De : |
M. Jean-Pierre Colinaro |
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Secrétaire
général de l'A.FR.AV |
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Parc Louis Riel |
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2811, chemin de Saint-Paul |
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30129 Manduel
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objet : Lutte contre l'anglicisation
Vos références : AA/PB/VL/fd/178/5866
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À
: M.
André
Antoine,
Ministre
des Transports
Rue d'Harscamp, 22
5000 Namur
WALLONIE - BELGIQUE
andre.antoine@gov.wallonie.be
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Manduel,
le 29 mars 2006
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Monsieur
le
Ministre,
Je vous remercie pour avoir répondu au courriel que je vous ai
adressé le 22 février 2006.
Toutefois, je
suis surpris d’apprendre qu’il n’entre pas dans vos prérogatives
de contraindre et d’obliger les responsables de l’aéroport de
Liège à franciser la dénomination anglaise de leur aéroport
sous prétexte qu’il s’agit d’une société anonyme de droit
privé, gérée par un conseil d’administration propre.
En effet, force
est de se poser la question alors : à quoi peut donc servir un
ministère des Transports, si ce ministère n’est même pas
capable d’intervenir sur un problème touchant un aéroport du
territoire national ? Cela paraît invraisemblable !
Tout comme paraîtrait invraisemblable que le Ministère de
la Santé ne puisse pas intervenir dans une clinique sous prétexte
qu’elle est de droit privé.
Vous
devez être sacrément libéral pour parler ainsi
!
Vérifiez
tout de même, s’il vous plaît, qu’il n’y ait pas un cahier
des charges pour gérer et contrôler le fonctionnement de cet aéroport,
car normalement tout organisme privé qui remplit une mission de
Service public - et c’est le cas pour l’aéroport de Liège -
, doit en avoir un. Ce cahier des charges doit présenter, s’il
est bien fait, une clause « linguistique », et dans
cette clause « linguistique », bien évidemment, on
aura veillé à mettre noir sur blanc que la politique développée
sur
l’aéroport
de Liège en matière de langue, contribuera à la défense, à la
promotion, au rayonnement et à la diffusion de la langue française,
langue nationale de Wallonie et langue internationale des Wallons.
Si
tout cela n’a pas été fait, il est de votre devoir et de votre
honneur d’ordonner que cela se fasse.
Toutefois, je
pense plutôt que vous ne voulez pas agir dans cette affaire,
parce que M. José Happart, président de l’aéroport de Liège,
mais également président du Parlement wallon et adhérent, qui
plus est, au même parti politique que vous *
(NDLR : attention, prière de lire la note, svp), est votre ami, et que
par conséquent, par solidarité avec lui, vous êtes prêt à le
soutenir dans son erreur d’appeler en anglais son aéroport,
quitte à fouler aux pieds pour cela la langue des Wallons.
Cela
est triste, petit, lamentable et indigne.
Tant vous ne
voulez pas faire de vagues, tant vous ne voulez pas être désagréable
à l’encontre de M. Happart, que vous en arrivez même à
soutenir M. Partoune.
Ce monsieur,
pourtant, n’a pas l’air des plus honnête , quand il a le
culot de nous dire que l’appellation « Aéroport de Liège »
est utilisée dans toutes les circonstances qui le permettent,
alors même que la lettre qu’il nous envoie est à l’en-tête
« Liege Airport ».
On
voudrait se moquer de nous qu’on ne ferait pas mieux !
De plus, ce
monsieur trouve normal — et vous aussi puisque vous le soutenez
—, que l’on accueille par la dénomination anglaise « Liege
Airport », un Français, un Néerlandais, un Allemand
« par respect des sensibilités linguistiques de la clientèle (sic) »,
mais savez-vous, monsieur le Ministre, que l’anglais n’est
officiel dans aucun des pays de ces ressortissants ?
Quelle
est donc la légitimité de l’anglais là-dedans, si ce n’est
de nous soumettre, encore un peu plus, à son impérialisme ?
Enfin, comme
pour venir en aide à vos amis anglomanes, vous croyez bon d’en
rajouter une couche en disant que
« la
langue anglaise est
clairement reconnue comme étant la langue habituellement pratiquée
en matière aéronautique (sic) ».
On voit là, l’homme
politique combatif que vous devait être :
« l’anglais est la langue
reconnue dans le domaine aéronautique », dites-vous, un point, c’est tout.
Apparemment,
vous ne vous posez pas trop de questions, à savoir, par exemple,
comment on en est arrivé là, comment l’anglais s’est imposé
ainsi, s’il y a eu un vote à l’ONU pour cela, si de grands
organismes scientifiques ont fait des tests pour évaluer la
meilleure langue dans ce domaine, si l’anglais répond aux
meilleurs critères de neutralité et de sécurité ou si tout
simplement ce sont les Américains qui, par la force de leur
politique militaire, économique, linguistique et culturelle
l’ont imposé peu à peu au monde ?
Quoi qu’il en
soit, quand on a un peu de fierté pour sa langue, quand on
l’aime comme faisant partie intégrante de l’identité de son
pays, quand elle vous imprègne jusqu’au plus profond de votre
être, on ne cherche pas des arguments pour justifier l’emploi
d’une autre langue qu’elle.
M.
Happart, M. Partoune et vous-même devriez donc avoir honte de
justifier l’anglais de « Liege Airport », tout comme
un fils devrait avoir honte de justifier son désamour vis-à-vis
de sa mère.
Dans une
quinzaine de jours, si rien n’est fait pour enlever l’infâme
dénomination anglaise de l’aéroport de liège, cette lettre
sera largement diffusée et nous continuerons, par de nouvelles
actions, notre lutte contre l’imposture anglomane de M. Happart
et Cie.
Dans
l’attente et dans l’espoir cependant, qu’une lettre de votre
part nous rassurera en nous annonçant que la francisation de la dénomination
anglaise de l’aéroport de Liège a été décidée et
réalisée, je vous
prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de toute ma
considération.
Jean-Pierre Colinaro,
Sécrétaire général
de
l’A.FR.AV.