Sénat
Les élus de la région n'ont pas oublié leur langue  

Si les sénateurs se sont majoritairement opposés mercredi aux députés et au gouvernement en refusant d'inscrire la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution (par 216 voix contre 103), ceux du Languedoc-Roussillon y étaient unanimement favorables. Enfin presque, l'Héraultais radical de gauche Gérard Delfau ayant préféré s'abstenir.

Sinon, tous bords politiques confondus, il n'en manquait pas un, non seulement pour s'affirmer pour l'inscription de l'occitan ou du catalan dans la Constitution mais également pour stigmatiser, parfois en des termes très virulents, le vote de leurs confrères. Parmi ces derniers (dont les deux sénateurs aveyronnais), ceux qui ont donc adopté l'amendement supprimant la référence aux langues régionales, on trouve une large majorité d'élus UMP, accompagnés des centristes, des communistes, de radicaux et mêmes de quelques socialistes parmi lesquels on relevait les noms de Robert Badinter ou Jean-Luc Mélenchon. Du côté des sénateurs régionaux ulcérés, on remarquait Jacques Blanc, l'ex-président de la Région s'avérant d'autant plus remonté que le site internet du Sénat le plaçait hier dans l'autre camp: «Je me désolidarise du groupe UMP, car je considère les langues régionales comme un patrimoine culturel important ».

Réaction similaire avec le maire UMP de Béziers, qui va d'ailleurs lui aussi être obligé d'apporter une correction au Journal officiel, puisque, absent au moment du vote à Paris, son groupe l'avait d'office inscrit dans les rangs des sénateurs hostiles à la reconnaissance des langues régionales : « Bien sûr que j'ai voté pour le maintien de cet amendement dans la constitution, en faveur duquel je me suis fortement mobilisé. Mais il y a eu une offensive incroyable des Jacobins, avec Mélenchon à leur tête, qui tient sur les langues régionales des discours à la Robespierre» déplorait-il hier.

Et en évoquant le vote de la majorité de ses collègues sénateurs, le socialiste gardois Simon Sutour ne mâchait pas non plus ses mots en ce jeudi : « Ils ont fait une chose que je désapprouve fortement. Pour moi, il s'agit d'une régression. Je reste un défenseur des langues régionales, de l'occitan notamment, que je parle. Et je suis triste de constater que le Sénat a une nouvelle fois donné de lui une image conservatrice, ringarde et rétrograde ».


Vincent COSTE

 

Source : Midi Libre, journal du vendredi 20 juin 2008