Belgique

L'obstination flamande aggrave la crise
 

Une décision humiliant les francophones de communes flamandes où ils sont majoritaires, déchaîne la polémique.
Après le refus de la Flandre, hier, de valider l'élection de trois maires francophones dans la périphérie flamande de Bruxelles, les dirigeants politiques francophones belges pourraient suspendre les négociations sur la réforme de l'État belge et replonger le pays dans la crise.

Le ministre des Affaires intérieures de Flandre, Marino Keulen, a signé le décret rejetant la nomination des bourgmestres de Crainhem, Wezem­beek-Oppem et Linkebeek.

Comme en novembre 2007, le ministre leur reproche d'avoir envoyé des documents électoraux en français aux habitants francophones de leurs communes, situées dans la banlieue flamande de Bruxelles, majoritairement francophones.

Mais la loi fédérale oblige les élus des communes à statut linguistique spécial - comme le sont les trois localités visées - à envoyer les documents en néerlandais à tous leurs administrés. Et de transmettre une traduction française qu'à ceux qui l'auront expressément demandée.

« Je ne pouvais pas procéder à la nomination de ces trois bourgmestres. Vous ne voudriez tout de même pas que je m'excuse pour avoir simplement appliqué la loi », s'est défendu M. Keulen, niant vouloir saboter le dialogue communautaire.

Les trois bourgmestres avaient, lors des municipales 2006, obtenu une large majorité au scrutin. Mais ils n'ont toujours pas pris leurs fonctions, faute de validation par leur pouvoir de tutelle, représenté par M. Keulen.

Cette décision a immédiatement été dénoncée par les partis francophones de la coalition. Elle pourrait replonger la Belgique dans une incertitude politique digne de l'époque juin 2007 - septembre 2008, 15 mois durant lesquels la crise gouvernementale a provoqué l'éclatement du pays. La validation de l'élection des trois maires était une condition à toute avancée dans les discussions sur la réforme de l'État.

Les négociations censées déboucher sur un nouveau partage des compétences entre l'État fédéral et les régions, sont « de facto suspendues », a précisé la co-présidente du parti Écolo francophone, Isabelle Durant.

Les analystes estiment que M. Keulen et son parti libéral-démocrate cherchent à montrer leur fermeté à un électorat flamand avide de gestes marquant son identité face à une Wallonie en difficulté économique, à six mois des élections régionales de 2009.

 

 

Source : Midi Libre, le mercredi 26 novembre 2008