La langue et la culture françaises conservent leur prestige en Russie

Par Daria Lioubinskaïa, pour RBTH

Malgré le rôle dominant de la culture anglo-saxonne, l’héritage français jouit, aujourd’hui comme naguère, d’un statut à part auprès des Russes.

Les russes aiment la culture et la langue françaisesLe français, langue de la noblesse russe, de la grande littérature, puis celle du pays socialiste fraternel, est populaire en Russie depuis la nuit des temps. Il reste aujourd’hui la troisième langue étrangère la plus parlée dans le pays derrière l’anglais et l’allemand. Mais la concurrence est rude.

Bien que les richesses culturelles françaises soient toujours un élément important de l’attrait de la langue pour les Russes, ces derniers temps, les considérations purement pragmatiques l’emportent sur le goût du beau. Les jeunes Russes se mettent aux études en espérant pouvoir s’inscrire dans l’une des universités françaises ou même s’installer dans une région francophone, par exemple le Québec.

Le rapport qualité-prix

Igor Siniatkine, responsable du bureau Campus France, structure par laquelle transitent tous les étudiants russes qui souhaitent s’inscrire dans les établissements français, explique que chaque année, entre 2 000 et 2 500 étudiants partent étudier dans l’Hexagone. « Ces chiffres restent stables et ne changent pas d’année en année. Toutefois, compte tenu du trou démographique des années 90, on peut dire que les étudiants sont actuellement plus nombreux à partir », a-t-il indiqué à notre journal

Par ailleurs, la majorité s’inscrit non en licence, mais en troisième cycle, avec une préférence particulière pour les sciences humaines – économie, gestion, psychologie, philologie, histoire, étude des arts –, souligne M. Siniatkine.

Que recherchent les étudiants russes dans les universités françaises ? En premier lieu, la qualité de l’enseignement qui sous-entend la profondeur, l’universalité et l’approche critique. « On ne vous y apprend pas à mémoriser, mais à réfléchir, formuler et défendre sa position », note Svetlana Mikhaïlova, diplômée de Sciences Po. En outre, le diplôme supérieur français offre à son heureux détenteur l’accès au marché du travail dans toute l’Union européenne, précise-t-elle

L’enseignement français séduit les Russes également par son coût abordable. Si l’éducation dans les établissements prestigieux de Russie et dans la plupart des pays de l’Union peut atteindre plusieurs milliers d’euros par an, l’année universitaire en France coûte en moyenne 300 euros au maximum, selon Campus France.

Un contexte culturel porteur

Pourtant, quelles que soient les motivations pragmatiques, de nombreux Russes font l’apprentissage du français pour se familiariser avec une culture dont la richesse est un facteur d’attraction. D’ailleurs, la maîtrise du français était déjà l’un des attributs de la « haute société » dans l’Empire russe.

À l’époque soviétique, la « haute société » en tant que telle a été éliminée, mais le français avait conservé ses positions grâce à son immense influence culturelle sur les Russes, puis les Soviétiques. Nombre de générations de Russes ont grandi en lisant Dumas, Maupassant et Hugo, puis, dans les années 60 et 70, adoré le cinéma français qui a connu un véritable engouement en URSS.

L’Institut français, qui a ouvert ses portes dans la capitale russe en 1992, est un phare culturel et sans doute le principal centre d’apprentissage de la langue française. L’établissement ne se limite pas à l’enseignement de la grammaire et de la syntaxe – nombre de manifestations culturelles sont organisées sous son égide, depuis les dégustations de fromages jusqu’aux rencontres avec les maîtres du cinéma français. C’est bien cet aspect de son activité qui constitue le véritable attrait pour de nombreux étudiants.

Valeria Sofyina, une étudiante, nous a expliqué que c’est l’amour de la capitale française qui l’avait poussée à s’inscrire à l’Institut : « Mon grand-père m’a amenée une fois à Paris. « Je suis tombée amoureuse de cette ville ! J’ai voulu apprendre la langue pour y retourner, préparée ». Valeria affirme que les manifestations culturelles organisées par l’Institut aident à comprendre la culture et les traditions françaises.

C’est l’amour de l’art, et en particulier du cinéma français, qui a pour sa part incité Damir Mingalimov, un autre étudiant de l’Institut, à apprendre la langue. En vrai cinéphile, Damir préfère évidemment regarder ses films favoris en version originale. Donc en français.

 

 

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Source : rbth.com, le mercredi 19 novembre 2014

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