Objet
: la langue française dans nos Armées
Monsieur le Ministre,
Un capitaine d’active d’un régiment du Nord de la France,
nous a signalé, récemment, qu’on avait distribué à
l’ensemble du personnel militaire de son unité,
un livret de 4 pages en ANGLAIS ET UNIQUEMENT EN ANGLAIS,
sur l’engagement de la France en Afghanistan.
Lui-même et ses collègues ont été fortement indignés que
l’on communique, ainsi, à l’intérieur même de l’Armée
française, dans une langue étrangère au détriment, et au
plus grand mépris, de notre langue nationale.
Il est à craindre, hélas, que cet acte de sabotage
linguistique ne soit pas un cas isolé, mais, qu’au
contraire, il ne représente qu’un arbre qui cache l’immense
forêt abandonnée tout entière aux foudres de l’anglais
impérialiste et mondialisé.
En effet, n’a-t-on pas, par ailleurs, il y a quelques années
de cela, cédé aux pressions des Anglo-Saxons, et de leurs
supplétifs, pour que l’Eurocorps —
qui est une initiative franco-allemande
afin de créer un corps d’intervention militaire européen
(pouvant mobiliser jusqu’à 60 000 hommes) —, opte pour
l’anglais comme langue officielle et de travail.
Comment ne pas se rappeler aussi qu’en 2008, lors du départ
à la retraite du général DAMAY (commandant le CRR-FR), une
prise d’armes a été faite dans la langue du vainqueur de
Trafalgar, cela même à l’intérieur de la prestigieuse
citadelle de Lille et dans l’ignorance totale de notre
Constitution qui précise pourtant, en son article 2, que
« la langue de la République est le français ». Si notre
Armée ne respecte pas la Constitution qu’elle est censée
servir et défendre, à quoi sert-elle alors, et pour qui
travaille-t-elle, si elle ne travaille pas pour le français
?
Enfin, avec l’entrée de la France dans l’OTAN et avec la
perspective d’avoir en commun avec les Britanniques un
porte-avions, des armes et des bataillons, le risque est
fort d’ancrer définitivement notre Armée dans le rang des
armées anglophones, c’est-à-dire dans une cantine dont la
mission sera de servir une soupe mondiale conçue et mixée
dans le seul profit de nourrir les intérêts de l’Empire
étatsunien.
Sachant votre attachement à la langue française, à vos idées
gaullistes d’indépendance et de grandeur nationale, nous
vous demandons donc de bien vouloir nous dire ce que vous
comptez faire, — car nous osons espérer que vous voudrez
bien agir dans ce domaine — pour redonner à
notre Armée son caractère francophone et, par delà, la
fierté qui n’aurait jamais dû la quitter de servir, partout
et toujours, les couleurs de la langue française et de la
Francophonie.
Dans l’attente d’une réponse de votre part qui nous
rassurera sur le devenir en français de nos Armées,
et donc sur notre devenir tout court,
nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre,
l’expression de notre plus haute considération.
Régis Ravat,
Président de l’A.FR.AV
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