Cet ouvrage remet radicalement en cause l'idée que l'on se fait communément de la politique internationale et de ses enjeux. Il décrit les moyens extrêmes que les Anglo-Américains sont prêts à mettre en œuvre pour conserver une suprématie née en 1815 et renforcée au prix des deux Guerres mondiales.
Nous savons, depuis l'élection de George W. Bush, que la politique américaine et le pétrole entretiennent une relation intime. William Engdahl montre que l'économie des États-Unis repose sur un approvisionnement en pétrole bon marché illimité, et sur la suprématie du dollar sur les autres monnaies.
Vous découvrirez comment le premier choc pétrolier fut une incroyable et cynique manipulation conçue par Henry Kissinger pour opérer un transfert planétaire de capitaux vers les banques de Londres et de New York, au prix de la ruine des pays du Tiers-monde; comment ces pays en faillite, contraints de s'endetter auprès du FMI, se virent prêter à grands frais ces mêmes capitaux dont ils avaient été auparavant spoliés. Vous verrez comment la géopolitique du pétrole est à l'origine de l'effondrement de l'Union soviétique, de l'éclatement de la Yougoslavie, et de l'arrivée au pouvoir puis de la chute des Talibans.
Vous serez surpris d'apprendre comment, dans les années 1970, les mouvements écologistes anti-nucléaires financés par les grandes compagnies pétrolières, devinrent le cheval de bataille visant à entraver l'indépendance que l'énergie nucléaire aurait pu procurer à nombre d'Etats, afin de les maintenir dans l'orbite des pétroliers. Vous comprendrez enfin que la décision d'envahir l'Irak fut prise pour assurer l'hégémonie de la puissance anglo-américaine et le contrôle de l'économie mondiale pour les 50 ans à venir.
« C'est le seul compte-rendu précis sur ce
qui s'est réellement passé à propos du prix
du pétrole en 1973. Je recommande vivement
la lecture du livre de William Engdahl. »
Cheikh Yamani,
ex-ministre du Pétrole d'Arabie
Saoudite.
William Engdahl, né en 1944, est économiste
et écrivain. Il a étudié les sciences
politiques à l'université de Princeton et
l'économie à l'université de Stockholm. Il
publie depuis plus de 30 ans sur les
questions énergétiques, la géopolitique et
l'économie, et intervient dans les
conférences internationales, il est
conseiller indépendant pour plusieurs
grandes banques d'investissement.
Site internet : www.engdahl.oilgeopolitics.net/
Extrait du livre :
Le plan est tracé : l'Allemagne et la géopolitique de la Grande Guerre
L'Allemagne en voie d'industrialisation rapide devient menaçante pour la suprématie de la Grande-Bretagne minée par sa politique financière.
Le miracle économique allemand
Après 1873, le décalage grandissant entre l'économie déprimée de l'Empire britannique et les économies industrielles émergentes de l'Europe continentale, dont le Reich allemand était la plus avancée, créa les conditions qui permirent l'explosion de 1914. Dans ce conflit, le pétrole tenait déjà une place centrale, bien qu'à un degré que la plupart ne réalisèrent que beaucoup plus tard, à l'exception d'une mince élite de banquiers et de financiers londoniens et new-yorkais.
Quelques années avant 1900, deux aspects de l'impressionnant dynamisme industriel de l'Allemagne avaient commencé d'inquiéter les élites bancaires et politiques britanniques. Le premier était le développement d'une flotte militaire et marchande indépendante et moderne, alors que depuis le congrès de Vienne de 1815, la marine britannique était restée la reine incontestée des mers. La deuxième inquiétude venait de l'ambitieux projet allemand de construction d'une liaison ferroviaire reliant Berlin à Bagdad, alors partie de l'Empire ottoman.
Pour ces deux projets, le pétrole représentait déjà une motivation décisive pour les parties anglaise et allemande. Nous verrons pourquoi, au tournant du siècle, ces projets furent considérés comme des casus belli potentiels par l'establishment anglo-saxon.
Dans les années 1890, l'industrie britannique avait été dépassée tant en quantité qu'en qualité par l'étonnant essor agricole et industriel de l'Allemagne. Alors que les États-Unis réorientaient leurs efforts vers un développement national interrompu par la guerre civile, pendant la dernière décennie du siècle, l'essor industriel allemand fut progressivement perçu comme la « principale menace » contre l'hégémonie mondiale britannique. Après l'unification politique du Reich allemand de 1871, les décennies consacrées à l'adoption progressive des principes de réforme économique de Friedrich List, à la création d'une infrastructure ferroviaire nationale moderne et à l'édification de barrières douanières visant à protéger une industrie nationale émergente, commencèrent de produire des résultats notables.
Jusque vers 1850, la théorie du libre-échange d'Adam Smith et David Ricardo, deux économistes britanniques, était reçue comme paroles d'Évangile dans les universités allemandes, et l'imitation du modèle économique britannique, apparemment performant, était la politique suivie en Allemagne. Mais après 1870, quand l'Angleterre plongea dans la dépression qui frappa aussi l'Allemagne et l'Autriche, les Allemands se rendirent compte peu à peu des sérieux inconvénients qu'il y avait à continuer de suivre fidèlement le modèle britannique. Pour édifier son appareil de production agricole et industrielle, l'Allemagne s'éloigna alors du «modèle britannique» pour se tourner progressivement vers une forme de stratégie économique nationale. Les résultats furent remarquables.