Religion : le père Jos Verstraeten persiste et signe

 

La trêve de Noël est déjà oubliée à Wezembeek

À la grande surprise des observateurs avertis des réalités ecclésiales, le père Jos Verstraeten, écarté voici un an de la paroisse Saint-Pierre à Wezembeek par le cardinal Danneels, pour ses prises de positions flamingantes, a fait un retour inattendu à la veille de Noël dans la commune périphérique.
Le très engagé clerc - lire ci-dessous - y a célébré non seulement une messe pour les fidèles flamands,  mais a aussi coprésidé une eucharistie en français dans l’église. Une avancée - depuis pas mal de mois, les catholiques francophones ne pouvaient plus se retrouver que dans une salle privée - que d’aucuns, inspirés à juste titre par l’esprit de la Nativité et la paix terrestre qui devrait en découler, ont interprété comme un pas quasi décisif vers un apaisement, voire comme le prélude au retour dudit père Verstraeten.
L’initiative de ce rapprochement-surprise émanait davantage du vicariat général du Brabant flamand et de l’évêque auxiliaire, Mgr Jan De Bie, que de l’archevêque ; il ne fait cependant pas de doute qu’il avait la bénédiction de Godfried Danneels, qui redoute comme la peste les affrontements communautaires. Idée, fort noble au demeurant ? Il était important de faire un geste de rapprochement à l’occasion de Noël.
Mais voilà, il y a loin du calice aux lèvres si une partie des paroissiens francophones a voulu faire un geste de bonne volonté avec l’espoir de pouvoir aussi disposer du lieu du culte pour leurs cérémonies, Jos Verstraeten a immédiatement renchéri en déclarant dans les colonnes du «Laatste Nieuws» qu’il ne courbait pas l’échine devant le cardinal.
Plus fort encore : Verstraeten s’est dit prêt à changer de position pour autant que le cardinal Danneels reconnaisse qu’il s’était trompé en l’écartant. Mais il ajoutait aussitôt : sans toutefois faire de génuflexion devant le cardinal... Parallèlement, les fidèles francophones ont dû se rendre à l’évidence dimanche dernier, jour des Saints Innocents, l’église Saint-Pierre ne s’est plus rouverte pour eux. Pourtant, dans l’équipe paroissiale francophone, d’aucuns restent convaincus que le dialogue n’est pas définitivement rompu. Et ils ont même prévu une rencontre avec Verstraeten pour en parler. C’est ce qu’ils confiaient, en début de semaine à la presse flamande. Mais malgré notre demande insistante, ils n’ont plus voulu commenter la situation.

Il est vrai que les propos du digne descendant des  «petits vicaires» flamingants du XIXe et du siècle dernier, ont entraîné un retour à la case départ. Avant un retour au frigo communautaire ? En tout état de cause, la hiérarchie de l’Église ne veut pas donner du grain linguistique à moudre avant les élections régionales. Tant pis pour les catholiques francophones de Wezembeek.



Jos Verstraeten (à droite) aux côtés de Luc Vermeulen, 

animateur du mouvement extrémiste Voorpost, proche du Blok. (photo Alain Dewez)

 

 

 

 

RÉTROACTES

 

Début 1996. Le père Jos Verstraeten devient administrateur paroissial de la paroisse Saint-Pierre.

Décembre 2002. Le cardinal Danneels et l’évêque auxiliaire Mgr  De Bie lui retirent le mandat pour cause d’activisme flamingant, mais aussi à cause de son refus d’ouverture à l’égard de la communauté francophone. Mais Verstraeten est aussi écarté pour ses écrits dans «Kerk en Leyen» (hebdo paroissial) où il attaqua Magda Aelvoet (Agalev), le VLD, mais aussi la reine Paola... Un comité «Jos blijf » (Jos reste) est créé et bénéficie de l’appui des nationalistes flamands, de la N-VA au Blok en passant par le TAK et Voorpost.

Janvier 2003. Le cardinal Danneels désigne le Père Herman Boon, aumônier de Bruxelles­National pour «déminer» la situation. Il jette le gant après sept semaines, objet de menaces physiques et psychologiques.

Mi-avril 2003. Jos Verstraeten, proclamé «martyr de la cause flamande» et invité d’honneur de l’hommage à August Borms, collaborateur pendant les deux guerres mondiales, revient pendant quelques heures à Wezembeek après une «marche flamande».

Août 2003. Le Père Verstraeten concélèbre la messe du Pèlerinage de l’Yser à Dixmude.

Décembre 2003. Le père Verstraeten célèbre Noël dans les deux langues nationales.

 

 

Christian Laporte

 

Source : Le Soir, journal du 03/04 janvier 2004