Sujet : Diversité culturelle en débat à l'UNESCO
Date : 30/08/2005
D' Henri Fouquereau  (courriel : mdffouquereau(chez)free.fr) Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez "chez" par "@"

                   

FORUM POUR LA FRANCE

 

Le 9 juin, à l’Assemblée Nationale, lors de la dernière réunion du Forum pour la France, six points ont été définis comme prioritaires pour la défense de notre souveraineté nationale.

 

Le sixième point portait sur les négociations en cours à l’UNESCO sur la diversité culturelle.

Il s’agit  de l’avenir de nos identités nationales, mises en danger par une tentative hégémonique de l’hyper puissance américaine qui veut araser les différences des cultures et des langues en uniformisant les normes, les comportements et la pensée.

(Profitons de ce texte pour prévenir des impacts dévastateurs de la proposition européenne sur les services, dans le secteur culturel notamment.

Pour les États-Unis : La culture représente le premier poste à l’exportation, devant l’agriculture et l’armement, ce que l’Amérique considère comme le « MARCHE » de la culture représente des centaines de milliards de dollars, ce qui veut dire que pour les États-Unis d'Amérique,  l’enjeu politique autant qu’économique est majeur. Nous verrons que cela vaut aussi pour l’éducation et la science, que l’Amérique  vient, lors de sa rentrée à l’UNESCO, de s’engager à « promouvoir ».

Il ne s’agit pas d’un fantasme de souverainistes : la menace d’américanisation du monde existe, elle procède d’une politique délibérée, suivie depuis longtemps par la super puissance. Il suffit de rappeler qu’en 1946, lors des négociations du plan Marshall, les Américains ont exigé et obtenu que chaque année 30% de leurs films soient projetés sur nos écrans. Cette « directive » américaine a été suivie à la lettre, aussi, après l’épopée de notre grand large, nous fûmes obligés de subir celle de l’ouest américain, avec cow-boys courageux et pratiquants contre mauvais indiens adorateurs de totems emplumés. La suite est lourde de conséquences : créativité artistique aux abonnés absents, notre télévision aux mains de producteurs totalement américanisés, donnant plus de crédits aux Stars machin, ferme truc, feuilletons débitants autant de morts à la seconde que les scieurs de long d’arbres en forêt amazonienne. Il s’agit aussi d’histoires de familles immensément riches, confrontées à d’immenses problèmes, comme les enfants boutonneux, la bonne partagée ou le pipi d’un oiseau, mal lavé, sur le capot de la voiture de Madame. Il s’agit, aussi et surtout, de faire entrer la loi, à l’Anglo-saxonne, dans nos habitudes. Les feuilletons américains sont remplis de ces bons juges qui font la loi, sans passer par les horribles parlementaires qui encombrent les démocraties de certaines nations de l’Europe.

Lors de la prochaine conférence générale de l’UNESCO, qui se tiendra à Paris du 3 au 5 octobre prochain. Il s’agira ni plus ni moins que d’échapper au « modèle » américain. Nos représentants devront :

1) faire en sorte que la culture ne soit pas traitée comme un produit ou une marchandise, Il suffira de reprendre ce qui avait été demandé  lors du Forum social de Porto Alegre, sous la pression de nos amis du FFI, emmenés par Albert Salon, ancien Ambassadeur.

2) défendre notre droit, déterminé par la volonté du peuple et appliqué par des juges, droit établi pour la défense de l’intérêt général, contre ce droit anglo-saxon, qui fait que le juge, en prenant sa décision, construise un droit, trop souvent dicté par l’intérêt particulier, donc celui des « multinationales » américaines. Chacun perçoit bien le danger que présenterait, pour la diversité culturelle, ce droit anglo-saxon  s’il était mondialisé.

 

  Il est temps de se préparer, la manœuvre est engagée.

Le 1er octobre 2003, Madame Busch est venue annoncer devant la conférence internationale de l’UNESCO, à Paris, le retour des États-Unis d'Amérique au sein de cette institution-clé de l’organisation des Nations-Unis, que son pays avait quitté depuis 20 ans.

