ÉCOLE : L'exécutif lève deux freins à l'apprentissage de la deuxième langue

 

L'enseignement en immersion est facilité

 

Le gouvernement de la Communauté française a desserré hier les freins aux expériences d’immersion linguistique.
Un décret de juillet 1998 permet aux écoles de faire donner un ou des cours dans une autre langue que le français.
L’école peut faire dispenser dans la deuxième langue trois quarts des cours à partir de la 3e maternelle. La proportion doit s’inverser de façon à ce que le français reprenne le dessus (3/4 des cours) avant la fin du primaire. Au secondaire, l’immersion ne peut dépasser un quart de l’horaire.
Ce système est peu prisé (une trentaine d’écoles). Le fait est que l’enseignant en charge du cours dispensé dans la 2e langue doit être un native speaker (NDLR : locuteur-né). Autre difficulté, il doit en outre prouver sa connaissance du français à l’occasion d’un examen dont le volet écrit lamine les candidats. La définition même de l’enseignement en immersion démontre tout le paradoxe d’une telle obligation, note Christian Dupont (PS), ministre de la Fonction publique. Puisque ces professeurs ne sont amenés à s’exprimer en français qu’exceptionnellement, et encore moins par écrit. À l’exécutif d’hier, Dupont a donc fait adopter deux arrêtés qui devraient faciliter l’immersion. Pour le prof d’origine flamande ou autre qui voudrait enseigner dans le cadre de l’immersion, la preuve de la connaissance fonctionnelle du français ne se fera plus qu’au prix d’une épreuve orale. L’autre arrêté élargit l’éventail. Il est certain que le locuteur-né est particulièrement apte à dispenser un cours de langue en immersion, dit Dupont. Il n’en reste pas moins que des enseignants ayant été .formés en langue française peuvent avoir une connaissance similaire d’une des langues d’immersion en raison de leur parcours personnel.
On traduit : des profs francophones qui s’en sentent capables pourront se mettre à enseigner (leur branche, bien sûr, et rien d’autre) dans la langue qu’ils jugent maîtriser. Cette connaissance de l’autre langue, ils vont bien sûr devoir la prouver à l’occasion d’une épreuve en trois volets : une épreuve écrite (rédiger la synthèse d’un exposé de 20 minutes), une épreuve orale (sur le vocabulaire usuel et la terminologie du cours à enseigner) et l’exposé d’une leçon. Un jury va être formé et sera opérationnel avant la rentrée 2004.

 

Pierre Bouillon

 

Source : Le Soir, journal du 11 mars 2004