De : M. Régis Ravat
Carrefour Nîmes-Sud
Route d’Arles
30000 Nîmes
Courriel : regis.ravat@aliceadsl.fr
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À l’attention de
Mme Céline Chambraud
Journal
Le Positif
Carrefour France
Courriel :
positif@carrefour.com
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Manduel, le 15 novembre 2010
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Objet :
Lutte
contre la pollution, toute la pollution.
Madame,
Dans le
Positif
du mois d’octobre, à la page 19, j’ai pu lire que vous étiez la
responsable du service du Développement durable de la « Supply chain »
de Carrefour-France et que vous aviez l’intention de mettre en
exergue la lutte contre la pollution dans ce secteur.
Une question m’est venue alors à l’esprit : « Comment peut-on
nous parler de lutte contre la pollution d’un côté, tandis que de
l’autre l’on n’hésite pas à polluer son langage de termes
anglo-américains, des termes qui n’ont rien à faire dans notre
langue, des termes obscurs pour la plupart des francophones, des
termes qui, de plus, contribuent à déformer gravement l’alphabet, la
prononciation et la clarté de notre langue ? »
« Supply chain » me fait penser à « Chaîne des supplices », d’autant
plus qu’il est vrai qu’à Carrefour, notre langue est constamment
suppliciée, torturée, humiliée, bafouée par l’anglais omniprésent.
Les produits Carrefour n’ont-ils pas été nommés :
Blue Sky, First-line, Home, Green Cut, Top Bike, Powder Flash,
Carrefour Discount, Tex Fashion Express, Tex Baby, Energy Drink, N°1
Apple Nectar’s, Pomelos Drink, Ananas Juice, N°1 Home Clean,
Carrefour Light, Carrefour Property,
Carrefour Planet,
etc. ?
Les enseignes aux noms français telles
Champions
et
Marché Plus
ne sont-elles pas devenues, à cause des pollueurs-déprédateurs de la
langue française qui sévissent dans notre entreprise, des
Carrefour Market
et des
Carrefour City
?
Les créateurs des sites d’achats en ligne de Carrefour, n’ont-ils
pas, en bons anglomanes qu’ils sont, appelé les sites de notre
enseigne :
Ooshop
et
Carrefour on Line
? Des dénominations anglaises encore, comme si désormais il était
une tare de s’exprimer dans notre langue, comme s’il était honteux
d’affirmer le français dans une entreprise française. De plus, il
est a noté que le mot « courriel », comme par hasard, a été
totalement ignoré de nos sitemestres : « l’é-mail... diamant » de
leurs dents longues ayant certainement plus d’importance pour eux
que l’hygiène et la santé de leur propre langue.
Que penser de
l’Earnings Before Interest, Taxes, Depreciations ant Amortizations
(Ebitda) que l’on nous assène régulièrement lors des réunions des
Comités d’établissement, alors que le terme français, plus
compréhensible et plus court, Excédent Brut d’Exploitation (EBE)
est mis systématiquement à l’écart ?
Que penser aussi de la publicité radio-diffusée commençant par une
chanson en anglais « Monday, happy day », vantant davantage, en
fait, les couleurs de l’anglais triomphant que celles de
Carrefour le commerçant ?
Que dire encore des nouveaux concepts nommés systématiquement en
anglo-américain comme venant directement de chez Wal-Mart, notre
concurrent sur le plan international. : « cross-merchandising »,
pour « vente-croisée » ; « e-learning », pour « formation en ligne »
; « self scanning », pour « auto-pointage » ; driving-picking »,
pour « vente-au-volant », etc. ?
Bref, Carrefour ne respecte pas notre langue et contribue
largement ainsi à nous POLLUER à l’anglais.
Si ne pas respecter la langue d’un peuple, c’est mépriser le peuple
qui la parle, alors je me demande même si au-delà de maltraiter
notre langue, Carrefour ne mépriserait pas aussi les francophones
que nous sommes.
Puisqu’il me faut
positiver
et que j’ai toujours espoir d’améliorer les choses, je souhaiterais
donc que Carrefour prenne conscience de l’importance de défendre la
langue française, d’avoir un quart d’heure d’avance et non plus de
suivre bêtement à la lettre, et aux mots, ce qui se passe et se dit
dans le monde anglo-saxon, un monde qui, comme chacun le sait, est
au bord de la faillite.
Avoir un quart d’heure d’avance ce serait, notamment, que Carrefour
se dote d’une équipe chargée de la terminologie, pour veiller
à l’enrichissement, au respect et à la promotion de la langue
française au sein de l’entreprise. Ainsi, des équivalents français
aux mots anglais seraient utilisés, les concepts nouveaux seraient
nommés en français et Carrefour pourrait se targuer alors d’être
synonyme, sur le plan national et international, de Francophonie
rayonnante et triomphante, et non plus, comme c’est le cas
actuellement, d’anglomanie polluante, rampante et décadente.
En vous remerciant de votre attention, et dans l’espoir que vous
voudrez bien conjuguer désormais la lutte contre la pollution avec
la lutte contre le fait de mettre de l’anglais partout et que vous
voudrez bien dans ce sens aussi, donner quelque écho de mes
remarques auprès des décideurs de notre chère entreprise, je vous
prie d’agréer, Madame, l’expressions de mes salutations distinguées.
Régis Ravat,
Carrefour Nîmes-Sud
Pièces jointes
:
Je ne suis pas le seul, bien sûr, à m’insurger contre les dérives
anglomaniaques de Carrefour. Merci de regarder, en ce sens, l’Appel*
à la Résistance linguistique et culturelle lancé par l’association
CO.U.R.R.I.E.L, une association qui fait circuler, par ailleurs, une
pétition contre l’anglophonisation de la France, une pétition dont
je suis signataire, bien évidemment.
* Cet appel est donné en plusieurs langues (espagnol, portugais,
anglais, arabe et bientôt en allemand et en italien), car, et comme
le disait le penseur, le philosophe et le patriote québécois, Pierre
Bourgault : « Quand nous défendons le français chez nous, ce sont
toutes les langues du monde que nous défendons contre l’hégémonie
d’une seule ».