  L’Amérique prenant en charge 22% du budget de l’UNESCO, elle obtient, en contre partie, des dizaines de postes importants  au sein de son secrétariat général. L’organisation ainsi bien ficelée, les Américains s’engagent à organiser la promotion de l’éducation, de la science et de la culture partout dans le monde.

  D’où le danger d’uniformisation de la planète à la mode de l’Amérique.

  Il est vrai que lors d’une conférence intergouvernementale d’experts de l’UNESCO, qui s’est déroulée fin mai 2005, un projet de convention sur la diversité culturelle a été finalisé et recommandé pour la prochaine conférence générale de l’UNESCO.

Ce texte (non disponible) tenterait de préserver les industries et les biens culturels du tout libéralisme de l’O.M.C.

Il tenterait aussi, d’instaurer une « non-subordination » de la future convention aux traités internationaux déjà existants.

Il répond ainsi à plusieurs objectifs :

- Affirmer le droit souverain des États à mettre en œuvre leur propre politique culturelle

- Reconnaître la spécificité des biens et des services culturels (QUI NE PEUVENT ÊTRE CONSIDÉRÉS COMME DES MARCHANDISES)

- Renforcer la coopération et la solidarité en faveur des Pays en voie de développement.

Le projet ayant été approuvé par les experts de 127 pays sur les 135 qui ont participé aux négociations, nous pourrions être rassurés. Mais les États-Unis d'Amérique ont rejeté le texte, trouvant le projet incompatible avec la mission statutaire de l’UNESCO qui est de promouvoir la « libre circulation des idées par l’intermédiaire des mots et des images ». Doux langage que celui-ci, émanant du pays le plus protectionniste en matière culturelle (rappelons que les États-Unis d'Amérique importent, dans ce secteur, moins de 2% de leur consommation globale).

 Alors ne nous laissons pas endormir, les États-Unis d'Amérique même s’ils semblent avoir perdu la partie, vont tout tenter pour obtenir gain de cause et nous ne devons pas sous estimer leurs moyens de pression.

Ils peuvent, comme l’a déclaré notre ministre de la culture :

-         Obtenir une rediscussion de l’avant projet finalisé en juin.

-         Obtenir que le vote se fasse à l’unanimité

Ou, si le projet était adopté, entraver sa ratification par certains pays en passant des accords bilatéraux de libre-échange.

Quelques pays se sont déjà ralliés aux thèses défendues par les États-Unis d'Amérique : Israël, le Japon, le Mexique, l’Argentine, le Guatemala, la Nouvelle Zélande et l’Australie, ce qui laisse présager d’autres attaques. Nos élites politiques ont vraiment le devoir de défendre le droit à la diversité, qu’elle soit culturelle ou autre.

 

Actions menées par le Forum pour la France :

Lors de notre dernière réunion, nous avons approuvé le texte présenté au nom de F.F.I par Monsieur Albert Salon, ancien Ambassadeur, texte qui a été adressé à Monsieur le Premier Ministre.

Madame Zemmal, pendant le mois d’août, a pris contact avec Monsieur Maurice Druon, secrétaire honoraire perpétuel de l’Académie française qui, par courrier, s’est associé au texte qu’il signe.

Nos sites ont été alertés, nos associations et les personnalités qui nous entourent aussi.

Nous allons, lors des différentes universités auxquelles nous allons participer les uns et les autres, rallier les Parlementaires et les personnalités significatives du Pays à la défense du texte présenté par Monsieur Albert Salon.

Le Forum pour la France soutient le manifeste de Monsieur Maurice Druon dont copie vous sera envoyé dans les plus brefs délais. Nous demandons à tous nos amis d’intervenir auprès des parlementaires et personnalités qu’ils connaissent pour faire signer la lettre ouverte au Premier Ministre.

 

Henri Fouquereau

Secrétaire Général du Forum pour la France

Henri Fouquereau