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Francophone et féministe engagée, appréciée pour son esprit d'équipe, Marie-Christine Saragosse, choisie jeudi 6 septembre 2012 pour présider l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF), a fait une grande partie de sa carrière au sein de la chaîne internationale TV5Monde.
Née le 24 mars 1960 en Algérie, elle passe son enfance en Provence, avant d'entrer à Sciences Po à Paris.
Devenue énarque en 1987 (promotion Fernand Braudel), elle démarre sa carrière au service juridique et technique de l'information (SJTI), au sein du ministère de la Communication. Elle qui voulait devenir journaliste ne quittera plus le secteur des médias.
En 1991, elle fait un passage éclair de six mois à Radio France Internationale (RFI), où elle laisse le souvenir d'une « bonne gestionnaire », selon une syndicaliste de RFI.
Puis, entre 1991 à 1997, elle se spécialise dans les questions de l'audiovisuel international et de la francophonie, avant de diriger TV5 jusqu'en 2006.
En dix ans, Mme Saragosse améliore la visibilité de cette chaîne créée en 1984, destinée aux francophones et aux francophiles.
Elle développe le site internet de la chaîne, augmente sensiblement le volume des programmes sous-titrés en français et dans d'autres langues (anglais, espagnol, portugais, arabe, suédois, vietnamien, japonais...). Surtout, TV5 devient TV5Monde et acquiert une dimension internationale en s'implantant aux États-Unis, en Amérique latine, dans le Pacifique et en Asie.
En 2006, en désaccord avec Jean-Jacques Aillagon, alors président de la chaîne, elle quitte le groupe pour s'occuper de la coopération culturelle au Quai d'Orsay.
« Femme de lutte »
Deux ans plus tard, elle est rappelée par Alain de Pouzilhac - celui qu'elle remplace aujourd'hui - pour diriger TV5Monde, dans le cadre d'une réforme qui a séparé le poste de président du conseil d'administration et celui de directeur général de la chaîne. M. Pouzilhac sera président et elle directrice générale.
Main de fer dans un gant de velours, Mme Saragosse a la réputation d'une « femme de lutte qui ne lâche rien, tout en restant à l'écoute ».
Son sens du travail en équipe sera le bienvenu au sein de l'AEF, où les syndicats de RFI et de France 24 n'ont eu de cesse de critiquer la réforme à « marche forcée » et « sans concertation » de M. de Pouzilhac. « Plus les gens vont être informés et consultés sur le fonctionnement de l'entreprise, plus ils vont s'impliquer », analysait-elle en 2010 dans une entrevue au magazine Stratégies.
Boulimique de travail, cette ex-capitaine de handball est aussi une grande émotive : « Quand je ris, c'est aux éclats, quand je pleure, c'est sans restriction. Peu importe si c'est devant un conseil d'administration de TV5Monde à grande majorité masculin. »
Le tutoiement facile, le sourire engageant, cette mère de trois enfants a un combat : promouvoir la cause des femmes. Le déclic arrive lorsqu'un de ses professeurs lance : « Vous messieurs, qui êtes ici pour préparer l'ENA. Vous mesdemoiselles, qui êtes là pour trouver un mari. »
« Pour moi, être féministe, c'est simplement être humaniste », dit-elle. On le voit à l'antenne de TV5Monde, où la parité est parfaite entre hommes et femmes pour présenter le journal. En 2011, elle lance le premier portail internet dédié à la condition de la femme à travers le monde baptisé « Terriennes » (http://www.tv5monde.com/terriennes).
Passionnée par la langue française, celle « de l'éclat, de la liberté et de la révolte », Mme Saragosse a écrit un roman racontant l'Algérie, l'exil et les pieds-noirs, paru en août.
Bertille OSSEY-WOISARD