Assemblée

Les langues régionales reconnues dans la Constitution

Par LEXPRESS.fr

 

Jeudi 22 mai, l'Assemblée nationale a enfin reconnu les langues régionales en les inscrivant dans la Constitution. 75 dialectes et langages ont été légitimés par la République.

Deux semaines après avoir levé un tabou en organisant le tout premier débat sur les langues régionales, l'Assemblée nationale a franchi un pas supplémentaire dans la soirée du jeudi 22 mai en décidant d'inscrire leur reconnaissance dans la Constitution.

C'est dans le cadre du débat sur la réforme des institutions que les députés de gauche comme de droite ont, à la quasi-unanimité, voté un amendement en ce sens, auquel la garde des Sceaux Rachida Dati a donné son accord. « Les langues régionales appartiennent au patrimoine » de la Nation, indique l'amendement surprise du président UMP de la commission des lois Jean-Luc Warsmann.

 

Un consensus parlementaire

Une formule qui complètera désormais l'article premier de la Constitution, si la réforme est votée par le Parlement réuni en Congrès en juillet, l'article 2 continuant bien sûr de stipuler que « la langue de la République est le français ».

L'ensemble des groupes -UMP, Nouveau Centre, PS, PCF, Verts- et François Bayrou (MoDem) avaient déposé des amendements similaires à celui de Jean-Luc Warsmann. Ils avaient tous été rejetés en commission des Lois la semaine dernière.

Le chef du MoDem a exprimé « la satisfaction » de celui qui « mène le combat pour les langues régionales depuis longtemps ». « C'est un pas en avant important », a-t-il déclaré tandis que Jean-Jacques Urvoas (PS) a estimé que « cela va dans le bon sens pour l'épanouissement des langues régionales ». « Enfin les langues régionales vont être reconnues ! », s'est exclamé le NC Philipe Folliot. Patrick Braouezec (PCF) a souligné que «al'unité n'est pas l'uniformité ».

 

La contre-position du gouvernement

Alsacien, breton, alsacien, catalan, corse, occitan, créole, béarnais, picard, flamand, basque... On compte en France environ 75 langues régionales, selon les députés, qui ne veulent pas voir « s'éteindre ce patrimoine ».

« Bienvenue chez les ch'tis  n'est pas un phénomène cinématographique mais un phénomène sociologique », affirme Marc Le Fur (député UMP). L'Assemblée avait organisé, pour la première fois le 7 mai, un débat spécifique à la place des langues régionales et minoritaires.

Pour autant, le gouvernement n'entend pas faire figurer dans la Loi fondamentale la Charte européenne sur les langues régionales, comme le souhaitent bon nombre de parlementaires. La France a signé en mai 1999 cette charte, dont s'est doté le Conseil de l'Europe en 1992, mais ne l'a jamais ratifiée.

Pour la ministre de la Culture, Christine Albanel, cette charte est « contraire à nos principes » car elle « implique la reconnaissance d'un droit imprescriptible de parler une langue régionale, notamment dans la sphère publique ».

 

 

Source : Lexpress.fr, le 23 mai 2008

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/les-langues-regionales-reconnues-dans-la-constitution_502805.html