CONSTITUTION - Les langues régionales ont droit de cité

Les langues régionales étaient depuis longtemps boudées à l’Assemblée nationale pour une reconnaissance constitutionnelle. Un amendement intégré au projet de réforme des institutions a enfin été adopté par les députés. Reste à le faire voter au Parlement en juillet

Si le projet de loi sur la réforme des institutions divise, il y a un point qui a fait consensus la semaine dernière à l’Assemblée nationale. Mais personne ne s’y attendait, pas même les députés. Un amendement pour faire reconnaître les langues régionales dans la Constitution a été adopté à la quasi-unanimité. Son auteur, le président UMP de la commission des Lois Jean-Luc Warsmann peut se féliciter de ce tour de passe-passe.
Cette disposition était en effet réclamée par l’ensemble de la classe politique depuis longtemps, mais chacun des amendements déposés avait été rejeté. Alors qu’est-ce qui a séduit les élus cette fois ? L’ajout d’une mention a sans doute rassuré les détracteurs. « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la nation » complètera dorénavant l’article 1er de la Constitution sur la « République indivisible, laïque, démocratique et sociale ».

Amendement suspendu à la décision du Parlement
Si l’on prend en compte les principales langues régionales - breton, occitan, alsacien, corse, catalan, basque et flamand, 5,3 millions de personnes sont concernées par cet amendement comme l’article 2 continue de le souligner, « la langue de la République est le français ». L’amendement quant à lui est le point de départ pour permettre l’adoption d’une loi souhaitée par Christine Albanel. La ministre de la Culture désire « normaliser et organiser l'apprentissage et l'emploi des langues régionales ». Elle a également l’intention de développer leur utilisation dans des programmes télévisés. Sans cet aménagement constitutionnel, le Conseil s’y serait opposé en toute logique.
Mais les choses n’en sont pas encore là. Le projet de réforme des institutions, dans lequel est intégré l’amendement sur les langues régionales est toujours en débat. La question de la prise en compte du temps de parole présidentiel et du vote des non-Européens aux élections locales n’est toujours pas résolue. La réforme sera votée par le Parlement réuni en Congrès en juillet.


Nicolas MANGIN

 

 

 Source : lepetitjournal.com, le mercredi 28 mai 2008

http://www.lepetitjournal.com/content/view/27411/204/