Des
Polonais sous l'aile des Français
L'armée
de l'air forme des pilotes de l'Est aux normes de l'OTAN
Durant le mois d’octobre, quatre avions et trente-cinq
militaires de Swidwin (nord-ouest de la Pologne) volent et travaillent avec
les équipages des Jaguar français, dont certains ont participé aux frappes contre la
Yougoslavie.
Dans une salle de l’escadron 2/7 Argonne, le capitaine Desmarets « débriefe » le lieutenant Prochniak de retour de vol.
Tout se passe en anglais, comme d’habitude : « Même lorsque nous sommes entre français,
nous tenons nos briefings en anglais », explique un pilote. Une langue que manifestement le
jeune officier polonais maîtrise mal. « Lors de nos premiers contacts avec les Polonais, en
1993, ils avaient exprimé le souhait de travailler avec nous en français, raconte le général Gaviard, chargé des relations internationales de l’armée de l’air. Nous avons alors dû les
convaincre que l’anglais était indispensable pour être dans l’un des principaux
partenaires militaires de la Pologne, derrière
l’Allemagne et les États-Unis. Un accord de coopération bilatérale
a été signé en 1992. Depuis 1997, l’Allemagne est associée à
ces échanges dans le cadre du «atriangle de Weimar », une alliance
qui réunit les trois pays. Début octobre, un Tornado de la Luftwaffe
stationnait d’ailleurs sur le tarmac de Saint-Dizier, aux côtés des
Sukhoï et des Jaguar. « Pour nous, la présence des Allemands est
devenue banale », assure le capitaine Bernard Sandretto.
Moins commune, la scène qui s’est déroulée dans le ciel de la
Haute-Marne, mardi 5 octobre. Aux côtés d’appareils français et
allemands, deux Mig-21 roumains, en visite à Reims, ont simulé l’attaque
des Sukhoï-22 polonais. Ils ont été abattus par la défense
aérienne française. Virtuellement.
Jean-Dominique
Merchet
Source :
Libération, journal du jeudi 14 octobre 1999