant le 15 décembre.

Cette menace n'a pas eu d'effet sur le vice-président et ministre des finances, à qui il appartient d'expliquer le projet de budget au nom du gouvernement, qui a continué à s'exprimer en tahitien.

ATP.

 

Source : Tahitipresse, le 30 novembre 2006